Le quotidien la Presse du 3 Juin 2008 évoque une curieuse histoire de prolifération de rongeurs dans les quartiers huppés D'El Manar et d'El Manzeh (ici)
L'ironie du sort a voulu que ce soient ces quartiers chics qui se fassent envahir par ces petits monstres.
On pourrait interpréter cela comme un mauvais sort jeté par les marabouts de Mellassine pour se venger des bourgeois et des bourgeoises de ces collines dorées du nord de Tunis.
Sans vouloir sous-estimer le drame de ces derniers ( je ne suis point ironique) je voudrai par ce post confronter ce mini drame urbain conjoncturel, à un méga drame urbain structurel plus profond, qui touche une frange plus large de la population tunisoise, mais qui semble être ignoré par nos médias et par nos élus.
Le mal-logement: Ce néologisme formulé en France par l'Abbé Pierre, est une réalité qu'il est difficile de quantifier faute de chiffres fiables, mais qui s'impose à l'explorateur qui se donne la peine d'observer la partie ouest de la région de Tunis (Vers le Sijoumi):
Un pan entier de cette ville informelle se compose de logements entassés les uns sur les autres faisant un tapis difforme qui s'étend à perte de vue. De Jbel Lahmar, Mellassine, Ettadhamen les habitants avant de se plaindre des rats, souffrent d'abord de la précarité économique, de la criminalité engendrée par la misère, de la promiscuité, de l'insalubrité, de la surdensité et de l'absence d'infrastructure.
L'Etat fait ce qu'il peut mais fait peu. Quant aux journalistes, ils se désintéressent souvent de cette réalité sauf lorsqu'il s'agit de citer des faits divers sanglants.
L'attrait que suscite la capitale et la paupérisation de certaines régions favorise la migration de populations fragiles qui n'ont d'autres choix que de s'installer dans ces quartiers populaires participant ainsi à leur densification et à leur étalement non contrôlé.
On peut supposer que les Mégaprojets par les emplois qu'ils promettent, attireront encore plus toute sorte d'individus désireux de profiter de la manne émiratie.
L'Etat cependant ne semble pas jusqu'à là s'intéresser sérieusement à la question de l'accueil de ce contingent avenir. L'Etat donne l'impression au contraire de favoriser d'abord les mégaprojets de standing et la seule concession d'ordre sociale exposée se limite à l'emploi des jeunes qu'offriront ces chantiers. (Concession qui demeure à l'état de promesse)
Un article du Sarih repris par le blog Boudourou rapporte justement cette réalité qui semble déjà se profiler à El Kram. Rappelons que ce quartier est à proximité de la future Tunis City Sport. Le journaliste parle de 10000 demandes de logement et se demande avec un mépris xénophobe : "d'où est ce que viennent tous ces gens?"
La relation entre le mégaprojet et cette forte affluence reste tout de même une hypothèse qu'il faudra vérifier.
Ainsi, l'agglomération de Tunis de manière général, les Mégaprojets aidant, continuera certainement à accueillir des immigrés qui sans une politique adéquate de logement, se verront relégués vers les quartiers populaires ou engendreront des bidonvilles...
Pour revenir à nos rats et à nos amis d'El Manzeh, que nous saluons au passage, nous sommes très heureux pour eux que la municipalité de Tunis considère que la "lutte contre les rongeurs occupe une place prioritaire" et que leurs "services spécialisés de la municipalité de Tunis interviennent pour
élucider la cause de la prolifération de ces rongeurs et prendre les
mesures adéquates pour leur éradication"
Nous aurions quand même préféré que la municipalité revoit un peu son ordre de priorités et qu'elle garde ses énergies pour élucider d'abord des problèmes sociaux avant de passer à ceux des rats.
Quant aux journalistes qui s'intéressent aux rongeurs d'El Menzeh et d'El Manar, je leur conseille de poursuivre leur travail sur le thème de la vie des rats du Sijoumi. Peut être nous évoqueront-ils au passage la vie de ces hommes et de ces femmes qui se battent tous les jours pour ne pas ressembler aux rats qui les entourent...
enumere moi"les efforts conse'ntis par l'etat"!