Cette révolution n'en finit pas de nous surprendre. J'en récolte moi-même les fruits en devenant caricaturiste national multipliant les interviews dans les médias officiels et allant jusqu'à publier un livre chez le plus grand éditeur du bled. Je fais désormais partie du système et j'aime Caid Essbsi et Mbazza notre gentil président. Je me réjouis des acquis de la révolution, de nos soldats, de notre gouvernement et de la Justice. Ah! qu'elle est belle notre justice! Un article de la Presse (devenu un vrai journal depuis le 14 Janvier) rappelle justement la grandeur de notre justice (devenue une vraie justice depuis le 14 Janvier). L'article en question (paru le 20 juin) évoque le procès de Ben Ali en ces termes: "Une justice libre, indépendante, sereine et qui oeuvre dans la transparence totale. Une justice qui n'a rien à cacher et dont l'intervention se situe dans le cadre des législations en vigueur, garantissant à chaque citoyen le droit un procès équitable et à la défense de ses intérêts" je vous dis, elle est géniale notre Justice! (coucou à Samir Feriani!)
Ce n'est pas tout. Outre la Justice, la révolution nous a apporté la liberté d'expression!
Rien qu'aujourd'hui, et après 6 mois d'attente, 12 radios sur 74 viennet d'être autorisées à émettre (voir ici)! c'est dire combien les autorités sont pressées de diversifier le paysage médiatique et de donner la parole à de nouveaux acteurs. Tiens! à propos de nouveaux acteurs:
Bien que de nature discrète, Dieu se fait inviter malgré lui dans nos débats de société à cause de sa délégation autoproclamée de barbus de tout poil qui commencent sérieusement à nous les gonfler...
Vive quand-même la révolution! vive le système! et n'oubliez pas d'acheter mon livre ici
Bonne nuit!
1/ En fait c'est 16 licences et non 14 si on tient compte des quatre stations de Ben Ali qui ont obtenu automatiquement leur autorisation malgré que c'est des radios pirates dont l’existence n'est pas légale (monopole d’État de l'audiovisuel selon le décret du 25.04.1957).
2/ Les militants de la liberté d'expression radiophonique qui ont présenté les premières demandes afin d'obtenir des licences radio ont tous été écarté au profit de personnes inconnus.
3/ Plusieurs régions ont été totalement ignorées à l'image de Medenine, Tataouine, kef, Béjà, Jendouba etc alors que les bandes des fréquences locales sont totalement vierges.
4/ En l'absence de cahier de charge clair et en posant six questions dont les dossiers de réponse ne comportaient aucune preuve, l'instance s'est permis d'octroyer des autorisations sur la base de critères assez flous ou suite à des pressions.
5/ Le paysage audiovisuel n'a pas vraiment changé puisqu'il continue avec mêmes radios de Ben Ali dirigées toujours par des proches du Dictateur, des stations financièrement puissantes que les nouveaux postulants ne peuvent concurrencer, des nouvelles stations ou le capital a été avantagé par rapport à l’intérêt public (un projet de radio pour les handicapés a été éliminé avant étude).