Reconnaissons à la révolution et aux dernières élections le mérite d'avoir su nous éclairer sur la complexité du pays. Rappelez-vous mes amis, des comédies électorales de l'ère Zaba, quand la Tunisie était un monolithe et que le peuple votait à 99,9% pour Ben Ali. La Tunisie était alors une ombre inquiétante et hermétique. Aujourd'hui malgré l'aspect "politique spectacle" de la Présidentielle 2014 et la lutte des égos qui la caractérise, réjouissons-nous au moins du fait que les résultats des urnes nous dessinent une nouvelle cartographie du pays telle que le démontre cet article du huffington post ...
Le spectacle continue pour le deuxième tour. Le choix du président ne réconciliera pas pour autant le pays. Notons que le refus de Bajbouj de débattre avec le Tartour est une lâcheté, une honte, une preuve de plus qu'une certaine Tunisie condescendante incarnée par ce personnage, s'obstine à snober et à mépriser une autre Tunisie qui a eu le malheur de se faire représenter par Marzouki...
Oui, le solipsisme bien tunisien ne disparaîtra pas avant quelques années encore mais ce qui est nouveau c'est qu'à comparer la carte proposée par Huffington Post à la figure 2 qui reprend la géographie du vote des 5 premiers partis aux élections
de l’ANC de 2011 (http://espacepolitique.revues.org/2486), on voit que le
clivage s'exprime plus clairement à présent dans le sens où deux couleurs
seulement prédominent et forment deux blocs. Les politiques ont bien réussi
leur coup. On avait traité de tous les noms les gens qui ont évoqué le clivage
nord/sud après les législatives mais les données montrent que c'est bel et bien
réel.
On peut avoir l'impression que la répartition des votes est parfaitement équilibrée, mais c'est
un équilibre fragile et très tendu parce que si Zouki a plus de gouvernorats
derrière lui, et semble par conséquent être plus consensuel sur une échelle
nationale, Sebsi, lui, a plus de voix avec moins de gouvernorats. Là se pose
encore le problème du système électoral. Parce que le nord est plus peuplé, des
taux de vote pour Sebsi moindres par rapport au sud ont plus de poids(taux le
plus élevé : 60% pour Béji alors que Zouki a des taux comme 69%, 78% et 80%). On
a non seulement la loi du plus grand nombre mais aussi une prévalence des
régions les plus peuplée sur d'autres avec toutes les implications que ça a. Je
ne sais pas si c'est très équitable... En tout cas le lien entre le niveau
socio-économique et de développement d'une région et son poids électoral
devient évident. J'aimerai bien voir une cartographie des taux de participation
pour voir si les régions du nord ont voté cette fois-ci plus que le sud,
contrairement aux élections de 2011 (figure 1, http://espacepolitique.revues.org/2486)
(?).
Une chose est sûre : on a besoin que les chercheurs développent un anthropologie politique pour
nous expliquer tout ça."