Deux caricatures de ma page facebook DEBATunisie viennent d'être censurées: celle d'hier (ici) et celle du 21/02/2012 (ici). Pour chaque dessin comportant un peu de cul, de religion et de politique, il y aura toujours un tunisien bien pensant pour aller chialer auprès de Zuckerberg. Car, mes amis, dans la perception de nos gardiens de la morale, il y a fatalement une limite* à ne jamais franchir quand il s’agit d’aborder la sainte trinité des tabous tunisiens : le politique, le sexe et Dieu. Pas moyen d’évoquer ces thèmes en toute «décomplexion ».

L’année dernière, un 14 Janvier, nous avons réussi quand même à faire tomber le premier tabou. Le tabou du pouvoir incarné par Zaba. Ce miracle s’est réalisé grâce à la thérapie du «dégage!». En revanche nous restons encore prisonniers des interdits religieux et de la pudibonderie sexuelle.
Tout cela témoigne d’une énorme hypocrisie que la société entretient par un système éducatif conservateur et lâche. Nous savons pourtant combien au fond de nous-mêmes, nous avons besoin de défier Dieu. Il n’y a qu'à observer nos moeurs. Le blasphème est chose quotidienne voire banale. Tellement ancré dans notre habitus, que des mots tels «dinnrabbkom!» n’existent nulle part que dans nos contrées ! bien sûr, cette pratique du blasphème verbal reste en dehors de l’espace public (même si elle se pratique dans la rue). Sauf que la banalité même de cette pratique dénote d’une forme de névrose, d’un besoin non assumé de défier publiquement Dieu en dehors du cadre strictement privé. Chose que nos gardiens de l’ordre établi et de la sacro-sainte tradition refusent totalement.

Même attitude par rapport au sexe. A trop cacher nos membres, à interdire l’érotisme dans nos rues et dans nos affiches, à trop refouler nos désirs, à reléguer toutes nos pulsions dans les cadres préétablis du mariage et du foyer, nous fabriquons une jeunesse frustrée et « mag7outa » comme il faut.

Alors oui! pour la thérapie picturale! oui pour le blasphème public et pour l'obscène! oui pour la "détaboutisation" totale de la société! On s’est débarrassé de Zaba, reste encore Zab et Zaballah ! et on sera complètement guéris. Je ne me fais guère d’illusions…ça va prendre encore des siècles cette histoire!

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*Un appel au meurtre à peine voilé, a été lancé sur facebook contre ma personne et ce à cause de la caricature de ce post. Sauf que la menace en question a été expirmée contre le journaliste Thameur Mekki que les zaballahistes ont pris à tort pour moi... voir cet article de mag14