PS 1: Ce dessin est inspiré de l'oeuvre de l'artiste américain Jason Freeny (voir ici)
PS 2: La rédaction déconseillle aux Ben Simpsons et aux bajboujeux de tout genre, de visualiser cette caricature.
23 novembre 2014
Métastase électorale
Commentaires sur Métastase électorale
- Total respect pour ce total irrespect hilarant ! La vie politique tunisienne sous le scalpel de Z !
- @ Libre Enfin
je me permets de vous rappeler (très amicalement) que vous m'aviez un petit peu remonté les bretelles (gentiment) lorsque je pensais avoir noté une tendance au vote islamiste dans le sud Est tunisien.
les dernières élections semblent sauf erreur de ma part avoir confirmé le constat que je faisais;
néanmoins je n'ai pas vu d'explication sociologique convaincante d'un phénomène qui nous donne à voir une Tunisie coupée en deux, car d'autres régions également assez marginalisées ne votent pas de la même manière. - @Fraji
Je pense avoir signalé qu’en 2011 le vote Ennahda était surtout élevé au sud-est plutôt qu’au nord-ouest et au sud-ouest, et qu’en tout cas la mouvance islamiste réalisait des scores très élevés auprès des tunisiens de l’étranger, sensés plus exposés à la modernité. Je reposte le lien vers une étude sociologique du vote de 2011 que j’avais posté à l’époque.
http://espacepolitique.revues.org/2486
Sinon, oui, la fracture qui s’est dessinée avec les dernières législatives se confirme avec les présidentielles. Il y’ a eu un bref échange là-dessus sur ce blog il y’a quelques semaines, mais malheureusement sans lendemains. Vous me permettez d’y revenir.
Que le sud-est vote aux trois-quarts pour Ennahda-Marzouki alors que Monastir vote aux trois-quarts pour BCE, je comprends à la rigueur. Quoique je ne vois pas ce que le sud-est a bien gagné du passage des islamistes au pouvoir. Mais pourquoi le nord-ouest vote-t-il donc presque aussi massivement contre Ennahdha-Marzouki? Et au-delà, pourquoi des villes ou des régions, comme Menzel-Bourguiba ou Ben Arous dont la démographie et le tissu économique porteraient à se positionner à gauche, votent plutôt pour les islamo-conservateurs. Pourquoi est-ce Siliana qui se soit révoltée contre la Troika et non pas par exemple Hammamet dont le modèle économique a tout à craindre de leur pouvoir? Certains arguments évoqués lors du dernier échange à ce sujet sur le blog ne me paraissent pas convaincants ou auraient besoin d’être approfondis:
1. Le tahmich: il me semble que le nord-ouest se trouve dans une situation économique et sociale bien pire que celle du sud-est. Il n’y a ni tourisme, ni pêche, ni pétrochimie, ni huile d’olive, ni grenadiers, ni commerce parallèle florissant avec la Libye, ni rentrées en devise de la très large diaspora originaire du sud-est en France. L’air des montagnes du nord-ouest est sans doute moins pollué, mais pour la simple raison qu’il n’y a ni groupe chimique, ni usine ni autre facteur de pollution (en attendant Sra Ouertane). Il existe sans doute des disparités de développement importantes entre les différentes localités du sud-est, mais je n’ai pas l’impression que les localités les mieux loties aient voté autrement que les localités les moins loties. Enfin, le flic ou 3omda était le même que ce soit à Sidi Bourouis ou à Ghomrassen. Par ailleurs, plus galli we gotlek que le nord-ouest tu meurs.
Incidemment, je vous propose ce papier assez intéressant sur la situation socio-économique du sud-est: www.cjrs-rcsr.org/V34/2/CJRS-RCSR-34-2-02.pdf
2. Une tradition de contestation: elle ne me semble pas être le propre du sud-est. Ni sous les beys, ni sous la colonisation, ni après l’indépendance. Faisons un tour de l’histoire en 8 secondes. La révolte menée par Ali Ben Gedhahem contre la fiscalité beylicale rassemblait une coalition des Majer, Ouled Ayar, Jlass et Frechiche. Daghbagi est bien originaire du sud-est, comme le sont Mosbah Jarbou3 et d’autres grandes figures des mouvements syndical et de libération nationale, mais les grands chefs de l’action armée pour la libération nationale, tels Lazhar Chraiti, Sassi et Tahar Lassoued et, me semble-t-il, la quasi-totalité des 13 chefs de division, ne l’étaient pas. Des évènements marquants dans le processus de libération nationale, tels que Jellaz, Zeramdine ou Bargou ne se sont pas passées dans le sud-est. Salah ben Youssef était certes d’origine Djerbienne, mais a grandi et vécu à Tunis. Le coup d’état manqué de 1962 avait surtout impliqué des gens du sud-ouest (Chraiti et ses hommes), du centre (Cheikh Rahmouni de Thala, faites le lien avec le président de l’association des juges!), de Tunis (les militaires Hannachi, Bembli et Materi –papa de notre propre Sakhr-), La Marsa et Bizerte (3am Ali Ben Salem, qui vient de se faire élire député sur les listes de Nida). Et finalement les événements de Gafsa ont surtout impliqué des originaires du sud-ouest.
3. Une tradition de conservatisme social: possible, mais le sud-est en est-il le seul porte étendard? Je ne le pense pas.
4. Le trabendisme: Oui, il pourrait jouer un rôle et les propos du directeur de campagne de BCE insistant que Nidaa n’a pas pour projet d’entrer en confrontation avec les réseaux de l’économie parallèle du sud-est, le confirment. Mais pourrait-il expliquer à lui tout seul que des régions entières votent comme elles le font? Je ne le pense pas.
5. Le clanisme: à mon sens, il pourrait expliquer une partie du comportement électoral du tunisien. On ne pourra pas trouver d’autre explication au fait que Haamdi passe premier à Sidi Bouzid et Hamma pemier à Siliana. Mais est-ce que le fait qu’un bon nombre des dirigeants historiques d’Ennahda soient originaires du sud-est peut expliquer à lui tout seul les derniers résultats électoraux? Par ailleurs, la même hypothèse appelle d’autres questions. Pourquoi le sud-est a-t-il engendré une bonne partie des dirigeants historiques d’Ennahda en premier lieu? Est-ce le résultat du conservatisme social dont nous parlions? Et si c’est le cas, comment alors expliquer qu’il a aussi engendré Tahar Haddad, Mohamed Ali El-Hammi ou encore le perspectiviste Noureddine Ben Khidhr? Quant à l’hypothèse du clanisme en soi, il faudrait s’interroger pour savoir s’il transcende les régions d’origine pour prendre la même ampleur dans les régions d’implantation? Ainsi, un originaire de Sidi Bouzid vivant à El-Mourouj a-t-il plus de chance de voter Haamdi qu’un keffois habitant El-Mourouj? Une lecture superficielle des résultats ne semble pas le corroborer, auquel cas il faudrait s’interroger sur la véritable ampleur du phénomène.
Enfin, voilà un tas d’arguments pêle-mêle qui gagneraient à être approfondis et enrichis par d’autres. - Cher Libre Enfin, je me suis permis de mettre ton commentaire sur la page FB du blog afin d'élargir le débat au-delà des marécages de la sebkha....
https://www.facebook.com/pages/DEBATunisie/149229615135091 - @Libre enfin
1) d'abord je dois avouer que je suis embêté que les discussions tournent toujours sur la même région , j'ai dit que j'ai souvent visité cette zone et j'ai des liens particuliers avec elle. Mais insister sur les mêmes sent un peu la stigmatisation( je ne parle pas ici de la sotte qui a dit qu'il faut les bombarder). Au fond comme ici la majorité fait dans l'anti-nahdisme primaire ou secondaire, on n'accepte pas que des gens votent pour Ennahda ou celui qui est supposé être leur porte-étendard.Il va falloir pourtant l'admettre une fois pour toute :Les gens votent pour qui ils veulent et quand ils veulent et n'ont pas à s'expliquer, c'est à la classe politique d'aller les chercher et les convaincre.
2) Maintenant Je pense en effet que le facteur régional explique une partie du vote ,si un leader important de Nidaa était du Sud Est on aurait voté pour lui , une explication qui m'a été donné par les habitants de la région est la suivante : On vote pour ces gens ( les islamistes à l'époque) parce qu'ils sont les fils de la région (wild el-jiha) , ils la connaissent et que lorsqu'on fera l'arbitrage budgétaire on pensera à nous et il y aura des investissements ici. Quoique partiellement discutable(Ghannouchi ne connait pas de tout la région de EL-hamma), il relève plutôt du "bon sens" politique et n'a rien à avoir avec le conservatisme ou l'éducation.
3)Le trabendo: ici il faut distinguer des choses différentes :
3.1) Le marché parallèle ( souk libya). Depuis la destruction de la douane libyenne par Kadhafi ( mise en scène télévisée il y a pus de 20 ans ) ce marché existe au vu et au su de toutes les administrations(ils passent devant la douane). La Libye est un pays rentier et importateurs , les produis ( surtout alimentaires) sont subventionnés en Libye.Des jeunes entrepreneurs tunisiens vont sur le marchés libyens , achètent des produits de première nécessité( y compris ceux importés à partir de la Tunisie!) et les vendent sur le marché tunisien à un prix abordable.Cette opération a posé quelques soucis aux commerçants locaux tunisiens dans les années 90 puis on a fini par trouvé un équilibre.
3.2) Le trabendo proprement dit : Il concerne plus les zones frontalières entre la Libye, la Tunisie et l'Algérie. C'est un trafic l'alcool , de tabac et...d'armes fait par des réseaux mafieux en liens avec AQMI et consorts( jihab le jour et trabendo le soir selon l'expression d'un officier algérien), il concerne surtout le le Sud Ouest et la région de Ch'ambi( j'ai dit un mot sur le lien entre terroristes, trafiquants et police dans un autre commentaire) et qui a ses ramifications vers le Nord du Mali et ailleurs.
Je pense qu'il faut garder à l'esprit cette séparation, le vote pour Ennahda ou Nid'aa ne change rien dans cette affaire.
4) Le conservatisme ? de quoi on parle ? est-ce que Gabès et Jerba sont plus conservatrices que ElKef ou Jendouba ? pas sur.A mon sens cette grille est fausse, si clivage il y a il passe entre les villes et les compagnes , entre un islam érodé par la marchandise( cf , les pages de Marx sur le rôle du capitalisme dans la destruction de toutes les structures traditionnelles) et un autre qui cherche à survivre, archaîque (au sens noble et étymologique ) et qui pense que la civilisation c'est autre chose que 1000 variétés de chocolat et un peuple qui se passionne par les stars de la télé-réalité. La supercherie de Ennahda est de se présenter comme le défenseur des uns et des autres alors qu'ils ne sont qu'un sous produits de la modernité, derrière l'écran de fumée des coutumes et pas des traditions il n'y a que le vide.
5) Qui est volontaire pour expliquer le vote Nid'aa ?
6) Je n'ai pas le temps de me relire , alors je suis désolé pour les fautes. - Pour ceux qui ne les connaissent pas , quelques citations de K.Marx
"La bourgeoisie a joué dans l'histoire un rôle éminemment révolutionnaire.
Partout où elle a conquis le pouvoir, elle a foulé aux pieds les relations féodales, patriarcales et idylliques. Tous les liens complexes et variés qui unissent l'homme féodal à ses "supérieurs naturels", elle les a brisés sans pitié pour ne laisser subsister d'autre lien, entre l'homme et l'homme, que le froid intérêt, les dures exigences du "paiement au comptant". Elle a noyé les frissons sacrés de l'extase religieuse, de l'enthousiasme chevaleresque, de la sentimentalité petite-bourgeoise dans les eaux glacées du calcul égoïste. Elle a fait de la dignité personnelle une simple valeur d'échange; elle a substitué aux nombreuses libertés, si chèrement conquises, l'unique et impitoyable liberté du commerce. En un mot, à la place de l'exploitation que masquaient les illusions religieuses et politiques, elle a mis une exploitation ouverte, éhontée, directe, brutale.
La bourgeoisie a dépouillé de leur auréole toutes les activités qui passaient jusque-là pour vénérables et qu'on considérait avec un saint respect. Le médecin, le juriste, le prêtre, le poète, le savant, elle en a fait des salariés à ses gages.
La bourgeoisie a déchiré le voile de sentimentalité qui recouvrait les relations de famille et les a réduites à n'être que de simples rapports d'argent.
" - @Varuna
Merci pour les élaborations tirées de votre connaissance de la région. Il ne s’agit pas de stigmatiser mais de chercher une explication. D’ailleurs, l’inverse est aussi vrai. Les tunisiens qui ne cherchent qu’à s’accommoder d’un système tout juste purgé de Ben Ali passent pour des Bensimpsons aux yeux de notre Z. Est-ce les stigmatiser? Pas si sûr.
Le phénomène des particularités régionales des scrutins n’est pas propre à la Tunisie. En France, le sud-est par exemple a souvent voté en plus grand nombre pour l’extrême droite. Aux Pays-Bas, le sud catholique du pays a toujours voté plus pour les chrétiens-démocrates. Aux Etas Unis, le sud a toujours été ancré à droite (de la droite, le plus souvent), alors que la Nouvelle-Angleterre passe pour un réduit de gauche (enfin, la gauche à l’américaine). Ce qui m’inquiète pour notre pays, c’est l’ampleur du phénomène, l’absence d’une explication logique et, surtout, le fait qu’il se passe dans le contexte d’un Etat national qui n’est pas encore irrémédiablement ancré. - @Libre Enfin,
1)Les Bensimpons est plutôt gentillet, n’est pas repris pour les médias nationaux et ne désigne si j’ai bien compris que la bourgeoise de El Menzeh 6(qui se sentirait en milieu hostile même à hey ettadhamen) et sa famille et ses amis. De l’autre côté on des des insultes comme « terroristes » , »jihadistes », « hordes » , « déchets » , « da’ach »....
Tant que cela émane des second-couteaux de la politique et des artistes de cinquième zone cela passe encore mais quand un candidat à la présidentielle et des universitaires s’y mettent il faut que quelqu’un de crédible au niveau national tape sur la table et dise STOP. On ne s’y prendrait pas autrement si on veut développer des tentations séparatistes, il ny’a pas pire que d’être insulté par ceux qu’on considérait comme des membres de sa famille.
2)Merci pour la liste des noms des résistants tunisiens qui méritent tous d’être mieux connus et le rappel historique même si il manque entre autres les bombardements de Sfax et de Gabès par les français , la bataille de « Bizerte »...etc et que vous avez oublié surtout l’oublié de toujours Belgacem Gnaoui de Métouia , fondateur de la deuxième CGTT.
- @Libre Enfin : merci pour le précieux document que vous avez partagé et que j'ai lu avec profit. Cet article met le doigt sur une problématique essentielle qui est encore d'actualité en ces jours d'élections présidentielles. L'article démontre que "Une des conséquences majeures de la focalisation récente du débat politique sur la question des rapports entre islam et Ėtat est d’avoir brouillé les lignes de partage sur les questions économique et sociale et d’avoir contribué à occulter le clivage, pourtant bien réel, entre partisans du libéralisme économique et ceux se réclamant de la tradition social-démocrate et socialiste". Encore une fois, les candidats à la présidentielle de 2014 continuent de broder leur campagnes électorales autour de ce clivage islam/ Ėtat, devenu comme l'explique l'article clivage conservateurs/modernistes. Sans jamais s'articuler autour des vrais débats économiques et sociétaux. Les programmes des différents partis candidats aux législatives surfent sur des idées bateaux qui sont la preuve de l'absence d'une conception socio-économique propre à chaque parti, claire et étayée. Les questions économiques et sociétales sont à mon sens le nerf de guerre dans la transition démocratique que vit la Tunisie. On besoin plus qu'autre chose de réviser la fiscalité, d'investir dans l'infrastructure, réviser les salaires, redistribuer les richesses de façon équitable en incluant les régions longtemps marginalisées, de réformer l'éducation etc, etc. On ne nous parle malheureusement pas de ces priorités. On recourt plutôt au clivage identitaire comme unique argument électoral à un tel point qu'on n'arrive pas à différencier la vision économique d'Ennahdha de celle de Nida Tounes par exemple alors que ces deux partis s'opposent diamétralement. Marzouki et Beji Caied Essebsi se renvoient la balle pour mieux refuser de s'affronter dans un débat télévisé et s'imposent des conditions (comme la transmission en direct souhaitée par BCE). Un tel affrontement est un gros risque car il risquerait de mettre en contradiction les clichés avec lesquels ils s'incriminent l'un l'autre. Je ne vois pas de possible discussion entre les deux qui dépasse la question identitaire et l'opposition islamistes/ancien régime.
Une autre problématique me semble importante à saisir. Le rapport du nouvel homme démocratique tunisien au politique ne semble pas avoir mûri et dépassé passion et clanisme. La cause profonde du clivage identitaire est que cet homme démocratique tunisien ne conçoit pas encore l'altérité. Le Tunisien s'apparente encore à la construction sociale traditionnelle qui précède l'état social démocratique a savoir le clan, équivalent de la famille, c'est-à-dire une unité qui n'existe qu'en opposition avec les unités semblables et qui ne peut coexister sans conflit. L'Homme démocratique tunisien ne conçoit son semblable qui se différencie de lui que comme ennemi à excommunier. Le nombre d'insultes qu'on voit défiler, même de la part de l'intelligentsia, depuis les législatives est significatif de cet état d'esprit qui ne saisit pas encore l'idée que si on est égaux, nos choix s'équivalent. Le Tunisien n'a pas encore dépassé la dichotomie du juste et du faux, du tort et de la raison. L'autre clan est un fauteur et on le responsabilise de tous les maux passés et à venir du pays, et dans un accès passionnel, on démissionne presque du politique. Ce n'est plus la logique du "nel3ab wala n7aram" mais du "nerba7 wala ma3ach nel3ab".
Ce clivage qui existe naturellement donc au sein de notre société fait le bonheur des politiques qui marquent leur autorité sur un terrain déjà départagé et répartis en blocs et gagnent les élections sans grand effort. J'ai même envie de dire que l'électorat tunisien c'est du prêt-à-voter. Il ne s'informe que très peu (et est mal informé), n'exprime pas de demande électorale et ne cherche pas qu'on le convainque d'un programme ou qu'on lui rende compte de la réalisation des promesse électorales. Si sa conscience politique n'est pas très développée, cela ne veut pas dire qu'il est complètement indifférent aux questions économique. Il a juste besoin qu'on porte à sa connaissance ces questions. La preuve en est le fulgurant et inattendu succès de Hechmi Hamdi aux élections de 2011 dont le mot d'ordre était l'économie. Il avait présenté, comme le rappelle l'article, des promesses qui touchent de près la condition matérielle des électeurs, d'une façon claire et vulgarisée. Je m'étonne par ailleurs que Hamma Hammami, candidat principal de la gauche, n'avait pas assez mis l'accent, sur ce qu'il pourrait concrètement changer sur le plan économique, une fois au pouvoir. Il avait peut-être peur de réactiver la phobie du communisme si bien utilisée par la contre-campagne de Nahdha et Nidaa Tounes.
Les enjeux économiques sont pour moi une question prioritaire et j'attends ce débat télévisé pour voir comment s'en sortiront Marzouki et BCE si jamais on les invitait à parler de leur programmes économiques.
BCS est un symptôme,un nom,il représente cette part de la Tunisie qui a violenté le pays et son peuple, instaurer la servilité et l'obséquiosité devant les grands et le mépris du faible comme rapport sociaux et la rapacité comme vertu cardinale.L'homme lui-même? on ne lui voudra pas à son age ,les musulmans malikistes ash'aristes que sont la majorité des tunisiens sont peu enclins à faire preuve de dureté devant un vieillard.On lui pardonnera même ses déclarations imbéciles récentes sur les "terroristes" qui ont voté pour son adversaire direct.On espère seulment que avant qu'il quitte la scène définitivement il écrive ses mémoires et éclaire une part de notre nuit.Le voile de tristesse et d'inquiétude qui couvre le pays vient du sentiment qu'on a raté une ou plusieurs marches et que l'Etat profond et ses alliés(mafieux , affairistes,une part de l'élite accrochée à ses privilèges ...) sont toujours aux commandes.Le bon peuple pourra toujours voter.Un bulletin de vote ne fait pas le printemps.
2) LA HONTE.
Lorsqu'on parcourt même superficiellement l'histoire russe on ne manque pas de constater un côté lumineux et attirant, une partie de l'élite en harmonie avec le peuple, qui l'aime d'un amour profond et sincère et qui est de son côté pendant les moments difficiles. De Pouchkine à Soljenitsyne en passant par Dostoevski et Tchekov pour se limiter seulement aux écrivains , un amour de la langue et du peuple et le souhait de le servir par ses oeuvres.Quelle rapport avec nous ? On est un peu embêté avec les notre, on leur fait honte d'une certaine manière.Il serait facile de verser dans le psychologisme et parler de schizophrénie et d'acculturation.A un journaliste français qui l'interrogeait un peu après 2011 pourquoi il n'a rien fait pour ses compatriotes, l'un des nos intellectuels répondait qu'il était sans doute trop occupé par les idées.Il était trop occupé par la contemplation des idées platoniciennes pour se préoccuper de ces gueux tunisiens.Fallait-il se résoudre à attendre que cette génération passe et que des nouveaux visages émergent ?
Faut-il faire ce qui est possible localement et ne rien espérer ni des partis ni des moi-je-suis-la-lumière-du-monde-et-je-vais-vous-expliquer?
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