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DEBATunisie
9 avril 2018

Jacuzzi chez Essebsi

Tous les indicateurs sont au rouge. Le pays est sur le bord du précipice. L'effondrement est imminent. Voilà ce qui ressort de tous les spécialistes, économistes et autres analystes dès qu'on leur tend une plume ou un micro. A mon tour de prendre ma plume rose et de participer à ma manière au catastophisme ambiant. 

Ouverture de la boîte de Pandore

Comme je ne suis pas un spécialiste en économie, je vous épargnerai donc un énième article sur les dangers de l'inflation et sur la cessation de paiement qui plongera bientôt la Tunisie dans la boue crasse d'une Sebkha puante. J'aimerai simplement cogiter avec vous sur le très probable retour de la dictature policière ou religieuse (ou les deux à la fois) sur lequel risque de déboucher l'actuelle situation (pardon pour ceux qui croyaient que j'allais détendre l'atmosphère).
Nous avons vu depuis la Révolution, combien chaque crise fait ressortir alternativement nos deux principaux démons: La matraque ou la barbe. Les deux nous attendent au tournant dès que ça va mal. Nous n'avons jamais réussi à les contenir, et à chaque moment de faiblesse, ils ressortent de notre boîte de Pandore et s'en prennent à nous. Tant que nous n'aurons pas su les affronter, et les regarder droit dans les yeux, alors nous vivrons sous leur perpétuelle menace. Plus grande est leur menace en ce moment-même où le pays souffre de sa plus grave crise économique. 
L'IVD (Instance Vérité et Dignité) malgré ses défaillances, est la seule institution née de cette volonté d'ouvrir la boîte de Pandore afin d'affronter ensemble notre douloureux passé. Mais voilà, à chaque ouverture de la dite boîte, une hystérie collective s'empare du pays et tous les garants de l'ordre établi (BenSimpsons compris), en ordonnent la fermeture immédiate. "Oublions le passé, ne divisons pas le pays" crient-ils à tue-tête. Encore récemment, le parlement en vint presque aux mains quand a été abordée la question du prolongement du mandat de l'IVD (voir ici). Si la gauche et les islamistes, tous deux victimes de la dictature défendent son prolongement, il est évident que l'actuel pouvoir et ses représentants au parlement, héritiers des deux matraques de Bourguiba à Ben Ali, veulent faire taire à jamais cette instance et son irréductible présidente Ben Sedrine. Faire témoigner des victimes ou des bourreaux à la télé nationale, traiter les 63000 plaintes déposées, ouvrir les vieux dossiers, tout ça ne peut que rendre fous les défenseurs du vieux démon de la matraque. Vous les verrez s'agiter au parlement et dans les plateaux télé. Plus mauves ils étaient, et plus virulente sera leur plume contre l'IVD. C'est mathématique, vous constaterez ce phénomène à travers certains médias tels que Businessnews ou chez les ultra-mauves tels que Abir Moussi qui voit dans l'IVD carrément un bras des frères musulmans en Tunisie (voir ici).

Ne pas connaître son histoire, c'est se condamner à la revivre

Cette agitation autour de l'IVD révèle ce rapport ambiguë que nous entretenons avec l'Histoire. De la vénération superstitieuse d'un prophète pédophile né il y a 14 siècles, à l'idéalisation aveugle d'un dictateur narcissique libérateur de la femme, en Tunisie et comme dans l'ensemble du monde arabe, ce perpétuel tri sélectif de l'Histoire nous condamne à patauger dans ce même dépotoir de l'Humanité.     

  BCE-versus-SBS

En ce terrible moment où le pressant besoin d'historien se fait sentir, voilà donc après un demi siècle de falsification de l'Histoire par l'Etat, depuis l'école primaire à l'université, qu'un certain Faycel Cherif, enseignant-chercheur à l’Institut supérieur d’histoire de la Tunisie contemporaine, s'indigne enfin et accuse...l'IVD ! (voir ici). Pire encore: le "péril" IVD, fait courir à Carthage un autre historien, le dénommé Khaled Abid, qui s'empresse de rassurer le président et de lui rappeler que :"L’historien joue un rôle clé dans la lutte contre toute tentative de falsification, de mensonge ou d’altération de l’histoire, dans la mesure où de telles pratiques risquent d’asseoir une culture de haine et d’aversion, de diviser les Tunisiens et d’instrumentaliser l’histoire pour provoquer des conflits collatéraux politiciens"(voir ici) dixit un historien serrant la main à un bourreur d'urnes, usurpateur d'élections, ministre de l'intérieur d'un ex-dictateur et réconciliateur de corrompus, nommé Béji Caïd Essebsi. J'avoue être à chaque fois dépassé par l'ampleur de la fourberie de nos élites. J'ai d'autant plus mal quand c'est la communauté scientifique qui se trouve elle même contaminée par ce fléau. 

Pourtant, l'IVD ne fait que "soulever des lièvres" pour que des chercheurs puissent faire leur travail. Que des témoignages puissent diviser, qu'y a t-il donc de plus normal dans une Tunisie déjà divisée depuis l'antiquité ? N'était-ce pas le propre même de tout groupe humain que de cohabiter dans ses divisions de classes et d'intérêts ? Puis, révéler les conflits larvés, évite justement de les provoquer. La bêtise et l'allégeance au pouvoir de cet historien de pacotille hantera mes nuits, je le sais déjà.   

Et ainsi donc l'histoire se répète 

Les signes avant-coureurs du retour du démon de la matraque se faisaient déjà sentir depuis très longtemps. Dernièrement, cela a pris une tournure tragique suite au décès d'un supporter de club de foot, repêché mort dans une rivière au lendement d'un match. A la sortie du stade, la police est accusée d'avoir été particulièrement violente avec les supporters et d'avoir poussé le jeune Omar Abidi à plonger dans l'eau alors que celui-ci leur avait pourtant dit qu'il ne savait pas nager. "vas y, apprends à nager, saute!" aurait dit un agent selon le témoignage du frère de la victime (voir ici).  

Noyadejaccuzi

Cette grave bavure policière passe complètement inaperçue, car les médias comme les historiens ne sont pas à Carthage pour un "j'accuse!", mais pour un jacuzzi party avec Essebsi...

Commentaires
É
Ya Ta77ane él tajammo3,yaa la77Aass
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T
curieux personnage, zmigri parfait, tu finiras étouffé par ton vomi.
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I
Je vous félicite monsieur et je vous dis bravo et en avant toute. Nous tunards avons besoin d'une plume comme la vôtre qui va droit au but
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A
Une image vraie du paysage politique
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B
Bravoo Z! Barcha 7ob
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