Chaque Ben Simpson pleure sa Tunisie à chaque délocalisation d'une usine au Maroc, à chaque inauguration d'un mégaprojet royal au Maroc, à chaque article du Figaro vantant la bonne gouvernance du Roi du Maroc. Ce pays voisin est devenu pour nombre de tunisiens, un miroir de ce qu'aurait pu être la Tunisie d'aujourd'hui, si ce foutu marchand de légume de Sidi Bouzid n'avait pas allumé le feu. Le Maroc nourrit une nostalgie pour Ben Ali et sert souvent d'argument contre la Révolution...
Et pourtant, ce doux pays, a y regarder de près, semble lui aussi comme à l'époque de Zaba, tenir qu'à un fil...
(voir ici)
31 octobre 2016
Le Broi du Maroc menacé de poubelle de l'Histoire ?
Après le marchand de légume tunisien, c'est au tour d'un vendeur de poisson marocain de faire trembler tout un système...
Mais attention ! la tâche sera plus ardue pour les révolutionnaires marocains et tous ceux qui luttent contre la "Hogra" et qui aspirent à plus de libertés et de Justice sociale. Plus ardue car, chez nos amis marocains, les superstitions religieuses de la population ont sacralisé à la tête de l'Etat, une indéboulonnable mafia séculaire appelée Maghzen...
Commentaires sur Le Broi du Maroc menacé de poubelle de l'Histoire ?
- Il est vrai que les analogies entre le cas tunisien et marocain, tant sur la forme (marchant de poisson vs. marchant de légumes; le foyer de l'incident sont dans les deux cas des régions réputées frondeuses et/ou marginalisées par le pouvoir central) que sur le fond, sont frappantes et serions tentées de présager la même trajectoire, mais comme tu l'as bien mentionné, la pseudo sacralité de la monarchie marocaine rend le scénario moins écrit à l'avance. Les paris sont ouverts!
- La réponse officielle a été assez rapide: ils ont bien appris leur leçons. Par contre, il manque un détail à la description de l'incident, à savoir que dans les deux cas l'accusation "officielle" est celle d'un manque d'une autorisation d'activité. Alors non seulement on ne donne pas aux citoyens les moyens nécessaires pour se développer mais aussi on écrase ( littéralement malheureusement ) les tentatives de survie de ces défavorisés.
Il est urgent de développer l'Etat de Droit ( Ref World Justice Project ) et la Facilité de la Pratique des Affaires (Ref Banque Mondiale ). La Tunisie se classe 58ème sur 113 pays et 77ème sur 190 vs. le Maroc qui se classe 60ème sur 113 pays et 68ème sur 190 respectivement. A défaut d'être aidés, la population potentiellement active ne demande que qu'on leur foute la paix mais qu'on respecte leurs droits. - Un "droit" n'existe qu'en contexte de loi et de tribunaux. En décodé, ce que je dis plus haut, c'est que (1) nous devons avoir une législation simple soutenue par une administration minimale, et (2) que cette législation soit imposée par des tribunaux transparents, honnêtes / impartials et efficaces.
Pour répondre à ton commentaire sur Jemna et la comparaison avec Sayyda, je dirais deux choses: l'action de Sayyada est en toute compatibilité avec une société moderne, démocratique, développée. En aucun cas la transparence des comptes d'une ville et l'implication des citoyens et contribuables locaux ne pourraient être néfastes. Au contraire, si l'action de Sayyada était généralisée ce serait bon pour le pays. Qu'il y ait des caciques du pouvoir qui ont voulu s'accaparer ce succès et noyer cet embryon de bonne gouvernance est bien ce qui m'a laissé le plus déprimé sur les perspectives d'avenir du pays.
En revanche, si Jemna était généralisé, ce serait l'anarchie dans le pays. La raison principale est que cette action n'aide pas l'établissement de l'Etat de Droit. L'autoappropriation des biens d'autrui ex-legio (le vol quoi...) ne pourra jamais être la base de la construction d'une société. C'est la défense de la loi du plus fort et non de l'Etat du Droit ( donc le plus fort avant c'était le clan de la dictature, qu'on remplace maintenant par des "commités populaires"? jusqu'au prochain renversement de rapports de force?) Le Zimbabwe en est bien la preuve. L'argument avancé est que ces propriétés sont en fait des biens mal acquis. Dans ce cas, on ne corrige pas ce mal par un autre mal. Je retourne à mon premier paragraphe; il faudrait que les tribunaux impartials tranche sur l'origine de ces biens et qu'ils tranchent de façon légaliste là dessus sinon nous restons sans espoir pour l'avenir. Quand je dis efficace, je ne parle pas de procédures populistes pour traiter un probème complexe ( un peu comme le jugement contre Ben Ali qui a été vite torché alors que la population aurait plutôt eu besoin de la vérité )
La solution légaliste que je propose est dans la lignée de l'antipopulisme. Je maintiens comme auparavant que le renvoi de Ben Ali nous a crée une opportunité de changement. Le travail de changement est nécessairement un travail de fond; qui n'est pas très sexy et qui ne crée pas de grosses rubriques. Si ce genre de travail est engagé, on peut demander à tout le monde "essabr". Mais si le travail n'est pas engagé, "essabr y da5el lill 9bar" comme disait un certain Cheb Khaled.
Je sais que le monde entier aujurd'hui n'a plus de patience car il n'y a plus de confiance dans la volonté politique. En Tunisie, on peut pas leur en vouloir. Mais le populisme, à la Rody Duterte, à la Donalt Trump ou à la Marine Sarkozy, est une force destructrice - avec ou sans romantisme revolutionnaire.
Pose-toi la question: si on ne construit pas les bases solides aujourd'hui en Tunisie, elles se feront quand? Si on ne travaille pas pour la transparence, le pragmatisme et l'impartialité maintenant que tout est encore un chantier, alors quand? - Es-ce qu'il y a eu une révolution en Tunisie? C'est à dire "le renversement du gouvernement en faveur d'un nouveau système"? Absolument! On a bien renversé le pharaon et on l'a obligé de quitter le territoir. En faveur d'un système nouveau? L'ancien système était une dictature policière soutenue par la corruption de tout le système étatique, économique et sociétal.
Nous avons absolument l'embryon d'un système démocratique: une certaine liberté d'expression, plus de transparence, un parlement, des ébauches de partis politiques, une société civile impressionante et admirable.
Es-ce que la partie corrompue de la société, qui traverse toutes les classes à différentes échelles, n'est pas renversé. Le vide politique post-révolutionnaire force les citoyens à sacrifier le bien commun et la cause commune, non pas par une quelconque "mentalité bien de chez nous", mais plutôt comme seule façon de survivre.
Alors, oui, il y a bien eu une révolution. Elle n'était pas commandée de l'étranger. Il n'y a pas eu de conspiration. Il y a juste une élite qui a laissé tomber leur saint patron puisque lui et sa famille commençaient à nuire un peu trop à leurs intérêts et que le ras le bol généralisé n'était plus contenable. On nous a certainement aidé à minimiser la coulement de sang; entre autre j'imagine (sans aucune preuve que celle de mon imagination fantaisiste ) que la décision difficile de l'armée de ne pas tirer sur la foule a été prise suite à des garanties de soutien extérieurs. On nous a formé à diffuser l'information dans des conditions techniques précaires et controlés.
Par contre, que ce qu'on associe avec les révolutions historiques n'ait pas eu lieu chez nous est certainement à applaudir et non à pleurer: la Terreur en France, les tribunaux populaires révolutionnaires et sommaires, le Cuba, la Chine, Iran ( en fait tout le moyen orient "républicain" ), Comrade Bob ( non pas toi Bob, l'autre Bob... ). Il n'y a rien de bien glorieux dans la suite post-révolutionnaire.
La révolution est légitime quand le pouvoir est illégitime et qu'il n'y pas de moyens de passation de pouvoir ou de changements pacifiques (d'où mon désaccord d'il y a quelques années avec -Z- concernant le mouvement protestataire en Espagne.). Pour le reste, il y a du pain sur la planche, et certainement en Tunisie où Big Ben & Co ont réussi à tuer toute tentative d'organisation avec les effets qu'on connait sur nos capacités de former un simple parti cohérant.
In fine, je le dis souvent; la Tunisie est pleine de potentiel, elle a le soutien de la planète entière, et regorge de ressources créatives. Pour faire fleurir ce potentiel il ne faut pas se tromper de combat, et il faut être superconcentré. Il faut surtout avoir un cadre selon lequel juger et analyser les plans d'avenir, les revendications, les changements législatifs et le progrès sur tous ces dossiers. Dans mon cadre, Sayyada est à encourager, Jemna ne l'est pas.
2) Développement de la scène culturelle ( musique, danse, film, peinture, etc. )
3) Une certaine liberté d'opinions et de la presse
4) Une ébauche d'une remise en questions des mensonges identitaires inoculées depuis 50ans+
5) Le potentiel d'un progrès qui était impensable avant le renversement.
Le risque c'est l'immobilisme qui mène à la faillite économique du pays et l'éclatement de la République pour un retour encore plus violent, à la Sissi. C'est pour celà qu'il est urgent de, à ce stade, copier un modèle qui marche, en prenant le temps de l'expliquer et ne plus perdre du temps dans les discussions stériles. Le soutien de Jemna ce n'est pas le soutien à la décentralisation du pouvoir et de la politique mais au contraire un soutien au tribalisme et la défaite de la nation.
Avant il y avait une dictature, c'était insupportable. Il fallait l'abattre depuis les premiers signes et ne pas supporter 23 ans de régime autoritaire (il fallait sûrement dire 55 ans, mais bon on va se limiter au régime de ZABA). Une vingtaine d’années vécue presque comme une fatalité et non comme un malheur intolérable. Enfin, il a eu une insurrection (mieux vaut tard que jamais). Les historiens chercheront pendant longtemps les causes réelles de ce réveil -crise économique mondiale avec des conséquences régionales graves, dégradation du pouvoir d'achat des couches qui vivotaient grâce à une économie parallèle en berne, réduction édictée par la crise mondiale de l’immigration des jeunes chômeurs, (véritable soupape de sécurité qui a sauté) etc... ou intervention étrangère? Il y a probablement un faisceau de causes. Malheureusement l’insurrection n’a pas abouti à une révolution c'est à dire un mouvement capable d'entrainer un changement radical dans la structure de l'État (la nouvelle constitution n’est pas une gloire) ainsi qu’un changement profond dans l’organisation économique, sociale et culturelle. Le peuple s'est contenté de renverser Ben Ali (c’est parfait) et puis, plus rien! Et avec ce RIEN, ce qui devait arriver arriva: la débandade à tous les niveaux: l'économie, la sécurité, le social, la culture sont dans une situation pire qu'avant. Et si on ajoute à cela l'endettement, l'effondrement de l’État et de l'administration, la généralisation de la corruption qui a pour effet de freiner ou d'anéantir toute tentative de redressement et, en même temps, le retour progressif des grandes figures de la corruption aux manettes de l’État... on aboutit une situation kafkaïenne, la pire qu’a connu le pays. Et là j'utilise un euphémisme, en réalité je devrais dire qu'on aboutit à une nouvelle dictature sans Ben Ali, plus pernicieuse et irrémédiable à court ou moyen terme.
Pour répondre brièvement à ta question, je dirais: c'était irrespirable du temps de Ben Ali, c'est invivable à présent. On a renvoyé Charybde et on a invité Scylla.
Je te rappelle que ma question est encore à l'ordre du jour
- Bonjour
Voilà Bob, tu as toi-même expliqué mon "choix de réponse" répondre à une question vaste par une autre tout aussi vaste, mais tu as omis un détail, ma question vaste, peut-être, mais donne une réponse claire et précise à la tienne.
Alors, avant tout, je tiens à te rappeler que je suis une femme, qui a boycotté les dernières élections et la médiocrité de cette caste.
Maintenant pour ta QROC (et la mienne), le biologiste que tu es doit savoir que quand on bute sur un point malgré une bonne démarche scientifique, on a intérêt à changer d'angle de vue, de question pour avoir notre réponse
Pour moi, malgré toute cette médiocrité, malgré toutes ces déceptions, malgré toutes ces injustices, malgré toute cette pourriture, malgré toutes nos larmes, TOUT, absolument tout reste mieux après la révolution (pas que 3 ou 4 ou 5 points)
C'est comme si on demandait à un patiente à qui on a fait une mastectomie totale 5 éléments qui lui font apprécier "la chirurgie"
Bonne journée
ps: j'espère sincèrement que l'on ne va pas récidiver dans l'agressivité comme l'autre fois. Cet espace s'appelle DÉBAT Tunisie
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