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DEBATunisie
6 octobre 2013

Laâguili Gate

Les révélations du rapport de l'IRVA* présenté par Laâguili la semaine dernière, ont eu l'effet d'un énorme séisme qui agite encore Dame Tunisie. Depuis qu'elle a acquis la certitude de l'implication directe de Zaballah dans les assassinats de Belaid et Brahmi, Tunisie perd les nerfs et ne sait plus vers qui se tourner. L'opposition semble l'avoir définitivement trahie. Tous partis confondus font mine d'ignorer la bombe révélée par Laâguili, pressés qu'ils sont de dialoguer avec Zaballah et de trouver une issue consensuelle à la crise...

DIALOGUE

Hier a donc été inaugurée la première session du dialogue national. Dialogue dans lequel il est question de préparer le débat qui va mettre en oeuvre la discussion destinée à organiser les négociations sur les pourparlers à propos de qui va prendre la place de qui sans que nul ne fasse perdre la face à l'autre. Dans ce subtile jeu d'adresse, où chacun calcule au millimètre près le pas qu'il cède à l'autre, la concentration est de mise. Nul n'a intérêt, aussi bien Zaballah que l'opposition, à ce que des révélations dérangeantes ne viennent en ce moment précis briser le début d'un fragile compromis -ou plutôt d'une compromission: celle de l'opposition qui accepte de négocier avec des criminels...     

*IRVA: L’Initiative pour la Révélation de la Vérité sur l’Assassinat de Chokri Bélaïd. Il s'agit d'un collectif d’avocats constitué quelques semaine après l'assassinat, pour suivre le dossier d’instruction de l’affaire Chokri Bélaïd. 

Commentaires
F
Encore bravo à Z ! Je m'éclate à chaque nouveau commentaire et caricature des événements en Tunisie. Je ne regrette pas de faire partie de tes premières admiratrices ! Humour, sincérité, courage, pertinence et intelligence te caractérisent.<br /> <br /> <br /> <br /> A Libre enfin : cette situation que tu décris n'est pas nouvelle, elle n'a fait qu'empirer. Les différentes dictatures ne la rendaient pas trop visible à cause du tourisme et des affaires. Personnellement, révoltée depuis mon très jeune âge, d’abord contre Dieu, éreintée par cette hypocrisie, et tant d'injustice, j'ai définitivement quitté la Tunisie...<br /> <br /> <br /> <br /> Et pour terminer,J'aime bien ton style faussement léger et si élaboré à la fois, dénotant ton potentiel intellectuel...au plaisir de te lire.As-tu un compte twitter ?
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L
DIEU RECONNAITRA LES SIENS<br /> <br /> <br /> <br /> Abdelfattah Mourou vient de parler pour nier qu’il se soit rendu au Pakistan pour une réunion des frères musulmans, mais pour un festival culturel. La vérité est qu’il s’y est rendu pour une réunion marquant le 110eme anniversaire d’Abu Al3ala Al-Mawdudi, une figure qui a marqué les islamistes tunisiens autant que Sayed Qotb, et qui est en effet à l’islamisme radical ce que Henri Ford est au véhicule automobile. C’est son œuvre qui est à l’origine de ce qui, loin d’être une pensée, est un délit, autant que le racisme, le fascisme ou le nazisme. <br /> <br /> S’il y’a une chose qui a le don de m’irriter, c’est la duplicité, et elle m’irrite doublement quand elle est précédée et suivie de bismillah et walhamdoulillah. Dans un post précèdent, je vous ai dit avoir croisé Abdelfattah Mourou à Tunis-Carthage au retour, via Dubai, de ce fameux festival culturel, avec un chariot chargé de 5 ou 6 méga sacs du freeshop de l’aéroport de Dubai. Il aurait été plus crédible s’il avait expliqué qu’il s’était rendu au Dubai Shopping Festival. Il a quitté la zone sous douane sans rien déclarer; et sans que les moustachus de service (comme dirait Amilcar) n’osent lui demander s’il n’avait rien à déclarer aux douanes. Aura-t-on idée de demander à Imed Trabelsi s’il n’a rien à déclarer aux douanes a son arrivée au pays? Aura-t-on idée de soupçonner de triche un auto-cheikh zeitounien qui vous répète Dieu et prophète matin, midi et soir? Que dire alors quand le personnage est les deux à la fois ?<br /> <br /> <br /> <br /> Maintenant, je ne veux pas trop le charger sur ce registre, non seulement parce qu’il est hyper chargé sur d’autres, mais aussi parce qu’il n’est pas le seul dans ce cas. Beaucoup, dans la faune politique de ce pays, même et surtout parmi ceux qui vous parlent sans cesse de justice sociale et de répartition équitable des charges et richesses, n’ont jamais payé un millime d’impôt sur le revenu, alors que la plupart exercent des professions libérales et/ou tirent des revenus de source étrangère qui leur assurent des rentrées respectables. Il y’en a parmi eux qui ont exercé pendant des années sans patente et sans identifiant fiscal ou social. Et je ne parle pas de soldats de deuxième classe mais d’icônes dont rien que la citation du nom me ferait accuser de blasphème. Mais revenons à la duplicité.<br /> <br /> <br /> <br /> Je ne sais pas pourquoi elle est inscrite dans l’ADN des islamistes. Une explication proposée par un ami est qu’elle serait inscrite dans le test d’admission au Parti de Dieu, mais j’en doute. Je penche plutôt pour la thèse qu’ils lui trouvent une justification dans le très difficilement traduisible concept de la Ta9iya, qui permettrait à un musulman de se protéger –Jaziri, si tu me lis, ne t’excite pas trop; je ne parle pas de nuit de noces!!- en adoptant le comportement lui permettant de passer inaperçu dans un environnement hostile. Ils la vivraient donc, non pas comme un dilemme moral, mais comme une nécessité parfaitement halal. Sauf que de la Ta9iya au Nifa9, il y’a une différence qui a été, semble-t-il, lost in translation. Quand j’en parle, me viennent à l’esprit non pas forcement leurs têtes d’affiche, Ghannouchi doctorant sur la démocratie ou le ministre des droits de l’homme en réunion avec l’un des plus grand trabandistes et pourvoyeurs d’armes du sud et go-between avec la branche libyenne d’Al Qaida, mais la vie de tous les jours.<br /> <br /> <br /> <br /> Des obligations professionnelles m’ont amené plusieurs fois du côté de la mosquée Al-fath au Passage, devenue un Kandahar, avec biensur son souk, au cœur de Tunis. Les étals offrent tout, de vagues «parfums» pétrifiés d’orient, aux vidéos et suppléments nutritifs de musculation (les sœurs ont également leur désir), en passant par des œuvres consacrées a la licité ou non du mouthballing dans le rite hanbali. Ça ne me surprendrait pas si vous n’y trouviez des vibromasseurs ou cock rings sous la table. Surpris que personne n’ait bougé alors que l’appel à la prière avait été lancé, j’engage la conversation avec un frère derrière son étal. Il m’explique qu’il a une dispensation divine, puisqu’il ne peut laisser sa marchandise sans surveillance dans un pays qui vit encore dans la Jahiliya, mais qu’il en sera autrement quand la bannière noire flottera sur cette terre. Voyant le peu de clientèle rassemblée autour de son étal, j’allais lui conseiller de proposer des poupées gonflables pour booster ses ventes, quand je m’aperçus de l’énormité de ma gaffe. Avec le Jihad Al Nika7 et Zawaaj Al-Mot3a, proposer des poupées gonflables est un business model tout simplement condamné. <br /> <br /> <br /> <br /> La presque-gaffe me rappela que je n’avais pas pris de café depuis le petit-déjeuner et je me décide d’aller le prendre dans un café situé à une centaine de mètres, ou j’avais mes habitudes du temps de la fac. Le café est devenu «salon de thé», me confirmant que la bouffe est le seul business qui marche dans ce pays, et 3am Salah, qui me consentait des crédits jusqu’à la perception de ma bourse, a été dégagé. A sa place des jeunes à la coiffure Out of Bed, servant des crêpes à 12DT l’unité, comme je m’en apercevrais en feuilletant plus tard le menu bien présenté. Difficile de trouver une place libre tant la plupart étaient occupées par des filles seules ou des hommes seuls que rien, en apparence, ne réunissait -surtout qu’une partie de ces derniers étaient libyens- sauf les regards fixants suivis par un sourire, une visite concomitante a l’isoloir des toilettes, une demande concomitante de la note, et un départ concomitant. Derrière une caisse surélevée lui offrant une vue panoramique sur le troupeau, traine le proprio. Visiblement un islamiste. Sentant une gêne devant les regards appuyés, j’appelle un ami directeur d’administration publique dont les bureaux ne sont pas éloignés pour lui demander s’il aurait envie de me rejoindre pour le café. Il s’excusa, mais me demanda de passer le bonjour au proprio qui était passé le voir le matin même pour une affaire administrative, et s’était présenté en lui tendant sa carte d’adhèrant d’Ennahdha. <br /> <br /> <br /> <br /> Ce qui m’a frappé plus que ce ménage supervisé par un islamiste, était que quasiment 90% des présents fumaient. A l’intérieur. Confortant la Tunisie ainsi dans son rôle leader de dernier royaume de Philip Morris et co., même si elle dégringole irréversiblement dans tous les autres classements, football inclu. Situation que je retrouve au départ a l’aéroport, ou le moustachu de service posté devant la salle d’embarquement arbore une cigarette au bec alors qu’une voix enregistrée rappelle qu’il est strictement interdit de fumer dans l’enceinte de l’aéroport. Maintenant, ne me comprenez pas mal. Le fumeur que je suis est pour la réservation d’un coin fumeur pour ceux qui fument et s’irrite des aéroports, hôtels et autres lieux publics de plus en plus nombreux de par le monde ou aucune facilité de ce genre n’est prévue. Je ne plaide pas pour l’interdiction totale de fumer dans la rue accompagnée de l’interdiction totale d’importer le tabac et ses produits, comme au Rwanda, mais il doit bien y avoir un équilibre quelque part. Même l’aéroport de Bujumbura, qui ressemble plus à la gare de Bab Saadoun qu’a Seoul Incheon, dispose d’un coin fumeurs, et se tient à l’interdiction partout ailleurs. Le tabac était d’ailleurs en partie ce qui m’avait obligé à faire le trajet à pied, passer par la mosquée Al-fath et faire cet arrêt imprévu dans le café devenu salon de thé. C’est que je m’étais juré de ne plus jamais prendre un taxi tunisien.<br /> <br /> <br /> <br /> Des problèmes avec les taxis tunisiens, j’en ai eu depuis mon arrivée. D’ailleurs, l’aéroport de Tunis Carthage est à ma connaissance le seul au monde ou un agent de police est posté à la ligne taxis pour essayer de résoudre leurs problèmes. Les taxistes tunisiens ont changé, sans doute, mais ont gardé l’essentiel. Côté changement, de moitié flics et mouchards RCD, ils sont devenus moitié flics et mouchards Ennahdha, et désormais ne vous prennent que si vous aller dans leur direction. Comme un louage en sorte. Côté continuité, ils ont toujours l’apparence et l’odeur d’éboueurs rentrant à l’aube. Tout cela, je l’avais accepté, mais le dernier taxi pris la veille fit déborder le vase. J’aurai du’ le soupçonner puisque le monsieur avait déjà une cigarette au bec quand il s’arrêta 15 mètres plus loin et baissa sa vitre et le son de sa radio pour me demander ma destination. Rassuré que nous allions bien dans la même direction, il me fit monter, mis à fond une musique médiocre et continua à fumer sans gêne. A ma demande s’il pouvait bien baisser le volume de sa musique et s’arrêter de fumer, il me répondit qu’il ne le pouvait pas parce que ça le «déstresse». En un quart d’heure, il a grillé au moins trois feux, roulé dans les couloirs du sens opposé et insulté tout ce qui arrivait dans son champ visuel, y compris les véhicules venant régulièrement du sens opposé ou même en stationnement régulier. Finalement, il me fit débarquer a 500m de ma destination parce qu’il c’était aperçu que me déposer a ma destination lui ferait un détour. Et j’ai remercié Dieu que j’ai eu affaire à un taxiste «déstressé». Qu’en aura-t-il été autrement?<br /> <br /> <br /> <br /> Ceci dit, mes Amis, ne désespérer pas car la solution je l’ai toute prête: un camp de rééducation par le travail et la discipline pour tous les taxistes tunisiens. Non pas un de ceux à la sauce molle des dictateurs orientaux, mais un vrai. Il ne me reste qu’à effectuer un choix technique: appliquer la formule Staline ou la formule Pol Pot. Dans le premier cas, 10% en reviendraient, et dans le second 1%. Il y’aura sans doute quelques injustices que l’on applique une formule ou l’autre. Mais ça sera pour la bonne cause et, en tout cas, Dieu reconnaitra bien les siens. <br /> <br /> <br /> <br /> Décret no. 1 : Amilcar est nommé Chef de camp.
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A
Revue de presse, en attendant Athena:<br /> <br /> <br /> <br /> ** Mourou dévoile sa version de la démocratie: http://bit.ly/GPMxFT<br /> <br /> "A mon humble avis, les journalistes ne sont pas au dessus des lois ! Ce sont des citoyens comme les autres. La diffamation est un acte répréhensible. Il y a eu des poursuites mais aujourd’hui quel journaliste est en prison ? Aucun, à ma connaissance." <br /> <br /> => Ca faisait depuis Ben Ali qu'on l'a pas sortie celle là... Comme ca au moins, c'est réglé. On connait désormais le côté "libéral" d'Ennahdha...<br /> <br /> <br /> <br /> ** Interdiction de jouer au tennis: http://bit.ly/15Z4U6n<br /> <br /> Celà me rappelle que le chemin est encore bien loin. Comme disent les anglophone "the light at the end of the tunnel is freaking freight train coming your way..."
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A
Les tunisiens auront du pain sur la planche le jour où ils se décideront à bosser. Libre Enfin, l'absence d'open sky coûte plusieurs dizaines de milliers d'emplois indirects. Quant à l'efficacité de l'administration, elle est à l'image du fonctionnaire tunisien : faible, inutile, moustachue et mal habillé...
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F
En lisant les très intéressants entretiens de Michel Foucault avec Roger Pol Droit j'ai relevé la dette que le grand théoricien du pouvoir reconnait avoir eue vis à vis de son expérience en Tunisie (en particulier celle du "mai 68 tunisien"qui eut lieu d'ailleurs en mars) où il enseigna pendant 2 ans (et aussi vis à vis de son expérience en Pologne communiste).<br /> <br /> il fut confronté à la répression (selon ses termes:"la violence crue et sauvage de la police tunisienne") que notre despote éclairé (qui après 12 ans de pouvoir avait tendance à devenir un peu moins éclairé et un peu plus despote ) laissait s'abattre sur les étudiants.<br /> <br /> de retour à Paris (Vincennes) Foucault se trouve alors confronté dans son université progressiste et révolutionnaire à un questionnement incessant sur son "identité" (est il il marxiste?(l'idéologie dominante de l'époque dans ce milieu étudiant),"qui est il?<br /> <br /> D'où parle-t-il?<br /> <br /> Et il perçoit alors comme évidents des "effets de pouvoir" avec "terreurs,pressions,hiérarchies,obéissances ,veuleries" <br /> <br /> ( on peut remplacer "marxisme" par islamisme .....)<br /> <br /> et ce qui est intéressant c'est la conclusion qu'il en tire (et que je vous laisse méditer)<br /> <br /> "je crois que l'identité est un des produits premiers du pouvoir,de ce type de pouvoir que nous connaissons dans notre société.Je crois beaucoup ,en effet,à l'importance constitutive des formes juridico-politico-policières de notre société."<br /> <br /> Foucault poursuit (et là aussi on peut remplacer "marxiste" par islamique):<br /> <br /> "la question "d'où est ce que ça vient?est ce que c'est marxiste?" me parait finalement une question d'identité ,donc une question policière"
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DEBATunisie
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