Du "Dialogue avec les jeunes" au... naufrage des jeunes
2008 sous le signe de la jeunesse
Le 21 Mars 2008, jour de la fête de la jeunesse, le président tunisien lance en grande pompe le "Hiwar Achabab" ou " Dialogue avec les jeunes". Il s'agit d'une pièce de théâtre qui s'est jouée durant des mois dans toute la république. Écrite par les plus grands auteurs mauves du parti, son scénario se voulait avant-gardiste: Aucun acteur sur scène, seulement des figurants et de préférence jeunes. Ils doivent pendant des heures simuler des débats et agiter des drapeaux. Le happening se termine par un serment solennel dans lequel chaque jeune signe au nom de la patrie son indéfectible et éternelle allégeance au Président Ben Ali, "pionnier et guide pour toujours" (ici) Les figurants partent ensuite rejoindre le reste du peuple tunisien dans le décor et les rideaux tombent.
2009 sous ... l'eau
Ce pacte digne des jeunesses fascistes des années 30 ( appréciez le cérémonial ici ou ici) devient d'un ridicule tragique quand 2009 démarre par le naufrage de 31 jeunes tunisiens(ici). Fuyant la misère et le chômage, ces jeunes se sont embarqués clandestinement vers l'Italie. 9 sont repêchés vivants tandis que le reste est porté disparu. Aucune nouvelle sur leur sort.
Ce n'est qu'un fait divers...
Ce tragique évènement qui pourrait être l'amorce d'un vrai débat national passe pour un fait divers banal. Nos mauves gèrent en interne ce type d'affaire en toute discrétion. Pour eux la marginalisation sociale de ces jeunes reste un problème marginal qui ne mérite aucune attention publique. Pour eux ils ne s'agit rien de plus que d'"éléments perturbateurs" qui nuisent à l'image du pays (rappelons à cet effet les jeunes de Gafsa). Pour eux, encore une fois, l'image du pays compte plus que le pays lui même!
En espérant qu'un miracle puisse sauver nos jeunes désœuvrés et qu'ils puissent atteindre l'Italie, disons encore une fois NON à cette hypocritocratie érigée pour nous faire croire que nous vivons dans Disneyland. Par ailleurs, méfions nous de la surenchère émotionnelle sur la tragédie de Gaza qui aveugle beaucoup de nos compatriotes. Par cette mise en garde je ne minimise nullement le drame des gazaouis. Je veux seulement rappeler que la cause palestinienne ne devrait pas occulter une cause qui nous concerne plus directement et qui, dans le fond, est peut-être tout aussi grave. J'assume cette comparaison: un malheur humain ne se mesure pas seulement au nombre de ses victimes ni à l'atrocité du crime, mais peut être par l'indifférence dans laquelle on abandonne ceux qui en souffrent.
Pour conclure je dirai que cette mascarade de Hiwar Achbab par ses slogans démagogiques crie aujourd'hui sa totale indifférence au sort de centaines d'autres jeunes qui préparent en silence leur prochaine Harqa...
Lire le témoignage de 3ayech mel Marsa (ici)