Gaza sous le tapis du "Red Sea Film Festival"
S'ouvre au Ritz de Djeddah la troisième édition du Red Sea Festival. Le gratin du cinéma mondial s'est donné rendez-vous en Arabie Saoudite du 30 Novembre au 9 Décembre afin de célébrer le 7ième art...
Ce festival fabriqué de toute pièce à coup de pétrodollars, s'inscrit dans la politique de modernisation menée par le prince MBS visant à redonner une image plus sexy au royaume wahhabite. Il est vrai que cet ambitieux personnage a réussi par ses réformes et ses mégaprojets (tel que Neom) à nous faire oublier le massacre des yéménites ou le découpage à la scie de Khashoggi. Et si venait l'idée à un esprit mal avisé de rappeler ses quelques mauvais souvenirs, alors bye bye les fonds. D'après un témoignage recueilli sur Facebook (voir ici) tous les professionnels du cinéma bénéficiaires de fonds saoudiens seraient contraints contractuellement de bien fermer leurs gueules*.
Gaza sur le tapis rouge
Comme souvent dans nos régimes autoritaires, le cinéma c'est surtout maquiller le réel et mettre sous le tapis (rouge) tout ce qui dénote. Mais en ce moment particulier de l'histoire, où nous assistons depuis deux mois au génocide de Gaza perpétré par l'Etat israélien, le tapis rouge absorbe très mal le sang qui coule. N'oublions pas chers amis, que le régime saoudien était sur le point de normaliser avec Israël, et malgré les milliers de morts, il continue à ménager le chèvre et le chou. Car les caprices du prince et ses méga-joujoux dépendent toujours de l'oncle Sam et de son allié israélien. On imagine combien MBS doit maudire la cause palestinienne et son retour au cœur de la géopolitique mondiale au moment où commençait sa campagne promotionnelle de Neom et de son blingbling hôtel Siranna (voir ici).
Les participants au festival auraient été sommés de ne pas afficher leur soutien à la Palestine. La même consigne a été donnée au festival de Cinéma de Marrakech (voir ici). Le Maroc, étant aussi une monarchie qui normalise avec l'Etat sioniste.
La question qui revient sur le tapis concerne ces artistes qui participent à ces campagnes de blanchiment. Mais que foutent donc ces artistes ? Comme le rappelle amèrement le cinéaste tunisien Ismaël Louati, réagissant à l'extrait du contrat cité ci-dessus:
"[...]les scénaristes, réalisateur.rices, acteur.rices, etc., qui choisissent de fermer leur gueule, ils et elles le font en leurs âmes et consciences, pas parce qu'ils ou elles sont obligé.es contractuellement de le faire : ce qui à mon sens est encore plus grave. Ne croyons donc pas que tous les "cinéastes arabes" se taisent parce qu'ils ont signé un contrat. Ils se taisent parce qu'ils et elles sont tout simplement lâches, courtisans et collabos (avec ou sans contrat)"
à méditer...
* Il s'agit d'un paragraphe extrait des clauses contractuelles signées par les "rights holders" qui touchent les fonds du Red Sea Festival. Cet extrait a été publié sur FB par Josephine Hilalia le 05 Décembre 2023.
Le dernier Tango
Le monde s'assombrit de partout. L'élection triomphale ce 19 Novembre de Javier Milei marque l'entrée de l'Argentine dans le club des pays d'extrême droite. Se banalise sur terre le suprématisme, l'ultralibéralisme, la diabolisation des droits humains et de la démocratie. Très intéressant aussi de noter que cet avorton de Trump et Bolsonaro (avorton opposé à l'avortement), est un fervent défenseur d'Israël. Preuve s'il en est que le sionisme réunit du très beau monde…
Pisse and love
Je me suis toujours demandé, comment la bourgeoisie occidentale aurait souhaité voir s'exprimer la résistance contre le colon israélien...
Sachez-le ! Les pacifistes et autres "Peace and Love" sont du côté du colonisateur. Pareil pour ceux qui parlent de "conflit" ou de guerre entre deux peuples, ils sont du côté du colonisateur.
Les deux lectures procèdent d’une “symétrisation” de la situation et nient sciemment (ou par ignorance) la réalité du terrain dans laquelle un protagoniste procède méticuleusement à anéantir l’autre protagoniste et ce depuis 75 ans.
Il n’y a donc pas de paix possible sans reconnaissance de l’injustice et on ne peut parler de guerre ou conflit entre un colon et un colonisé, on parle d'INVASION et de RESISTANCE.
Dépistage des terroristes
Tsahal en plus d'être l'armée la plus technologique, se targue aussi d'être l'armée la plus humaine du monde. Après avoir frappé de manière très ciblée une ambulance abritant une cellule du Hamas (voir ici), Tsahal poursuit ses opérations à l'intérieur de l'hôpital Al-Shifa visant cette fois des membres du Hamas qui se cacheraient parmi la population civile...
Le boukornisme n'est pas un sionisme
Il va y avoir un avant et un après 7 Octobre 2023. Quelque chose s'est définitivement brisée entre le "sud global" et "l'occident". Le soutien inconditionnel à Israël en ce moment où Tsahal pratique un génocide au vu et au su de tous, m'oblige en tant que boukorniste vivant en France à déclarer ceci: " Boukornine et la sainte Sebkha, ne reconnaissent pas l'existence d'Israël, et défendent le Droit inconditionnel des Palestiniens à récupérer la totalité de leur terre et à user de la lutte armée en vue d'atteindre cet objectif ".
Si j'écris ceci c'est en vue de m'exposer à l'amande et l'emprisonnement prévus si passe le projet de loi déposé par 16 sénateurs français, visant à pénaliser l'antisionisme (voir ici).
Le Boukornisme n'est pas un sionisme
Précisons ceci : les juifs, les gitans, les homosexuels, les allahistes, les boukornistes et toutes les communautés ou minorités qui sont persécutées ou qui ressentent le besoin de vivre en retrait, doivent pouvoir créer leur propre pays, délimiter leur territoire et définir leurs propres lois, si et seulement si ce projet ne contrevient pas au droit de propriété d'autrui.
Le sionisme contredit ce principe puisqu'il établit un foyer national juif en chassant par la force des populations locales (1948), et ce, en se basant sur le mythe religieux du retour à Sion. Imaginez que les boukornistes exproprient les habitants d'Hammam Lif sous prétexte que la montagne sacrée de Boukornine leur revient de Droit selon leur saint Sebkhan.
Mais le sionisme est encore plus cocasse que cela. Car il a été permis, adopté et promu par les puissances coloniales après la seconde guerre mondiale, et il demeure encore aujourd'hui le prolongement d'un colonialisme occidental au Proche-Orient. Le soutien actuel dont jouît Israël met à nu ce lien organique entre l'Europe, l'Amérique et l'Etat d'Israël. Tous ces parangons des droits de l'homme et de la démocratie font bloc derrière Tsahal et multiplient les acrobaties intellectuelles pour excuser le génocide de Gaza. Voilà pourquoi il en est fini de la crédibilité et de l'honneur de ce qu'on appelle "Occident"*. Voilà pourquoi il est nécessaire que tous les antisionistes affichent clairement leur opinion au nom des valeurs universelles car qui dit sionisme dit :
Colonialisme et racisme
Le sionisme étant de fait un colonialisme, il est important aussi de rappeler que derrière toute velléité coloniale se cache un racisme. La colonisation est construite sur une prétendue supériorité raciale de l'occupant sur l'occupé. Le colon a intériorisé l'idée qu'il est non seulement supérieur, mais qu'il a presque le devoir de civiliser. Mais le sionisme est plus cocasse encore, car il ne compte pas civiliser et intégrer l'arabe. Le sionisme est basé sur la préférence ethnique et n'hésite pas à exclure, à déporter ou à enclaver tout ce qui entrave sa réalisation (les palestiniens). Nous assistons en ce moment à son stade ultime : l'extermination.
Je regrette que ce blog ce soit transformé en DEBAPalestine, mais en ce moment particulier, il est aussi important de savoir à qui l'on s'adresse, et de revoir le cadre général dans lequel j'inscris moi-même mes luttes contre nos colonisateurs intérieurs, les Zaba, Zaballah et Zabaïed...
* L'occident n'est évidement pas un bloc monolithique, je parle ici de sa classe politique (hormis la gauche radicale) et de sa bourgeoisie culturelle et médiatique. La population n'est pas dupe, mais une grande partie ignore les faits. Mais demeure ici en Europe et en France une conscience révolutionnaire qui se mobilise.
Histoire d'un Viol
"Mais condamnez-vous donc la barbarie d'Azza ?"
Le cancer du colon
N'oublions pas chers amis, qu'aussi juste et universel soit notre soutien à la cause palestinienne et la dénonciation du génocide en cours dont se rend responsable Israël et ses soutiens occidentaux, nous sommes loin d'être vertueux chez nous et loin d'être les meilleurs exemples en matière de respect des droits humains.
N'oublions pas que notre pays s'est rendu coupable d'une politique ouvertement raciste et que l'administration tunisienne continue à malmener les ressortissants subsahariens (voir ici).
N'oublions pas que dans le contexte de la guerre en Palestine, des actes antisémites ont été signalés dont l'incendie criminelle d'une synagogue à El Hamma près de Gabès (voir ici).
Et n'oublions surtout pas que TOUS nos opposants politiques sont en prison ou en exil à cause de nos dirigeants qui de Tunis au Caire traitent leur citoyens comme Israël traite ses Palestiniens. Nos régimes politiques successifs depuis notre "indépendance" sont un ramassis de gens aussi incompétents qu'égocentriques et nous le savons que trop bien. Ces régimes constituent une des causes qui rend les pays arabes grotesques, inaudibles et peu crédibles quand ils défendent la Palestine au nom d'une Justice absente de toutes nos contrées.
Encore une fois, comme je ne cesse de l'écrire sur ce blog à chaque irruption d'une nouvelle crise au Proche-Orient, notre lutte contre le colon extérieure (Israël et l'occident par extension) ne sera gagnée que si nous achevons la lutte contre notre colon intérieur. Ces deux luttes doivent être intimement couplées. La question religieuse doit aussi être tranchée, et le rapport à l'islam dans l'espace public renégocié.
Mais je suis désolé de dire à nos derniers amis occidentaux que dans l'actuel contexte arabe sinistré, le Hamas demeure la seule option de résistance contre l'occupant, aussi barbare et horrible soit-il. Comment merde ! s'étonner que le 7 octobre soit aussi sauvage, quand le monde entier, arabes compris, ont laissé ensauvager la Palestine durant 75 ans ?
Echec mondial
Le monde assiste impuissant à un massacre organisé par Israël, soutenu par les puissances occidentales et ce dans le but d'en finir avec la nation Palestinienne. Bien entendu, ce n'est pas en ces termes que les médias et les pouvoirs occidentaux justifient ce massacre. Ils prennent pour prétexte les attentats du 7 Octobre 2023, oblitérant les 75 ans de résistance des palestiniens contre un projet colonial commencé au 20ième siècle et validé par les Nations Unis en 1947 suite à un vote de partition de la Palestine sans l'accord des premiers concernés: les palestiniens.
Que ces attentats aient été menés par un groupe terroriste islamiste (le Hamas) comme le rappelle constamment l'occident, ils n'en demeurent pas moins l'ultime et malheureux recours contre un occupant qui procède à un nettoyage ethnique et ce depuis son installation dans la région.
Cet épisode douloureux ne pourrait prendre fin que par le retour à la raison de l'occident, seul acteur capable de mettre fin aux folies des israéliens, et de réhabiliter par la même son honneur et les valeurs qu'ils prétend défendre. Sans quoi, tous les ingrédients d'une nouvelle guerre mondiale sont réunis.
Gazacide
Le monde entier retient son souffle. Un massacre de masse est en cour de planification en ce moment par l'armée israélienne. Tsahal donne 24 heures aux habitants de la bande de Gaza pour aller d'un bout de leur prison à ciel ouvert, vers l'autre bout de cette même prison (prison décidée et imposée par Israël). Autant dire qu'il s'agit là du plus cynique traquenard organisé par Israël, appuyé et soutenu par les élites occidentales qui après chaque attaque du colonisé contre son colonisateur nous chantent depuis des décennies la même chanson : "Israël à la droit de se défendre".
Condamnations
Soyons bien clairs : nous, citoyens du "sud global" condamnons toutes les horreurs faites contre des innocents. Y compris celles commises par des esclaves, par des indiens d'Amérique ou par des révolutionnaires ou autres résistants qui dans leurs luttes contre leurs oppresseurs ont dû zigouiller des femmes, des vieux ou des enfants innocents qui ne sont pas responsables de leurs statuts d'oppresseurs. C'est pour cela que nous condamnons AUSSI les barbaries commises par le Hamas contre des civils, mais attention :
De la même manière que nous pouvons rire de tout mais pas avec n'importe qui, nous condamnons toutes les horreurs mais pas devant n'importe qui, et surtout pas devant les inquisiteurs médiatiques occidentaux complices (par la propagande ou par le silence) du projet colonial nommé Israël. Face à l'oppresseur, nous refusons catégoriquement de condamner la violence de l'opprimé.
L'injonction à la condamnation du Hamas est d'autant plus insupportable qu'elle manifeste une volonté de la part de cette élite médiatique à user de la morale seulement quand il s'agit de dénoncer le terrorisme. La morale ne s'applique plus quand il s'agit de dénoncer 75 ans de colonialisme en Palestine. J'aimerai oser ceci :
La bourgeoisie occidentale considère au fond d'elle même, que la colonisation n'est pas un crime, ou du moins un crime pas aussi condamnable que le terrorisme. Peut-être même que cette bourgeoisie pense souhaitable la domestication de certaines peuplades (tels que les palestiniens) et que leur punition collective, voire extermination, est nécessaire dans certaines situations.
Le déshonneur dont fait preuve l'élite occidentale, doit renforcer notre conviction que les Droits humains, la Démocratie et de la Liberté ne sont pas (plus) des valeurs occidentales. Nous devons au contraire nous les approprier et les renforcer pour aussi faire la guerre contre nos potentats, nos colonisateurs de l'intérieur responsables après Israël de la déconfiture du monde arabe.
Conclusion
Ayant dit et exprimé cela, je ne vois, ni imagine aucune issue possible. J'ai aussi une pensée pour l'Ukraine. Je pense désormais que le drame de ce pays, n'est pas seulement d'avoir été envahi par la Russie de Poutine. C'est d'être surtout défendu par l'Occident.
Le "nous" que j'emploie dans ce modeste texte, n'oppose pas l'occident à l'orient, ni les populations du sud aux populations du nord. Je ne m'inscris pas dans le choc des civilisations. Cet occident que je dénonce, c'est celui d'une élite bourgeoise occidentale prise de panique qui cherche à déclencher une guerre globale pour des raisons que je serai ici incapable de développer…
A bas la colonisation ! et vive une Palestine Libre et heureuse !
Le cycle infernal de la barbarie
La barbarie entraine la barbarie. Elle ne tombe jamais du ciel, elle est toujours la conséquence d'une autre violence antérieure. Si l'éthique nous impose de la dénoncer, la logique nous oblige à remonter toute sa chaine. Non pas pour la relativiser ou l'excuser, mais pour la comprendre et l'expliquer, préalable nécessaire pour espérer l'arrêter. Si l'on veut donc dénouer ce cycle infernal, il faut revenir à la source :
La crise au Proche-Orient
Mal n°1 : le nazisme en Europe et l'antisémitisme en général a été le mal originel par lequel Israël est né en 1948. La fondation d'une nation pour les juifs (le sionisme) était une belle et prometteuse idée si ce n'est qu'elle s'est faite au détriment de populations qui furent violement chassés de leurs terres (la Nakba).
Mal n°2 : La violence est ainsi passée de l'Europe vers le Proche-Orient. Le mal s'est traduit cette fois, par l'expropriation, l'occupation et le blocus imposé à des populations soumises à une nouvelle puissance coloniale : Israël. Notons que l'Europe appuie depuis le début ce projet dans une intention d'assurer une présence au Proche-Orient, mais aussi dans un objectif non avoué de se racheter du mal n°1.
Mal n°3 : La violence perpétrée contre ces populations, les palestiniens, provoque par voie de conséquence un troisième mal : le terrorisme. Il est important de rappeler qu'Israël n'a jamais voulu partager cette terre et qu'il n'a laissé nulle autre option que ce troisième mal qui se manifeste régulièrement par des d'attentats contre des civils (comme par exemple celui de Munich en 1972). Des attentats qui rappelons-le, ne manquent pas d'atrocité et de barbarie.
Mal n°4 : Israël confronté à ces attaques se radicalise, se militarise et devient un Etat fasciste qui exporte à l'international ses techniques militaires de surveillance, de renseignement et d'espionnage. Il devient même une force nucléaire prêt à généraliser le conflit dans toute la région. Il poursuit en parallèle sa politique agressive de colonisation dans le mépris du Droit international et ce toujours avec l'inconditionnel appui de l'occident.
La dernière attaque du Hamas
Ce dernier week end, le monde entier a assisté à la spectaculaire attaque du Hamas et sa prise d'otages et exécution de centaines de civils en Israël. Un fait d'arme qui ébranle la toute puissance israélienne mais qui malgré son intensité, s'inscrit toujours dans la continuité du mal n°3.
Cependant, la réaction d'Israël, risque de faire basculer ce cycle de violences vers un nouveau mal, le n°5, celui de l'extermination pure et simple de Gaza et l'embrasement de toute la région. Car le degré inédit de la violence du Hamas dans sa dernière opération, entrainera mécaniquement -dans la logique infernale des violences-, une sorte de "solution finale" tel que le suggère le ministre de la défense israélien, Yoav Gallant, qui promet un siège total de Gaza, sans eau, sans électricité et sans gaz, afin de combattre ces "animaux" (voir ici). Le seuil de la déshumanisation de l'ennemi a été franchi et assumé, sans que cela ne choque outre mesure les dirigeants occidentaux, qui jour et nuit, dénoncent la barbarie du Hamas, omettant de rappeler toute la chaîne de violences passées, et encourageant même les violences à venir, puisque ils répètent à l'unisson : Israël a le droit de se défendre, sous-entendu, Israël peut passer au Mal n°5.
L'occident premier responsable du mal
Si l'on devait hiérarchiser les responsables de ces malheurs dans le temps long de l'Histoire, il est difficile objectivement et moralement, d'accabler les palestiniens par le simple constat de leur sempiternelle condition de colonisés. On pourrait même excuser Israël, car il s'agit d'un pays construit sur un traumatisme (Shoah) et sur un projet messianique (peuple élu) rendant inutile toute négociation basée sur la raison et le bon sens. Israël est un pays irrationnel, une sorte d'enfant terrible de l'occident impossible à domestiquer.
L'occident demeure donc le coupable idéal. Car c'est l'occident qui s'autoproclame défenseur du Droit International, qui condamne les atteintes aux Droits de l'Homme, qui défend l'Ukraine (à juste titre ) contre l'occupation russe mais qui durant 75 ans demeure frappé de paralysie quand il s'agit de dénoncer les violations commises par Israël (mal n°2). Cette hypocrisie a d'ailleurs commencé à coûter cher à l'occident qui subit la désaffection de nombreux pays qui se replient sur la Chine et la Russie.
Une énième occasion ratée
Cette hypocrisie je ne la comprends pas. J'ai pu l'observer pas seulement dans les discours des officiels, des grands médias, mais même auprès d'amis artistes, de gens dits de gauche qui semblent cérébralement paralysés. Ils nous somment de nous indigner contre la barbarie des uns et nous accusent de compromission quand nous leur rappelons la barbarie des autres. Comment peut-on aussi les croire sincères dans leur refus de la barbarie s'ils ne semblent nullement choqués par la barbarie à venir, celle promise par Netanyahou ? Cet insupportable "deux poids deux mesures" laisse croire qu'ils ne considèrent barbare que les exactions commises contre leurs semblables. Les palestiniens ne sont, après tout, que des sous-hommes, voire des "animaux", comme l'a clairement exprimé le ministre de la défense israélienne.
Et puis vient cette déclaration surréaliste de Zelensky qui dans une réunion de l'Otan compare le Hamas à Poutine (voir ici), suggérant que l'Ukraine comme Israël seraient sous occupation. Tout semble converger vers l'idée qu'un même mal menace les peuples civilisés...
Conclusion
Vive la Palestine !
De la caricature blasphématoire (3)
Le cas Tawfiq Omrane
Dans la pente glissante d'une dictature, il y a des étapes incontournables. Après celles des opposants et des journalistes, arrive fatalement le tour des caricaturistes. Ce fut le cas de notre ami et confrère Tawfiq Omrane qui vient de passer par la case prison le 21 septembre 2023. Ce dessinateur qui opère depuis l'époque de Bourguiba, a réémergé après la révolution par de fantastiques dessins acerbes et critiques envers les pouvoirs successifs. Il n'a jamais été inquiété durant la dite "décennie noire" jusqu'à ce qu'il se fasse arrêter, il y a tout juste une semaine, à Mégrine, sa ville de résidence. Libéré le lendemain, sûrement à cause du tollé médiatique, Tawfiq attend d'être jugé.
Il est utile de rajouter que Tawfiq a d'abord été interpelé pour une histoire de "chèque sans provision". Voyant que le dessinateur ne mordait pas à l'hameçon, le commissaire a fini par sortir de son tiroir 3 caricatures et de l'interroger sur le caractère offensant des dessins à l'encontre du premier ministre. Un de ces dessins moquait justement la dernière visite de Hachani dans une école primaire (sujet qui avait aussi inspiré mon dernier article). Le communiqué du même premier ministère publié le lendemain, nie toute motivation politique et ramène cette affaire à une histoire bidon de chèque sans provision, expliquant en conclusion, que le dessinateur Tawfiq Omrane, en mal de reconnaissance, voulait se faire passer pour un prisonnier d'opinion.
Ce communiqué en soi, porte l'empreinte du président lui-même : il combine la mauvaise foi (mensonge du chèque sans provision), la méchanceté (sous-entendre que le dessinateur souffre d'un manque de reconnaissance) et démontre surtout la nullité des services de l'Etat incapables de se coordonner, puisque les policiers de Mégrine ont bien évoqué les caricatures durant l'interrogatoire.
Ces trois caractéristiques, mauvaise foi, méchanceté et incompétence sont la signature et les marqueurs génétiques du régime de Kais Saïed que je résume par le concept du chlékisme (de chléka).
Des chlékas à mes trousses
Si Tawfiq a été inquiété directement par le régime ce 21 Septembre, j'ai été autrement malmené le 11 septembre de cette même année. Je me dois envers mes lecteurs, de revenir sur un épisode sur lequel j'ai préféré garder le silence afin de laisser passer l'orage.
Suite à un dessin publié sur mon blog et mes réseaux sociaux (voir ici) moquant une instagrameuse comptant des millions de fans, je me suis retrouvé sous la menace de voir exposer publiquement mon identité (doxxing). Sollicitant ses followers et de prétendues personnes "haut placées", au bout de deux jours la jeune femme balance la photo d'un individu supposé être "_z_", exposant cette pauvre personne à la vindicte populaire. Fière d'avoir jeté en pâture "le journaliste" qui déteste "notre président" (ce sont ses propres mots), l'influenceuse assume sa délation en livrant un présumé "_z_" à la police. Elle dit avoir aussi obtenu son adresse et son téléphone et lui conseille de déménager et de changer de travail.
Je ne vous cache pas chers amis, que je n'ai pas fermé l'œil de la nuit. Non pas à cause des menaces directes sur l'intégrité physique du prétendu _z_, ni de la peur que peut susciter le spectacle de lèvres botoxées, de seins siliconés, ou de grands sourcils noirs à la Ben Ali. Ce qui a eu raison de mon sommeil ce 11 septembre 2023, c'est la prise de conscience de l'ampleur du chlékisme dans notre société, et sa capacité à tout infiltrer, même l'univers superficiel des influenceuses. J'ai eu une vision cauchemardesque où le fascisme épouse la fashion, dans un carnaval réunissant tiktokeuses botoxées, foules haineuses, flics en uniforme, et barbouzes du consulat, le tout sous l'influence hypnotique du tiktoqué de Carthage, orchestrant du haut de Boukornine une affreuse danse macabre.
Catharsis
Avant d'aller plus loin, je voudrais simplement remercier du fond du cœur, toutes les personnes qui m'ont soutenu durant cette "épreuve". En réalité je pense être un peu immunisé contre ces dénonciations. Rappelez-vous, sous Ben Ali déjà des "innocents" ont été accusés d'être _z_ (voir ici). Plus tard en 2012, un journaliste a été aussi pris pour moi (voir ici). Mais un jour, on finira par me sortir de ma tanière. En attendant, je vous promets de faire le maximum de dessins contre notre dictateur, pour que vous inondiez internet de caricatures le jour de mon emprisonnement. Mieux que ça ! je vous livre (comme je l'ai déjà fait sous Zaba) un cours gratuit de dessin pour que vous vous y mettiez à votre tour, et que vous poursuiviez après moi, la guerre picturale contre cet énième régime avilissant, bête et méchant…
Pour cela, apprenez à dessiner Kaïs Saïed. Suivez le guide:
Entrainez-vous à dessiner Zabaïed, et profitez du fait que la tronche de notre président est déjà assez caricaturale en soi.
Une fois que vous avez maitrisé son visage, faites travailler votre imagination et jouez des mots pour lui trouver de nouveaux sobriquets…
ou encore…
Je vous invite à poursuivre cet exercice en me communiquant vos idées, ou de préférence vos dessins, qu'on rajoutera à la collection de NFT "ZABAIED" (voir ici).
Conclusion
Boukornine assistera (à) la chute de la sainte Chléka !
Après Daniel, l'ouragan Chléka !
Les propos que je tiens sur ce blog ne sont plus qu'un triste témoignage, parmi tant d'autres, de ce qui se passe en Tunisie. A l'époque de Ben Ali, quand nous commentions l'actualité, nous pensions que les mots pouvaient encore agir sur le réel. Aujourd'hui ce n'est plus du tout le cas. Nos mots ne sont plus que des bouteilles jetées à la mer, une sorte d'autopsies dont le seul but est de consigner l'ignorance, la méchanceté et la bêtise qui sont en train de tuer à feu doux le pays.
Cette maladie s'appelle le chlékisme. Son représentant en chef est Kais Saïed le président de la République. Tout a été dit, expliqué, analysé sur ce monsieur et sa politique. Ce qui suit n'est donc qu'un simple compte-rendu.
Tempête Daniel
Hier 18 Septembre 2023, lors d'une réunion ministérielle, Zabaïed déplore l'origine hébraïque du nom "Daniel" donné à l'ouragan qui a ravagé Derna en Libye. Il y voit le signe d'une infiltration du sionisme dans les milieux intellectuels. Zabaïed fait un clin d'œil très discret à son électorat chlékiste pour qui, tous nos malheurs ne sont que le fruit d'un complot. En l'occurrence, puisque la catastrophe est de taille, cela ne peut-être que l'œuvre des juifs.
Les ministres présents lors de la réunion ont salué la perspicacité de leur chef et sur Facebook les chlékistes on applaudi par milliers. Voilà donc où nous en sommes en Tunisie à l'heure où je vous écris.
Furent présents à cette réunion, le sinistre de l'intérieur Kamel Feki, la ministre de la Justice Leila Jaffel, et le tout frais premier ministre Ahmed Hachani, le pantin qui a remplacé Blanche Neige la Bouden. Ce retraité sorti du chapeau (ou de la ventouse) du président est resté mué depuis le début. Puis la Tunisie découvre son verbe le 15 Septembre dernier, lors d'une sortie officielle dans une école primaire à Cité Ettadhamen. Ce n'était pas un chef de gouvernement, mais un individu qu'on a habillé d'un costume cravate et qu'on a obligé à singer le rôle d'un officiel. Il était largué, perdu, récitant comme un écolier des formules patriotiques creuses. Aucune pensée, aucune phrase complète, du bla bla bla chlékiste qui témoigne d'une terrifiante vacuité…
On sait que Zabaïed a pris un soin particulier à se faire entourer d'idiots. Car il tient à ce que dans son Titanic des aveugles, il puisse être le seul borgne à bord. Mais avec Hachani, on sent que notre président est allé un peu trop loin...
Peut-être qu'il ne s'est toujours pas remis de l'épisode Méchichi ? Allez savoir...
Une rentrée de m*de
Nous vivons dans un monde de m*de.
Je me dis ça à chaque fois que je vois une Chléka récupérer une noble cause.
En Tunisie par exemple, nous étions très nombreux à dénoncer la corruption, l'oligarchie, le jeu pervers des islamistes, et voilà qu'une Chléka récupère toutes ces luttes, les transforme en slogan politique, excluant au passage les véritables défenseurs de ces causes, pour finalement transformer le pays en une dictature sans RIEN résoudre au problème, voire en empirant le problème...
Et ce, sous les applaudissements de milliers de gens.
Autre exemple à l'échelle de la planète
Ce qu'on appelle l'ordre mondial dominé par l'occident, est devenu depuis la chute de l'URSS, un monstre froid qui écrase tout ce qui résiste à son empire. La lutte contre cet ordre établi est devenue en soi une noble cause entretenue par ce qu'on appelle les peuples du sud, mais aussi, ne l'oublions pas, une partie importante des populations occidentales victimes elles aussi de ce système.
Et voilà qu'une Chléka de Moscou récupère cette noble lutte, et agrège autour d'elle les peuples du sud. Une Chléka russe, certes plus futée que celle que nous nous coltinons à Carthage, mais tout aussi haineuse et prétentieuse et puis surtout, une Chléka dangereuse qui tape très fort contre ses opposants et ses détracteurs et qui a le Pouvoir de faire tout péter.
La Chlékagrameuse
Pour conclure, je citerai un exemple plus léger, celui d'une instagrameuse bien de chez nous, très chlékeuse. Je ne la nommerai pas, mais vous la reconnaitrez si vous suivez l'Instagram tunisien.
Cette jeune femme, après Rolex, Chanel et LVMH, c'est la Palestine qu'elle rajoute à sa vitrine d'Instagram. Elle fait de son tourisme à Jérusalem, une opération de communication pseudo militante, sans la moindre exposition de la lutte qu'elle prétend mener et sans aucune prise de position politique par rapport au drame des palestiniens.
Voilà donc un exemple de récupération, très anecdotique comparé aux deux exemples précédents, mais qui illustre de manière plus caricaturale ce qui se joue aujourd'hui à l'heure de la Tiktokisation des luttes politiques.
Le chlékisme, chlékise les luttes politiques produisant deux effets indésirables :
- Il dépolitise la lutte en question (le cas de notre instagrameuse)
- Il gèle la crise voire il l'aggrave afin de perpétuer les raisons de la lutte. Le cas tunisien en est la parfaite illustration, puisque nous avons aujourd'hui un président qui provoque les conditions de la crise contre laquelle il prétend lutter.
Et tout porte à croire que c'est l'architecture des réseaux sociaux qui a donné au chlékisme ses lettres de noblesse. Mais je ne suis pas capable ici d'expliquer pourquoi. Il y a certainement une corrélation, quelque chose qui explique la relation de cause à effet entre les réseaux sociaux et la généralisation de ce phénomène qui embrasse la politique, l'art, la culture…tout ! absolument TOUT !
Bref, nous vivons dans un monde de m*de!
Et si je censure le mot "m*de", c'est parce que désormais "META" censure les gros-mots, ce qui rajoute de la m*de à la m*de, car par la faute de cette nouvelle censure provoquée par META, nous sommes interdits d'utiliser correctement le seul mot capable de désigner la m*de dans laquelle nous pataugeons...