Pluralisme à la sauce tunisienne
Hypocritocratie
Notre gentil État qui se veut démocratique, est en réalité un parfait exemple de système "hypocritocratique" (néologisme de mon cru 2009). Dans ce blog j'ai souvent évoqué le cas des médias tunisiens officiels. J'en ai distingué deux catégories: les hypocrites actifs, telle La Presse, pour ne citer que ce journal. Ses journalistes n'ont appris durant toute leur existence qu'à flatter "l'avant-gardisme de notre illustre président". Leur fanatique Moudi M'Barek pousse le vice jusqu'à vouer un véritable culte au Divin Ben Ali.
Ensuite vient la catégorie des hypocrites passifs. Je citerai en exemple ces nouveaux webzines tenus par des jeunes type businessnews ou WMC qui applaudissent sans retenue les soit-disant progrès du pays éludant au passage toutes les questions qui fâchent. Leur design moderniste n'est qu'à l'image des progrès du pays qu'ils ne cessent de vanter: pure pacotille. De la forme dénuée de tout fond.
Multipartisme de façade
Ce qui m'intéresse aujourd'hui c'est cette question tellement essentielle de pluralisme politique. Si j'aborde ce thème, important surtout en période électorale, c'est suite aux dernières agressions perpétrées contre le parti PDP (dont certains membres furent molestés lors d'un déplacement à Sidi Bouzid sous le regard passif des forces de l'ordre), ou encore la censure du dernier numéro de leur journal (qui justement relevait cette attaque et le silence complice du ministre de l'intérieur). Si cette intimidation des opposants politiques n'a rien de nouveau dans notre pays, il est toujours bon d'évoquer ces atteintes à la liberté, histoire de nous soulager un petit coup et montrer aux générations futures, que nous nous en foutions pas comme doivent le penser ces autistes qui nous dirigent.
Ce qui vient d'arriver au PDP témoigne encore une fois combien ce multipartisme tant vanté par l'État, est la pire des hypocrisies lancée en 1999 par Ben Ali lui-même. Deux catégories d'opposants s'y côtoient. Ceux qui se tiennent aux consignes dictées par le régime et les autres qui luttent comme ils peuvent contre la machine du parti présidentiel. Il s'agit, ni plus ni moins, d'une mise en scène qui ne s'adresse pas vraiment au citoyen tunisien. Ce dernier, après un demi-siècle de dictature, a perdu son sens civique. Des principes aussi simples et essentiels que le pluralisme politique, la liberté d'expression ne font plus partie de ses exigences. Le régime se complait parfaitement dans cet apolitisme général qui lui donne carte blanche pour agir en toute liberté et impunité.
A Chaque public son spectacle
Ce spectacle monté de toute pièce se destine principalement aux observateurs internationaux. Le système Ben Ali reconnu à l'étranger pour ses vertus nocives contre les barbus et sa prétendue modernisation du pays veut vernir son image et se rendre plus sympathique aux yeux de ses soutiens occidentaux. Cependant, cette comédie n'échappe plus au tunisien qui, même s'il se désintéresse de la chose publique, n'est pas dupe et connait très bien la réalité du pluralisme à la tunisienne: Ce pluralisme n'a jamais été un débat entre des courants d'idées ou des tendances politiques. Il est et il reste un partage d'intérêts entre des individus d'un club select proches du président, qui débattent d'abord de l'avenir de leurs familles ...et peut-être, pardon pour cet oubli, de l'avenir du pays.
Voici donc le vrai pluralisme à la tunisienne: