La machine judiciaire de Zabaïed
La machine judiciaire de Zabaïed tourne à plein régime. Comme le président l'a légiféré dans sa Constitution, la Justice n'est plus un Pouvoir indépendant, mais une fonction (voir ici), un simple rouage d'un mécanisme dont le chef d'Etat serait l'ingénieur en chef.
Depuis la mise en place de ce nouveau dispositif, la machine fonctionne à moindre frais mais broie tout à son passage. On vient d'apprendre que c'est la fameuse militante Bochra Belhaj Hmida qui se retrouve à son tour prise dans l'engrenage. Comme tous les autres opposants, elle est accusée de complot contre l'Etat et encourt la peine capitale (voir ici).
Sur la base d'un document sorti des services de renseignements, Bochra comploterait en faisant usage d'un langage codé à partir de marques de produits de beauté (non ce n'est pas une blague). L'opposante a dû quitter le pays évitant ainsi toute confrontation avec un engrenage à sens unique.
Rappelons que c'est sur la base de documents aussi bidons que croupissent en prison d'autres personnalités publiques telles que : Khayam Turki, Chaïma Issa, Issam Chebbi, Kamel Letaïef, Ghazi Chaouachi, Jawhar Ben Mbarek, Lazhar Akremi, Ridha Belhaj, Noureddine Boutar, Abdelhamid Jlassi, etc...
Zabaïed est un homme intelligent
Danger imminent !
L'heure est grave !
Tout allait bien en Tunisie, jusqu'à ce que soit diffusé à la télévision un feuilleton ramadanesque qui menace l'ordre et la morale du grand peuple tunisien. Il s'agit d'une série "diabolique" qui porterait atteinte à l'image de l'éducation nationale. Le ministre de tutelle, a convoqué une réunion d'urgence avec le gouvernement pour que l'Etat puisse agir !
Mais comme nous vivons dans une grande démocratie, c'est notre président en personne qui devra se prononcer sur l'éventuelle censure de ce feuilleton…(voir ici)
Le pied de nez italien
Chlékatoscope
Disons-le, c'est foutu ! Les fachos et les idiots ont gagné. Ils se sont mariés et sont au pouvoir. Ils ne lâcheront rien et ne nous lâcheront pas. N'ayons plus peur de les nommer et de les désigner comme tels : des fachos et des idiots. Les traiter ainsi ne relève pas de l'insulte, ni d'un radicalisme de gauche, il s'agit de qualificatifs objectifs traduisant un mode de pensée limité (idiot) et un exercice du pouvoir violent basé sur la théorie du complot et l'excommunication des opposants. Je le redis, ce que j'énonce n'est pas une opinion, c'est un fait vérifiable et observable sur le terrain.
Puisque j'ai dit que c'est foutu, et que je ne vois plus d'issue possible, je ferme tout débat avec les tenants du fascisme, et je déclare ici ouvertes les hostilités. Le fascisme n'étant pas une opinion, il ne se prête pas au débat, il extermine. C'est pourquoi on ne débat pas avec, on le combat.
Nous sommes ici très loin de ce qui aurait dû nous mobiliser à savoir des débats sur l'avenir, sur l'environnement, sur l'école, sur nos villes sur nos campagnes, sur notre bonheur collectif et le moyen de le partager entre nous tous. Nous revenons à la case départ, à savoir la lutte contre la matraque et les bottes. Dans notre cas tunisien c'est la lutte contre la ventouse et les chlékas.
En tant que caricaturiste ma marge de manœuvre est très limitée. Mais je ne manquerai pas pour la postérité, de bien consigner en dessins et en couleurs (comme à l'époque Zaba) le visage de ces gens qui contribuent de près ou de loin au retour en force du fascisme en Tunisie. Eux ils dressent des listes noirs contre nous, nous nous ferons d'eux des posters en couleur (et en colère).
Caricature collaborative
Sur Twitter, il a été possible de constituer collectivement, et ce grâce à des twittos tunisiens que je salue au passage, une liste non exhaustive des chléksites les plus notoires. Cela peut aller des gens du pouvoir jusqu'aux journalistes et autres personnalités influentes. Cela a fait l'objet pendant presqu'une semaine de débats très animés (hashtags #caricature_collaborative et #famille_chléka) ponctués par les phases d'avancement d'un dessin "collectif" très élaboré dont voici l'aboutissement:
A la trentaine de participants j'ai envoyé le 15 Mars un fichier en haute définition imprimable en poster afin de les remercier. Ce fut pour moi une expérience stimulante qui m'a permis de tester un nouveau mode opératoire, plus participatif, plus démocratique et peut-être plus efficace pour contrer symboliquement cette folie qu'est le saïedisme.
Je profite de cet article pour mettre en légende, les 26 chlékistes figurant dans "la photo de famille", et les 6 personnalités annexes :
(1)Kaïs Saïed, (2)Nejla Bouden, (3)Leila Jaffal, (4)Nabil Ammar, (5)Brahim Bouderbala, (6)Kamel Feki, (7)Taoufik Charfeddine, (8)Ichraf Chebil [première dame], (9)Naoufel Saïed [frère du président], (10)Ridha "Lenine", (11)Ahmed Chaftar, (12)Wafa Chedly, (13)Amine Mahfoudh, (14)Sadok Belaid, (15)Farouk Bouasker, (16)Riadh Jrad, (17)Nejib Dziri, (18)Ezzedine Chelbi, (19)Abid Briki, (20)Abdenaceur Aouini, (21)Mongi Rahoui, (22)Le crâne de Chokri Belaid, (23)Borhane bsais, (24)Maya Ksouri, (25)Leila Toubel, (26)Parti Nationaliste Tunisien
(A)Kadhafi, (B)Ons Jabeur, (C)Tebboune, (D)Sissi, (E)Assad, (F)Ben Ali
Il est à noter, que si l'on est arrivé à collectivement s'entendre sur les principales personnalités figurant dans cette photo de famille, une divergence est apparue sur le cas de la championne de Tennis Ons Jabeur. Certains Twittos ont considéré qu'il était très sévère de la faire figurer dans ce macabre palmarès. Les défenseurs de la tenniswoman trouvaient que son appel à participer au référendum de Saïed, ou son appel à voter "oui" à la Constitution, ne faisaient pas d'elle une partisane. Les anti-Ons (dont je faisais partie) trouvaient au contraire, que sa notoriété et son prestige international lui offrait une opportunité historique de prendre position contre le retour de la dictature en Tunisie et lui permettait de condamner publiquement le discours raciste de Zabaïed. Ons Jabeur n'est pas simplement une sportive de haut niveau, elle est un symbole, et à ce titre elle avait une responsabilité citoyenne. Son silence, voire son soutien au référendum de Zabaïed, vallent compromission.
Le cas Jabeur est d'ailleurs très intéressant, car il agit comme un verre grossissant qui met le doigt sur ces lâchetés et ces renoncements individuels qui additionnés à l'échelle de tout un pays, rendent possible le retour décomplexé de la dictature.
Conclusion
Après des années de dessin et de blogging sur le cas Tunisie, j'en arrive à me dire à quoi bon tout cela ? A part l'encouragement d'un public restreint que je salue de tout mon cœur et grâce auquel je trouve encore de l'énergie pour durer (16 ans !), je demeure très perplexe quant à l'utilité de cette lutte que je mène au détriment de mon travail et de ma vie personnelle. Je n'y gagne ni argent, ni véritable reconnaissance du fait de mon anonymat redevenu vital au vue de la situation. Je ne sais même plus si je dépense toute cette énergie en vertu d'idéaux politiques ou d'égoïstes ambitions artistiques. Je suis complètement perdu. Puis je ne vois vraiment aucune issue de secours pour la Tunisie. Je crains que la chute de Zabaïed ne nous entraine d'une dictature à une autre...
Pour ce 20 Mars 2023, anniversaire de l'indépendance, je nous souhaite la véritable indépendance, celle qui nous libèrera un jour de nos lâchetés, de nos renoncements, de notre manque d'ambition, de notre nonchalance, de notre égoïsme et toutes ces petites choses qui nous colonisent de l'intérieur et qui ont rendu possible ces monstres dont le saïedisme incarne l'un des visages les plus hideux, et même les plus dangereux de notre Histoire.
Rendez-vous compte chers amis, que pour célébrer la fête de l'indépendance Zabaïed a déclaré devant un parterre de lâches et de minables partisans, qu'il était l'artisan d'un miracle historique (parlant de son coup d'état du 25 Juillet 2021), et qu'il a pris cette décision seul entre lui-même et son ami imaginaire (Allah) (voir ici). Je sais que nous ne sommes plus à une déclaration près, et que hélas nous nous sommes habitués à ce que des hommes et des femmes médiocres et intellectuellement limités, prennent notre destin entre leurs mains...Mais tout de même, nous avons cette fois affaire à un homme objectivement délirant !
Je n'en reviens pas.
Proposition de la sebkha pour le futur musée de Zabaïed
Je voulais vous présenter en exclusivité le projet que nous avons présenté pour le concours d'architecture lancé par notre président en vue d'édifier le "Centre International de la Calligraphie" à proximité de la Cité de la Culture sur l'avenue Mohamed V (voir ici).
En collaboration avec les ingénieurs et les scénographes de la Sebkha, nous avons étudié une solution qui puisse à la fois satisfaire la commande présidentielle tout en respectant les contraintes écologiques et environnementales.
L'édifice comprendra une grande salle d'exposition dans laquelle seront accrochés les rouleaux de manuscrits de la Constitution écrits de la main de notre président. Cet espace central en forme de voûte permettra aux tunisiens et aux touristes (non subsahariens) d'apprécier la grande maitrise de cet art ancestral. Seront également exposés toutes les plumes et les encriers utilisés par Saïed. Des ateliers permettront aux enfants de s'approprier ces techniques et d'apprendre à la manière de notre président, la préparation de l'encre sacrée. Un auditorium en sous-sol (jouxtant le café) est prévu pour accueillir des conférences internationales sur la calligraphie saïedienne.
Une autre salle voûtée, attenante à la première, sera consacrée aux manuscrits du saint Coran, écrits également par notre président. Ceci est d'ailleurs une information exclusive que je vous livre ici. Notre président, travaille jour et nuit depuis le 25 Juillet 2021 sur l'écriture du texte sacré. Entre un démantèlement de complot, et une descente surprise dans un entrepôt, Kaïs Saïed trouve le temps de réaliser l'œuvre de sa vie afin de léguer à l'humanité son Coran. Mieux que Saddam Hussein qui pour ses soixante ans avait commandité un Coran écrit de son propre sang (voir ici), notre président utilisera un matériau naturel recyclable dont il m'est interdit ici de dévoiler la composition.
En espérant que la proposition de la Sebkha soit retenue, mon équipe et moi vous remercions de l'attention accordée à notre projet !
La Chléka qui pue
Nous pensions naïvement que la révolution l'avait neutralisée pour toujours, mais le président Kaïs Saïed a réussi à la remettre en marche: la machine infernale de la dictature. Nous étions pourtant témoins depuis plus d'une année de sa mise en route progressive et nous observions incrédules l'accélération de sa cadence. Puis le moteur est passé subitement en mode turbo générant d'horribles fumées telles qu'on n'en a jamais connues, même sous le régime de Zaba.
Le premier viol
Tout a commencé par une vague d'arrestations où les suspects étaient déjà accusés de complot contre l'État. Zabaïed lui-même devant les caméras, énonçait le verdict, et menaçait les juges qui oseraient les innocenter. Un flagrant délit de viol de la Justice qui ne laisse plus le moindre doute quant à la nature dictatoriale du régime. Nous découvrions dans la suite, que les dossiers des suspects étaient bidons et qu'il s'agissait ni plus ni moins que d'une vulgaire mise en scène destinée à faire diversion sur le désastre économique dont le président et son gouvernement sont responsables. Car Zabaïed est un incompétent total qui est acculé à brasser du vent. Certes, il maitrise l'art du scénario complotiste. Pour ainsi donner une coloration romanesque à l'arrestation de ses opposants, il n'oubliera pas d'inclure le lobbyiste notoire Kamel Eltaief et de rajouter entre deux lignes du "rapport d'enquête" le nom du sulfureux Bernard Henri Levi. Des histoires à dormir debout que l'on raconte à des enfants. C'est ce peuple infantilisé, crétinisé, à qui s'adresse notre dictateur.
Le deuxième viol
Le deuxième flagrant délit de viol a eu lieu suite à son discours raciste de la semaine dernière. C'est le moment où la machine a commencé à émettre des odeurs nauséabondes. Zabaïed évoquant le complot du remplacement ethnique des tunisiens par les hordes de subsahariens. S'en est suivi un pogrom anti-noir tel que la Tunisie n'a jamais imaginé vivre de son histoire. Cette odeur nauséabonde rejetée par la machine rendra le pays irrespirable et nous met tous aujourd'hui face à une situation complètement inédite. C'est la première fois, qu'un pouvoir en place nous salisse avec lui, un peu comme Israël ou la Russie de Poutine souillent symboliquement leurs populations et ce malgré les minorités qui luttent contre leurs États.
Conclusion
Ainsi mes amis, nous n'avons plus d'autre choix que de faire la guerre contre Zabaïed et mobiliser tous les moyens pour arrêter et détruire cette scandaleuse machine infernale qui tourne à plein régime en ce moment. Le temps n'est plus à l'explication ni à la pédagogie, j'ai employé sciemment le terme de flagrant délit de viol pour arrêter toute discussion sur l'évaluation de la situation. Les faits sont devant nous, crus, bruts et pornographiques.
Tous ces gens qui contribuent de près ou de loin à cette monstruosité devront rendre des comptes. Je pense notamment à Nejla Bouden, parachutée premier ministre dont le sourire innocent n'est que le plus hideux visage du fascisme.
De mon côté je serai heureux de participer au plus grand complot graphique contre ces personnages, et je vous invite à participer avec moi à la haute trahison de la Chléka en partageant mes dessins sur les réseaux sociaux. Je veillerai à doubler la cadence de ma machine à caricaturer pour que s'en échappent les parfums des roses et de la liberté...formulation un peu neuneu, je sais, mais plus sincère que la logorrhée indigeste de la Chléka qui pue.
De la "décennie noire" à l'âge des ténèbres
Le 29 Septembre 2020, à la suite du meurtre et du viol d'une jeune femme, Zabaïed répondant aux cris de la foule, il exhume la peine capitale (voir ici). Le peuple assoiffé de vengeance applaudit. Avant même que le procès n'ait eu lieu, notre apprenti dictateur savourait déjà le goût des passions tristes et des bas instincts.
Un peu moins d'un an plus tard, le 25 Juillet 2021, il fait son coup d'Etat, et en profite pour démolir minutieusement tous les idéaux de la Révolution, sous les applaudissements de la foule. Zabaïed semble de plus en plus accro aux cris de la foule qui réclame la tête de tous les traitres de la dite décennie noire. Il s'exécute et exécute.
Zabaïed aime le sang. Lui aussi a soif. Bientôt il n'y aura plus suffisamment de têtes à couper. Quand il aura fini avec les traitres les comploteurs, les journalistes et les activistes, qui lui restera-t-il encore à décapiter ? Il se rappelle soudain qu'existent des subsahariens, assez nombreux pour abreuver quelque temps la foule assoiffée de sang.
Le 21 Février 2023 par un communiqué officiel, il chuchote à l'oreille de cette foule qu'un complot est hourdi pour coloniser la patrie par des hordes de subsahariens. Il donne ainsi le coup d'envoi à une chasse à l'homme noir que la Tunisie n'a jamais connue de son histoire.
Bref, de la prétendue "décennie noire" nous passons à l'âge des ténèbres…
La boîte de pandore
Chers amis,
Le peuple, moi, je ne l'ai jamais croisé. Je suis un snob, un francophone un vendu, tout ce que vous voulez. Mais moi ce peuple, s'il existe vraiment, je n'ai même pas envie de le croiser. Ni dans le bus jaune, ni dans le TGM, ni dans le louage. Ce peuple "qui veut", moi je n'en veux pas. Et si les démographes, statisticiens, les Sigma mon cul démontrent scientifiquement qu'il représente 80% de la population, qu'il est raciste, qu'il croit en la platitude de la terre, je n'y peux rien, je ne ferai jamais partie de ce peuple.
Ok, ok ! il est victime depuis des siècles des colonisations, des spoliations, d'humiliations exercées par les anciens colons et par la bourgeoise francophone, la fameuse "élite" à laquelle je suis certainement associé par le simple fait que j'use de la langue de Molière pour exprimer ces pensées matinales. Mon snobisme ne fait que témoigner de mon appartenance à la caste nantie des dominants.
Prenons du recul
On a vu ça dans l'Amérique de Trump, dans le Brésil de Bolsonaro. Si Sigma mon cul élargit son point de vue, elle chiffrerait à 80% la masse mondiale du peuple "qui veut". La Tunisie n'a peut-être pas le monopole de la connerie. Mais que doit-on faire au juste ?
Renoncer à notre humanité pour plaire à la majorité ? Doit-on s'évertuer à bricoler un raisonnement scientifique qui puisse nous situer absolument du côté du dit peuple ? Doit-on tout mettre sur le compte de l'ignorance et de la faillite de notre système éducatif ?
Je vois ici et là sur internet, des anciens camarades, activistes et universitaires, des gens plutôt de gauche, adopter une forme de complaisance envers ce dit peuple. Selon eux, la faute serait d'abord imputée à l'occident et ses chiens de gardes locaux. Le racisme du peuple serait donc causé par la sous-traitance de la politique migratoire subsaharienne de l'Europe. Ils n'ont pas tort.
Mais quand ce racisme s'exprime par les actes et qu'il est ouvertement adopté par les mots dans un communiqué officiel du président, leur pédagogie sonne faux. Un viol est commis au vu et au su de tous, et ces gens nous appellent à la retenue car il faudrait d'abord qu'on étudie la psychologie du violeur. Ou alors Saïed n'y est pour rien. Mais c'est le système voyons ? l'état profond disent-ils, car Zabaïed n'est qu'un robot, une marionnette ou un automate.
Je ne veux même pas évoquer ici les Ben Simpsons et tous ces gens qui ont soutenu Saied et qui nous expliquent aujourd'hui que le communiqué du président est à interpréter sous l'angle de la question de la migration clandestine. Ceux-là pour moi sont hors-jeu depuis bien longtemps.
Mais attention, en critiquant tous ces gens, je n'apporte aucune explication. Je ne suis pas mieux qu'eux.
Conclusion
Il y a un temps à la pédagogie et il y a un temps à l'action. Et nous y sommes.
Nos amis subsahariens en ce moment même où je vous écris, vivent la terreur : rafles, intimidations, menaces, c'est devenu leur lot quotidien depuis que cette m*de à Carthage a ouvert la boîte de Pandore. Non, j'enlève l'astérisque, et je nomme une merde, une merde. Un fasciste est un fasciste.
Et si nous sommes seulement 1% à aboyer, ce n'est pas à cause de la timidité de mes anciens camarades. Car les vrais muets dans cette histoire, sont nos artistes populaires, nos stars de la télé, notre "ministre du bonheur" (Ons Jabeur), tous ces gens qui caracolent à des millions de fans sur Insta. Il est où le Lotfi Abdelli martyr du régime (laissez-moi rigoler) ? Et ce n'est même pas parce qu'ils sont racistes, je n'y crois pas du tout. C'est juste qu'ils ne veulent pas se mettre à dos les 80% du peuple de Sigma mon cul *.
Et voilà que je dresse à mon tour une liste noire, que je m'érige en tribunal populaire. Voilà que je deviens antipathique. Je fais du Saied...C'est foutu.
* Tout cela ne vous rappelle pas une autre histoire ? remplacez le mot "raciste" par "allahiste" et vous verrez que mon texte marche tout aussi bien.
Le palier de trop...
Hier, 21 Février 2023, un seuil a été franchi :
Alors que depuis des mois on constatait une vague inquiétante de racisme anti-subsahariens émerger dans la toile et dans les médias, alimentée par un parti raciste qui semble avoir le vent en poupe en ce moment, la présidence a émis un communiqué (voir ici) allant dans le sens de cette vague en évoquant le complot d'un repeuplement de la Tunisie par une horde d'"africains" (théorie du grand remplacement).
En bref, "notre" président met de l'huile sur le feu, réveillant les bas instincts, dans un contexte social et économique explosif, propice à la logique du bouc-émissaire voire du nettoyage ethnique. Son communiqué est presque une autorisation implicite accordée à tous ces racistes enragés, pour en découdre avec les subsahariens.
Le fascisme le plus abjecte, était donc l'horizon inéluctable, la destination, le terminus idéologique, de celui qui dès le début, renvoyait des signaux inquiétants.
Je me dois par honnêteté envers mes lecteurs, de reconnaître que je n'ai pas été assez vigilant quand avait émergé ce monstre dans le paysage politique. Contre Karoui, politicien véreux, j'ai baissé la garde et je n'ai pas réussi à voir le danger qu'incarnait "l'outsider" Saied.
PS1 : le terme "outsider" ne convient plus, car ce monsieur est ce qu'il y a de plus "inside" l'inconscient tunisien (par extension l'inconscient humain ) à savoir : la xénophobie, le racisme et le désire d'exterminer tout ce qui ne nous ressemble pas.
PS2: Le temps n'est plus à l'indignation. Maintenant il faut à songer à un plan d'action, avant que ne soit entamé le cycle de la violence…
Le retour de l'abondance !
A la suite de la vague d'arrestations de la semaine dernière (voir ici), l'économie semble soudain rebondir en Tunisie. Comme ne cessait de le marteler notre cher président, les pénuries sont bel et bien provoquées par les traitres, les comploteurs et les vendus. Saïed l'a d'ailleurs fait constater le lendemain même du coup de filet, en se réjouissant dans une réunion au ministère de l'intérieur, du retour à la normale des circuits de distribution des denrées alimentaires…
Le peuple applaudit le président et salue sa fièvre éradicatrice de la corruption. Peu importe que la culpabilité des traitres soit prononcée avant jugement, peu importe les méthodes musclées qu'emploie la police, peu importe la torture et l'humiliation, peu importe qu'on ratisse large et que les mailles du filet coincent en plus des requins, les thons, les sardines et les dauphins. Allah reconnaîtra les siens. Et puis on s'en fout car de vengeance le peuple a faim. Il a tellement faim qu'il applaudit aveuglément.
Pour assouvir cette faim, terroristes, islamistes, syndicalistes et mafieux ne suffisent plus. Zabaïed, notre sainte Chléka, resserre encore plus les mailles et pèche des journalistes. C'est savoureux un journaliste ! Le patron de mosaïque FM, Nouredine Boutar est toujours en détention car il serait lui aussi mêlé au grand complot qui vise à affamer le peuple (voir ici). Sont visés les journalistes de l'émission phare "Midi Show" animée par Elyes Gharbi. Emission qui compte des chroniqueurs aux langues bien déliées, tels que Haythem Mekki, Zied Krichen et Jihane Silini.
Mais comme le peuple est insatiable, Zabaïed passera après les journalistes aux artistes, aux intellectuels, et tout ce qui exprime une pensée contraire à la doctrine de la Sainte Chléka. Car bientôt la moindre critique suffira à prouver son implication dans le complot diabolique contre le gentil peuple tunisien.
Et quand on sera débarrassé de tout ce beau monde, il ne restera au peuple qu'à manger le peuple jusqu'à ce que demeure seul Saïed debout répétant devant Boukornine : le peuple veut, le peuple veut…
Le grand cirque de Carthage
Hormis les architectes et les spécialistes, peu de gens ont entendu parler du concours international d'architecture organisé en vue de réhabiliter le musée archéologique de Carthage et tout le site de l'acropole de Byrsa (voir ici). Ce grand projet financé par l'Europe n'arrivera certainement pas à la cheville de l'actuel chantier de réhabilitation du grand cirque de Carthage, restauré et reconstruit par des compétences 100% tunisiennes, toutes sorties de l'université centrale de la Chléka.
Cet effort d'inventivité et d'imagination, nous le devons à notre empereur Kaiser premier, qui depuis sa victoire contre les barbares barbus et leurs mercenaires qui ont affamé le peuple, mène une politique qui s'inscrit dans le sillage de l'âge doré de la grande Carthage antique.
Du pain et des jeux*
Pour le pain, ça attendra. Je vous disais qu'après les 10 ans d'invasion barbue (appelée décennie noire) le pays souffre encore de pénuries voire de famine. Mais Kaiser Chléka Ier nourrit le peuple en spectacles grâce justement à son cirque. Chaque semaine il jette dans l'arène des ennemis du peuple. Le dernier show fut particulièrement savoureux grâce à un choix varié de gladiateurs combinant tout ce que honnit la foule : des barbus, des affairistes, des politiciens et des journalistes. Bref tous les traitres sont réunis pour le grand bonheur d'un public affamé (voir ici).
C'est vrai qu'il y a pénurie de lions, de jaguars et de panthères. Mais les chiens errants des ministères feront très bien l'affaire. Grâce à ce système judicieux (et judiciaire), Kaiser pourra nourrir le peuple aussi longtemps qu'il y aura de traitres et de vendus. Mais demeure lancinante cette question subsidiaire, que fera Chléka Ier quand il y aura pénurie de traitres et de vendus ?
Ne vous inquiétez pas pour lui chers amis, Kaiser a plus d'un tour dans sa ventouse...
* L'expression est du poète satirique latin Juvénal, qui lui donne un sens péjoratif. Elle dénonce le fait que ses compatriotes ne se préoccupent plus que de leur estomac et de leurs loisirs, du fait de la distribution de pain et l'organisation de jeux du cirque par les empereurs dans le but de s'attirer la bienveillance du peuple (voir wikipedia)
Chokri Belaïd, doublement assassiné...
10 ans déjà depuis cet horrible assassinat de Chokri Belaïd. 10 ans et l'on sait presque rien de ce qui s'est vraiment passé. A l'époque, sous le coup de l'émotion, l'opinion dans sa grande majorité avait accusé Ennahdha d'avoir commandité le meurtre, ou du moins, d'avoir laissé faire. Certes, quelques jours avant qu'il ne se fasse tuer, Chokri Belaïd a été la cible de virulentes critiques et de menaces émises par l'aile dure d'Ennahdha. Rappelez-vous combien le débat était violent en cette époque où les islamistes avaient pris les rênes du pays. Quelques mois plus tard, le 25 Juillet 2013, c'était au tour de Mohamed Brahmi, député de Sidi Bouzid, de se faire buter.
Tout ça ne sentait pas bon, surtout qu'on ne pouvait même pas se fier à une Justice sous la tutelle des islamistes. Et d'ailleurs, on voyait bien que ces derniers mettaient des bâtons dans les roues de l'enquête. Si bien que pour une partie de l'opinion, celle qui était déjà hostile aux islamistes (la gauche, les mauves et les Ben Simspons), il a été acté que Ghannouchi était le commanditaire des deux assassinats.
Même si ces crimes ont été revendiqués par Daech en décembre 2014 (par le djihadiste franco-tunisien du nom de Boubaker El Hakim), il était évident qu'une enquête indépendante devait lever le voile sur cette affaire. C'est pour répondre à ce devoir de vérité et de justice qu'a été constitué le "comité de défense des deux martyrs".
Comité de défense des deux martyrs
Ce comité a été salué et applaudi par toutes les personnes sincères, désireuses de connaître la vérité. Cependant, cette association composée d'avocats et d'anciens camarades de Belaïd, a géré de manière très singulière cette délicate affaire. Car ce groupe d'individus semblait depuis le début plus mu par sa lutte contre les islamistes, que par sa lutte pour la Vérité. Ses membres, dans les réseaux sociaux, ne se cachaient pas de décréter que Ghannouchi était le coupable, et que leur mission était de le démontrer. Bien curieuse méthodologie que de commencer une enquête par sa conclusion.
Mais à l'époque, il était mal venu de les critiquer même si l'on constatait leur amateurisme, leur parti pris évident puis leur recherche de sensationnalisme à chacune de leur conférence de presse. Mais on se consolait comme on pouvait car ce comité demeurait notre seule bouée de sauvetage dans un océan de corruption islamiste. Il faut dire aussi, que pour les révolutionnaires "naïfs" de mon espèce (je sais le reconnaître), la présence entre autres d'Abdenaceur Aouini, était pour moi un gage de crédibilité.
Les années passaient. Quelques fois le comité nous faisait miroiter des révélations fracassantes qui faisaient pschitt aussitôt dévoilées. Le public commençait à se lasser au point que plus personne ne s'intéressait à leurs prises de parole.
Et puis vint à leur secours...ZABaïed
Après le coup d'Etat du 25 Juillet 2021, le président Saïed a réussi l'exploit de chasser les islamistes du pouvoir. Mais la Justice semblait encore résister à sa nouvelle dictature. C'est dans ce contexte que Zabaïed dissout le CSM (Conseil Supérieur de la Magistrature) appuyé par le comité de soutien des deux martyrs, allant jusqu'à faire un sit-in près du domicile de Ghannouchi (voir ici) . Le comité n'a cessé depuis d'exprimer sa joie de voir enfin désislamisée la Justice...et ce au détriment de la Justice.
Depuis, il semble que la vérité sur les assassinats n'est plus une priorité ni pour Zabaïed, et encore moins pour le comité de défense des martyrs dont certains membres (Abdenaceur Aouini par exemple) soutiennent ouvertement le dictateur...
Voilà donc comment, Chokri Belaïd a été assassiné deux fois. La première fois par des inconnus, la seconde par ses camarades...
Voilà comment dix ans après cette tragédie, la vérité sur ce crime reste l'otage de minables calculs entre islamistes inquiets, gauche revancharde, et un dictateur populiste profitant de la guerre entre les deux clans pour détruire tout espoir d'assoir un Etat de Droit, tel que rêvé par Chokri Belaïd, que Boukornine et la sainte Sebkha bénissent son âme...
Pénurie d'électeurs
Sous Zaba (alias Ben Ali), la désaffection des élections était massive. La seule inconnue à l'époque fut le résultat qu'allait décider le ministère de l'intérieur. On ne savait pas si l'Etat allait afficher 90% de vote pro Ben Ali, ou descendre la barre symbolique des 80% (voir ici).
Sous Zabaïed (alias Kaïs Saïed), la désaffection est totale comme l'a attestée le taux de participation du premier tour des élections législatives du 17 Décembre (voir ici), et comme semble le confirmer l'abstention du second tour qui a lieu aujourd'hui, 29 Janvier 2023.
La seule inconnue sera le résultat qu'affichera le ministère de l'intérieur, pardon l'ISIE. On ne sait pas si ces derniers opteront pour plus de 10% de taux de participation, ou descendront la barre symbolique des 8%.
Mais attention chers amis !
Cette reconnaissance officielle du fiasco électoral, n'est pas un gage de démocratie ou de transparence, comme aimeraient nous le faire croire les naïfs et les crédules. Pas du tout : la reconnaissance de la désaffection générale des législatives, est un argument utile à la propagande pour justifier la neutralisation du parlement et la hyperprésidentialisation du régime. "Car, voyez-vous, les tunisiens sont devenus allergiques à l'idée même de la démocratie et souhaitent un homme fort qui parle en leur nom", bref un dictateur. Cet argument, n'est pas seulement relayé par les chlékistes ventousistes les plus zélés, on l'entend même chez certains Ben Simpsons prêts à tout pour ne plus jamais voir émerger un poil islamiste d'une urne.
Ca va mal pour la Tunisie
Cette mascarade électorale qui ne motive donc personne, et qui fera siéger au parlement des élus fantômes, se déroule dans un contexte général de pénurie, d'inflation et d'une interminable crise économique sans précédent. Pire encore, la Tunisie sous la gouvernance de Zabaïed n'inspire plus confiance à l'international. Les agences de notation (ces charognards du capitalisme), déclassent la Tunisie au rang de cancre mondial, soit la note de Caa2 (voir ici).
Bref, tout cela n'annonce rien de bon...
Deuxième attentat contre le musée du Bardo
Depuis le coup d'Etat de Zabaïed du 25 Juillet 2021, le musée du Bardo est resté portes fermées. C'est simplement parce que le musée partage la même enceinte que le parlement, que les forces armées ont décidé de boucler tout le secteur (logique du flic de base), car voyez-vous chers amis, notre pays demeure sous la botte de la police...et sous la Chléka d'un dictateur.
Une année et demi de fermeture
Le musée du Bardo est l'un des plus importants musées de la méditerranée. Sa collection de mosaïque est un trésor extraordinaire qui attire des visiteurs du monde entier. Il a été agrandi en 2012 pour accueillir encore plus de monde. Il fut un passage obligé pour tous les journalistes internationaux venus couvrir la révolution leur rappelant combien notre "petit" pays par son actualité du moment (la révolution) était ancré dans une Histoire universelle millénaire. C'était aussi à proximité de ce musée que les journalistes et les visiteurs internationaux, pouvaient suivre les balbutiements de la première démocratie arabe.
Le 18 Mars 2015, le musée fut le théâtre d'un sanglant attentat (voir ici) qui a coûté la vie à plus d'une vingtaine de personnes (dont 21 touristes). Cette terrible attaque revendiquée par Daech, n'avait pas empêché le musée de rouvrir ses portes. Le parlement a aussi repris ses travaux et la jeune et boiteuse démocratie tunisienne a su continuer son petit bonhomme de chemin.
Ce site singulier, qui allie à la fois le temps long de l'Histoire (musée) au temps court de l'écriture de l'Histoire (parlement), a subi de fait un deuxième attentat le 25 Juillet 2021. Même s'il n'a compté aucun mort, le coup d'état de Zabaïed a porté un coup fatal au temps court et au temps long de l'Histoire, plongeant ainsi la Tunisie dans un nouveau tunnel sans fin...
Saluons à cet effet, la mobilisation sur les réseaux sociaux pour la réouverture du musée (voir ici). Ayons honte pour ceux qui ont soutenu et qui soutiennent par leur silence cette dictature obscurantiste de Kaïs Saïed...