Ce n'est toujours pas la Révolution, mais nous y sommes presque. Il me semble que la situation se dirige vers un point décisif au-delà duquel se décidera le sort de notre pays. Des feux se déclarent tous les jours mais aucun n'est arrivé pour le moment à faire exploser la bombe de la Révolution...
Ce que j'appelle Révolution ce n'est pas tant l'embrasement du pays ou l'effusion de sang, chose que personne ne peut souhaiter à son pays. Ce que j'entends par ce terme très chargé symboliquement -Révolution-, c'est le renversement radical de nos paradigmes politiques:
Il faut que nous arrivions tous à nous remettre dans le même état d'esprit que nos aïeux qui ont réussi à renverser l'occupation française en admettant que le salut du pays demande le renvoi immédiat des colonisateurs. Car nous sommes bel et bien colonisés de l'intérieur par nos propres compatriotes. Notre seul mot d'ordre ne peut être aujourd'hui que: "Dehors Ben Ali!". Si à l'unisson, de Tataouine à Bizerte nous scandions ce slogan (qui commence d'ailleurs à s'exprimer ici et là) il est à espérer que ceux qui tiennent les armes, police et militaires, se rangeront aussi du côté de la population...
Cependant une Révolution CONTRE un système, doit nécessairement exprimer une volonté POUR un autre système. Il ne faut pas oublier que les mauves sans Ben Ali, enfanteront rapidement d'un nouveau gourou qui leur permettra d'entretenir leur petits privilèges. Même débarrassée de sa tête, cette machine pourra très vite se régénérer. Ainsi donc, ce système POUR lequel devra se lever cette Révolution devra exclure d'emblée tous ceux qui ont œuvré de près ou de loin au sein de ce parti qui est en train de mener le pays à la dérive. Même si cela n'est pas très démocratique, il en va de la salubrité de la scène politique ultérieure. Cette nouvelle scène que j'imagine naïvement ce soir devant mon poste d'ordinateur ne peut être qu'une scène démocratique où sera enfin possible le débat entre les différentes franges de la société.
Mais voilà que je me heurte à la question: QUI saura récupérer politiquement cet appel d'air populaire? Malheureusement aucun leader, aucun mouvement ne répond encore à l'appel.
Conclusion
Pour conclure je fais un bras d'honneur à tous ceux qui en occident ne voient dans les révoltes tunisiennes que le fantôme intégriste. Ces suspicions révèlent encore une fois la vivacité des préjugés racistes envers ces "barbares" capables de se bouger que pour Allah. Regardez d'ailleurs comment ce préjugé raciste est allègrement repris par nos mauves pour justifier la dictature. C'est dire combien ces derniers méprisent, à la manière de nos anciens colons, les indigènes que nous sommes redevenus.
Cependant il n'est pas faux de penser qu'avec la dépolitisation générale institutionnalisée par Ben Ali, le péril intégriste est notre destination finale à laquelle les mauves eux même se préparent, tel que le suggèrent les manèges de Sakhr El Materi ou, à titre anecdotique, le succès du rappeur abruti pro-mauve Psyco-M *
On peut donc considérer que nous sommes sur un navire dont le capitaine Ben Ali nous mène fatalement vers le naufrage islamiste. Qu'avons nous donc à perdre aujourd'hui en reprenant la barre même si aucun capitaine ne se manifeste encore?
Saisissons cette occasion en or tant qu'il est encore temps...
* Je ne m'oppose surtout pas à ce que ce jeune homme exerce son art, car il reste un artiste qui s'exprime à sa manière. Je me pose seulement des questions sur le succès des idées conspirationnistes qu'il véhicule et selon lesquelles nous serions victimes d'un complot international de l'occident contre l'islam et que la solution réside dans le réhabilitation du califat. Ce rappeur sied à merveille au régime car il déplace le débat politique sur le terrain des mythes religieux et des superstitions. En signe de reconnaissance le parti lui a même ouvert ses locaux pour un concert.
Heureusement que la scène du rap tunisien ne se limite pas à ce type de prédicateurs. Il y a aussi "El Général" artiste qui a osé défier le président dans une de ses chansons. Résultat ce jeune homme vient d'être arrêté. Il est évident que pour la clique au pouvoir, la critique directe du président dérange plus qu'un projet de refondation du califat...
Il ne faut pas non plus que cela nous mène vers une société instrumentalisé par les islamistes(qui hélas ont de plus en plus de succès surtout parmi la classe popluaire meme si cela peut se comprendre et s'analyer)
Voila mon cri du coeur,les espoirs que je porte dans notre peuple et ses jeunes, mon souhait de ne plus voir les memes erreurs se répéter..
J'espere qu'ils se réaliseront..
Bonne continuation Z