Commentaires sur Joyeux AID !
- Le dieu américain est putschiste.
- Si les Israéliens déclarent qu'un terroriste du Hamas se cache dans chaque maison de Gaza, chaque maison de Gaza sera rayée de la carte.
J'ai une peine immense pour la jeunesse palestinienne d'aujourd'hui. Elle est d'une grande dignité, courageuse malgré l'indignité de son traitement. Une jeunesse qui meurt dans le silence et l'inaction de la commuanuté internationale.
Pour autant et malgré leur résistance, je pense que l'avenir des palestiniens se confondera entre la mort dans la résistance " active ou passive" et la domestication par l'ennemi à la sauce Cisjordanienne. La mort, le sacrifice de la jeunesse Palestinienne n'a plus de sens aujourd'hui puisque tout a déjà été perdu il y a bien longtemps. C'est en 1947 qu'il fallait se battre, se sacrifier, mourir.
J'ai honte de leurs ancêtres qui ont fui comme des lâches en 1947. Leur lâcheté à dos d'âne a causé la perte de leur terre, de leur dignité, causa et causera la mort, la domestication de leurs enfants, petits enfants, arrière petits enfants; arrière-arrière petits enfants....Les clefs de leurs maisons, quittées la tête basse pour protéger leurs familles, ils pourront se les carrer bien profond dans le colon, justement car des colons armés dansent sur leur terre et y cultivent des pamplemouses. Ils applaudissent et chantent, depuis leurs colines expropriés, quand des roquettes tombent sur la tête d'enfants gazaouis.
L'Histoire ne laisse pas de seconde chance aux faibles.
Aux tunisiens, enseignement du peuple paslestinien asservi et meurtri :
Il ne faudra plus jamais fuir.
Nous devons coûte que coûte restez unis. - Permettez-moi de vous parler aujourd’hui d’un pays qui nous ressemble sur de nombreux points et qui, comme le nôtre, est encerclé par les vautours. On ne pourra pas en parler sans évoquer l’ordre économique et financier mondial et, dans ce cadre, je profite de l’absence prolongée d’Arnouba pour clouer au pilori, sans grand risque de me faire contredire, le juridisme extraterritorial et le rôle pervers d’un autre eldorado, les USA.
Tout a déjà été dit sur l’ultra-libéralisme financier qui a mené les Etas Unis et, par ricochet, de nombreux pays, à la pire crise économique d’après-guerre. Il faudra peur être y rajouter le fait que là où les autres pays n’ont que leurs yeux pour pleurer, les US, eux, en ont fait une manne pour le Trésor public. Avant-hier encore, un milliard de dollars d’amende infligée à Bank of America est venu s’ajouter aux autres milliards infligés aux banques américaines et étrangères. Au point qu’un débat public s’est engagé dans l’état de New York pour savoir comment dépenser le reliquat de 3 à 4 milliards d’amendes déjà prononcées revenant rien qu’à cet état. Pour vous donner un ordre de grandeur, les provisions passées par les grandes banques internationales en prévision de différents litiges avec la justice américaine frôlent déjà les 100 milliards d’euros (soit plus de 8 fois le budget de l’état tunisien), et devraient passer à 150 milliards (soit plus de 12 fois ce même budget) pour couvrir adéquatement les risques encourus.
Vous ne m’entendrez pas les pleurer, pour autant. La plupart ne sont que des rapaces prêts à tous les excès pour autant que ça signifie un gain rapide et un bonus conséquent en fin d’année. Mais ce sont trois faits majeurs qui ont attiré mon attention ces derniers jours: l’amende record infligée à l’Etat russe dans l’affaire Yukos, l’amende record infligée à BNP Paribas, et le Griefault, néologisme signifiant la mise en faillite d’un pays étranger à priori souverain par décision d’un juge américain, en l’occurrence le juge Thomas Griesa. Ces trois faits signifient, à mon sens, trois choses. Ils représentent et l’apogée de la puissance américaine, et une nouvelle étape d’un juridisme débridé qui prend prétexte de la globalisation pour se moquer des souverainetés nationales. Mais ils annoncent, en même temps, un remodelage de l’ordre économique mondial qui ne tardera pas à s’imposer. En d’autres termes, l’Amérique et le système alignent les batailles gagnées, mais chaque bataille gagnée les rapproche du jour où ils perdront la guerre.
Commençons par Yukos. Un empire bâti par un ancien Komsomol, Vladimir Khodorkovsky, et ses compagnons autour de la défunte banque Menatep, avec tous les moyens normalement réservés au banditisme de grand chemin. Du stripping des minoritaires par le biais de transactions opaques et bidons avec toute l’ingénierie offshore imaginable, à la fraude fiscale, boursière et de change, en passant par le rachat d’immenses actifs pour deux sous pour services rendus, dans ce qui restera sans doute comme le plus grand hold-up de l’histoire. Rien que pour son rôle décisif aux côtés d’autres oligarques dans la très improbable réélection de Yeltsin en 1996, Khodorkovsky aura le privilège de racheter à l’état russe des actifs représentant plus de réserves énergétiques que toutes celles de la Norvège, pourtant l’un des premiers producteurs au monde. Le tout pour 300 millions de dollar.
La montée de ce groupe d’oligarques, avec, entre autres, Roman Abramovitch (propriétaire de Chelsea), Berezovsky (âme damnée des Yeltsin père et fille), Friedman, Guzinsky, Gaydamak, Malkin, Nevzlin ou Lebedev, partageant quasi-tous un background juif, alimentera un antisémitisme sournois en Russie, de manière que quand Vladimir Poutine, pourtant sélectionné par leurs soins pour prendre la relève d’un Yeltsin au bout du rouleau, se retournera contre eux, ils ne trouveront personne pour les pleurer. Poutine utilisera et les services des impôts et le FSB et ceux du procureur général pour casser Yukos et l’acculer à se séparer de la quasi-totalité de ses actifs. Le plan A, une reprise par le géant Gazprom, dirigé par des fidèles de Poutine, sera rendu impossible par, déjà, un arrêt d’un tribunal texan. Poutine passera alors au plan B, fera vendre Yukos aux enchères pour régler ses arriérés d’impôt à l’unique candidat à sa reprise, les autres s’étant rétractés par crainte des effets de la décision du tribunal texan. Et c’est ainsi que Baikal Finance, une entité jusque-là totalement inconnue, devint propriétaire des actifs de Yukos, avant d’être reprise à son tour par Rosneft, un autre géant aujourd’hui dirigé par Igor Sechin, ancien dircab adjoint et fidèle parmi les fidèles de Poutine. Et le tour est joué dans un reverse engineering digne de celui par lequel Khodoskosvky et ses compagnons avaient acquis leurs actifs en premier lieu. Dans l’intervalle, Poutine enverra Khodorkovsky dans un camp sibérien pour une douzaine d’années, alors que ses deux plus proches partenaires et compagnons, Nevzlin et Brudno, trouveront refuge en Israël ou le premier deviendra un champion de la cause sioniste et un proche ami de Netanyahou.
Le reste était de l’histoire jusqu’à la semaine dernière quand un panel de 3 arbitres condamnera l’état russe à payer une amende de 50 milliards de dollars, soit plus de 3 fois le budget de l’état tunisien, à une officine offshore de Gibraltar regroupant les intérêts de quelques anciens actionnaires de Yukos avec, très largement en tête, le cité Nevzlin. Cette décision intervient après un arrêt de la Cour européenne des droits de l’Homme qui a pourtant reconnu que, nonobstant des irrégularités constatées dans les procédures, les rappels d’impôts et pénalités imposés à Yukos étaient légitimes. Mais la bizarrerie juridique ne s’arrête pas là. En effet, l’amende imposée à un état souverain pour spoliation d’investisseurs privés se base sur une obscure Charte énergétique que la Russie n’a jamais ratifiée. Elle a eu tout simplement le tort de la déclarer applicable jusqu’à sa ratification formelle, laquelle n’interviendra pas. Ce qui amènera la Russie, il y’a 4 ou 5 ans, à se déclarer non concernée par le traité en question. Ca n’empêchera pas un tribunal de la déclarer, nonobstant, liée par le traité, ouvrant ainsi la porte à sa condamnation par le panel. Une condamnation non-susceptible d’appel, ce qui signifie que, en application d’un autre traité international sur l’exécution des jugements, une officine offshore de Gibraltar, c’est-à-dire une plaque en cuivre adossée, comme des milliers d’autres, à l’entrée des bureaux d’une fiduciaire, eux-mêmes situés sur un petit rocher-état qui ne fait pas trois terrains de foot, pourra demander et obtenir de tout état la saisie des actifs russes s’y trouvant. J’allais leur proposer de commencer par l’Ukraine. Elle se fera sans doute un honneur de saisir les BUK russes prêtés aux séparatistes. Nevzlin ne pourra pas les monétiser aisément, mais il pourra les prêter à son ami Netanyahou pour sa campagne de Gaza.
Une correction, sinon, avant de passer au fait suivant: j’avais dit 50 milliards, mais le montant exact est 50 milliards et 65 millions de dollars. Les 50 milliards, c’est pour la coquille de Gibraltar de Nevzlin et co, et la monnaie, c’est pour les frais juridiques facturés à la coquille par le grand cabinet d’avocats d’affaires américain, Shearman & Sterling. Malgré les protestations de la Russie, les arbitres n’ont trouvé rien d’excessif aux 120,000 heures facturées par ce cabinet à raison de $235 (pour les stagiaires et les secrétaires, je suppose) à $1065 l’heure, en plus de près de $10 million en «frais d’experts».
Deuxième fait remarquable, l’amende de 9 milliards de dollars infligée par les Etats Unis à BNP Paribas, en plus de l’obligation de se séparer d’un certain nombre de ses dirigeants, pour violation de l’embargo décrété par les mêmes Etats Unis à l’encontre de Cuba, le Soudan et l’Iran. Vous aurez sans doute noté la modestie de la somme cette fois-ci –juste un peu plus de la moitié du budget de l’état tunisien- mais vous vous dites quand même une banque relevant d’un pays –la France- à priori souverain qui fait du business avec 3 pays eux aussi à priori souverains, alors que viennent faire les Etats Unis là-dedans!! Inversons les rôles. Admettons, le rêve n’étant pas banni, que le Qatar mette Israël sous embargo, est-ce que les autorités qataris iront jusqu’à imposer des amendes en milliards aux banques américaines qui font du business avec Israël? Et comment réagiraient les autorités américaines le cas échéant??
Et la réponse est que BNP Parisbas, tout comme Deutsche Bank et Commerzbank, première et deuxième banques allemandes, elles aussi dans le collimateur des autorités américaines pour les mêmes faits, a engagé des opérations libellées en dollars américains avec des pays sous sanction américaine. Or, pour la loi américaine, une opération effectuée en dollars américains tombe sous la juridiction de la justice américaine, même si elle est effectuée en dehors des Etats Unis avec des entités ou pays qui n’ont par ailleurs aucun lien avec les Etas Unis. Voilà la vraie globalisation. On n’est pas un empire pour rien!!
Troisième fait, le Griefault, ou comment un pays qui a raté la coupe du monde dans les prolongations, se retrouve en faillite par le fait d’une décision émise par un seul juge américain!
Comment l’Argentine s’est retrouvée dans ce bordel pour la énième fois est en soi instructif. Mais concentrons-nous sur les retombées de la crise de 2001-2002, qui a vu le pays sombrer dans un grave désordre économique et social, incapable d’honorer 100 milliards de dollars de dette, et obligé de décrocher la parité peso-dollar (1=1), jusque-là une des fiertés des Chicago boys locaux qui ont appliqué au pays, à la lettre, les enseignements de leur mentor Milton Friedman sur les currency boards. Le pays passera un mauvais quart d’heure, mais arrivera enfin à négocier une restructuration de sa dette externe en 2005 et 2010, en vertu de laquelle 93% des créanciers subiront un hair cut de quelques 70% en moyenne (schématiquement, les créanciers avaient le choix entre trois formules en fonction, entre autres, du délai de règlement et le taux d’intérêt applicable, et le pourcentage de hair cut dépendait de la formule choisie). Les 7% restant, les holdouts, emmenés par quelques fonds vautours américains avec des noms tels que Blue Angels (!!), refuseront le deal et exigeront le remboursement intégral de leurs titres de créance. Titres qu’ils avaient rachetés, en bonne partie, à prix bradés auprès d’autres créanciers qui cherchaient à s’en débarrasser au plus vite. Ainsi, le fonds Elliott/NML, une structure domiciliée aux iles Caïman et appartenant au milliardaire Paul Singer, avait racheté les titres après la déroute de 2001-2002 à des prix tellement bradés qu’il ferait une plus-value appréciable rien qu’en acceptant les termes de la restructuration et le hair cut proposés par l’Argentine. En lieu et place, avec l’arrêt du juge Griesa, NML réalisera une plus-value de ………….1400%. A un moment ou les taux d’intérêts sur les dépôts bancaires tournent autour de 0%. Ce qui nous amène à l’arrêt en question.
Le juge du district sud de Manhattan, à 84 ans un homme expérimenté passé par le barreau avant d’être nommé par Reagan à son poste, s’est déclaré compétent pour trancher le litige parce que des tranches entières des créances émises par l’Argentine prévoient que la justice américaine est compétente en cas de litige. Erreur qui poussera les émetteurs à éviter, à l’avenir, toute émission à New York, ou se référant au droit américain, ou, je rajouterais, en dollars. Depuis des années qu’il traite le dossier argentin, il s’est montré plutôt prudent jusqu’au jour où il trancha en faveur des fonds vautours. Une décision que la Cour suprême refusa de traiter en appel, la rendant automatiquement définitive. Rien jusque-là que du presque classique, sauf à regarder de près trois aspects de l’arrêt Griesa.
D’abord, il ordonna à l’Argentine de suspendre le paiement des créanciers restructurés (93% du total) jusqu’au règlement intégral des holdouts, ce qui amena mécaniquement le gel des avoirs argentins déposés auprès d’institutions financières américaines dans le but de régler les restructurés à l’échéance fin juin 2014.
Ensuite, il refusa de surseoir à l’exécution de sa décision afin d’éviter des conséquences néfastes, non seulement pour l’Argentine, mais, au-delà, pour tous les pays endettés souhaitant restructurer leurs dettes. En effet, l’Argentine est liée aux créanciers restructurés par une clause dite RUFO, lui interdisant d’offrir aux holdouts des conditions plus avantageuses que celles acceptées par les restructurés. Le règlement intégral des holdouts aura donc entrainé mécaniquement le règlement intégral des restructurés, et tout aussi mécaniquement la faillite du pays. Le drame dans tout cela et que la clause RUFO arrive à expiration le 31 décembre 2014. Si le juge avait accepté de surseoir à l’exécution de sa décision pour quelques mois, l’Argentine aurait été en mesure de régler l’échéance fin juin des restructurés, et de régler intégralement les vautours, aussi injuste que cela puisse paraitre, mais après l’expiration de la clause RUFO, sans plonger le pays dans la faillite. En lieu et place, le pays se trouva entre deux feux: soit régler immédiatement les vautours et se retrouver mécaniquement dans l’obligation de régler tout aussi intégralement les restructurés, et donc en faillite; soit refuser de régler les vautours, se retrouver dans l’obligation de ne pas régler l’échéance juin des restructurés, et donc techniquement en faillite.
Troisième aspect assez inique de la décision: le juge, tout en refusant de surseoir à l’exécution de sa décision, accorda ce droit aux vautours, leur permettant ainsi une longueur d’avance sur le marché. En effet, puisque la décision de surseoir ou non à l’exécution leur appartient et qu’ils savent donc à l’avance dans quelle direction la cotation de la dette argentine ira, ils pourront s’engager dans des transactions sur cette dette, comme l’achat de CDS et autres produits d’assurance, et manipuler les marchés à leur guise avec une longueur d’avance sur les autres intervenants.
Ces faits, et beaucoup d’autres qui vont dans le même sens, finiront par exaspérer et, donc, par susciter une défiance envers l’ordre américain et le juridisme débridé. La solution sera dans un monde multipolaire; non pas idéologiquement –ceci est dépassé- mais économiquement. Et elle viendra des BRICS, le groupe émergeant Brésil, Russie, Chine, Inde et Afrique du sud, qui devraient s’adjoindre d’autres puissances potentielles comme la Malaisie, le Nigeria, l’Egypte, l’Iran et, je me déteste déjà de le suggérer, la Turquie. Surveillez ce groupe; sa dernière réunion au Brésil alors que les faits dont j’avais parlé plus haut commençaient à émerger fut sans doute une coïncidence; mais l’annonce, lors de la même réunion, de la création d’une institution financière commune qui fera de l’ombre aux institutions héritées de Breton Woods (FMI et Banque Mondiale) est, elle, tout sauf une coïncidence.
Finalement, je me rends compte que je vous aurai parlé de tout sauf de l’Argentine, pays qui nous ressemble un peu et que j’aime par-dessus beaucoup d’autres, peut être justement parce que, comme nous, il excelle dans l’art de se mettre immanquablement dans la m***e. J’aurai l’occasion d’y revenir si le proprio des lieux ne me vire pas pour abus de l’espace public.
- Je l’espère pour eux, d’autant que c’est également Cleary Gottlieb qui a représenté la Russie dans l’affaire perdue de Yukos. Est-ce que leur sommeil s’en trouvera perturbé? Je ne sais pas. Ce que je sais, c’est que le cynisme est le bien le mieux partagé dans ces sphères là, mais que la palme d'or en revient à l’associé de Shearman en charge du dossier Yukos. Dans un entretien au WSJ, à la question de savoir si The Firm avait hésité avant d’accepter de représenter les anciens actionnaires majoritaires de Yukos, Monsieur répond non, pas pour une seconde. Avant de rajouter, sans rire, qu’ils savaient qu’en acceptant de représenter Yukos, ils ne seront jamais plus retenus par Gazprom ou Rosneft, mais que l’affaire représentait une importante dimension………..droits de l’Homme que ces mécènes ne pouvaient décemment ignorer malgré le risque évident de perte d’important clients à l’avenir. Je suis peut être cheap, mais je n’ai pas besoin de 65 millions de dollars pour vous inventer une dimension droits de l’Homme dans ce dossier. Au fait, pour dix fois moins, je vous en inventerai 10.
Sinon la Turquie. Que dire? La logique veut qu’elle devrait faire partie du groupe. Qu'elle y a sa place. Sauf que j’ai horreur de ses leaders, de leurs orientations et de tout ce qu’ils représentent.
le projet d'accord transatlantique de libre échange pourrait (selon les demandes américaines) inclure des clauses permettant à des entreprises privées d'attaquer légalement un pays qui modifierait sa législation fiscale ou sociale dans la période postérieure aux investissements réalisés dans ce pays, ce qui constituerait une limitation extraordinaire et inédite de la souveraineté des états.
pour ce qui est des amendes infligées aux banques il faut reconnaitre que les juges américains ne sont pas chauvins et peuvent en infliger (et des salées!!) aux banques américaines.(la dernière en date étant la Bank of America si je ne m'abuse.)
le gouvernement des juges que les ricains essaient d'exporter est avant tout une caractéristique nationale.
En ce qui concerne les oligarques il faut noter que la principale "faute" de Khodorkovsky a été de vouloir se lancer en politique avec l'aide de sa propre télé d'opposition et de faire ainsi de l'ombre à Vladimir Poutine.On peut facilement comprendre qu'avec une fortune personnelle estimée à 40 milliards de dollars le Boss du Kremlin ne peut être considéré comme un adversaire sincère des prédateurs divers et variés qui se sont,par toutes sortes de moyens colossalement enrichis depuis la chute du communisme .
Prétendre que la kleptocratie moscovite a favorisé une opération "mains propres"contre Khodorkovsky est une aimable plaisanterie comme sont des aimables plaisanteries les opérations mains propres de la kleptocratie chinoise.
dans tous les cas il s'agit évidemment de règlements de compte politiques effectués avec l'aide d'une police et d'une justice instrumentalisées.
La preuve en est est que certains oligarques plus rusés (comme Abrahmovitch et bien d'autres) ont été suffisamment prudents pour se tenir à l'écart de la politique nationale russe et ont préféré continuer à faire joujou avec leurs équipes sportives,leurs yachts,leurs jets privés et leurs somptueuses résidences,profitant ainsi de la bienveillance de celui que l'on peut surnommer ( à l'instar du "grand" Lucky Luciano)
le "capo di tutti i capi" (le chef de tous les chefs mafieux) , l'homme héroïque capable de poursuivre les terroristes jusque dans les chiottes , le camarade Poutine
- @Fraji
Merci pour ces précisions et remarques très intéressantes.
En ce qui concerne la première précision, je n’en étais pas au courant et si elle se confirme, elle représentera sans doute un développement inédit et paradoxal en même temps.
En effet, l’impact des modifications ultérieures de la législation nationale peut déjà être limité par un nombre d’instruments, dont, notamment pour la matière fiscale, les conventions de non-double imposition. En effet, un pays est libre de modifier sa législation comme il l’entend, mais en ce qui concerne les non-résidents, les modifications introduites ne produisent pas d’effet si celui-ci n’est pas en conformité avec une convention en vigueur. Par exemple, admettons que la Tunisie décide de modifier sa législation et de prélever dorénavant une retenue à la source sur les dividendes de source tunisienne servis à des non-résidents (ce qu’elle d’ailleurs se propose de faire avec la loi de Finances 2014). Eh bien, la Tunisie est libre de faire. Seulement, si une convention bilatérale prévoit l’exonération des dividendes servis aux résidents de l’état conventionné, c’est cette exonération qui va prévaloir. Nonobstant toutes les modifications apportées à la législation nationale, la Tunisie ne pourra pas passer outre le traité et prélever une retenue à la source. [Ceci dit, il y’a bien des moyens pour arriver au même résultat en catimini]. Dans le même sens, beaucoup de pays ont introduits des incitations en droit interne qui protègent les investisseurs étrangers contre toute aggravation de leur charge fiscale et (plus rarement) sociale pendant une certaine période de temps.
La proposition que vous mentionnez va beaucoup plus loin, et en cela elle est inédite. J’avais dit paradoxale en plus, car les Etats Unis sont justement l’un des rares pays au monde à pratiquer le treaty override. Nous savons que la règle, un peu partout, et que les traités internationaux sont une norme juridique supérieure aux lois internes, ce qui veut dire qu’un traité dument ratifié prévaut sur la loi nationale, même et surtout si celle-ci est adoptée ultérieurement à l’adoption du traité. Or, en application de l’interprétation de la constitution américaine par la Cour suprême, les lois nationales et les traités internationaux sont, aux Etats Unis, des normes juridiques de valeur équivalente. Ce qui veut dire que le Congrès américain peut à tout moment adopter une loi interne qui contredit un traité préexistant, et c’est cette loi nationale ultérieure qui prévaudra sur le traité préexistant. La Cour suprême a bien essayé d’encadrer ce treaty override en précisant que le juge devrait présumer que le Congrès n’avait pas l’intention de passer outre les traités préexistants, sauf si la loi nationale ultérieure contredit clairement ces traités préexistants, auquel cas elle prévaut. Nonobstant cette tentative d'encadrement, le fait est que la possibilité d’adopter des lois nationales qui prévalent sur le droit conventionnel existe, et d’ailleurs le Congrès ne s’en prive pas. Ainsi, la grande réforme fiscale introduite par Reagan en 1986 était en contradiction avec plusieurs conventions fiscales, qui ont dû lui céder le passage.........gentiment. Et c’est ce même pays qui, vous me dites, propose donc l’interdiction de toute modification des législations fiscales et sociales ultérieures. Si c’est le cas, ça sera une véritable révolution, mais une, je crains, qui, eu égard au droit américain que je viens d’expliquer plus haut, ne s’appliquera qu’aux partenaires des Etats Unis.
En ce qui concerne la deuxième remarque, je suis tout à fait d’accord avec vous. Nous ne sommes pas en présence d’un Saint Just, mais d’un loup qui a su dévorer avant d’être dévoré. Et, d’ailleurs, comme vous le dites, Khodorkovsky aurait évité plein d’ennuis s’il s’était tenu à son business en suivant la ligne du Kremlin. Roman Abramovitch, comme vous le signaler, a bien su éviter ces ennuis et, d’ailleurs, a rajouté une couche de zèle en se retournant contre son compagnon et bienfaiteur Berezovsky le jour où celui-ci tomba en disgrâce. Quelques précisions, quand même, si vous permettez.
J’ai vu comme vous les informations qui circulent sur la fortune immense que Poutine se serait fait, et je dois dire que je n’en crois rien. Poutine n’est sans doute pas dans le besoin, loin de là, mais à mon sens c’est le type d’homme motivé par le pouvoir et non pas par l’argent.
Oui, vous avez partiellement raison, les ennuis de Khodorkovsky ont commencé le jour où il a laissé transparaitre qu’il comptait devenir président, mais pas seulement à cause de ça. En effet, après avoir usé de toutes les méthodes de brigand pour construire son empire, Khodorkovsky a tout fait pendant la dernière année de son règne pour nettoyer les comptes de Yukos et introduire une gouvernance à l‘occidentale avec l’objectif déclaré de la faire rentrer à la bourse de New York, justement pour la mettre à l’abri des autorités russes. Or Poutine, qui a construit sa réputation sur le recouvrement de la dignité nationale russe, n’allait pas permettre à un tel actif d’échapper à son contrôle et celui de la Russie. Deuxième faux pas, Khodorkovsky a entamé des négociations avec Exxon pour lui céder 40% de Yukos, sans en référer aux autorités russes (un peu comme Kron vient de faire avec sa tentative de vente d’Alstom avec son nucléaire à General Electric sans en référer aux autorités françaises). Or Poutine, s’il pouvait accepter des participations de BP et Total dans des actifs de moindre importance (TNK et Sibneft), n’allait en aucun cas permettre à Exxon –la quintessence de l’empire américain- de contrôler un actif de la taille de Yukos. Et en plus derrière son dos et si possible sans son autorisation.
Sinon, pour terminer Cher Ami, les moscovites ne vont pas trop aimer votre référence à la kleptocratie moscovite. Chaque moscovite vous dira que Poutine n'est pas des leurs. Il est est l’éminent fils du clan de Saint Pétersbourg, et l’éminent représentant du clan des Siloviki (les anciens des services de sécurité et de renseignement qui ont envahi les marches du pouvoir derrière lui).
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