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DEBATunisie

12 mai 2024

Zabaïed passe à la vitesse supérieure

 

La célèbre journaliste et avocate Sonia Dahmani vient à son tour de subir les foudres de la dictature. Suite à son intervention radiophonique où elle ironisait sur le prétendu "complot criminel de subsahariens visant à changer la composition ethnique de la Tunisie" (discours de Zabaïed), des policiers cagoulés l'ont sortie de force de la maison des avocats où elle a pris refuge. Une scène catastrophique filmée en direct par France 24 qui était dans les locaux (voir ici).  

 

Dans le rapport du procureur, il est reproché à Sonia Dahmani d'avoir déclaré ironiquement "que pour attirer tant de migrants, la Tunisie devait être un pays tellement formidable". On lui reproche également d'avoir mis en doute la théorie du grand remplacement prônée par le président.

 

Mais au moment où je terminais le dessin ci-dessous, j'ai appris que ses deux confères de la même émission, les journalistes Borhane Bsais et Mourad Zeghidi, ont été conduits à la caserne d'El Gorjani où ils sont interrogés (voir ici).

 

Il est à rappeler que cette répression (n'oublions pas la condamnation à 6 mois ferme contre le journaliste Boughalleb) est le fruit pourri du décret loi 54 cuisiné par Kaïs Saïed en Septembre 2022. Cette loi présentée comme une prétendue mesure contre les fakenews a été signalée dès sa promulgation comme une loi visant à étouffer la liberté d'expression (voir ici). Zabaïed en a fait l'instrument de sa dictature et ses partisans, les chlékistes, en ont fait un instrument de délation. Si bien que la Tunisie s'est transformée depuis le coup d'Etat de 2021, en une véritable dictature fasciste encore plus laide que celle de Ben Ali.

 

"L'image de la Tunisie"

 

Ces fameux partisans qui sont légion, sont devenus un véritable cancer qui métastase dans tous les tissus de la société. Alors que le pays est aux abois, que la pauvreté pousse les jeunes à l'exil, que les rues sont sales et que l'Etat assume aux yeux du monde une politique ouvertement raciste, ces chlékistes redoublent de patriotisme, adulent leur Sainte Chléka, soutiennent la déportation des subsahariens et lancent des campagnes contre tous ceux qui attentent à l'image de leur Tunisie chérie...

 

 

Très peu sont les tunisiens véritablement indignés par l'arrestation de Sonia Dahmani. Je ne veux même plus évoquer le plaisir sadique de certains à savourer l'incarcération des opposants politiques (sur des accusations bidons). Un climat répugnant instauré par Kaïs Saïed qui semble avoir les coudées franches depuis que l'occident a perdu toute légitimé à donner des leçons de Droits de l'Homme en raison de son soutien au génocide de Gaza. 

 

Culte du drapeau

 

Le patriotisme des chlékeux et des chlékeuses semble paradoxalement se renforcer au moment où le pays n'offre plus aucun horizon. Ce patriotisme donne lieu à un culte du drapeau dont Saïed s'en est fait le grand prêtre. On a assisté à une scène surréaliste où la Sainte Chléka (c'est le cas de le dire) s'est mise à pleurer devant les caméras à cause d'une offense faite au drapeau national (voir ici). Tel un croyant meurtri par une atteinte au sacré, Zabaïed après avoir essuyé ses larmes, est entré dans une hystérie qui relève vraiment de la psychiatrie...

Que faire alors ?

 

Résumons la situation. Nous vivons dans une nouvelle forme de dictature. C'est une dictature de "bandits de 7ouem" portant des chlékas, qui au nom d'un patriotisme de pacotille peuvent débarquer chez vous à tout moment. Ils vouent un culte à un imposteur, un médiocre prof de droit revanchard, qui use de ses frustrations personnelles et celles de la foule pour régler ses comptes avec ses adversaires politiques et les derniers journalistes libres.

C'est fini ! le silence n'est plus permis. Il en va de notre honneur à tous de commencer à réfléchir à des stratégies de résistance. Chacun selon ses moyens.

Les défenseurs du régime même dans votre famille, ceux qui vous sortent à chaque fois l'argument des islamistes pour justifier l'injustifiable, ne les tolérez plus ! Ne vous laissez plus duper par leur excuse à user de leur liberté d'expression. Trop facile ! Rappelez vous que dans le contexte d'une dictature, les défenseurs du régime n'exercent aucune liberté d'expression. Ils SONT la propagande. On ne débat pas avec eux, on les combat.
Les défenseurs du régime même dans votre famille FONT partie du problème. Ils sont le visage ordinaire de la dictature. Votre oncle, votre cousin ou votre ami d'enfance qui trouve que Saïed fait de son mieux et qu'il est patriote, dites-vous que votre résistance effective commencera quand vous lutterez FRONTALEMENT contre ces gens-là ! 


Je ne vous dirai pas comment mener cette lutte. Chacun doit pouvoir savoir dans son for intérieur  quelle arme utiliser : le  verbe, le dessin, la chanson, ou le coup de poing… chacun son truc.

10 mai 2024

Kaïs Saïed, qu'est-ce donc cette chose ?

 

Après le 7 Octobre, s'est révélé aux yeux du monde le fascisme évident du système régissant la planète. Alors que les preuves d'un génocide sont attestées depuis des mois, ce système n'a que faire de la morale et du bon sens, il poursuit son soutien aveugle au régime génocidaire de Netanyahou.

 

Ce système en réalité n'est que le fait d'une bourgeoisie capitaliste mondialisée qui des Etat Unis à l'Arabie Saoudite, partage des intérêts communs avec l'Etat sioniste. La Palestine depuis 75 ans est à elle seule une graine de sable qui menace d'enrayer tout ce système. Les attentats du Hamas du 7 Octobre devaient offrir à cette bourgeoisie l'opportunité historique d'en finir une bonne fois pour toute. Alors ils ont mis le paquet :  appui logistique à la guerre d'extermination d'un côté, et propagande médiatique pro-israélienne de l'autre. On lésine sur rien, on achève le travail jusqu'au dernier palestinien.

 

Malgré l'ampleur de la solidarité des peuples en faveur des palestiniens, cette bourgeoisie persiste et signe sans craindre le scandale. Son bulldozer écrase tout sur son passage dans le mépris le plus total des résolutions de l'ONU, de la Cour Internationale de Justice, des protestations des étudiants, des alertes des ONG et des journalistes ou des indignations d'artistes et intellectuels du monde entier. La France est devenue le théâtre le plus éloquent (et ridicule) du cynisme de cette bourgeoisie qui use de la censure, du chantage à l'antisémitisme et de l'oppression policière pour imposer son narratif.

 

"Occident" versus "sud global" ?

 

Cette introduction est un rectificatif concernant la dénomination "occident" que j'employais par paresse, pour désigner cette bourgeoisie capitaliste. Il est urgent de rappeler qu'à l'intérieur des pays occidentaux, une minorité très active se mobilise pour dénoncer cette situation. On ne compte plus les manifestations, les sit-in, les prises de position courageuses des partis dits "d'extrême" gauche (ne sont extrêmes que parce que la gauche traditionnelle s'est faite absorbée par la dite bourgeoisie).

 

Au-delà de l'empathie ressentie à l'égard des palestiniens, il est très intéressant de rappeler que cette minorité agissante s'est saisie de la Palestine comme extension d'une lutte plus ancienne menée contre la classe dominante. La convergence d'intérêts de toutes les bourgeoisies mondialisées n'a jamais été aussi éloquente que depuis le 7 Octobre. Les nuages se sont dissipés laissant entrevoir une seule et unique main derrière la casse sociale en Europe et le génocide de Gaza. 

 

De la même manière, ce que l'on désigne par le "sud global", n'est pas l'allié naturel de la Palestine. Ce n'est plus un scoop que de rappeler la compromission des monarchies du Golfe, du maréchal Sissi, ou du roi de Jordanie. Ces pouvoirs sont des rouages du système capitaliste. Ils sont d'ailleurs grassement récompensés pour leur contribution.

 

Et la Tunisie dans tout ça...

 

L'occasion de revenir sur le cas de Kaïs Saïed, président de la désormais insignifiante Tunisie. Cet imposteur qui s'est fait élire en 2019 pour sa prétendue incarnation de la volonté populaire et de son soutien de la cause Palestinienne, continue à "capitaliser" sur ce narratif et à en récolter un large soutien. Alors que le pays est devenu une véritable dictature et que l'économie continue à sombrer, Saïed jouit encore de l'image de l'homme du peuple au service de la veuve et de l'orphelin. 

 

Et pourtant Saïed est devenu le chouchou de l'extrême droite européenne (islamophobe et alliée d'Israël soit dit en passant). Cet homme austère qui affiche une morgue hautaine quand il s'adresse à son peuple change de physionomie et montre son plus beau sourire quand il accueille Meloni ou Von Der Leyen. Et pour cause, Kaïs Saïed négocie une aide européenne en contrepartie d'une politique (raciste) qui consiste à dissuader (par l'humiliation) les migrants de gagner l'Europe par la Tunisie. Cette politique a été inaugurée par son discours du 21 Février 2023 dans lequel il avait évoqué "les hordes de subsahariens complices d'un complot visant à modifier l'identité arabo-musulmane de la Tunisie" (une version tunisienne de la théorie du grand remplacement chère aux fachos français). Ce discours a produit son effet, puisque la population s'est elle même chargée de chasser les migrants avec le soutien de la police qui les a déportés vers le désert. Saïed a créé un climat de terreur faisant de tout individu de couleur une cible. Zabaïed a réveillé un monstre et continue à l'agiter depuis.

 

Après la énième et toute récente visite de Meloni (relation de cause à effet ?) Zabaïed en rajoute une couche en ce mois de Mai, en criminalisant cette fois les ONG et associations d'aide aux migrants ( voir ici ). S'en suit un déchainement de haine raciste sur le terrain et sur les réseaux sociaux. Sur Facebook, des tunisiens affichant des drapeaux de la Palestine crachent ainsi leur haine des subsahariens qu'ils accusent de "coloniser" la Tunisie.

 

Je n'ai plus de mots pour qualifier l'ignominie de ce sinistre personnage et des milliers de "Tahanas" qui soutiennent cette monstruosité puante installée à Carthage.

 

Kaïs Saïed, qu'est-ce donc cette chose ?

 

Zabaïed n'est pas un agent de cette "bourgeoisie capitaliste mondialisée", mais il est devenu de fait un allié indirect de tout ce qui participe à diviser les peuples du sud au profit du grand capital. Saïed nous rend TOUS complices de l'extrême droite européenne, et anéantit toute possibilité de fraternisation avec nos voisins Africains.

 

Dans cette histoire Zabaïed n'a que faire du Peuple, de la Palestine ou de la veuve et de l'orphelin. Il n'est qu'un rouage profitant de l'ignorance des uns (les tunisiens) et des malheurs des autres (les subsahariens) pour se mettre au service des intérêts des fascistes occidentaux, et ce, dans le SEUL but de se préserver au Pouvoir.

 

Mais pour qu'un homme dans son for intérieur puisse trouver une justification à cette diablerie, il faut bien qu'il soit véritablement de la même engeance que cette bourgeoisie génocidaire. Il faut bien qu'il puisse partager cette vision d'une humanité hiérarchisée en races étanches les unes aux autres. Son discours sur les hordes de subsahariens procède d'une conviction intime selon laquelle existerait une barrière entre les humains et que tout mélange menacerait un équilibre naturel. Il n'y a aucune différence de nature entre Saïed, Meloni, Le Pen, Netanyahou ou même Hitler. Juste une différence de degré. Ils partagent tous une idéologie qui nie le caractère universel de l'humanité. Cette idéologie déshumanise l'altérité et à partir de là, ouvre toutes les portes de l'enfer : cela peut aller du discours du 21 Février, à la solution finale en passant par le génocide de Gaza.

 

 

6 avril 2024

Bourguibaïed

Le président de la République s’est rendu ce samedi 6 avril 2024, au mausolée de Bourguiba à Monastir, pour commémorer le 24e anniversaire du décès du Za3im (voir ici). A cette occasion il a prononcé un discours devant un parterre de journalistes et a salué des notables locaux dont la fille adoptive de Bourguiba.

bourguiba

Rappelons qu'une telle visite s'inscrit dans un contexte politique sinistré dans lequel Saïed mène une chasse aux sorcières contre les journalistes et les opposants. Notons que parmi les opposants incarcérés, l'autoproclamée héritière du Bourguibisme Abir Moussi, croupit encore en prison. 

 

C'est donc au Bourguiba dictateur que semble rendre hommage Saïed. Et quelle meilleure illustration de l'héritage despotique que cette minable demande de Hajer Bourguiba (la fille adoptive) de décréter une loi contre ceux qui s'attaquent à son père. Une véritable insulte à Bourguiba que de faire cette demande à un Saïed égocentrique qui n'avait rien à faire de Bourguiba. La cérémonie ne fut pour lui qu'une tribune de plus pour régler ses comptes contre les sempiternels comploteurs et traitres de la nation.

 

Zabaïed dans le Jacuzzi


Zabaïed est allé encore plus loin en s'autoproclamant seul autorisé à décider qui des candidats avait la "légitimité patriotique" de se présenter aux présidentielles. N'avait échappé à personne cette menace adressée contre ceux qui "se jettent dans les bras de l'étranger". S'il n'est pas exclu que certains candidats (ce qu'il en reste) soient téléguidés par des intérêts étrangers, nous attendons depuis très longtemps qu'il nomme enfin ces fameux traitres. Mais comme souvent avec Zabaïed, ses litanies semblent révéler les démons qui le travaillent de l'intérieur. Zabaïed est lui-même rongé par une terrible mauvaise conscience. Car il n'y a pas plus traitre que celui qui a trahi la Constitution qu'il a juré de respecter sur le Coran. Il n'y a pas plus vendu à l'étranger que celui qui insulte l'occident en interne et qui pratique le lèche-chléka en externe, allant jusqu'à nier la colonisation pour faire plaisir à Macron. Il n'y a pas plus vendu à l'étranger que celui qui collabore avec les fascistes européens pour jouer au garde-frontière et persévérer dans sa politique raciste contre les subsahariens…        

Jucuzzi

 

Zabaïed, prophète de la Chléka

 

Le drame de notre histoire, c'est que nous allons devoir subir encore des années un dictateur qui se croit au dessus de la mêlée, et qui veut s'extraire du temps court du politique pour s'inscrire dans le temps historique. Pour Saïed, Bourguiba n'est qu'un petit joueur. Si la taille de la Chléka était l'étalon de la grandeur, il est probable que même Hannibal ne lui arriverait pas à la cheville.

 

Et ce qui rend possible cette situation absurde, c'est l'énorme réservoir de "tahannas", de lèches-chlékas et de vendus opportunistes qui orbitent autour du Pouvoir. A croire qu'il s'agit d'une spécificité bien tunisienne. N'importe quel idiot du village au milieu de cette engeance finirait par se prendre pour un prophète. Et c'est exactement ce que nous vivons en ce moment sur la terre de Boukornine...    

4 avril 2024

Le MacGyver tunisien

Les Tunisiens mesurent mal la chance qu'ils ont d'avoir un Ben MacGyver à la tête du pays. Ce génie n'utilise que son intelligence, sa malice et sa ventouse pour venir à bout des complots qui pullulent partout dans le bled. Depuis son coup de Chléka du 25 Juillet 2021, Zabaïed multiplie les visites surprises dans les entrepôts, les usines, les grands chantiers, les locaux techniques de l'aéroport ou de la SNCFT. Il pose son diagnostic puis fait tout péter. Ses fonctionnaires et ses ministres (qu'il a lui-même nommés) sont humiliés en direct et dynamités pour leur incompétence ou leur complicité avec le crime organisé (voir ici).  

 

Ben MacGyver a aussi fait exploser toute l'opposition et bâillonner les journalistes pour poursuivre tout seul le méticuleux travail de mise en pièce de la Tunisie et ce, conformément au mode d'emploi qu'il a lui même rédigé...

 

A quoi donc servent encore les ministres, les secrétaires d'Etats, les hauts fonctionnaires, les ingénieurs et les architectes si Allah a concentré toute l'intelligence tunisienne dans la tête d'un seul homme ?  

25 mars 2024

Les grandes réalisations de Kaïs Saïed

Depuis le coup d'Etat du 25 Juillet 2021, le président Kaïs Saïed compte plusieurs réalisations. Ayant compris qu'il était plus facile de détruire que de construire, il a entamé de grands chantiers de démolition. Tous les maigres acquis de la Révolution ont été minutieusement détricotés, parlement, justice et constitution. Il a anéanti toute l'opposition, et détruit l'économie.  

 

S'inscrivant dans cette politique de la table rase, le mardi 19 mars 2024, suite à une promenade au centre ville de Tunis, il s'est attaqué aux barrières sécuritaires entourant le siège du ministère de l'intérieur (voir ici).

 

 

Reconnaissons qu'en ce qui concerne cette énormissime réalisation, tout le monde était content, moi le premier. 

 

Liberté d'expression

 

Il est important de relever que le président n'est pas qu'un destructeur de barrières. Il en élève de nouvelles contre les citoyens qui s'expriment sur internet, et surtout contre les journalistes. C'est le cas de Mohamed Boughalleb, fameux chroniqueur connu pour ses coups de gueules et son franc parler. Il s'est retrouvé derrière les barreaux ce vendredi 22 Mars 2024 suite à une plainte déposée par une fonctionnaire du ministère des affaires religieuses l'accusant de diffamation.


Cette plainte parmi tant d'autres, visant des journalistes, s'inscrit dans le grand projet national de démolition de la liberté d'expression. 

 

 

Notons que la politique chlékatologique de Zabaïed, trouve encore de nombreux soutiens parmi les chlékeux et les chlékeuses, qui se réjouissent de ce "nettoyage". Les journalistes insoumis autant que les opposants, étant par définition des parasites œuvrant pour le compte de lobbies, doivent selon cette logique, être neutralisés. 

 

Conclusion

 

Les historiens qui se pencheront sur cette page sombre de l'histoire du pays, noteront le phénomène de la "Chméta" (le fait de se réjouir du malheur d'autrui) comme une matrice essentielle du Saïedisme. Le chlékisme étant l'expression d'un chmétisme primaire. Ce chmétisme (mixe de passions tristes et d'ignorance) est en train de générer un véritable climat de guerre civile...      

 

Aux esprits libres, notez dans un carnet secret, le nom de tous ces chlékeux et ces chlékeuses qui entretiennent ce climat. Lorsque tombera la Sainte Chléka, faisons-leur leur fête tout en nous gardant de ne jamais tomber dans la Chméta.

 

Sur ces conseils sebkhiques, je vous souhaite malgré tout un bon début de semaine ! 

17 mars 2024

Chlékpoutine

La Tunisie jouit d'un grand prestige aux yeux des grandes démocraties, surtout depuis que son président a foutu tous les opposants en prison. En vertu de cette expérience, la Russie de Poutine, autre exemple en matière de démocratie (réputée pour ses poisons anti-opposants), a convié Farouk Bouaskar, patron de l'ISIE, pour une mission d'observation des élections présidentielles russes qui se tiennent en ce moment (du 15 au 17 Mars).

En marge de cette mission, Bouaskar a signé en présence de son homologue russe, un mémorandum en matière de coopération (voir ici) afin que les deux grandes démocraties échangent leurs savoirs et leurs expériences respectives ( complot, poison, Goulag, Mornaguia, Décret 54...).

12 mars 2024

Caïssfou

En soutien à la cause palestinienne, les Tunisiens boycottent les marques et produits soutenant directement ou indirectement Israël. Parmi les enseignes visées par ces appels au boycott, Carrefour, figure parmi les premières cibles. Problème : La solidarité envers la Palestine résistera-t-elle à la tendance à la surconsommation propre au mois de Ramadan ?

Heureusement que notre président, le très futé de Carthage, a trouvé la solution ! 

 

 

10 mars 2024

Ramadan : conversions de masse !

Joyeux Ramadan !

5 mars 2024

Indignation exclusive

Toute la Tunisie semblait mobilisée ce dimanche 3 Mars pour regarder le magazine "enquête exclusive" sur la chaîne privée française M6. Le titre annoncé de l'épisode : «Tunisie : entre misère et dictature, le grand retour en arrière», a déclenché un tollé général bien avant sa diffusion. Cet article ne porte pas sur l'émission en soi, mais sur la réaction du public tunisien avant et après diffusion de l'émission.

 

Une véritable hystérie s'est emparée des réseaux sociaux. Certains ont vu dans ce documentaire une volonté de nuire à l'image du pays. D'autres sans même l'avoir vu, ont prétendu qu'il s'agissait de désinformation et de mensonges (voir ici). Les plus enflammés vont jusqu'à accuser de haute trahison les tunisiens intervenants dans le doc, tel l'essayiste Hatem Nafti qui, interviewé en fin d'émission, explique de la manière la plus posée, la dérive autoritaire et populiste de Kaïs Saïed.

 

Il est important de rappeler que ce numéro d'enquête exclusive, s'adresse à un public français, et qu'il est certainement contaminé par les biais culturels et idéologiques (notamment l'orientalisme flagrant) comme la plupart des productions destinées à la masse. Mais ce documentaire demeure très factuel : il évoque la crise économique, la dérive autoritaire, la persécution des opposants et le racisme anti-subsaharien. Ce sont des faits que nul tunisien ne peut nier à moins qu'il soit un chlékiste patenté.

 

Et pourtant, pour une émission insignifiante diffusée à une heure tardive (23h15, c'est dire l'importance qu'accorde la chaîne elle-même à "enquête exclusive") les tunisiens en ont fait une affaire personnelle, une cause patriotique par excellence ! Ils iront jusqu'à défendre mordicus Kaïs Saïed (un dictateur ! ) en raison du simple fait que l'émission est produite par l'ancien colonisateur et actuel soutien d'Israël (ce qui est vrai).

 

Complexe du colonisé

 

Cette histoire semble réveiller ce fameux complexe de colonisé qui resurgit chaque fois que l'ancien colon porte son regard sur nos vies, notre culture et surtout notre politique. Que ce regard soit positif ou négatif, notre réaction demeure toujours aussi épidermique.

 

Dans un autre registre, nous avons pu observer ce même phénomène avec le dernier film de Kaouthar Ben Hania. Une polémique a eu lieu autour de la "césarisation" de la réalisatrice, non pas sur les qualités (ou pas) de l'œuvre ("Les filles d'Olfa"), mais sur le simple fait qu'une élite occidentale ait choisi ce film pour projeter son regard sur nous. Le film n'aurait jamais déclenché autant de débats, s'il n'avait été financé et récompensé par la France.  

 

 

 

Zabaïed et son staff regardent M6 le dimanche soir

 

Je n'aurais pas appris la programmation d'un spécial Tunisie sur M6 si ce n'est par l'allusion qu'en a faite notre premier ministre lors de son récent déplacement à Paris. C'est dire que cette histoire n'est pas qu'une simple polémique sur Facebook, mais carrément une affaire d'Etat ! 

 

En effet, lors de sa rencontre avec son homologue français, Hachani a parlé d'une émission qui "ne vient pas par hasard" et qui a été programmée par "certaines parties malfaisantes" désireuses "d'enrayer la paix entre les deux pays" (voir à partir de 8:30 ici). Notre premier ministre tient de son maitre (La Sainte Chléka) la suspicion du complot.

 

Rappelons juste que la théorie du complot est la matrice de la politique et de la pensée même de Zabaïed. Elle lui permet de se débarrasser de ses opposants en les accusant de comploter avec l'étranger, sous entendu : l'occident sioniste. C'est pourquoi Hachani a dû être obligé d'ouvrir cette parenthèse complotiste destinée surtout au public chlékiste.

 

Mais une fois la parenthèse fermée, Hachani a repris la bonne vieille langue de bois, se félicitant des bonnes relations entre les deux pays, et de son indéfectible amitié avec "son excellence, son ami", Gabriel Attal, avec lequel il se targue de former "un duo". Je vous épargne la description du discours décousu et improvisé du clown de la Kasbah.

 

Entretemps et en catimini, les deux hommes discuteront des modalités du logiciel policier (du géant français IDEMIA) que la Tunisie achète à la France afin de mieux nous fliquer (voir ici). Ils évoqueront aussi la question des migrants et les rétributions accordées à la Tunisie dans sa minable mission de chienne de garde de la méditerranéenne que Saïed utilise comme unique moyen de pression.

 

 

Bref, le véritable complot, celui de notre flicage généralisé par nos dirigeants et nos anciens colons, continue et se poursuit, sous le règne de Kaïs Saïed. C'est lui notre colon intérieur ! Celui-là même que des imbéciles prennent sérieusement pour un rempart contre l'hégémonie occidentale. 

 

Reprenons du début :

 

Chers amis, S'il vous plaît, soyons honnêtes avec nous même, et n'attendons plus qu'un français, qu'un occidental, qu'une insignifiante émission d'une chaîne privée étrangère nous révèle sur un miroir notre image. Oui ! nous sommes pauvres, racistes, et nous avons laissé un dictateur, toctoc de surcroît, s'emparer de tous les pouvoirs. Notre silence et notre renoncement à la chose publique est un scandale. Les prochaines élections présidentielles de décembre 2024 (si elles ont lieu) ressembleront à cela :

 

 

 

Je sais ce que vous allez me dire, que ces personnages derrières les barreaux ont fait échouer le processus démocratique, qu'ils ont eux même ouvert un boulevard pour la dictature. Mais en les laissant croupir une année en prison sans jugement, c'est en soi un scandale sans nom qui devrait nous faire hurler de rage, nous faire sortir dans les rues. Non pas par amour pour ces gens-là. Vous savez combien sur ce blog j'ai pu exprimer mon indignation contre la corruption et la trahison de la Révolution de la classe politique de l'après 2011 (surtout Ghannouchi et Moussi).

 

Nous devons exiger leur libération immédiate au nom d'une Justice indépendante, d'un Etat de droit, bref tout ce qui a été broyé par le coup d'Etat de la Sainte Chléka.

 

Laisser notre pire ennemi subir une injustice, c'est nous exposer nous-même à cette injustice

 

C'est le sort du blogueur Abdelmonem Hafidhi. Il n'est encarté dans aucun parti, il n'est ni islamiste ni mauve, il était un modeste employé de la compagnie des phosphates (CPG). Il a juste exprimé sur les réseaux sociaux sa critique du régime de Kaïs Saïed. Il a été arrêté en vertu du liberticide décret 54 pour offense à la figure du président (voir ici). 

 

Hafidhi, c'est vous, c'est moi. Il incarne tous ces anonymes qui risquent la prison parce que justement nous avons collectivement renoncé à défendre une Justice équitable pour tous, y compris nos ennemis !

 

Zabaïed profite de notre silence et poursuit minutieusement le démantèlement des derniers maigres acquis de la Révolution.

 

 

Conclusion 

 

L'énergie dépensée à  s'indigner sur une banale émission française aurait pu servir à s'indigner contre notre dictature. J'en dirai autant pour cette indignation évidement justifiée contre Israël et le soutien occidental au génocide perpétré contre la Palestine. Mais ces indignations ne sont qu'insignifiantes vociférations si nous ne savons pas les utiliser d'ABORD contre l'ennemi le plus proche et sur lequel notre action a certainement le plus d'effet.  Et comme nous prévient Nietzsche, méfions nous de certaines indignations, car "nul ne ment autant qu'un homme indigné". 

1 mars 2024

Rip Aaron Bushnell

Refusant d'être complice du génocide en cours, Aaron Bushnell, membre actif de l’armée de l’air américaine, s'est immolé par le feu devant l’ambassade d’Israël à Washington, le dimanche 25 février 2024.
Ses dernières paroles ont été « Libérez la Palestine ». 

 

21 février 2024

Premier anniversaire d'un discours historique

La Tunisie célèbre aujourd'hui le premier anniversaire du discours historique prononcé par son excellence Kaïs Saied le 21 Février 2023 (voir ici). Grâce à son courage et sa lucidité, notre président a alerté les Tunisiens sur le danger des hordes criminelles de subsahariens qui menacent de s'établir en Tunisie et mettre en péril l'avenir de l'Homo chlékus en Afrique du nord.

Nous, patriotes tunisiens, proposons (à la manière de Celio), d'habillier l'horloge du centre ville d'un voile blanc symbolisant la préservation de la pureté de notre race tout en rendant hommage à notre Sainte Chléka nationale ! 

ANNIVERSAIRE_21FEVRIER_blog

20 février 2024

Happy Kill !

Il n'est pas très facile d'expliquer aux enfants ce qui se passe en ce moment au proche-orient. Et pourtant, en observant les mécanismes de la géopolitique, on est surpris de constater que les puissants se conduisent de manière bête et cruelle comme une marmaille pourrie gâtée...

HAPPY_KILL_blog

Je vous invite d'ailleurs à regarder de plus près ce dessin en cliquant ici. Cette illustration m'a pris trois jours de travail et malgré sa complexité, elle me semble encore incomplète. Sur l'angle bas à droite, manque la marmaille arabe composée de princes sa(ou)diques et de petits bandits de quartier, tous admiratifs et envieux de leurs camarades de l'autre rive à qui ils achèteraient bien quelques petits joujoux.

14 février 2024

Saint Valentin ou Halloween ?

L’ampleur du massacre qui a lieu à Gaza reconnu déjà comme un génocide, met à nu comme jamais le cynisme du monde occidental et révèle malheureusement notre totale impuissance à l’égard d’une machine de guerre impitoyable.
Le plus difficile maintenant, c'est de ne pas céder à la haine (je parle aussi pour moi).

St-valentin_blog

12 février 2024

Deux ans de prison pour un tag

Un jeune “artiviste” de Monastir du nom de Rached Tamboura a écopé de 2 ans de prison (voir icipour avoir tagué sur un mur le portrait de Zabaïed avec la mention “raciste, vassal, cupide, fasciste” (en anglais). Ce tag fait suite au discours raciste prononcé par le président le 21 février 2023 à l’encontre des subsahariens (voir ici).

 

 Si le régime a déjà montré à plusieurs reprises son mépris pour la liberté d’expression (garde à vue de journalistes, artistes…) la sévérité de la peine prononcée contre Tamboura marque l’affirmation d’une politique assumée visant à museler toute critique contre le régime.

 

TAMBOURA_blog

 

Le même Saïed avant qu’il ne s’installe au palais, disait pourtant, que la véritable Constitution est écrite sur les murs par les jeunes révolutionnaires. On connaît la suite. C’est lui qui a écrit entre 4 murs SA constitution, jetant les jeunes en prison. 

Chaque jour le champ des libertés se rétrécit en Tunisie et chaque jour la dictature gonfle proportionnellement au volume du ventre de Saïed. Certes, le président capitalise encore sur les passions tristes d’une partie de la population mais sa popularité s’érode comme en témoignent les dernières élections locales au ridicule taux de participation de 12% (voir ici).

Le durcissement du régime (avec le gonflement de ventre qui va avec) peut être considéré comme un indicateur de la baisse de popularité du locataire de Carthage. Mais il y a aussi un autre indicateur qui est encore plus préoccupant…

 

La fuite en avant 

 

Zabaïed refuse le réel, et se complait dans un narratif où il n’est jamais responsable du fiasco de sa politique. C’est toujours les comploteurs, les traîtres et les étrangers qui demeurent coupables des malheurs de Dame Tunisie. L’indicateur inquiétant dont je parle, c’est la médiocrité croissante de son personnel politique ; notre président est désormais entouré de clowns, de larbins et d’idiots qui le confortent dans sa vision délirante d’une Tunisie riche et puissante victime de conspirations. En témoigne sa dernière visite surréaliste à la Kasba où il fut accueilli par son premier ministre le clown : Ahmed Hachani (voir la vidéo de la présidence ici)

 

DOUBLE_CHLEKA_blog

 

Je sais combien la chose publique ne vous intéresse plus chers amis, et je vous comprends. Mais je vous invite à observer de près l’entrevue de la Sainte Chléka et sa sous chléka Hachani. Je mesure moi-même le degré de mépris qu’inspirent ces mots que j’emploie. Mais rendez-vous compte que ces personnes qui président à la destinée de 12 millions de tunisiens ont pris en otage la chose publique, ont exclu toutes les forces vives du pays et ont jeté en prison les voix discordantes*.

 

Brabi, comment peut-on rester poli avec ces gens ? 

 

Cette visite qui a donc eu lieu le 5 février met en scène une discussion entre les deux plus hauts responsables de l’Etat (Sainte chléka et sous-chléka) qui se lamentent des dysfonctionnements des services de l’Etat (dont ils sont les patrons). Je corrige, ce n’est pas vraiment une discussion, c’est d’abord un monologue de Saied et des verbiages d’un Hachani qui tente désespérément d’en placer une. Saïed, royalement installé sur un somptueux fauteuil, avec son ventre en avant (toujours plus gros) et ses mimiques de dictateur haineux, utilise Hachani comme un miroir dans lequel l’autocrate se parle à lui-même. 

Après cette pitoyable entrevue, Saïed fait la visite des bureaux suivi de son clown. Il ne rate aucune occasion pour faire la leçon à un fonctionnaire terrorisé par la visite de la sainte Chléka. Aucune volonté d’écouter ou de montrer un sincère intérêt pour ses interlocuteurs, Saïed s’écoute parler, étale ad nauseam ses connaissances en Droit (il tient à rappeler qu’il était prof de Droit).

 

Conclusion

 

Cette mise en scène comme celles qui la précèdent, n’a jamais eu pour objectif de renseigner le citoyen tunisien sur la politique que le président et son gouvernement comptent mener contre l'incurie des services publics, contre les pénuries, ou contre la baisse générale du niveau de vie, rien, walou, nada ! Cette comédie ne vise qu’une seule chose : mettre en scène la verticalité du Pouvoir et rappeler au peuple que Kaïs Saïed est l’homme providentiel, et puis merde circulez, y’a rien à voir… 

Sinon je vous invite à découvrir mon entretien avec la journaliste Nawel Bizid dans Deep confessions Podcasts, entretien dans lequel j’ai évité de faire mon Saied…

 

___________________
* Il est à rappeler que cela fait presqu'un an qu'un groupe d'opposants est détenu en prison sans procès dans l'affaire dite du "complot contre la sûreté de l'Etat".  Parmi ces prisionniers politiques, Issam Chebbi, Jawhar Ben Mbarek, Ghazi Chaouachi, Khayam Turki, Abdelhamid Jlassi et Ridha Belhadj, entament aujourd'hui, lundi 12 Février 2024, une grève de la faim ouverte. (voir ici)


Ils sont considérés pas seulement comme des prisonniers politiques mais comme des "otages" du régime de Zabaïed. Ils le sont en vertu du chantage dont leur “hypothétique” libération fait l’objet. Ce chantage exercé par Kais Saïed est destiné à l’ensemble de la classe politique tunisienne. Il leur renvoi un signal clair : Ôtez vous TOUS de mon chemin sinon vous savez ce qui vous attend.

 

Il s’agit d’un cas flagrant de complot orchestré par le président lui-même. Un complot assumé et transparent visant à éliminer toute opposition qu’il accuse par ailleurs de comploter contre lui. Car dans la cabosse ventousée de Saïed la politique ne s’explique et ne s'exerce que sous le prisme caricatural du complot. Lui se targue de comploter en plein jour quand ses rivaux conspirent la nuit. Voilà le seul argument par lequel l’idiot de Carthage se croit légitime de détenir les pleins pouvoirs : lui le jour, eux la nuit.

 

Un enfant de 4 ans ferait mieux.
26 janvier 2024

Nouvel épisode du grand complot contre Saïed

KISSINGER

Ceci n'est pas une caricature, mais l'affiche de la dernière saison de "Grand complot contre Saïed" produit par le Netflic tunisien. Cette série qui a démarré fort l'année dernière captive de moins en moins le public, mais captive toujours autant les opposants.

Le casting des débuts, comprenant des stars locales tel le fameux Kamel Ltaief ou le sulfureux Chafik Jarraya, a permis de tenir en haleine le public durant les premiers épisodes mais très vite le scénario a montré ses limites. Netflic a dû recourir à des guest stars d'envergure internationale afin de booster le feuilleton : BHL, Kissinger et pour le dernier épisode (le 14ième complot) les scénaristes ont fait jouer Netanyahou en personne sur un Sous-marin (voir ici)... 

Malgré les cascades et les effets spéciaux, la série convint de moins en moins les tunisiens qui préfèrent suivre la Coupe d'Afrique ou la série phare du moment : "Génocide sur Gaza" avec le même Netanyahou.

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