La Révolution globale
Ben Laden avait raison sur le fond, mais tort sur la forme. Raison car il avait fait le bon diagnostic : lui qui voulait faire tomber la monarchie saoudienne, il a compris qu'il valait mieux s'attaquer directement au cœur du système : Les Etats Unis d'Amérique. Entendons-nous bien, je ne fais pas ici l'apologie du terrorisme, encore moins l'apologie du djihadisme islamique. Je constate simplement que Ben Laden résume par son spectaculaire 11 Septembre le rêve secret de tout révolutionnaire de voir l'empire visé dans son cœur. Mais il a eu tort sur la forme, car l'usage du terrorisme islamiste, est très peu fédérateur pour la plupart des révolutionnaires. En outre, l'Amérique a pu retourner la situation à son avantage faisant de la lutte contre le terrorisme une bannière fédératrice qui a redonné à l'oncle Sam une raison supplémentaire de poursuivre ses desseins impérialistes (invasion de l'Irak, de l'Afghanistan…) à tel point que les profits tirés du 11 Septembre ont nourri l'idée d'un complot ourdi par les services secrets américains.
C'est tout cela qui résume l'échec de Ben Laden, car non seulement il a participé a renforcer ce contre quoi il luttait, mais en plus, et c'est le comble pour un artiste, il a réussi a nous faire douter de la paternité de sa spectaculaire performance. Le plus drôle dans cette histoire, c'est que ce sont les arabes qui doutent le plus de son statut d'auteur. Tout Ben Simpson qui se respecte vous jurera que le 11 Septembre 2001 est l'œuvre de la CIA...
Israël, gros orteil de l'empire
Le même diagnostic de Ben Laden sur l'Arabie Saoudite vaut pour Israël : Pour faire tomber l'État sioniste, c'est l'Amérique qu'il faudra cibler. Mais la tâche est plus ardue en l'occurrence. Car si ces deux États permettent à l'oncle Sam d'avoir un pied au proche orient, Israël semble carrément faire corps avec l'Amérique et l'occident en général. Israël est le pied lui-même (ou alors le gros orteil). Et la Palestine est cette épine du pied qui risque de faire vaciller l'ensemble de l'édifice.
Alors bien sûr ! on emploi la même stratégie : on retourne la situation à son avantage en amalgamant le Hamas (et la Palestine par extension) au terrorisme islamiste et on justifie ainsi la poursuite du projet colonial. Le 7 Octobre (date de l'attaque du Hamas) plus que le 11 Septembre révèle de manière plus flagrante cette stratégie qui consiste à user de la lutte contre le terrorisme pour accélérer la réalisation d'un plan déjà établi à savoir: colonisation de toute la Palestine et officialisation de l'encrage définitif de l'empire au proche orient. C'est ce qu'on observe depuis le début de l'opération : évacuation de Gaza et renforcement des colonies de Cisjordanie selon le projet initial de 1948.
Sauf que l'échelle de la riposte ne fédère plus l'opinion mondiale. La propagande occidentale a beau insister sur les présumés horreurs du 7 Octobre, la réponse d'Israël avec son lourd bilan de plus de 25 000 morts, 50 000 blessés et deux millions de déplacés ne convint personne, hormis les fascistes israéliens et l'élite affairiste et médiatique occidentale.
L'Afrique du sud, le pays qui a lutté contre l'apartheid (tout un symbole !) accuse Israël de Génocide devant la Cour Internationale de Justice (CJI). Le procès boudé par les médias occidentaux mais suivi par tous les révoltés du système, est une énorme victoire symbolique. Mais nous sommes encore très loin du compte.
La Révolution ?
Je fais partie de ceux qui pensent que la prise de conscience à l'échelle mondiale de ce qu'EST Israël, aidera à éclairer sur la réalité du système capitaliste occidental dans son ensemble. Cette prise de conscience permettra d'enlever définitivement à l'occident son monopole sur les Droits de l'Homme et les libertés individuelles. L'Universel dont prétendent être dépositaires les vainqueurs de la seconde guerre mondiale n'a jamais été aussi malmené depuis. La cause palestinienne symbolise la pierre d'achoppement contre laquelle bute tout le système. En disant cela, il n'est surtout pas question de trouver refuge auprès des chinois ou des russes. Ils ne sont pas mieux, ils sont pires. Il n'est d'ailleurs jamais question de refuge.
L'Universel auquel on doit prétendre n'a pas besoin de refuge, de cadre, de nation ou d'empire. Mais je n'ai rien à proposer car je me rends compte que je suis moi-même prisonnier d'un système économique capitaliste, que mes outils de communication sont tenus par des sionistes assumés, que je m'exprime par la langue de l'ancien empire colonial, et que si je souhaite financer mes projets artistiques je suis obligé de faire appel à des fonds occidentaux ou aller chez Ben Laden au Red Sea Festival !
Je ne parle même plus de la Tunisie devenue depuis Saïed une colonie de Chlékas. Peut-être dois-je songer à déménager en Afrique du Sud ou au Yémen. Il parait qu'existent de belles Sebkhas…