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DEBATunisie
5 septembre 2022

La police fait son show

De vives tensions secouent le ministère de l'intérieur. Une lutte de clans semble diviser les rangs de la police à tel point que de violentes altercations ont eu lieu entre les "syndicats de police" et les "forces de l'ordre". Les premiers auraient posé leurs tentes pour des sit-in de protestation et les seconds auraient mis fin à ce mouvement dans la joie -la lacrymo, la matraque- et la bonne humeur.

D'abord bonne rentrée à toutes et à tous. Excusez cette entrée en matière quelque peu musclée. L'été n'a pas été de tout repos. En plus de la canicule, la Tunisie a officialisé son retour à la Dictature en faisant valider par seulement 20% de la population, une constitution hyper présidentielle rédigée par Kaïs Saïed, pour Kaïs Saïed. Mais une dictature en Tunisie, n'a pas tant besoin de l'aval du peuple. C'est le OK de la Police qui compte. Et il semblerait que le personnage de Zabaïed ne fasse pas l'unanimité auprès des flics.

Du moins c'est ce que laisse penser les agitations du moment. Et puis une autre affaire donne du crédit à cette hypothèse:

l'affaire Abdelli

C'était en plein mois d'août. La police avait saboté le spectacle de l'humoriste Lotfi Abdelli à Sfax. Ce comédien très populaire, qui faisait sa tournée d'été, jouant à guichet fermé, a failli se faire tabasser par les forces de l'ordre durant son show pour un mot de trop sur le président mais surtout... sur la police. L'humoriste est pourtant un fervent soutien de Zabaïed. Il avait même appelé à voter en faveur de la constitution.

Le président a pris la défense d'Abdelli en appelant -timidement- à dissoudre les syndicats de police. Cette prise de position positive en faveur de l'artiste -qu'on ne pouvait que saluer-, n'a pas été suivie de faits, puisque ces syndicats ont défié Saïed et ont menacé de plus belle l'humoriste, qui a dû interrompre sa tournée et fuir la Tunisie pour se réfugier en France.

Cet incident a donné l'impression que le dernier mot revenait donc à la Police. Mais on en sait pas plus, et malgré mes efforts de pêche à l'information, je me heurte à un mur où la rumeur et la désinformation sont légion. Cette opacité nous rappelle l'époque de Ben Ali, où journalistes, activistes et blogueurs, deviennent des astrologues de sous-sol, obligés d'interpréter les signes contradictoires que renvoi la toile...

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Déclaration du ministère de l'intérieur

Afin de couper court aux rumeurs, le ministère de l'intérieur a tenu une conférence de presse ce 2 Septembre pour rassurer la population. La porte-parole a assuré que la situation était sous contrôle. Les journalistes étaient là simplement pour prendre note de la parole officielle. Aucune question n'était permise. La culture du monologue et du "circulez il n'y a rien à voir" redevient la norme, comme au bon vieux temps. Cette conférence, dans la forme et le protocole, nous rappelle celle tenue le 24 Juin 2022, où la même porte-parole évoque un coup d'État contre le président déjoué de justesse. Un coup d'Etat dont personne n'avait entendu parler.
 A croire que le ministère de l'intérieur se joue de l'opinion, créant la rumeur par ici, faisant taire d'autres par-là. Une manière peut-être d'administrer nos peurs, mais aussi celle du président. Car qui a le monopole de la peur en Tunisie, a le Pouvoir...
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