Demain se tiennent les élections législatives de Kais Saïed alias Zabaïed (voir ici). Un fiasco total pour notre apprenti dictateur qui en muselant les médias (décret-loi 54*) et en mettant sous la tutelle de Carthage l'ISIE (Instance électorale), a enlevé toute crédibilité à ces élections. Ces législatives par l'absence totale de traitement médiatique, rappellent aux tunisiens les pratiques de l'époque de Ben Ali (Alias Zaba). Mais paradoxalement, ces élections rappellent aussi par certains aspects, tel que le parachutage de candidats excentriques, le pire de l'époque de Ghannouchi (alias Zaballah). Il semblerait donc que sous Zabaïed, à force de vouloir rompre radicalement avec les mauves et les barbus, notre illuminé de Carthage a réussi à créer un système politique qui marie les deux monstres.

Il est fort à parier, que ces anonymes qui vont siéger au prochain parlement, seront constitués de ces mêmes anonymes qui depuis 20 ans jouent les relaies locaux du ministère de l'intérieur, et qui retournent leurs vestes ou se font pousser la barbe au gré des opportunités. Porter la "Chléka" de Saïed ne changera rien à leurs habitudes, et c'est le peuple qui continuera donc à trinquer.

Mes hypothèses quant à la nature des candidats, sont peut-être erronées. Mais j'en suis à un tel degré de dégoût et de ras-le-bol, que je revendique le droit de propager des rumeurs ou des hypothèses. Quand l'accès à l'information nous est interdit, et quand commence la censure; alors il est de notre devoir de décider nous-même de la vérité !

Rappelons que c'était cette stratégie que nous avions employée sous Ben Ali. Nous avions ainsi réussi à contrer sa propagande. Le coup de pouce royal nous a été apporté en 2010 grâce à Wikileaks qui nous a permis à l'époque de confirmer toutes nos hypothèses, quant à la corruption du système et les frasques de la famille du dictateur (voir ici). J'emploie ici le "nous", car il y avait une véritable synergie entre les "blogueurs" et les activistes du terrain. Un peu comme ce qui se passe en ce moment en Iran. 

Mais sous Zabaïed, cette synergie n'est plus. Même si résistent certains activistes du terrain, même si certains  blogueurs" (appelés aujourd'hui "influenceurs") dénoncent la mascarade de Zabaïed, il y a une démission de ces anciens acteurs à laquelle s'ajoute l'absence d'une relève capable de reprendre le flambeau. C'est ça notre véritable drame !

J'accuse ici, nombre de nos camarades, qui ont récolté les médailles et les fruits de la révolution, artistes, cinéastes, "leaders", jeunes-entrepreneurs... tout ce beau monde qui a fait la tournée des plateaux télé, et qui a collectionné les prix et les trophées, profitant de l'aura de la révolution, à qui ils doivent leurs carrières et leur renommée...Pourquoi se taisent-ils aujourd'hui ?

Leur silence aussi fait partie du scandale.  

* Publié dans le journal officiel du 16 Septembre 2022, ce décret-loi punit de 5 ans d'emprisonnement et d'une amende de 50 000 dinars la propagation de "rumeurs" via les réseaux sociaux et les médias. (lire cet article)