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DEBATunisie
27 septembre 2015

Le trou du cul

D'abord j'aimerai m'excuser pour mon long silence sebkhique. Pour le bien de la sebkha et pour mon équilibre personnel j'ai du prendre une petite pause pour réfléchir. Depuis que Zabajboujallah est au pouvoir, je ne sais pas pour vous, mais moi je me sens comme au fond du trou. Plus rien n'a de saveur, ni de goût. On voit Bsaiess partout et ça ne nous fait plus rien du tout. On se réconcilie avec les anciens mafieux et tout le monde s'en fout. Il a fallu que Mokhtar Yahyaoui -l'une des figures de la lutte contre la dictature, décède ce 22 Septembre pour qu'une secousse révolutionnaire remue enfin notre corps mou.
Depuis je me sens réveillé et plus alerte. Je vois du mauve et du Zaballah partout et j'ai envie de hurler. Puis survient justement cette sordire histoire de test anal. Une affaire qui convoque à la fois Zaba et Zaballah: la dictature de la police combinée à la bigoterie perverse d'un juge. Et c'est un malheureux jeune homme qui s'est trouvé victime de cette diabolique machination. Inculpé d'homosexualité suite à un test anal, ce dernier est condamné à une année de prison ( voir ici )
On l'oublie souvent, mais dans notre joli bled de tradition musulmane, la sodomie est péché, pas seulement à cause du Coran, mais aussi à cause du code pénal qui dans son article 230 la punit de 3 ans d'emprisonnement... *

testanal

Cette affaire embarrasse tous nos progressistes et nos intellos qui ont bizarrement avalé leur langue. Car pour notre "élite" défendre le droit des homosexuels, c'est aller aussi à l'encontre de la parole d'Allah. Certes l'homophobie n'existe pas seulement à cause de la religion. Mais tout de même, la diabolisation de l'homosexualité par l'Islam (Sodom et Gomorrhe) donne à l'homophobie une légitimité divine et coupe ainsi court à tout débat. Pourtant, combien ce débat est urgent ! Combien devrait-on attendre encore pour que nos intellos se saisissent une bonne fois pour toute de la question religieuse et se bougent le cul pour faire dégager le texte sacré de l'espace public avant qu'un flic vienne un jour leur fourrer le doigt dans le cul...
Ras le cul de cette superstition Allahique !

* En 2013 a eu lieu une autre affaire similaire qui est passée inaperçue. Un certain Mounir Baatour chef du parti libéral tunisien (un tout petit parti méconnu du grand public) s'était fait choper avec son amant "en flagrant délit" dans un hôtel à Tunis. L'affaire n'aurait pas eu de suite pour vice de forme...(voir ici)

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Commentaires
T
Un prix Nobel.<br /> <br /> <br /> <br /> http://www.lemonde.fr/sciences/live/2015/10/05/suivez-en-direct-les-annonces-des-prix-nobel_4782518_1650684.html
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L
DEUXIEME PLAIE: LA POLICE<br /> <br /> <br /> <br /> Essayons de schématiser. Oui, je connais le risque, les dommages collatéraux des généralisations abusives, l’approche réductrice, et tout le reste. Il reste qu’à côté de la caricature, c’est le meilleur moyen de mettre à nu la situation d’un pays à la dérive. Et comme je n’ai pas le talent de Z, vous vous doutez bien qu’il me reste peu de choix. Permettez-moi donc de me présenter.<br /> <br /> <br /> <br /> Je suis chef de poste à Sousse. Il fait ramadan et 40 degrés à l’ombre. Il y’a mille choses qui peuvent m’occuper. Comme travailler à un plan de sécurisation des zones touristiques. Comme travailler sur les protocoles de réponse et d’intervention rapides en cas d’incident. Comme tenter de résoudre les centaines d’affaires de vols et d’agressions. Comme entourer mes hommes et essayer d’améliorer leur quotidien. Ou bien tout simplement faire une sieste. En lieu et place, l’antenne de l’Intelligence Service qui m’est rattachée me rapporte une découverte de taille. Non, ils n’ont pas localisé El Chapo à Bouhsina, mais l’horreur est tout comme: un café serait ouvert pendant la journée en ce mois saint. <br /> <br /> <br /> <br /> Voilà une affaire trop importante pour la laisser à des subalternes, surtout que ma longue expérience me rapproche du cas posé. Ben Ali ne m’a-t-il pas fait poster, au début de ma carrière, des nuits interminables sur les carrefours de la banlieue nord pour vérifier les papiers des couples non-officialisés? Quel chemin fait depuis, malgré la pénible traversée du désert!!<br /> <br /> Pénible, elle le fut! Je m’en souviens d’ailleurs comme de mon dernier rapport. L’arrivée au poste après à peine 3 heures de sommeil. Le chef qui m’ordonne de prendre la carte d’identité que j’avais retenu la veille et de la livrer en personne à son propriétaire, en lui demandant des nouvelles de Mademoiselle, lui présentant mille excuses, et lui disant tout le mal que je pense de ma petite personne insignifiante. De prendre ensuite un stop pour me rendre à Bir La7fey ou je suis dorénavant affecté.<br /> <br /> <br /> <br /> Comment ai-je pu être aussi con pour me mettre à dos la fille d’un conseiller de Ben Ali et son copain?? Et pourtant c’était un véhicule banal; vous pensez bien que je me serai avisé de contrôler Cayenne ou Hummer!! Et pourtant, c’était un contrôle ordinaire!! Comme à mon habitude, je n’avais même pas daigné jeter un regard à la chose assise sur le siège passager avant, me contentant de réciter l’injonction de routine à l’homme derrière le volant: Het awra9ek; chkoun hedhi m3aak, het awraa9ha zeda. Et pourtant je n’avais fait qu’agir dans le strict respect des protocoles en vigueur!! Soit garder pour soi uniquement une des choses remises par le citoyen contrôlé. Et pourtant, je sais compter: s’il me remet une CIN et, par exemple, un billet de vingt, il est clair qu’il s’agit là de deux choses, et que le protocole ne me permet pas de garder les deux. Dans le cas d’espèce, le connard me remit uniquement sa CIN en me disant que la chose n’avait pas la sienne sur elle, et ma réponse toute procédurale était qu’il devait passer le lendemain au poste pour récupérer sa CIN et nous présenter sa chose<br /> <br /> . <br /> <br /> Heureusement que tout cela est derrière moi, par la grâce de la révolution. Enfin, indirectement, car ma promotion je la dois surtout à quelqu’un qui, lui, doit bien la sienne directement à la révolution. Je ne peux pas trop m’étaler là-dessus. Disons que c’est quelqu’un de confiance avec qui j’entretenais une relation d’échange mutuellement bénéfique du temps où je travaillais pour la cellule Irchad, et qui est monté ensuite très haut dans la galaxie CPR-Nahdha. Nous nous tenons pour ainsi dire par les couilles. Moi, je n’ai aucune envie de faire encore une fois du stop pour retourner à Bir La7fey, et lui aucune envie de revenir sur terre. C’est pourquoi je vous disais que c’est quelqu’un de confiance.<br /> <br /> <br /> <br /> C’est en méditant ce passé tourmenté que je franchis la porte avec mes hommes pour me rendre, en personne et en dépit de la canicule, sur les lieux de l’abomination. Pour tout vous dire, je n’aime pas trop la chaleur. Six étés à Bir La7fey m’en ont convaincu pour la vie. Mais je me disais que mes hommes apprécieront ainsi la grande leçon de leadership –ne souriez pas, j’ai appris le mot des workshops avec les américains- que j’allais leur montrer. Et puis sait-on jamais! Mon galactique me dit qu’il a l’oreille du Cheikh, et il ne l’aurait pas, pas de soucis. Car voyez-vous, j’aime bien la confiance, mais je préfère diversifier mes risques. Depuis le temps que je suis à Sousse, donc, j’ai aussi mes entrées chez le Khalife, et ne doute pas qu’il s’extasiera à cette nouvelle pierre que j’apporte à son édifice. <br /> <br /> <br /> <br /> J’arrive sur place et c'est comme si les welia m’abandonnèrent sans raison. Je me suis déplacé pour un lieu d’abomination, et découvre qu’à l’abominable ils ont rajouté l’horreur. Non seulement le café est ouvert en milieu de journée au milieu du mois saint, non seulement des gens fumaient et consommaient -dans cet ordre-là comme en période régulière en Tunisie- , mais en plus il n’y avait pas de serveur!! Enfin, si, les gens étaient bien servis, mais par une femelle, une chose quoi!! Multipliant ainsi exponentiellement le péché!! Oui, je maintiens. Une chose. Ca n’est pas parce que la presse a parlé plus tard d’une serveuse, que ça la rends respectable à mes yeux!!! Bon, pas besoin de vous relater en détail ce qui s’est passé puisque la presse vendue en a fait ses choux gras. J’avoue juste que j’y suis allé un peu trop fort, mais je peux m’expliquer. J’ai bien essayé de me retenir pour ne pas gâcher mon carême, mais le moment fatidique est arrivé quand j’ai fixé la chose de mon regard de flic tunisien. Et vous imaginez ce qu’elle a fait la garce?? Elle n’a pas baissé le sien!!! Alors j’ai fait ce que je fais de mieux. Dagdegtha. W zid dagdekt talifoun waaldin bouha. <br /> <br /> <br /> <br /> Si je le regrette? Non, pas vraiment. Oui, la presse vendue en a fait tout un scandale et ce connard de ministre a cru se forger une image de grand chef en me mettant au frigo. Mais bon, mon galactique me dit de me tenir calme le temps de me relancer encore plus haut que je ne l’ai été. Et s’il échoue, eh bien je réactiverais un autre galactique, chez Nidaa cette fois-ci. Si je le tiens par les couilles lui aussi? Ah, mon ami, vous n’avez aucune idée du nombre de tunisiens tenus par leurs couilles!! Et le plus beau, c’est que c’est tellement effectif parce qu’ils y tiennent plus qu’à toute autre chose. Pourquoi qu’ils y tiennent quand la moitié d’entre eux ne s’en serviront sans doute jamais, me dites-vous? Qu’en sais-je!! Je suis flic, moi. Je ne suis pas payé pour réfléchir.<br /> <br /> ====<br /> <br /> Mes amis, fiction à part, que dire de la flicaille tunisienne?? Beaucoup, sans doute. Au fait, nous pourrions tout simplement répéter à leur sujet tout ce qui a été dit sur la justice. Avec, cependant, une précision en plus: c’est très probablement le groupe de tunisiens qui me manque le moins depuis que je n’ai pas à les croiser tous les jours. Pourquoi? Essentiellement à cause de leurs regards.<br /> <br /> Essayer de les observer et vous vous rendrez compte qu’ils ont, pour beaucoup, le même regard. Indéfinissable en soi, sauf à le rapporter à celui des gardiens de camp. Un mélange de méchanceté gratuite et de désarroi profond. Tient-il de leur statut d’intouchables se prosternant devant plus fort qu’eux? Je n’en sais rien; comme je vous le disais, comme je ne vis pas au bled, je les croise très peu et, en tout cas, depuis des années, la simple vue de mon passeport m’évite tout désagrément. Les temps furent autres pourtant!<br /> <br /> <br /> <br /> Pour simplifier, je pense avoir vécu autant, sinon plus, à l’étranger qu’en Tunisie, et pourtant, en dehors des contrôles de routine au passage d’une frontière, je ne me souviens pas d’avoir été contrôlé par un flic ailleurs qu’en Tunisie. Granted, je n’ai pas la tête de votre beur typique, mais je vous assure que c’est exactement la même tête que j’avais en Tunisie. La première fois, je m’en souviens comme le fait notre chef de poste fictif de son dernier rapport. Je devais avoir 19-20 ans. Nous étions un groupe mixte d’étudiants prenant le café lors de la pause dans un local situé à deux pas de la fac et fréquenté quasi exclusivement par des étudiants. Soudain, 4 ou 5 flics surgissent et nous cernent de toute part. Het awra9ek; inta si chbeb ech testenna, aya izrib rou7ek lankasserlek khli9tek. Pourquoi ma gueule ne lui plaisait pas, je ne la saurai jamais! Ils prennent nos papiers d’identité qu’ils ne prendront même pas la peine de vérifier, et nous ordonnent de marcher en file indienne les quelques centaines de mètres qui nous séparent de leur poste. Nous attendrons toute l’après-midi, avant d’être relâchés sans explication. Avaient-ils autre chose de mieux à faire? Je n’en sais rien. Comme je vous ai dit, impossible de lire dans leurs regards autre chose qu’agressivité gratuite et angoisse sans fond. Avions-nous peut être autre chose de mieux à faire que de poireauter sans raison dans les locaux passablement insalubres d’un commissariat? Sans doute, sauf que ça ne les intéressait visiblement pas.<br /> <br /> <br /> <br /> La deuxième fois, c’était le soir vers la même époque sur une plage. Nous étions quatre: un ami scandinave avec sa copine tunisienne, une amie -pas plus- américaine et moi-même. Le couple décide de s’assoir sur le sable dans la position dans laquelle a été retrouvée, selon les flics violeurs, la fille violée et puis mise en examen pour atteinte aux bonnes mœurs. L’américaine et moi-même décidons de marcher le long de la plage. Nous n’avons pas fait 20 mètres quand nous fumes arrêtés par 4 agents d’une des innombrables brigades d’intervention que compte le pays, surgis de nulle part. Enfin, la routine habituelle, les injonctions habituelles. Het awra9ek, ech taa3mel houni, chkoun hedhi lim3aak? Je leur remets ma carte d’étudiant qu’ils commencent à déchiffrer tout en me lançant aah, bezness modhkhom!! Et puis miracle! Ne me dis pas que tu es famille de Monsieur X notre chef de poste, me lance celui qui semble être un sous-chef; Abdelhafidh comme je le saurai plus tard. Mais pourquoi tu ne me l’as pas dit dès le début?? <br /> <br /> <br /> <br /> Apparemment, mon nom de famille et mon lieu de naissance correspondaient à ceux du chef d’Abdelhafidh, faisant croire à ce dernier que je suis de la famille du chef. Maintenant, je dois vous avouer que je ne connaissais ce Monsieur X ni d’Eve ni d’Adam. Ma famille élargie rassemblant bien la moitié de la région, Il se peut très bien qu’il en soit membre, mais moi en tout cas j’ignorais jusqu’à son existence. Je n’ignorais cependant pas qu’on nous disait que la police était là pour nous servir, me dis tiens, pourquoi ne pas s’en servir alors, et confirme à Abdelhafidh que le chef X est effectivement un oncle. L’américaine, qui ne comprenait rien à ce qui se passait, sort son passeport et demande s’ils veulent vérifier son identité. Mais non, plait-il Mademoiselle!, lui répond Abdelhafidh d’une courtoisie impériale, vous êtes avec Monsieur. Et là, pour la première et, sans doute, la dernière fois de ma vie, je me retrouve garant d’un citoyen américain!! Abdelhafidh nous quitta sans oublier de me rappeler pour la énième fois que j’étais libre de faire tout ce que je voulais sur la plage et qui si, d’aventure, d’autres agents venaient m’importuner, il me suffira de leur dire que j’étais de sa part. N’oublies pas, OK ?? Abdelhafidh, Hfaiedh, ils sauront. Haya, louled, mchina. «Et ceux-là?», l’interrompt un agent en montrant du doigt mon ami scandinave et sa copine tunisienne, toujours perdus l’un dans les yeux de l’autre. Mais la sentence de Hfaieth fut sans appel: ti haya, sayeb 3lik, gouerra; mouch tchouf fihom!!<br /> <br /> <br /> <br /> Mon amie américaine rentrera chez-elle quelques jours plus tard avec la ferme conviction que ce pays béni par les dieux a non seulement les plus belles plages du monde, mais aussi les bobbies les plus sympathiques de peut-être bien tout l’univers. Moi je passerai ces journées à imaginer le scenario inverse. Je suis sur une plage scandinave, assis sur le sable avec une locale (hey, ne soyez pas trop jaloux!!). Mon hôte et ami scandinave décide de marcher un peu au bord de la plage avec une amie américaine. Il se fait contrôler par des policiers qui lâchent prise quand ils apprendront qu’il est de la famille du chef de poste. Les policiers s’apprêtent à repartir quand l’un des agents demande a son chef s’il ne fallait pas nous contrôler aussi, moi et ma dulcinée. Ce à quoi son chef répond: ti haya, sayeb 3lik, gouerra; mouch tchouf fihom!!<br /> <br /> <br /> <br /> Est-ce que je reproche à Hfaiedh de m’avoir arrêté avant que je ne fasse 20 mètres sur la plage? Non, pas vraiment. Par contre, j’aurai bien aimé qu’il ne prenne pas plus d’une demi-heure pour se manifester après l’attaque terroriste sur Kantaoui.
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A
Tes commentaires en tout cas Libre Enfin ne passent pas dans nos têtes comme sur du super-teflon...
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L
PREMIERE PLAIE: LA JUSTICE<br /> <br /> <br /> <br /> Si je mentionnais l’approche de la justice occidentale, c’est pour l’opposer à l’approche foncièrement liberticide et rétrograde de la nôtre. <br /> <br /> Depuis l’indépendance et quel que soit le gouvernant, justice dans ce pays a toujours été un supplétif tellement habitué à ramper que se mettre à genou lui est déjà un calvaire. Quand vous donner à notre justice le choix dans une palette allant du plus restrictif au plus libéral, elle creuse pour trouver encore plus restrictif. Quand la palette va du rétrograde à l’humaniste, elle vous envoie en taule parce que vous ne lui avez pas proposé plus rétrograde. Quand vous lui donnez l’option de concentrer son travail sur des questions de moralité sociale ou des questions de sécurité nationale, elle ne prend pas plus de 7 secondes pour vous foutre un Jabeur en taule pour 7 ans, mais prendra bien 7 ans pour juger enfin des lampistes dans l’affaire des assassinats politiques. Des exemples? A la tonne. Jabeur déjà. Les dizaines de milliers de vies brisées par des sentences uniformes d’un an de taule pour consommation de zetla. La jeune fille violée par les flics et qui se retrouve accusée d’atteinte aux bonnes mœurs. Les journalistes traduits devant les tribunaux pour délits de presse ne relevant pas, en principe, du code pénal. L’arrêt de la Cour d’appel de Tunis privant l’épouse non-musulmane d’un tunisien (lui apparemment certifié halal de par l’unique fait de sa nationalité) de sa part d’héritage, en interprétant le CSP à la lumière de l’une des déclinaisons les plus obscurantistes de la charia, en dépit d’une constitution qui rejette clairement la meme charia comme source principale ou subsidiaire du droit. Et la liste est longue. <br /> <br /> <br /> <br /> Maintenant, ayant moi-même tendance à me positionner vers les déclinaisons les plus libérales de la palette, cette justice je lui aurais pardonné eusse-t-elle été un minimum propre. Or elle ne l’est pas. Au contraire, si la révolution est passée sur la plupart des corps comme sur du téflon, elle est passée sur ce corps comme sur du super-téflon. Les seuls qui auront collé à la poêle resteront les quelques dizaines de juges qui auront eu le malheur de ne pas plaire au vice-khalife. Ou à son épouse.
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L
Le cœur n’y est vraiment pas (kol chay masit), mais le sujet interpelle. Non pas tant de par le débat sur les droits des gays, que par les dysfonctionnements que le sort réservé à ce jeune soulève.<br /> <br /> <br /> <br /> Est-ce à dire que les gens ne doivent pas vivre leur sexualité comme ils l’entendent? <br /> <br /> <br /> <br /> Commençons par un aveu: personnellement, et d’un point de vue purement esthétique, l’idée de deux mecs faisant l’amour me semble un peu glauque. Toutefois, je partage avec eux un pays et non pas une chambre à coucher. Il s’en suit que tout ce qui relève de leurs vies privées ne me concerne en rien, et devrait concerner l’état encore moins. Il s’en suit aussi, logiquement, que pour qu’un comportement quelconque puisse relever de la sphère privée, il doit rester cantonné à la sphère privée et ne pas être étalé en public.<br /> <br /> <br /> <br /> Est-ce alors à dire que les droits par ailleurs reconnus aux couples hétérosexuels doivent leur être refusés, et, si oui, ce refus ne serait-il pas une entorse aux règles démocratiques ? <br /> <br /> <br /> <br /> La-encore, je vous avoue que pour moi ces droits ne font pas partie du SMIG démocratique. La régulation, écrite ou non, des modes de comportement transcende les sociétés et les temps, et évolue au rythme des changements sociaux. Pour ma part, je ne suis pas favorable à l’ingénierie sociale par voie législative et ne soutient, donc, pas l’autorisation, en tout cas en Tunisie aujourd’hui et par voie législative, du mariage gay ou de l’adoption par les couples gay. La confirmation législative d’un changement des modes de comportement sociaux doit être, pour moi, autant que possible l’aboutissement plutôt que le précurseur de tels changements. L’absence d’une telle confirmation n’est pas forcément une entorse aux principes démocratiques. La sodomie, pour revenir à notre sujet, était punie de mort aux Etats Unis avant que cette peine ne fut réduite à la «simple» castration sous Jefferson. Les lois de plusieurs états US pénalisaient sa pratique meme dans l’intimité d’un couple hétérosexuel marié et ce jusqu’à une décision de la Cour suprême américaine au milieu des années ….. 2000, jugeant cette pénalisation anticonstitutionnelle. La pénalisation de l’adultère dans le couple n’a été abolie dans le droit pénal néerlandais que dans les années 80, soit bien après qu’aucun tribunal n’en appliquait la peine. Tout cela n’a empêché ni les Etats Unis, ni la Hollande, d’être des pays démocratiques, ni leurs législations de changer comme aboutissement et non précurseur des transformations sociales. Vous me dites et les pauvres bougres qui se font attraper avant les modifications législatives? <br /> <br /> <br /> <br /> Là entre en jeu la justice et son rôle prépondérant. Dans toute construction juridique, il existe des tensions entre des droits et libertés divers. Ainsi, le droit à l’information peut provoquer des tensions avec le droit à la vie privé. La liberté d’expression peut en provoquer avec la liberté du culte. Cette dernière peut engendrer des actes discriminatoires normalement prohibés par les principes d’égalité et de non-discrimination. Comment s’en sortir? Eh bien, la justice en occident s’en sort en privilégiant à chaque fois la liberté ou le principe qui colle de plus près aux droits consacrant les libertés individuelles. Un bon exemple en ce sens nous a été donné récemment par la décision d’un juge américain d’envoyer en prison une fonctionnaire de l’état civil pour avoir refusé d’enregistrer des mariages homosexuels. Pour le juge, le droit des gens de se marier selon leur orientation sexuelle, récemment reconnu par la Cour suprême, pèse plus lourd que le droit de la fonctionnaire à sa liberté de conscience. Un autre exemple nous vient de Hollande ou les écoles privées (et, donc, confessionnelles) ont été forcées d’accepter des enseignants ouvertement gay, pour la raison que le principe de non-discrimination sur la base, notamment, de l’orientation sexuelle, pèse plus lourd que la liberté de l’enseignement (y compris donc l’enseignement religieux), pourtant tout aussi bien inscrite dans la constitution. <br /> <br /> <br /> <br /> Pourquoi alors m’offusquer du cas de ce jeune, me dites-vous? Et la réponse est que je le fais parce que le cas est illustratif des nombreuses plaies qui nous rongent. Chacune d’elles mérite un développement propre, auquel je reviendrai. Entre-temps, permettez-moi de sauter à la défense du chef de parti pris en flagrant délit de sodomie à l’hôtel Sheraton, dont Z nous relate la (més)aventure pour décrier, implicitement, la différence de traitement entre notables et Zwaawla. Ce que Z occulte, cependant, c’est que ce notable avait bien des circonstances atténuantes. Il attendait sa cousine au Sheraton, et quand celle-ci ne s’est pas présentée il n’avait de choix que de se rabattre sur ce que lui tombait sous la main.
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