Du 22 Mai 2010 au 22 Mai 2023
Haythem Mekki dans le collimateur de Carthage
Le chroniqueur Haythem Mekki de Mosaïque FM, une des dernière voix libres des médias tunisiens, a enfin reçu sa convocation à la brigade criminelle d'El Gorjani (voir ici). Il était depuis longtemps dans le viseur du régime policier de Zabaïed. L'arrestation du directeur de la Radio, Noureddine Boutar en Février, était pourtant un avertissement destiné à Haythem et à toute la bande de l'émission midi show très suivie en Tunisie et très critique vis à vis de Zabaïed...
L'accusation n'est qu'une fabrication de toute pièce, basée sur une déclaration du chroniqueur. Il s'agit simplement d'un prétexte pour achever ce qui reste de la liberté d'expression en Tunisie.
C'est demain à 10 heures qu'il se rend donc au Gorjani pour son interrogatoire lui et l'animateur de l'émission, Elyes Gharbi.
A la demande du SNJT (Syndicat Nationale des Journalistes Tunisiens), un rassemblement de solidarité est prévu à cet effet.
Bachar Assaïed
Depuis le déclenchement de la Révolution en Tunisie, nous sentions la fin depuis le début. Malgré la puissance de l'onde de choc qui s'est propagée fin 2010 de Sidi Bouzid à Sanaa, faisant tomber sur son passage Ben Ali, Kadhafi et d'autres, on voyait déjà s'élever la vague contre-révolutionnaire qui partait dans le sens contraire et qui menaçait tel un tsunami de tout emporter avec elle. C'est parti de nos voisins arabes, qui de coups d'états en guerres civiles ont noyé tout espoir de voir émerger une démocratie arabe. Cependant la Tunisie, épicentre du choc révolutionnaire, semblait faire barrage. Même si elle avait subi la contre-révolution islamiste très tôt (Zaballah), puis la réhabilitation de l'ancien régime (Zabajbouj), puis le mariage des deux (Zabajboujallah), quelque chose résistait encore et toujours, et permettait à Dame Tunisie de porter encore la bannière de la dite Révolution !
Puis vint Zabaïed...
A vrai dire, depuis 2012 (quand les islamistes ont commencé à s'emparer des appareils de l'Etat) nous annoncions déjà la fin de la Révolution. Chaque déception, chaque choc était l'occasion de crier que c'était foutu. Nous avons ainsi tenu jusqu'en 2019 où paradoxalement l'élection de l'outsider Kaïs Saïed, nous avait même redonnés espoir. L'émergence de cet inconnu dans un paysage politique ravagé par la corruption promettait le retour de l'esprit révolutionnaire, car lui-même se revendiquait du premier souffle de la révolution tel que le suggérait son slogan "le peuple veut" (inspiré du slogan révolutionnaire "le peuple veut faire tomber le régime"). Mais derrière son masque de révolutionnaire, se cachait un usurpateur de la pire espèce.
Capitalisant sur le ras-le-bol général, Saïed fait un coup d'Etat le 25 Juillet 2021 et détruit en quelques mois les maigres acquis de la balbutiante démocratie tunisienne. C'en était alors finie de la Révolution, cette fois pour de bon. Sur ce blog ont été consignées les étapes successives de ce détricotage, mais je pense que de toutes ces malheureuses séquences, je choisis la rencontre entre Zabaïed et Assad comme le coup de grâce, l'estocade finale !
C'est dans le cadre du sommet de la Ligue Arabe organisée chez les wahha(grosses)bites qu'a eu lieu cette rencontre (voir ici). Il est à noter qu'après 12 ans d'absence, la Syrie d'Assad fait son retour. Zabaïed affichait plus que tous les autres dictateurs sa joie de serrer la main à un professionnel du massacre de masse. Lui qui nous a habitués à tirer la tronche, il souriait tel un puceau le jour de sa noce, impatient semblait-il de goûter au fruit défendu. Ce médiocre prof de Droit devenu président, cultive définitivement une fascination pour les tyrans (voir ici). Pour un usurpateur de Révolution, qui de mieux qu'un boucher de Révolution pour lui servir d'exemple.
Donc oui ! la Révolution est définitivement terminée ce mois de mai de l'an 2023.
L'ACABaret tunisien
Zaballah vient d'être arrêté. J'aurais ainsi assisté depuis ma naissance en Tunisie, à la substitution de Zbourguiba par Zaba, à celle de Zaba par Zaballah et enfin à la substitution définitive de Zaballah par Zabaïed.
Bien entendu, aucune substitution ne ressemble vraiment à l'autre. La première s'est faite grâce aux médecins (coup d'état médical), la deuxième grâce à un marchand ambulant (révolution) et la troisième grâce à un austère prof de Droit (coup d'état du 25 juillet).
Tous ces personnages qui ont défilé sur la scène ont tous été des salauds, des despotes, des tyrans et des égocentriques. Le spectacle de la chute de chacun a permis au public de déverser sa haine et d'applaudir le nouvel arrivant. C'est à chaque fois le même scénario. Zaba fut acclamé jusqu'à ce qu'il fasse le salaud. Zaballah fut plébiscité jusqu'à ce qu'il révèle sa corruption. Zabaïed est adulé mais sera fatalement vomi quand le public n'aura plus rien à manger (pénurie de pop corn à l'horizon).
Mais ce que le public ne voit jamais, c'est le décor dans lequel se joue cette tragédie. Ebloui comme souvent par le feu de l'action et les personnages sous les projecteurs, l'œil a du mal à percevoir la constance du système qui régit tout cela :
Les gens se défoulent et se réjouissent de la énième chute d'un tyran mais ne sauront jamais rien de ce qui a permis sa tyrannie.
Nous n'avons toujours rien su du système Zaba, de ce que sa famille a volé à l'Etat. Leila Trabelsi et sa famille vivent leur vie et tous les oligarques mauves n'ont jamais autant sévi. Pareil pour Zaballah. Vous verrez qu'il ne sera jamais jugé publiquement, et nous ne saurons rien des financements occultes de son parti, de sa possible implication dans les assassinats politiques ou dans les attentats terroristes... D'ailleurs on aurait espéré qu'il soit arrêté au moins pour l'un de ces motifs, mais pas du tout : c'est sur une simple déclaration publique qu'il est en prison, voir ici.
Chers amis, quel est donc ce continuum qui de Zbourguiba à Zabaïed empêche toujours le public de connaître la vérité ?
"Le système"
Derrière ce concept fourre-tout de système, dictature policière, forces armées, je reconnais céder à une forme de caricature, voire un complotisme qui tend à déresponsabiliser les acteurs de premier plan que sont les Zaba, Zaballah et Zabaïed. Je voudrai rajouter avant de conclure, que contrairement à ce qu'aurait pu suggérer mon dessin, ces personnages sont loin d'être de simples marionnettes manipulées par l'occulte dictature policière. Il y a à mon avis depuis l'indépendance du pays, un pacte tacite qui s'opère entre les figures du pouvoir et les forces armées. Il y a ce quelque chose qui résiste au temps, une sorte de mode de fonctionnement mafieux qui paradoxalement se soumet totalement au président, si et seulement si ce dernier ferme les yeux et accepte le deal.
Se crée alors une fusion charnelle entre le corps de l'un et de l'autre, au point de ne plus pouvoir les distinguer. Mais dans cette affaire seul le flic est capable de se couper le bras quand il devient pourri *. Et la foule applaudira la nouvelle greffe, comme à chaque fois...
Les idiots utiles
Il y a aussi un autre continuum dans cette affaire. La bêtise de nos élites qui à chaque chute se réjouit de ce que le tyran soit humilié par le tyran suivant sans jamais exiger que la Justice soit respectée. Cette excitation sadique qu'ils manifestent est le lubrificateur qu'utilise depuis Zbrouguiba la dictature policière pour se perpétuer. La machine fasciste fonctionne mieux grâce à leur compromission.
Je m'abstiendrai ici de citer le nom d'universitaires, d'intellectuels de gauche et de journalistes qui par cette compromission soutiennent indirectement notre Etat fasciste. Mais comptez sur-moi pour qu'on leur fasse leur fête à ces gens-là, car même si je désespère de voir émerger un jour une Justice indépendante en Tunisie, je compte bien sur la Justice poétique de la Sebkha pour régler leur compte à cette bande de collabos.
Je vous invite à cet effet, à participer au "fichage" des "chlékeux" et des "chlékeuses", via la remplissage des cartes membre du "chléka club" comme indiqué sur ce lien.
* Cette bizarrerie n'est pas sans nous rappeler le film "Magic" sorti en 1978 qui conte l'histoire d'un magicien-ventriloque (joué par Anthony Hopkins) pris en otage par sa marionnette.
Les Brics magiques de Zabaïed
Zabaïed ne supporte plus que l'occident fourre son nez dans notre cuisine interne. Pour nous émanciper du dictat occidental, Zabaïed a trouvé une nouvelle recette :
Les BRICS !
Les saïedistes n'ont plus que ce mot à la bouche. Ils en bavent, et nous expliquent que l'avenir c'est la route de la Soie. D'après l'éminent chlékiste Mahmoud Mabrouk (mouvement du 25 Juillet), la Tunisie aidée de sa sœur algérienne, pourrait adhérer au club ultra fermé des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du sud) et se passer du FMI*.
Comme souvent, les partisans de Zabaïed pensent avec leurs pieds. Leurs Chlékas leur servent de boîte crânienne en plastique. Ils sont capables à l'image de leur prophète (le président), de croire en leurs propres mensonges et de diffuser via leurs orteils (qui font office d'antennes émettrices), leur connerie à grande échelle.
*La Tunisie n'a aucune chance d'adhérer à ce club de puissances émergeantes. Ses membres ont tous un PIB par habitant supérieur à 10 000 dollars (contre 3 800 pour la Tunisie). Des pays aussi riches que l’Iran et l’Arabie saoudite ont été refusés.
Bella Ciao !
Les experts et les simples observateurs de la politique tunisienne n'en reviennent pas. Même les plus hostiles pourfendeurs du FMI, ignorent comment la Tunisie serait capable sans l'aide du fonds monétaire, de se tirer d'affaire, sachant que les caisses sont vides et que l'investissement est à l'arrêt. En outre la Tunisie n'a plus rien à vendre, elle n'offre plus rien à l'Humanité...à part un peu de harissa. Quant au tourisme, il est en berne, entre autres à cause de la saleté du pays et du délabrement de son espace public. La Tunisie n'attire plus que les mouches.
Cette déchéance, bien entendu, n'est pas l'oeuvre exclusive de Zabaïed. Elle remonte déjà aux années 2000 sous Zaba et s'est accélérée par la corruption post-révolutionnaire.
Et pourtant Zabaïed semble sûr de son coup...
Car contrairement à ce que j'ai dit, la Tunisie a encore quelque chose à vendre...surtout grâce au soutien de nos voisins algériens.
Zabaïed atteint de leucosélophobie
Depuis sa visite de la mosquée Zitouna le 22 Mars, le président Kaïs Saïed a disparu des radars, jusqu'à ce qu'il réapparaisse hier après-midi dans un enregistrement vidéo avec la première ministre.
Durant cette absence, l'État n'a livré aucun communiqué. Le mépris du citoyen, l'opacité et la rétention de l'information ont évidement nourri la rumeur et alimenté la désinformation. Ce n'est donc que la faute de l'État si l'on avait cru à sa mort, à son retour parmi les siens sur Mars ou à son châtiment divin.
Sa voix enrouée pouvait laisser croire à une gripette, mais selon certaines sources, il semblerait que c'était plus grave encore (AVC?). Peu importe, puisqu'il est de retour et toujours aussi remonté contre les comploteurs et les traitres qui spéculent sur sa santé.
Zabaïed ne vit que grâce à la haine, c'est ce qui l'a sauvé.
Celui qui dit qui l'est
Zabaïed qui ne cesse de crier aux traitres et aux comploteurs, ne fait que projeter sur ses ennemis sa propre hantise. En tant que psycaricaturiste certifié, j'affirme que Zabaïed est torturé par une petite voix intérieure qui lui chuchote au moment où il pose sa tête sur l'oreiller, "Kais tu es un traitre, Kais tu es un comploteur !". N'oublions pas que le président a trahi la Constitution qu'il avait juré de respecter sur le Coran (voir ici) et qu'il a comploté avec les forces armées le coup d'État du 25 Juillet 2021.
Tout cela ne l'aide pas à dormir. Alors quand tout le palais de Carthage ronfle la nuit, il met ses chlékas et se dirige en douce vers son bureau. Il allume sa cigarette, plonge sa plume dans l'encrier, puis sort sa longue liste des comploteurs et des traitres pour y rajouter à chaque fois un nouveau nom écrit en caractères calligraphiques. Cette activité nocturne le détend. Il arrive ainsi à faire taire sa petite voix intérieure et peut espérer recouvrer le sommeil.
Mais cet exercice a ses limites. Quand il a mis tous les traitres et les comploteurs en prison, Zabaïed a été frappé de leucosélophobie (ou le syndrome de la feuille blanche). Ceci est mon diagnostic. Ce syndrome pour l'avoir vécu, est terrible et peut rendre fou. Ajouté à cette angoisse, le stress que doit lui faire subir la Bouden pour qu'il signe l'accord avec le FMI, vous pouvez alors imaginer les conséquences dramatiques sur sa santé.
Zabaïed a rendu fou tout le fonctionnement de l'État
Vous conviendrez avec moi chers lecteurs, qu'un président aussi perturbé, ne peut que perturber l'ensemble du fonctionnement de l'État. Car les manuscrits du président, que ce soient sa Constitution, ses décrets ou encore sa liste noire (rédigés entre 3 h et 6 h du matin) ont valeur de "volontés populaires", de "vérités historiques" ou encore de "révélations divines" comme l'affirme le président lui-même. Si bien que lorsqu'il est question de la liste noire, la police et la Justice se retrouvent obligés de bricoler des rapports construits non pas sur des faits, mais sur les spéculations présidentielles. En d'autres termes, c'est la vérité alternative (voire métaphysique) du président qui décide du réel.
C'est donc sur la base de rapports complètement bidons, fabriqués de toutes pièces pour mieux coller à la version du président, que croupissent en prison, des personnalités publiques, opposants, activistes, journalistes et de nombreux anonymes accusés tous de porter atteinte à la sureté de l'Etat, de complot ou de terrorisme.
Le témoin XX
Les quelques personnes qui ont mis la main sur ces fameux rapports (les avocats) s'accordent à constater le caractère fictionnel et complotiste de l'enquête. Encore une fois, l'administration elle-même est atteinte du syndrome de "celui qui dit qui l'est" : nos bureaucrates sur injonction du président, complotent pour assoir sa théorie du complot. Mais leur manque d'imagination les oblige à consulter des témoins anonymes pour scénariser leur fiction. Le plus troublant est ce témoin XX qui d'après des sources bien renseignées, serait Chafik Jarreya. Il s'agit d'un homme d'affaire véreux incarcéré depuis 2017 sous Youssef Chahed (alias super Jo) à l'époque de la dite lutte nationale contre la corruption (voir ici). Ce Chafik Jarreya est un type pas du tout net, qui avait lui-même avoué avoir "acheté" des élus et des journalistes. C'est donc sur la "foi" de ce personnage douteux qu'ont été arrêtées plusieurs personnalités dont le non moins douteux lobbyste Kamel Eltaïef, son ennemi juré de toujours. Peu importe la partialité des témoins et leur bonne foi, tant que cela peut donner de l'eau au moulin de la Justice-fiction de notre sainte Chléka...
Pas étonnant alors que Kamel Eltaïef, qui a été arrêté le 11 Février, devienne à son tour le témoin anonyme XXX qui aidera la Justice à pondre de nouveaux rapports contre les prétendus comploteurs que Saïed aura rajoutés à sa liste à 3h du matin. Tel est le cycle infernal de la "Justice" et plus généralement de la vie politique tunisienne depuis le 25 Juillet 2021.
Conclusion
Bref, je souhaite longue vie à l'être humain qu'est Kaïs Saied, mais au président qu'il incarne, je prie Boukornine (avec Allah ça ne marche pas) pour qu'il retourne parmi les siens sur Mars, et ce pour la santé mentale de tous.
La machine judiciaire de Zabaïed
La machine judiciaire de Zabaïed tourne à plein régime. Comme le président l'a légiféré dans sa Constitution, la Justice n'est plus un Pouvoir indépendant, mais une fonction (voir ici), un simple rouage d'un mécanisme dont le chef d'Etat serait l'ingénieur en chef.
Depuis la mise en place de ce nouveau dispositif, la machine fonctionne à moindre frais mais broie tout à son passage. On vient d'apprendre que c'est la fameuse militante Bochra Belhaj Hmida qui se retrouve à son tour prise dans l'engrenage. Comme tous les autres opposants, elle est accusée de complot contre l'Etat et encourt la peine capitale (voir ici).
Sur la base d'un document sorti des services de renseignements, Bochra comploterait en faisant usage d'un langage codé à partir de marques de produits de beauté (non ce n'est pas une blague). L'opposante a dû quitter le pays évitant ainsi toute confrontation avec un engrenage à sens unique.
Rappelons que c'est sur la base de documents aussi bidons que croupissent en prison d'autres personnalités publiques telles que : Khayam Turki, Chaïma Issa, Issam Chebbi, Kamel Letaïef, Ghazi Chaouachi, Jawhar Ben Mbarek, Lazhar Akremi, Ridha Belhaj, Noureddine Boutar, Abdelhamid Jlassi, etc...
Zabaïed est un homme intelligent
Danger imminent !
L'heure est grave !
Tout allait bien en Tunisie, jusqu'à ce que soit diffusé à la télévision un feuilleton ramadanesque qui menace l'ordre et la morale du grand peuple tunisien. Il s'agit d'une série "diabolique" qui porterait atteinte à l'image de l'éducation nationale. Le ministre de tutelle, a convoqué une réunion d'urgence avec le gouvernement pour que l'Etat puisse agir !
Mais comme nous vivons dans une grande démocratie, c'est notre président en personne qui devra se prononcer sur l'éventuelle censure de ce feuilleton…(voir ici)
Le pied de nez italien
Chlékatoscope
Disons-le, c'est foutu ! Les fachos et les idiots ont gagné. Ils se sont mariés et sont au pouvoir. Ils ne lâcheront rien et ne nous lâcheront pas. N'ayons plus peur de les nommer et de les désigner comme tels : des fachos et des idiots. Les traiter ainsi ne relève pas de l'insulte, ni d'un radicalisme de gauche, il s'agit de qualificatifs objectifs traduisant un mode de pensée limité (idiot) et un exercice du pouvoir violent basé sur la théorie du complot et l'excommunication des opposants. Je le redis, ce que j'énonce n'est pas une opinion, c'est un fait vérifiable et observable sur le terrain.
Puisque j'ai dit que c'est foutu, et que je ne vois plus d'issue possible, je ferme tout débat avec les tenants du fascisme, et je déclare ici ouvertes les hostilités. Le fascisme n'étant pas une opinion, il ne se prête pas au débat, il extermine. C'est pourquoi on ne débat pas avec, on le combat.
Nous sommes ici très loin de ce qui aurait dû nous mobiliser à savoir des débats sur l'avenir, sur l'environnement, sur l'école, sur nos villes sur nos campagnes, sur notre bonheur collectif et le moyen de le partager entre nous tous. Nous revenons à la case départ, à savoir la lutte contre la matraque et les bottes. Dans notre cas tunisien c'est la lutte contre la ventouse et les chlékas.
En tant que caricaturiste ma marge de manœuvre est très limitée. Mais je ne manquerai pas pour la postérité, de bien consigner en dessins et en couleurs (comme à l'époque Zaba) le visage de ces gens qui contribuent de près ou de loin au retour en force du fascisme en Tunisie. Eux ils dressent des listes noirs contre nous, nous nous ferons d'eux des posters en couleur (et en colère).
Caricature collaborative
Sur Twitter, il a été possible de constituer collectivement, et ce grâce à des twittos tunisiens que je salue au passage, une liste non exhaustive des chléksites les plus notoires. Cela peut aller des gens du pouvoir jusqu'aux journalistes et autres personnalités influentes. Cela a fait l'objet pendant presqu'une semaine de débats très animés (hashtags #caricature_collaborative et #famille_chléka) ponctués par les phases d'avancement d'un dessin "collectif" très élaboré dont voici l'aboutissement:
A la trentaine de participants j'ai envoyé le 15 Mars un fichier en haute définition imprimable en poster afin de les remercier. Ce fut pour moi une expérience stimulante qui m'a permis de tester un nouveau mode opératoire, plus participatif, plus démocratique et peut-être plus efficace pour contrer symboliquement cette folie qu'est le saïedisme.
Je profite de cet article pour mettre en légende, les 26 chlékistes figurant dans "la photo de famille", et les 6 personnalités annexes :
(1)Kaïs Saïed, (2)Nejla Bouden, (3)Leila Jaffal, (4)Nabil Ammar, (5)Brahim Bouderbala, (6)Kamel Feki, (7)Taoufik Charfeddine, (8)Ichraf Chebil [première dame], (9)Naoufel Saïed [frère du président], (10)Ridha "Lenine", (11)Ahmed Chaftar, (12)Wafa Chedly, (13)Amine Mahfoudh, (14)Sadok Belaid, (15)Farouk Bouasker, (16)Riadh Jrad, (17)Nejib Dziri, (18)Ezzedine Chelbi, (19)Abid Briki, (20)Abdenaceur Aouini, (21)Mongi Rahoui, (22)Le crâne de Chokri Belaid, (23)Borhane bsais, (24)Maya Ksouri, (25)Leila Toubel, (26)Parti Nationaliste Tunisien
(A)Kadhafi, (B)Ons Jabeur, (C)Tebboune, (D)Sissi, (E)Assad, (F)Ben Ali
Il est à noter, que si l'on est arrivé à collectivement s'entendre sur les principales personnalités figurant dans cette photo de famille, une divergence est apparue sur le cas de la championne de Tennis Ons Jabeur. Certains Twittos ont considéré qu'il était très sévère de la faire figurer dans ce macabre palmarès. Les défenseurs de la tenniswoman trouvaient que son appel à participer au référendum de Saïed, ou son appel à voter "oui" à la Constitution, ne faisaient pas d'elle une partisane. Les anti-Ons (dont je faisais partie) trouvaient au contraire, que sa notoriété et son prestige international lui offrait une opportunité historique de prendre position contre le retour de la dictature en Tunisie et lui permettait de condamner publiquement le discours raciste de Zabaïed. Ons Jabeur n'est pas simplement une sportive de haut niveau, elle est un symbole, et à ce titre elle avait une responsabilité citoyenne. Son silence, voire son soutien au référendum de Zabaïed, vallent compromission.
Le cas Jabeur est d'ailleurs très intéressant, car il agit comme un verre grossissant qui met le doigt sur ces lâchetés et ces renoncements individuels qui additionnés à l'échelle de tout un pays, rendent possible le retour décomplexé de la dictature.
Conclusion
Après des années de dessin et de blogging sur le cas Tunisie, j'en arrive à me dire à quoi bon tout cela ? A part l'encouragement d'un public restreint que je salue de tout mon cœur et grâce auquel je trouve encore de l'énergie pour durer (16 ans !), je demeure très perplexe quant à l'utilité de cette lutte que je mène au détriment de mon travail et de ma vie personnelle. Je n'y gagne ni argent, ni véritable reconnaissance du fait de mon anonymat redevenu vital au vue de la situation. Je ne sais même plus si je dépense toute cette énergie en vertu d'idéaux politiques ou d'égoïstes ambitions artistiques. Je suis complètement perdu. Puis je ne vois vraiment aucune issue de secours pour la Tunisie. Je crains que la chute de Zabaïed ne nous entraine d'une dictature à une autre...
Pour ce 20 Mars 2023, anniversaire de l'indépendance, je nous souhaite la véritable indépendance, celle qui nous libèrera un jour de nos lâchetés, de nos renoncements, de notre manque d'ambition, de notre nonchalance, de notre égoïsme et toutes ces petites choses qui nous colonisent de l'intérieur et qui ont rendu possible ces monstres dont le saïedisme incarne l'un des visages les plus hideux, et même les plus dangereux de notre Histoire.
Rendez-vous compte chers amis, que pour célébrer la fête de l'indépendance Zabaïed a déclaré devant un parterre de lâches et de minables partisans, qu'il était l'artisan d'un miracle historique (parlant de son coup d'état du 25 Juillet 2021), et qu'il a pris cette décision seul entre lui-même et son ami imaginaire (Allah) (voir ici). Je sais que nous ne sommes plus à une déclaration près, et que hélas nous nous sommes habitués à ce que des hommes et des femmes médiocres et intellectuellement limités, prennent notre destin entre leurs mains...Mais tout de même, nous avons cette fois affaire à un homme objectivement délirant !
Je n'en reviens pas.
Proposition de la sebkha pour le futur musée de Zabaïed
Je voulais vous présenter en exclusivité le projet que nous avons présenté pour le concours d'architecture lancé par notre président en vue d'édifier le "Centre International de la Calligraphie" à proximité de la Cité de la Culture sur l'avenue Mohamed V (voir ici).
En collaboration avec les ingénieurs et les scénographes de la Sebkha, nous avons étudié une solution qui puisse à la fois satisfaire la commande présidentielle tout en respectant les contraintes écologiques et environnementales.
L'édifice comprendra une grande salle d'exposition dans laquelle seront accrochés les rouleaux de manuscrits de la Constitution écrits de la main de notre président. Cet espace central en forme de voûte permettra aux tunisiens et aux touristes (non subsahariens) d'apprécier la grande maitrise de cet art ancestral. Seront également exposés toutes les plumes et les encriers utilisés par Saïed. Des ateliers permettront aux enfants de s'approprier ces techniques et d'apprendre à la manière de notre président, la préparation de l'encre sacrée. Un auditorium en sous-sol (jouxtant le café) est prévu pour accueillir des conférences internationales sur la calligraphie saïedienne.
Une autre salle voûtée, attenante à la première, sera consacrée aux manuscrits du saint Coran, écrits également par notre président. Ceci est d'ailleurs une information exclusive que je vous livre ici. Notre président, travaille jour et nuit depuis le 25 Juillet 2021 sur l'écriture du texte sacré. Entre un démantèlement de complot, et une descente surprise dans un entrepôt, Kaïs Saïed trouve le temps de réaliser l'œuvre de sa vie afin de léguer à l'humanité son Coran. Mieux que Saddam Hussein qui pour ses soixante ans avait commandité un Coran écrit de son propre sang (voir ici), notre président utilisera un matériau naturel recyclable dont il m'est interdit ici de dévoiler la composition.
En espérant que la proposition de la Sebkha soit retenue, mon équipe et moi vous remercions de l'attention accordée à notre projet !
La Chléka qui pue
Nous pensions naïvement que la révolution l'avait neutralisée pour toujours, mais le président Kaïs Saïed a réussi à la remettre en marche: la machine infernale de la dictature. Nous étions pourtant témoins depuis plus d'une année de sa mise en route progressive et nous observions incrédules l'accélération de sa cadence. Puis le moteur est passé subitement en mode turbo générant d'horribles fumées telles qu'on n'en a jamais connues, même sous le régime de Zaba.
Le premier viol
Tout a commencé par une vague d'arrestations où les suspects étaient déjà accusés de complot contre l'État. Zabaïed lui-même devant les caméras, énonçait le verdict, et menaçait les juges qui oseraient les innocenter. Un flagrant délit de viol de la Justice qui ne laisse plus le moindre doute quant à la nature dictatoriale du régime. Nous découvrions dans la suite, que les dossiers des suspects étaient bidons et qu'il s'agissait ni plus ni moins que d'une vulgaire mise en scène destinée à faire diversion sur le désastre économique dont le président et son gouvernement sont responsables. Car Zabaïed est un incompétent total qui est acculé à brasser du vent. Certes, il maitrise l'art du scénario complotiste. Pour ainsi donner une coloration romanesque à l'arrestation de ses opposants, il n'oubliera pas d'inclure le lobbyiste notoire Kamel Eltaief et de rajouter entre deux lignes du "rapport d'enquête" le nom du sulfureux Bernard Henri Levi. Des histoires à dormir debout que l'on raconte à des enfants. C'est ce peuple infantilisé, crétinisé, à qui s'adresse notre dictateur.
Le deuxième viol
Le deuxième flagrant délit de viol a eu lieu suite à son discours raciste de la semaine dernière. C'est le moment où la machine a commencé à émettre des odeurs nauséabondes. Zabaïed évoquant le complot du remplacement ethnique des tunisiens par les hordes de subsahariens. S'en est suivi un pogrom anti-noir tel que la Tunisie n'a jamais imaginé vivre de son histoire. Cette odeur nauséabonde rejetée par la machine rendra le pays irrespirable et nous met tous aujourd'hui face à une situation complètement inédite. C'est la première fois, qu'un pouvoir en place nous salisse avec lui, un peu comme Israël ou la Russie de Poutine souillent symboliquement leurs populations et ce malgré les minorités qui luttent contre leurs États.
Conclusion
Ainsi mes amis, nous n'avons plus d'autre choix que de faire la guerre contre Zabaïed et mobiliser tous les moyens pour arrêter et détruire cette scandaleuse machine infernale qui tourne à plein régime en ce moment. Le temps n'est plus à l'explication ni à la pédagogie, j'ai employé sciemment le terme de flagrant délit de viol pour arrêter toute discussion sur l'évaluation de la situation. Les faits sont devant nous, crus, bruts et pornographiques.
Tous ces gens qui contribuent de près ou de loin à cette monstruosité devront rendre des comptes. Je pense notamment à Nejla Bouden, parachutée premier ministre dont le sourire innocent n'est que le plus hideux visage du fascisme.
De mon côté je serai heureux de participer au plus grand complot graphique contre ces personnages, et je vous invite à participer avec moi à la haute trahison de la Chléka en partageant mes dessins sur les réseaux sociaux. Je veillerai à doubler la cadence de ma machine à caricaturer pour que s'en échappent les parfums des roses et de la liberté...formulation un peu neuneu, je sais, mais plus sincère que la logorrhée indigeste de la Chléka qui pue.
De la "décennie noire" à l'âge des ténèbres
Le 29 Septembre 2020, à la suite du meurtre et du viol d'une jeune femme, Zabaïed répondant aux cris de la foule, il exhume la peine capitale (voir ici). Le peuple assoiffé de vengeance applaudit. Avant même que le procès n'ait eu lieu, notre apprenti dictateur savourait déjà le goût des passions tristes et des bas instincts.
Un peu moins d'un an plus tard, le 25 Juillet 2021, il fait son coup d'Etat, et en profite pour démolir minutieusement tous les idéaux de la Révolution, sous les applaudissements de la foule. Zabaïed semble de plus en plus accro aux cris de la foule qui réclame la tête de tous les traitres de la dite décennie noire. Il s'exécute et exécute.
Zabaïed aime le sang. Lui aussi a soif. Bientôt il n'y aura plus suffisamment de têtes à couper. Quand il aura fini avec les traitres les comploteurs, les journalistes et les activistes, qui lui restera-t-il encore à décapiter ? Il se rappelle soudain qu'existent des subsahariens, assez nombreux pour abreuver quelque temps la foule assoiffée de sang.
Le 21 Février 2023 par un communiqué officiel, il chuchote à l'oreille de cette foule qu'un complot est hourdi pour coloniser la patrie par des hordes de subsahariens. Il donne ainsi le coup d'envoi à une chasse à l'homme noir que la Tunisie n'a jamais connue de son histoire.
Bref, de la prétendue "décennie noire" nous passons à l'âge des ténèbres…
La boîte de pandore
Chers amis,
Le peuple, moi, je ne l'ai jamais croisé. Je suis un snob, un francophone un vendu, tout ce que vous voulez. Mais moi ce peuple, s'il existe vraiment, je n'ai même pas envie de le croiser. Ni dans le bus jaune, ni dans le TGM, ni dans le louage. Ce peuple "qui veut", moi je n'en veux pas. Et si les démographes, statisticiens, les Sigma mon cul démontrent scientifiquement qu'il représente 80% de la population, qu'il est raciste, qu'il croit en la platitude de la terre, je n'y peux rien, je ne ferai jamais partie de ce peuple.
Ok, ok ! il est victime depuis des siècles des colonisations, des spoliations, d'humiliations exercées par les anciens colons et par la bourgeoise francophone, la fameuse "élite" à laquelle je suis certainement associé par le simple fait que j'use de la langue de Molière pour exprimer ces pensées matinales. Mon snobisme ne fait que témoigner de mon appartenance à la caste nantie des dominants.
Prenons du recul
On a vu ça dans l'Amérique de Trump, dans le Brésil de Bolsonaro. Si Sigma mon cul élargit son point de vue, elle chiffrerait à 80% la masse mondiale du peuple "qui veut". La Tunisie n'a peut-être pas le monopole de la connerie. Mais que doit-on faire au juste ?
Renoncer à notre humanité pour plaire à la majorité ? Doit-on s'évertuer à bricoler un raisonnement scientifique qui puisse nous situer absolument du côté du dit peuple ? Doit-on tout mettre sur le compte de l'ignorance et de la faillite de notre système éducatif ?
Je vois ici et là sur internet, des anciens camarades, activistes et universitaires, des gens plutôt de gauche, adopter une forme de complaisance envers ce dit peuple. Selon eux, la faute serait d'abord imputée à l'occident et ses chiens de gardes locaux. Le racisme du peuple serait donc causé par la sous-traitance de la politique migratoire subsaharienne de l'Europe. Ils n'ont pas tort.
Mais quand ce racisme s'exprime par les actes et qu'il est ouvertement adopté par les mots dans un communiqué officiel du président, leur pédagogie sonne faux. Un viol est commis au vu et au su de tous, et ces gens nous appellent à la retenue car il faudrait d'abord qu'on étudie la psychologie du violeur. Ou alors Saïed n'y est pour rien. Mais c'est le système voyons ? l'état profond disent-ils, car Zabaïed n'est qu'un robot, une marionnette ou un automate.
Je ne veux même pas évoquer ici les Ben Simpsons et tous ces gens qui ont soutenu Saied et qui nous expliquent aujourd'hui que le communiqué du président est à interpréter sous l'angle de la question de la migration clandestine. Ceux-là pour moi sont hors-jeu depuis bien longtemps.
Mais attention, en critiquant tous ces gens, je n'apporte aucune explication. Je ne suis pas mieux qu'eux.
Conclusion
Il y a un temps à la pédagogie et il y a un temps à l'action. Et nous y sommes.
Nos amis subsahariens en ce moment même où je vous écris, vivent la terreur : rafles, intimidations, menaces, c'est devenu leur lot quotidien depuis que cette m*de à Carthage a ouvert la boîte de Pandore. Non, j'enlève l'astérisque, et je nomme une merde, une merde. Un fasciste est un fasciste.
Et si nous sommes seulement 1% à aboyer, ce n'est pas à cause de la timidité de mes anciens camarades. Car les vrais muets dans cette histoire, sont nos artistes populaires, nos stars de la télé, notre "ministre du bonheur" (Ons Jabeur), tous ces gens qui caracolent à des millions de fans sur Insta. Il est où le Lotfi Abdelli martyr du régime (laissez-moi rigoler) ? Et ce n'est même pas parce qu'ils sont racistes, je n'y crois pas du tout. C'est juste qu'ils ne veulent pas se mettre à dos les 80% du peuple de Sigma mon cul *.
Et voilà que je dresse à mon tour une liste noire, que je m'érige en tribunal populaire. Voilà que je deviens antipathique. Je fais du Saied...C'est foutu.
* Tout cela ne vous rappelle pas une autre histoire ? remplacez le mot "raciste" par "allahiste" et vous verrez que mon texte marche tout aussi bien.