Zabaïed passe à la vitesse supérieure
La célèbre journaliste et avocate Sonia Dahmani vient à son tour de subir les foudres de la dictature. Suite à son intervention radiophonique où elle ironisait sur le prétendu "complot criminel de subsahariens visant à changer la composition ethnique de la Tunisie" (discours de Zabaïed), des policiers cagoulés l'ont sortie de force de la maison des avocats où elle a pris refuge. Une scène catastrophique filmée en direct par France 24 qui était dans les locaux (voir ici).
Dans le rapport du procureur, il est reproché à Sonia Dahmani d'avoir déclaré ironiquement "que pour attirer tant de migrants, la Tunisie devait être un pays tellement formidable". On lui reproche également d'avoir mis en doute la théorie du grand remplacement prônée par le président.
Mais au moment où je terminais le dessin ci-dessous, j'ai appris que ses deux confères de la même émission, les journalistes Borhane Bsais et Mourad Zeghidi, ont été conduits à la caserne d'El Gorjani où ils sont interrogés (voir ici).
Il est à rappeler que cette répression (n'oublions pas la condamnation à 6 mois ferme contre le journaliste Boughalleb) est le fruit pourri du décret loi 54 cuisiné par Kaïs Saïed en Septembre 2022. Cette loi présentée comme une prétendue mesure contre les fakenews a été signalée dès sa promulgation comme une loi visant à étouffer la liberté d'expression (voir ici). Zabaïed en a fait l'instrument de sa dictature et ses partisans, les chlékistes, en ont fait un instrument de délation. Si bien que la Tunisie s'est transformée depuis le coup d'Etat de 2021, en une véritable dictature fasciste encore plus laide que celle de Ben Ali.
"L'image de la Tunisie"
Ces fameux partisans qui sont légion, sont devenus un véritable cancer qui métastase dans tous les tissus de la société. Alors que le pays est aux abois, que la pauvreté pousse les jeunes à l'exil, que les rues sont sales et que l'Etat assume aux yeux du monde une politique ouvertement raciste, ces chlékistes redoublent de patriotisme, adulent leur Sainte Chléka, soutiennent la déportation des subsahariens et lancent des campagnes contre tous ceux qui attentent à l'image de leur Tunisie chérie...
Très peu sont les tunisiens véritablement indignés par l'arrestation de Sonia Dahmani. Je ne veux même plus évoquer le plaisir sadique de certains à savourer l'incarcération des opposants politiques (sur des accusations bidons). Un climat répugnant instauré par Kaïs Saïed qui semble avoir les coudées franches depuis que l'occident a perdu toute légitimé à donner des leçons de Droits de l'Homme en raison de son soutien au génocide de Gaza.
Culte du drapeau
Le patriotisme des chlékeux et des chlékeuses semble paradoxalement se renforcer au moment où le pays n'offre plus aucun horizon. Ce patriotisme donne lieu à un culte du drapeau dont Saïed s'en est fait le grand prêtre. On a assisté à une scène surréaliste où la Sainte Chléka (c'est le cas de le dire) s'est mise à pleurer devant les caméras à cause d'une offense faite au drapeau national (voir ici). Tel un croyant meurtri par une atteinte au sacré, Zabaïed après avoir essuyé ses larmes, est entré dans une hystérie qui relève vraiment de la psychiatrie...
Que faire alors ?
Résumons la situation. Nous vivons dans une nouvelle forme de dictature. C'est une dictature de "bandits de 7ouem" portant des chlékas, qui au nom d'un patriotisme de pacotille peuvent débarquer chez vous à tout moment. Ils vouent un culte à un imposteur, un médiocre prof de droit revanchard, qui use de ses frustrations personnelles et celles de la foule pour régler ses comptes avec ses adversaires politiques et les derniers journalistes libres.
C'est fini ! le silence n'est plus permis. Il en va de notre honneur à tous de commencer à réfléchir à des stratégies de résistance. Chacun selon ses moyens.
Les défenseurs du régime même dans votre famille, ceux qui vous sortent à chaque fois l'argument des islamistes pour justifier l'injustifiable, ne les tolérez plus ! Ne vous laissez plus duper par leur excuse à user de leur liberté d'expression. Trop facile ! Rappelez vous que dans le contexte d'une dictature, les défenseurs du régime n'exercent aucune liberté d'expression. Ils SONT la propagande. On ne débat pas avec eux, on les combat.
Les défenseurs du régime même dans votre famille FONT partie du problème. Ils sont le visage ordinaire de la dictature. Votre oncle, votre cousin ou votre ami d'enfance qui trouve que Saïed fait de son mieux et qu'il est patriote, dites-vous que votre résistance effective commencera quand vous lutterez FRONTALEMENT contre ces gens-là !
Je ne vous dirai pas comment mener cette lutte. Chacun doit pouvoir savoir dans son for intérieur quelle arme utiliser : le verbe, le dessin, la chanson, ou le coup de poing… chacun son truc.