Union méditerranéenne ou chant de Sirène ?
13 Juillet 2008: Lancement de l'Union Méditerranéenne
Rebaptisée Union Pour la Méditerranée,
cette future Union, malgré ses promesses et ses louables intentions, me paraît plus proche du chant
de sirène que du programme politique à valeur humaine.
La raison de ce doute vient de celui-là
même qui porte le projet :
Nicolas Sarkozy
Nationaliste décomplexé, qui dit
tout haut ce que les gens pensent tout bas, ne manque pas de rappeler que
Sa crainte conservatrice et
xénophobe de voir intégrer d’un coup 70 millions de musulmans dans l’espace
communautaire européen. Cette hostilité témoigne déjà de la vision
essentialiste que le président se fait du monde et de son intention de stigmatiser
les différences. ( Rappelez-vous de son discours de Dakar)
Cette UPM pourrait ainsi se
résumer à une simple manœuvre politique visant d’abord à caser la Turquie dans une nouvelle
union créée de toute pièce usant de concepts séducteurs et d’arguments
consensuels et ensuite un outil géostratégique d’institutionnalisation des
liens de la France avec ses anciennes colonies (et anciens vassaux ottomans) en se gardant la part
du lion puisque la France présiderait cette alliance tout en restant membre de l’UE à part entière. Voilà
comment faire d’une pierre deux coups !
Ce qui me rend plus sceptique encore, c’est l’enthousiasme que soulève ce projet auprès de certains de nos dirigeants arabes, eux qui n’ont jamais réussi à mobiliser quoique ce soit de commun entre eux.
Ils ont compris que le
nationalisme de Sarkozy était compatible avec le leur, et que ce dernier
n’osera pas leur demander une quelconque sérieuse concession (type démocratie,
liberté d’expression …), puisque Sarkozy se garde bien « de donner
des leçons » (C’est ce qu’il avait dit lors de sa dernière visite à Tunis)
Cette prétendue Union en outre,
légitimera le pouvoir de tyrans et de dictateurs heureux déjà de se voir invité
au Bal du 14 juillet.
Celui qui a été le seul à refuser
cette alliance est le colonel Kadhafi. Il a su soulever le caractère
néocolonial de ce projet et évoquer, à juste titre, l’épineuse question
d’Israël… Avec lui la vérité ne sort plus seulement de la bouche des enfants mais aussi de celle des
tyrans.
Et pour conclure, j’assume la
critique catégorique de ce projet en me préservant de nuancer ou de citer les éventuels
bienfaits de ce type d’union. Je laisse à nos journaux nationaux le soin de le
faire comme ils savent très bien le faire.
Je voulais aussi, par ce
modeste article, rédigé par un citoyen z de la société civile tunisienne, exprimer
à Sarkozy, que même les bonnes intentions deviennent suspectes dès lors
qu’elles se négocient avec des tyrans qui étouffent les voies de cette même
société civile…
(Autre article du blog associé au thème ici)