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DEBATunisie
30 septembre 2014

Le concept des mauves compétents

"69" candidats pour la présidentielle de 2014 (voir ici). Notez bien la symbolique du nombre. Très peu de femmes dans ce 69. On n'aura noté que la candidature de Kalthoum Kannou. Côté mâle ça se bouscule. Ça sent la testostérone et le zob (voir ici). J'ai noté cependant la présence de l'artiste Raouf Ben Yaghlen ou encore du journaliste Zied el Hani. Mais de manière générale ce sont les abonnés de toujours, les libéraux, les clowns, les parachutés, les zaballahistes masqués, les Ben Bernard Tapi et compagnie... Mais ce qui fait la spécificité de ce prochain zoo électoral, c'est l'entrée triomphale d'une nouvelle espèce de candidats: les mauves "compétents". Certes ce n'est pas leur première entrée en scène. On les a vu très discrets lors des dernières élections de 2011. Sauf que cette fois, profitant de la crise économique et du mécontentement populaire, les mauves "compétents", se pavanent dans les plateaux télés, rassemblent des foules (voir ici) et nous rappellent haut et fort leur savoir faire quand ils étaient aux commandes de l'Etat. Bien entendu ce sont des gentils mauves qui n'ont jamais été mêlés aux affaires de corruption et surtout pas responsables des exactions de l'ancien régime. Les mauves compétents sont des technocrates qui nous ont épargné le pire grâce à leur patriotisme et leur sens de la responsabilité...  

competence2

Réfléchissons un instant sur cette étrange figure du "mauve compétent". Le mauve compétent ne peut s'assumer comme tel dans l'espace public et revendiquer son appartenance à la "Destourie" (euphémisme du mauve) que parce qu'il nie radicalement le caractère dictatorial du mauve. Cette négation lui est nécessaire car que vaudrait sa compétence sous la tyrannie sinon l'efficace déploiement de son savoir-faire au service du tyran. Il est donc obligé de nier la dictature pour ne pas reconnaître cette évidence. Il niera donc la torture, comme il niera la censure et les mascarades électorales. Mais jamais au grand jamais il n'osera dire qu'il ne savait pas car cela entacherait sa prétendue compétence. Certes il savait. Certes il était conscient qu'il était un agent de la dictature, mais sa stratégie demeure la négation. Un mauve compétent est un négationniste. Il est de ce fait plus dangereux qu'un mauve incompétent, car ce dernier est un concept cohérent et tautologique qui ne prête pas à confusion. Le mauve compétent tel que reconnu est banalisé par les médias, est un agent double qui traîne un double péché. Celui d'avoir "collaboré", et celui de continuer à perpétuer le mensonge. 
Parmi les nombreuses illustrations de ces figures "compétentes", il y a les Morjan, Karoui, Zneidi et autres anciens ministres, mais aussi les anciens sous-fifres tels que Mezri Haddad et la brillante Abir Moussi (voir ce débat télévisé)

7 vies  

La même Abir Moussi et un autre mauve "compétent" démontrent magistralement dans le documentaire intitulé "7 vies" leur négationnisme assumé. Le film donne la parole à ces personnages parmi un large panel d'intervenants (dont votre humble serviteur "_z_"). Il s'agit d'un formidable exposé qui démontre combien la crise actuelle nourrit la nostalgie du Ben Alisme. En regardant "7 vies" on comprend très facilement pourquoi ces sombres personnages ont réussi à ressusciter, à recouvrer une seconde vie... ou plutôt une septième.
Je fais donc ici la promotion de ce Docu de Lilia Blaise et d'Amine Boufaied, non pas seulement parce que j'y fais une apparition (un peu aussi), mais parce que je pense qu'il s'agit d'un formidable outil pédagogique qui explique clairement l'effroyable retour du mauve... 

Commentaires
B
@ Libre enfin<br /> <br /> <br /> <br /> Comme les deux formes sont possibles, je garde la première qui vient d'un lointain passé, d'un passé certain... Tout compte fait, je garde les deux formes, si tu permets. Ta gêne particulière est portée par un gène particulier et elle est bien portée! <br /> <br /> Rosa la rebelle, en femme ''classe'', ne se laissait porter que par les hommes classe ( génétiquement, j'entends), les hommes libres - sans gêne aucune-, au delà des luttes des classes. Est-ce à toi qu'elle disait ''La liberté, c'est toujours au moins la liberté de celui qui pense autrement''? Et pour lui répondre, tu pris ton pseudonyme définitif...? <br /> <br /> Cordiales amitiés
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B
@ Libre enfin, <br /> <br /> <br /> <br /> Magistrale démonstration. Merci de prendre le temps de nous éclairer, nous qui sommes dans une auberge espagnole sans lanternes. <br /> <br /> En outre, je te rassure , tu n'as pas oublié ton cours de physique, tu ne t'es pas embourbé.<br /> <br /> <br /> <br /> Je retiens les deux bonnes nouvelles que tu annonces et qui rassurent sur l'avenir du pays. D'abord on ne baise pas à crédit. Ouf, on baise cash et d'un coup, on se sent plus léger! Puis, on n'aura pas de père fouettard. Ouf, on a échappé aux verges. <br /> <br /> Je t'envie quand même d'avoir eu Rosa Luxembourg dans les bras. Bon elle n'était pas canon et elle boitait, mais ce qu'elle a pu te susurrer dans le creux de l'oreille ne devait être ni boiteux ni gnognotte. La preuve tu continues à avoir un faible pour les faibles. J'avoue que, rien que pour ça, j'aurais voulu la baiser même à crédit. <br /> <br /> Tu es quand même un peu anar: que tu veuilles faire la révolution culturelle, soit. C'est un rêve de soixante-huitard sur le tard . Mais que tu conseilles de revoir l'éducation nationale, ça, ça ressemble à la subversion. Tu veux quoi? Franchement, pour leur faire apprendre des trucs comme « liberté », « démocratie », « justice », il faut être un super-anar. Tu veux éradiquer les quadrizomiques et les remplacer par ta progéniture avec Rosa? Allons donc, il va falloir que tu mettes la dose et encore. <br /> <br /> Amitiés.
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B
C'est un plaisir de vous lire Libre Enfin, mes respects!!!
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L
SI 3ALA, FERMEZ-MOI CE MACHIN!!<br /> <br /> <br /> <br /> Le brouillard est épais, mais sautons le pas. <br /> <br /> Avant des élections qui scellerons le mouvement du pays à moyen-terme, essayons l’exercice périlleux d’ébaucher un bilan approximatif de l’état de la nation et d’en tirer des conclusions sur les sentiers que nous prendrons.<br /> <br /> <br /> <br /> N’étant pas moi-même physicien, je vais prendre le risque énorme de vous schématiser notre situation en empruntant à la physique, m’embourber, et vous désorienter encore plus. Beaucoup de tunisiens, pris dans la tourmente et, donc, dans un repère non galiléen, se sentent pris en tenaille par des forces centrifuges, et n’en voient pas l’aboutissement. Or il suffit d’observer tout cela d’un repère galiléen pour se rendre compte que nous sommes, au fait, les otages de forces centripètes qui nous dirigent immanquablement vers le centre. C’est-à-dire, là où nous étions avant l’enclenchement de la dynamique. Soit, même si on ignore tous les épiphénomènes qui ponctuent notre quotidien, un centre assez médiocre, peinant à évoluer, entretenant trop d’ambiguïtés, et traversé par des lignes rouges plus ou moins foncées, plus ou moins annoncées. Paradoxalement, cependant, nous avons bien avancé sur un point sur lesquel je reviendrai.<br /> <br /> <br /> <br /> La faute à qui? J’aimerai bien faire mienne la réponse facile et accabler les Azlaam de l’ancien régime et les lobbies qui les entretiennent, mais ça serait trop court. La vérité est que nous sommes toujours embourbés dans les mêmes problématiques et que, soit n’arrivons pas à les identifier clairement, soit les identifions mais n’arrivons pas à trancher. La vérité est que notre classe politique, hormis les exceptions qui ne font que souligner la règle, est d’une médiocrité à faire pleurer la pierre. La vérité aussi est qu’elle est le reflet d’un peuple qui a tout révolutionné, sauf lui-même. <br /> <br /> <br /> <br /> Commençons par cette classe politique. Les seules divergences qui distinguent ses acteurs sont d’ordre idéologique. Comme ils n’arrivent pas à trancher dans un sens ou dans l’autre, même au sein de leurs propres familles politiques, ils font du sur place et coexistent dans une sorte de ni guerre ni paix. Ce qui les aide surtout à coexister ainsi, c’est que pour le reste, ils s’accordent quasi-tous sur l’essentiel, et d’abord sur deux choses fondamentales et complémentaires.<br /> <br /> <br /> <br /> D’abord sur une approche personnalisé et clanique du pouvoir, fruit de siècles de féodalismes à toutes les sauces que nous n’avons jamais véritablement enterrés. Certains, les plus progressistes sans doute, lui donnent une coloration familiale ou régionale. D’autres, les obtus, lui donnent une coloration carrément tribale ou sectaire. Et tous les deux l’approchent de la même manière qu’ils le font avec leur épouse, leur famille, leur ferme ou leur entreprise.<br /> <br /> <br /> <br /> Ensuite sur la conception de l’Etat. Un monstre à dix bras mais sans tête, qui accapare tout, fait tout, et le fait très mal. Sur toute la ligne. Enfin, un machin. Ici, les lignes idéologiques se dissipent et tous ne jurent que par le machin, la sauvegarde des grandes avancées obtenues grâce au machin, et leur aptitude, plus que d’autres, à gérer le machin. Même Ennahdha qui, sans doute aussi pour se tunisifier aux yeux des tunisiens, a oublié jusqu’à la raison même de son existence, et a fait de la maitrise et la gestion du machin sa grande priorité. Avec les résultats que nous savons. Même et surtout les «mauves compétents», comme les appelle Z, qui ont perfectionné le machin sous Ben Ali, et qui viennent aujourd’hui nous rappeler que c’est leur joujou, qu’ils le connaissent mieux que quiconque, qu’ils sont absolument indispensables pour sa gestion, et que sans eux il cabrerait. <br /> <br /> <br /> <br /> Ce que les uns et les autres peinent à comprendre, c’est que le problème fondamental est justement le machin. Ce qu’ils n’accepteront jamais de reconnaitre, c’est qu’il est impérieux de le démonter et de reconstruire quelque chose de plus humain, de plus proche et de plus efficient a sa place. Quelque chose qui ne s’obstine pas à produire des céramiques avec des technologies des années soixante, tout en tolérant un analphabétisme de 20%, tout en renvoyant plus de 100,000 élèves tous les ans des bancs de l’école, tout en transformant les chanceux en Frankenstein. Quelque chose qui ne s’obstine pas à être présente pendant votre thour et votre mariage, à sélectionner votre offrande de l’Aid, et à régler l’itinéraire de votre pèlerinage à la Mecque, tout en étant absente lorsque des enfants se font embrigader dans des «jardins» d’enfants sauvages (pas les enfants, les jardins), tout en tirant les rideaux quand les agressions sexuelles et la violence au sein des ménages explosent (49 femmes tuées par leurs époux rien que pendant les 9 premiers mois de 2014). Quelque chose qui ne s’obstine pas à guider vos pas de votre naissance à votre mort à coup de paperasse et de tampons, tout en écourtant l’intervalle entre ces deux moments à coup de malvie, de quotidien stressant, d’environnement désastreux, d’eau insalubre, de santé publique funeste. Enfin, quelque chose qui travaille pour vous parce que employée et payée par vous.<br /> <br /> <br /> <br /> Encore faut-il qu’il y ait un peuple qui le veuille. Ce qui reste à démontrer. De notre itinéraire postrévolutionnaire, je fais le constat que la vaste majorité des tunisiens ont voulu tout révolutionner sauf l’essentiel. Et l’essentiel pour eux, c’est un état paternaliste, fort pour les autres mais bienveillant pour eux. Un état qui ferme les yeux quand ils s’approprient eux-mêmes illégalement une partie de l’espace public, mais qui frappe fort quand quelqu’un d’autre ose dévaliser leurs maisons. Un état qui n’ose pas toucher à un système éducatif qu’ils savent pourtant tous défaillant et qui ne produit que des déchets, tout en s’attendant à ce qu’il embauche, pour ne rien faire, leur progéniture passée par le même système. Un état qui leur permet de manger à crédit, boire à crédit, consommer à crédit, se marier à crédit, tant qu’à l’arrivée quelqu’un d’autre éponge l’ardoise. Mais il n’y a pas que de mauvaises nouvelles; vous aurez remarqué que je n’ai pas dit baiser à crédit, puisque l’acte implique un minimum d’effort. <br /> <br /> <br /> <br /> Ou allons-nous dans ces conditions? Qu’Ennahdha gagne ou que Nida l’emporte, nulle part, au moins dans le moyen terme. La courbature du circuit nous donnera de temps à autre la sensation d’une descente ou d’une montée, mais ne changera rien au fait que nous tournons et continuerons à tourner en rond un bon moment, avec les mêmes excès de faiblesse et les mêmes foyers de tension. Et à chaque fois que la baraque risque de nous tomber sur la tête, les sages crieront que nous sommes en train de détruire le machin, que sa malédiction poursuivra nos enfants sur 7 générations, et nous mettrons en place un dialogue national et rentrerons dans l’ordre. <br /> <br /> <br /> <br /> Est-ce à dire qu’Ennahda et les «progressistes» sont interchangeables et que voter pour l’un ou l’autre c’est kif kif? Non, car si vous pouvez toujours rejeter un machin fait par les hommes, il est plus difficile de faire autant d’un machin tirant sa légitimité de Dieu et ses représentants. Non aussi, parce que si je dois me laisser niquer, autant le faire par un mécréant que je traiterai facilement de criminel, que par un exalté qui croit en se faisant me servir et servir Dieu. Mais il s’agit là, bien entendu, d’un choix personnel.<br /> <br /> <br /> <br /> La bonne nouvelle, la véritable avancée, c’est que nous continuerons peut être, après ces élections, à avoir des pères détraqués, des pères pervers ou des pères voleurs, mais que nous n’aurons pas de véritable père fouettard pendant quelques années. Non seulement parce qu’ils seront nombreux à se réclamer du rôle de père, mais aussi et surtout parce que le mur de la peur est tombé pour de bon.<br /> <br /> <br /> <br /> Et maintenant une note personnelle. Certains de ceux que je côtoie sur cet espace s’étonneront de découvrir en moi un anar ou un mgawech, et ils auront tort. Bon, j’avoue que j’avais fait la technique mienne du temps de la fac. J’avais observé que le meilleur moyen de s’attirer les faveurs des filles était de faire plus mgawech que mgawech, et j’en rajoutais des couches. Et ça marchait. Il y’en avait même qui me disaient se sentir comme Rosa Luxembourg dans mes bras. Et je vous avoue qu’à l’époque je pensais qu’il s’agissait d’un compliment. C’est pour vous dire le chemin pris depuis, et qui fait qu’aujourd’hui je me méfie comme de la peste des grands desseins révolutionnaires et de la prose exaltée. Pourquoi? Parce que j’ai un faible pour les faibles et que ce sont justement les faibles qui finissent par payer l’ardoise de la prose exaltée.<br /> <br /> Est-ce à dire qu’il faut garder le statuquo pour l’éternité? Non, il faut au contraire le bouleverser, et il suffit pour cela d’un tout petit déclic……… dans nos têtes. Ça s’appelle une révolution culturelle, et dans notre pays elle passera par une refonte totale de l’éducation nationale. Un conseil sinon pour finir, mes amis: n’abusez surtout pas des déclics. Regardez ce qu’il en est advenu de Toc Toc.
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A
A l'instar des Tunisia Awards, notre pays est sur la bonne voie. Certes, cette soirée a été un fiasco du point de vue de l'organisation et de l'impact, mais il y avait de la bonne volonté derrière et de l'ambition. Il ne reste plus qu'à se professionnaliser, il y a trop d'amateurs décisionnaires dans ce pays.
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DEBATunisie
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