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DEBATunisie
20 avril 2023

L'ACABaret tunisien

Zaballah vient d'être arrêté. J'aurais ainsi assisté depuis ma naissance en Tunisie, à la substitution de Zbourguiba par Zaba, à celle de Zaba par Zaballah et enfin à la substitution définitive de Zaballah par Zabaïed. 
Bien entendu, aucune substitution ne ressemble vraiment à l'autre. La première s'est faite grâce aux médecins (coup d'état médical), la deuxième grâce à un marchand ambulant (révolution) et la troisième grâce à un austère prof de Droit (coup d'état du 25 juillet).

Tous ces personnages qui ont défilé sur la scène ont tous été des salauds, des despotes, des tyrans et des égocentriques. Le spectacle de la chute de chacun a permis au public de déverser sa haine et d'applaudir le nouvel arrivant. C'est à chaque fois le même scénario. Zaba fut acclamé jusqu'à ce qu'il fasse le salaud. Zaballah fut plébiscité jusqu'à ce qu'il révèle sa corruption. Zabaïed est adulé mais sera fatalement vomi quand le public n'aura plus rien à manger (pénurie de pop corn à l'horizon).

Mais ce que le public ne voit jamais, c'est le décor dans lequel se joue cette tragédie. Ebloui comme souvent par le feu de l'action et les personnages sous les projecteurs, l'œil a du mal à percevoir la constance du système qui régit tout cela :

ACABARET

Les gens se défoulent et se réjouissent de la énième chute d'un tyran mais ne sauront jamais rien de ce qui a permis sa tyrannie.
Nous n'avons toujours rien su du système Zaba, de ce que sa famille a volé à l'Etat. Leila Trabelsi et sa famille vivent leur vie et tous les oligarques mauves n'ont jamais autant sévi. Pareil pour Zaballah. Vous verrez qu'il ne sera jamais jugé publiquement, et nous ne saurons rien des financements occultes de son parti, de sa possible implication dans les assassinats politiques ou dans les attentats terroristes... D'ailleurs on aurait espéré qu'il soit arrêté au moins pour l'un de ces motifs, mais pas du tout : c'est sur une simple déclaration publique qu'il est en prison, voir ici.

Chers amis, quel est donc ce continuum qui de Zbourguiba à Zabaïed empêche toujours le public de connaître la vérité ? 

 "Le système"

Derrière ce concept fourre-tout de système, dictature policière, forces armées, je reconnais céder à une forme de caricature, voire un complotisme qui tend à déresponsabiliser les acteurs de premier plan que sont les Zaba, Zaballah et Zabaïed. Je voudrai rajouter avant de conclure, que contrairement à ce qu'aurait pu suggérer mon dessin, ces personnages sont loin d'être de simples marionnettes manipulées par l'occulte dictature policière. Il y a à mon avis depuis l'indépendance du pays, un pacte tacite qui s'opère entre les figures du pouvoir et les forces armées. Il y a ce quelque chose qui résiste au temps, une sorte de mode de fonctionnement mafieux qui paradoxalement se soumet totalement au président, si et seulement si ce dernier ferme les yeux et accepte le deal.

Se crée alors une fusion charnelle entre le corps de l'un et de l'autre, au point de ne plus pouvoir les distinguer. Mais dans cette affaire seul le flic est capable de se couper le bras quand il devient pourri *.  Et la foule applaudira la nouvelle greffe, comme à chaque fois...   

Les idiots utiles 

Il y a aussi un autre continuum dans cette affaire. La bêtise de nos élites qui à chaque chute se réjouit de ce que le tyran soit humilié par le tyran suivant sans jamais exiger que la Justice soit respectée. Cette excitation sadique qu'ils manifestent est le lubrificateur qu'utilise depuis Zbrouguiba la dictature policière pour se perpétuer. La machine fasciste fonctionne mieux grâce à leur compromission.

Je m'abstiendrai ici de citer le nom d'universitaires, d'intellectuels de gauche et de journalistes qui par cette compromission soutiennent indirectement notre Etat fasciste. Mais comptez sur-moi pour qu'on leur fasse leur fête à ces gens-là, car même si je désespère de voir émerger un jour une Justice indépendante en Tunisie, je compte bien sur la Justice poétique de la Sebkha pour régler leur compte à cette bande de collabos. 

Je vous invite à cet effet, à participer au "fichage" des "chlékeux" et des "chlékeuses", via la remplissage des cartes membre du "chléka club" comme indiqué sur ce lien.

* Cette bizarrerie n'est pas sans nous rappeler le film "Magic" sorti en 1978 qui conte l'histoire d'un magicien-ventriloque (joué par Anthony Hopkins) pris en otage par sa marionnette.

Commentaires
T
Et toi, tu n'es pas collabo des forces internationales ?<br /> <br /> Ghannouchou n'a pas été parachuté par les américains après que Ben Ali a refusé de les donner un peu de pouvoir ? (Ref. WikiLeaks)<br /> <br /> <br /> <br /> Tu n'es pas bête mour autant, dans tes anciens dessins de la guerre d'Ukraine tu as bien dessiné comment l'usa marque son territoire et tu sais très bien qu'elle a des collabo en Tunisie. Ces collabos tu discutes avec eux tous les jours jusqu'à devenir l'un d'eux à travers une infection de la bulle des idées.<br /> <br /> <br /> <br /> Du coup, cette histoire de justice sebkhienne n'est qu'une façon de s'enfuir vers l'avant de ce que tu es devenu : un collabo.<br /> <br /> <br /> <br /> "Accuse the other side of that which you are guilty." joseph-goebbels (pas fasciste lui ?)
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L
Bonjour, à mon avis, Ghannouchi ne devrait pas être mis au même niveau que Bourguiba, Ben Ali et Saed. Il n'a pas été président de la république et encore moins un dictateur. De mon point de vue, la réalité est plus simple : c'est un opposant politique, chef élu du parlement tunisien de surplus, qui a été arrêté par un dictateur
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H
La populace espère que tous les problèmes économiques de la Tunisie seront réglés avec l'arrestation de Ghannouchi. Les tunisiens sont les êtres les plus stupides sur terre. Ma satisfaction malsaine à moi sera de les voir crever de faim à cause de leurs choix politiques. Je ne crois pas trop à la théorie du deep state, nous avons surtout de la deep stupidité.
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