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DEBATunisie
7 août 2012

Ils atteignent Mars. Nous attentons aux bonnes mœurs.

Rêvons un peu! Dans cinquante ans la Tunisie parviendra à faire poser sur mars la sonde Ghannouchi VII. Après 6 tentatives infructueuses, le fameux petit pays du printemps arabe aura relevé ce défi planétaire inaugurant ainsi une ère nouvelle où l'occident ne sera plus le seul détenteur sur terre de la science et de la technologie de pointe. Après Ghannouchi VII, la conquête spatiale deviendra une aventure commune à laquelle participent tous les peuples épris de créativité, d'intelligence et de liberté... Malheureusement cette épopée tunisienne s'arrêtera net au moment où la sonde affleurera le sol martien. A cet instant précis, pour fêter cet évènement historique, le champagne sera servi dans la grande salle de contrôle de la Nada (l'équivalent de la Nasa) sise aux environs de la Soukra. Les ingénieurs n'auront pas le temps de trinquer qu'une descente de flics interrompra les festivités. Leurs bouteilles et leurs ordinateurs seront confisqués par les forces de l'ordre et leur centre de recherche sera réquisitionné. Ghannouchi VII posé sur Mars attendra en vain un signal de la Soukra mais l'équipe de la Nada passera une nuit au Gorgani accusée d'atteinte aux bonnes moeurs en plein mois de Ramadan (circonstance aggravante!) 
A cause de nos débauchés d'ingénieurs nous aurons ainsi raté une occasion en or de rentrer dans le concert des nations! Leur offense aux traditions de notre sainte religion les condamnera à 6 mois de prison, comme leur prédécesseurs de Ghannouchi VI, V et autres. Entre temps ce sont encore ces chiens d'occidentaux (que Allah les châtie de son feu!) qui réussissent avec succès leurs missions spatiales! Ce 5 août 2012 par exemple, la sonde Curiosity s'est posée en douceur dans un cratère de la planète rouge. C'est la Septième fois que la NASA pose un engin humain sur Mars...

 mars

Quand chez nous...

moeurs

(voir ici)

Conclusion

Je lève un doigt d'honneur, que j'enfonce bien profond dans le cul des zaballahistes qui m'ont encore signalé en masse sur ma page facebook. En réponse à leurs protestations les robots de Zuckerberg m'interdisent durant 30 jours de publier sur mon profil. Je vous invite donc chers amis, à diffuser à ma place sur le réseau social ces deux dessins (ici et ici) et le lien du post qui va avec.
La guerre contre les "bonnes mœurs", la morale religieuse, la bigoterie, doit être absolue. En ce qui me concerne, il est évident que je serai bientôt hors-la loi à partir du moment que la constituante validera la loi sur l'atteinte au sacré. En attendant de trouver un mode opératoir plus efficace que le blogging pour leur faire avaler bien profond leur texte, nous continuerons depuis la Sebkha à ériger le totem de la liberté au dessus de leurs minarets. Nous les emmerderons jusqu'à la prochaine révolution...

Commentaires
B
La laïcité turque est souvent citée en référence, comme un idéal qui peut cohabiter avec l'islam. En fait, il y a deux catégories d'individus qui se pavanent devant l'exemple turc. La première, le fait par démagogie, pour camoufler une marche progressive vers un état islamique qui ne veut pas dire son nom. C'est le chant des sirènes d'Ennahdha qui ne séduit que les crédules et le simples d'esprit. La deuxième catégorie croit sincèrement qu'il est possible de calquer la laïcité à la turque pour allier islam et modernité, c'est à dire l'improbable mariage entre la carpe et le lapin, et gagner ainsi une paix sociale . Or le système turc a des particularités inhérentes à l'histoire de cette nation. En outre, il n'est pas un idéal parfait, c'est une laïcité qui a peu de rapport avec celle que nous connaissons en France. Je m'explique:<br /> <br /> <br /> <br /> - La laïcité turque est née du pouvoir kémaliste en prenant la laïcité en France pour modèle. Mais ce qu'on oublie de signaler c'est qu’Atatürk avait une arrière-pensée. Pour lui, il fallait protéger la liberté et l'indépendance de la Turquie face à une Europe qui s'étend et devient très menaçante et, pour cela il fallait s'approprier les valeurs d'un ennemi de plus en plus sécularisé . Et à aucun moment il n'était question, pour lui, de renier l'identité musulmane de la Turquie. Le choix de la ''laïcité'' était donc un moyen de résistance contre l'Europe et non un choix ''intellectuel''. Ironie de l'histoire, le parti islamique au pouvoir depuis 2002, l'AKP, déclare respecter la laïcité inscrite dans la Constitution , pour appuyer sa demande d'adhésion à l'Union européenne. C'est toujours un choix tactique, une concession qui s'est imposée. Quand on n'est pas convaincu de son choix, on ne peut pas être convaincant. <br /> <br /> - Théoriquement la laïcité turque interdit l’ingérence du religieux dans l'espace public. Et en même temps, l’État chapeaute le champ religieux et l'impose comme référence pour limiter les droits des minorités religieuses. D'un côté, elle garantie la liberté de croyance ou de non-croyance , et de l'autre elle exclue les minorités religieuses des rouages de l’État et de entreprises publiques et elle interdit l'apostasie et la conversion à une autre religion. C'est donc une laïcité qui ne reconnaît pas le pluralisme religieux, ce n'est pas une ''laïcité de séparation ''entre l’État et la religion, comme c'est le cas en France, c'est une laïcité à minima.<br /> <br /> - Enfin, il y a une singularité très importante qui rend le système turc inimitable. L'armée turque se considère le garant de la laïcité et elle n'a pas manqué une occasion pour le démontrer. Elle a sauvé le pays d'un retour à l'islamisme, en 1961, 1971, 1980, 1997 et 2007. Elle est intervenue plusieurs fois et directement pour empêcher des partis islamistes, de gagner les élections. Le parti islamiste est au pouvoir, mais il est sous surveillance, il ne doit pas toucher à l'héritage kémaliste et à la Constitution. Les barbes et les tampons au front sont avertis. <br /> <br /> <br /> <br /> On est loin de l'Histoire et de la situation tunisienne. Il faudrait que l'on cesse une fois pour toute de nous faire miroiter une laïcité qui est un ersatz de laïcité, et qui restera, de toutes les manières, un modèle lié à l'Histoire de la Turquie, un modèle sous contrôle et intransposable. <br /> <br /> <br /> <br /> J'espère que tu nous feras part d'autres anecdotes,sans auto-censure; c'est le vécu de chacun d'entre nous, qu'on sait le mieux partager pour nous enrichir.
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H
@arnouba:<br /> <br /> <br /> <br /> 1) Si mes souvenirs sont exacts voila les raisons données è l'époque par un analyste libyen de l'échec des islamistes en Libye:<br /> <br /> a) Ils n'ont pas de figure charismatique et identifiable , ils manques d'indépendance et sont perçus comme une simple succursale des frères musulmans égyptiens.<br /> <br /> b) l'"Union Nationale' a joué la carte de l'intégrité du territoire libyen ( la Libye , un seul territoire et un seul peuple ) et a condamné clairement le séparatisme et rejeter le fédéralisme.Ce message a eu un écho chez le libyens.<br /> <br /> c ) Dans un passé pas trop lointain , les pays occidentaux ont joué la carte Seyful-Islam et ce dernier a cherché à contacter des représentants de l'opposition libyenne. Les islamistes faisaient partie de ceux qui ont accepter de débuter des pourparler avec lui , rétrospectivement c'est une erreur de jugement et on n'a pas manqué dans la compagne de leur sortir ce vieux dossier.<br /> <br /> <br /> <br /> 2)Le rapport entre liberté et créativité et loin d'être simple et parfois je me demande si on n'est pas en train de chercher de prétextes pour expliquer notre manque<br /> <br /> d'énergie et d'implication dans la recherche scientifique, après tout on n'a pas besoin de beaucoup d'espace ou des moyens pour réfléchie à P=NP ?
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V
Bonsoir,<br /> <br /> <br /> <br /> J'ai été réconforté en lisant Bob "stigmatiser" la rebellion en Syrie. Entre les deux dictatures, la laic et l'islamiste, mon choix est fait.<br /> <br /> Toujours la même impasse.<br /> <br /> <br /> <br /> A un proche qui vit dans l'agglomération tunisoise, je confiais mon rejet de la religion et en particulier l'Islam (me concernant).<br /> <br /> Mon interlocuteur me rétorque que son rejet est plus orienté vers le monde arabe que la religion, me citant en référence les turques (bien plus tolérants que nous en ce mois de ramadan).<br /> <br /> <br /> <br /> Veuillez m'excusez d'intervenir sur le ton de la confidence et de ne pouvoir en faire abstraction.<br /> <br /> <br /> <br /> Je souhaitais faire part d'une anecdote mais je m'autocensure. C'est étrange comme sous l'ère Nahda de mes C..... on développe une paranoia similaire à l'ère Zaba.<br /> <br /> <br /> <br /> Un petit message à Z: Bravo pour avoir gardé ton anonymat. Viendront les soirs où tu publieras des dessins forts tel celui qui a fait la couverture de ton livre. Des dessins qui peuvent devenir des affiches. J'aprécie que tu t'inscrive dans la durée, passant d'un long chapitre à un suivant dont on ne connais les suites.<br /> <br /> Mes encouragements les plus sincères. <br /> <br /> <br /> <br /> Yahya el Houriya !
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A
@hannibal:<br /> <br /> 2) Si je peux me permettre, mon avis personnel (Dieu sait que dans ce domaine il y autant d'avis que d'âmes...): la recherche a besoin de liberté d'expression pour échanger les idées et un milieu créatif pour penser "out of the box". Ce sont des conditions qui souvent (pas tjrs) se trouvent naturellement dans un milieu démocratique. Quelques fois les restrictions poussent à plus de créativité (cinématographie Iranienne), mais à terme c'est voué à l'échec: l'Union Soviétique a perdu la course de la guerre des étoiles, la chine de mao idem et l'Iran, well... Pour moi "formation adéquate" ne peut qu'exister dansun contexte de liberté politiques, sinon on enseigne les maths seulement puisque cela fait peur à personne (et on le voit en Roumanie, Russie, l'Iran et les polytechniciens de l'Afrique du Nord...)<br /> <br /> <br /> <br /> 4) Vous avez raison, et ma reflexion était volontairement légère. Il faut reconnaitre quand même les résultats électoraux Libyens en relation avec le niveau de développement politique du pays. C'est évident que quand on parle de "libéral Libyen", c'est dans ce contexte et cela n'a rien à voir avec la définition généralement acceptée du terme liberal. Le bottom line, les islamistes "organisés" ont perdu à Tripoli ET à Benghazi. Maintenant, le pays est divisé en clans et voyons voir comment les alliances entre les "indépendents" vont se former. Ils n'ont pas à être contre le Qatar mais j'ai eu l'impression que les Libyens ont associés les frères musulmans aux Qataris et ont voté en conséquence. Mais, encore une fois, vous avez raison: attendons de voir, je ne me fais pas d'illusions même si j'ai pu en donner l'impression<br /> <br /> <br /> <br /> @Bob, c'est une discussion plus large que le destin de notre pays. J'adhère de plus en plus à la théorie de l'Histoire qui tourne en cycle et en rond: depuis que j'ai lu l'Histoire du Caire, qui décrit la ville en 1100, cosmopolite, marchande, développée et puis celle en 1300 (sous emprise religieuse évidemment) où on perfectionnait la torture et empilait les gens à l'entrée de la ville, il y a de quoi penser que nous sommes foutus pour au moins les prochaines 50 années. C'est pour cela que nous éprouvons tous un vrai blues, puisqu'on sait qu'une fois démarré et quasi ancré, le projet de société d'Ennahdha durera très longtemps, en dépit de sa probable destructivitée. Mais si nous voulons être constructifs, il faudra, comme le dit Athéna, qu'on se concentre sur ce que nous pouvons modifier/influencer.
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B
Beggars can't be choosers. oui, sauf que les rebelles syriens sont des mendiants ''Roms'' qui ont un patron, une mafia qui est, en l’occurrence, des patrons basés dans les pays du golf. La Libye? Elle ne brille pas par sa démocratie et , en outre, elle paye jusqu'au dernier dollar, la facture des bombes larguées par le ''coalition'' sur ses villes. La Tunisie? Elle est, qu'on le veuille ou pas,vassalisée par les wahhabites et les qataris. Les djihadistes sont par milliers entre nos murs et ils agissent à ciel ouvert. Entre nous deux, je crois que je suis le plus pessimiste. Encore une fois, les partis politiques vivent et disparaissent dans les méandres de l'histoire. Même le stalinisme a capoté. Mais l'histoire des religions est imbibée de sang et de malheurs des peuples. La religion est comme les germes opportunistes, elle prolifère sur le dos des nations affaiblies et son traitement, s'il n'est pas installé rapidement et fortement, devient long et couteux.Nous sommes tous en danger!
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