Tunisie la rose
Depuis le début des annonces des
mégaprojets, à part les images, les maquettes et les chiffres à la pelle nous
n’en savons fichtre rien !
Encore moins aujourd’hui par cet étrange
article (ici) qui nous laisse pantois, mais qui en filigrane semble s’adresser à nous :
les sceptiques.
Il s’agit d’un entretien entre
une journaliste de la Presse et d’un technocrate.
Un jour, qui sait, fera-t-elle l’objet de grandes thèses à
Illustration :
L’introduction : « Les planificateurs, les économistes, les financiers font
valser les chiffres. La Tunisie semble, aujourd’hui, désormais le pôle de tous les désirs. Et les
investisseurs, qu’ils soient du Golfe, d’Asie ou d’Europe, succomberaient tous
à nos charmes »
Si vous n’avez pas compris que la
journaliste vous chuchotte à l’oreille d’entrée de jeu que
Et de s’interroger : « N’est-ce pas «trop» pour notre capacité d’absorption?
En un mot, ne sommes-nous pas en train de faire… du surbooking? »
Pour une fois, reconnaissez que
la journaliste pose une vraie question.
Mais comme on n’aime pas les
questions ouvertes, la réponse du technocrate dont le discours pourrait être
celui d’un gérant de cabaret nous laisse sur notre faim.
« le
plus important est que, aujourd’hui, nous sommes sollicités.
Nous avons des opportunités extraordinaires (des nouvelles recrues) . Il nous faut les saisir et maximiser nos chances »
Mais notre journaliste curieuse
de voir le spectacle s’interroge :
«…nous,
commun des mortels (notez l’ironie), entendons
beaucoup parler de grandes choses que nous ne voyons toujours pas venir. »
Le cabaretier explique par la
suite que ses clients veulent rester discrets, ainsi dit-il :
« si
Sama Dubaï apparaît secret, il n’est en fait que discret ».
On comprend bien en effet, que
depuis que notre Tunisie s’exhibe, son public VIP tient à garder le silence
quant à ses intentions de passage à l’acte. La discrétion s’impose dans de
telles circonstances où le désir et le pouvoir investissent l’innocence de
terrains vierges.
Ensuite notre technocrate
cabaretier expose un à un les fantasmes des clients expliquant que chacun
intervient à son rythme en fonction de
ses avances et de ses propositions.
Il note en tout cas que « Les Bahreïnis
souhaitent aller vite »
Puis la journaliste s’inquiète des belles et fragiles Hergla et Korbous qui paraît-il, excitent la convoitise de richissimes émiratis toujours pressés de goûter à l’exotisme du pays.
Toujours rassurant, le technocrate souligne qu’ils y vont « doucement et prudemment », et rappelle à cet égard, que la pauvre Zembra, pourtant protégée, et tombée il y a peu, entre les mains d’un chinois ne craint rien grâce à la bienveillance des services de l’agence nationale de l’hygiène et de l’environnement (ouf !)
Puis conclut-il sur le cas d’Ariana la rose la dernière qui a su séduire le plus gros des clients arabes et qui encore une fois, nous rassure-t-il, s’en sortira peut être vivante: « sans nuire à la fonction naturelle de celle-ci qui est de réguler l’écoulement des eaux » dit-t-il.
Notre journaliste choquée par la
violence orientale interroge le cabaretier et ose lui poser la
question : « comme on se veut tout de
même l’avocat du diable, et qu’on nous parle encore de koweïtiens et saoudiens,
actuellement en pourparlers, on pose tout de même la question qui nous
tracasse. Est-ce que nous n’intéressons que le monde arabe? N’y a-t-il pas des
européens, américains, asiatiques ? »
Cette mystérieuse question est tout simplement métaphysique. Le diable
dont elle se dit avocate, est-ce nous, le cabaretier, les arabes, ou les
occidentaux absents qui l’incarnent ? je vous avoue que je cherche encore
la réponse et que je reconnais mon incompétence en la matière.
La réponse du technocrate, on ne
peut plus claire :
« Mais
l’argent, aujourd’hui, est d’abord dans le monde arabe et chinois »
Bref c'est la loi de ceux qui ont l'argent.
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