Tout ça pour ça?
Ça ne se passera pas comme ça! ...Mes amis, le peuple est bien déterminé à aller jusqu'au bout de sa Révolution et les dernières promesses de Ben Ali n'y feront rien. Les tunisiens ont montré ces derniers jours qu'ils ne croient plus au père Noël.
CARTHAGO DELENDA EST! Soyons des millions demain à manifester pacifiquement pour le départ immédiat de Ben Ali! Libérons nous du joug de la dictature et donnons de l'espoir aux pays soumis encore aux affres des tyrans!
Tunisie, je t'aime!
Ce silence de mort m’exaspère. C’est comme si le rideau d’un quelconque théâtre vient de tomber sur la fin d’une comédie improvisée s’inspirant d’une situation dramatique réelle. Certains l’appelle La commedia dell’arte, peu importe ! J’ai la gorge serrée et je sens un gout amer dans la bouche. Je baisse la tête et je continue.
A côté une lumière bleue clignote dans un rythme accéléré et un brouhaha monte d’une lucarne familière. Quelques individus semblent fêter un événement, glapissent dans un décor que l’on voyait dans les pays d’Europe de l’Est tout juste sortis de la Perestroïka. Certains l’appellent un débat télévisé, peu importe ! J’ai la gorge de plus en plus serrée et je sens un gout salé dans la bouche. Je baisse la tête et je continue en essuyant quelques larmes.
Dehors, la nuit sombre de l’hiver enveloppe la ville. Quelques arlequins retardataires ramassent leurs tréteaux et vont rejoindre leurs compagnons. Il est temps d’aller dormir. J’ai la tête vide et j’essaye, dans un dernier effort, de me rappeler quelques scènes de cette comédie étrange. Seules quelques phrases de fin me reviennent comme une rengaine :
Il est trop tard
Le mal est fait
Tout ira mieux jusqu'à la prochaine fois...