Un grand merci à Bob et à Libre enfin qui par leurs commentaires acérés nous décortiquent l'actualité avec une justesse remarquable !!!

Merci pour l'analyse Bob, que j'aimerais resumer par un diagnostic prononcé par la Grande Dame Oum Zied: Ils (Ennahdha) font comme si ces élections étaient leurs toutes dernieres.<br /> <br /> Le plus important constat fut pour moi la confirmation qu'Ennahdha -et les autres- n'ont strictement rien compris a la démocratie. Oui, il y'a eu vote et majorité. Le probleme est qu'il ne s'agissait pas en l'espece de l'augmentation de la vignette automobile, mais des prémices de refondation d'un Etat de droit qui couperait fondamentalement avec la dictature. Or le constat est qu'au lieu d'annoncer les prémices d'une refondation démocratique, Ennahdha et ses alliés ont tout fait pour concentrer tout les pouvoirs entre leurs mains. Clairement, leur objectif n'était pas tant la refondation de la république que sa reprise, comme si c'était une prise de guerre. L'argument avancé -la nécessité d'affronter les urgences économiques et sociales et le fait qu'il ne s'agit que d'une organisation temporaire des pouvoirs- est fallacieux. Kif yahbet sayyidna 3issa, Ennahdha ne pourra pas relever ce pays en un an, comme en 7. Et l'organisation temporaire des pouvoirs n'est que le prémice de la constitution a venir.<br /> <br /> Deux petits constats presque anecdotiques:<br /> - Ennahdha est de loin la formation la mieux organisée, et c'est la un motif d'admiration mais en même temps de frayeur. Les 2 textes proposées sont de sa main, confirmant ainsi la 1ere leçon des cours de négotiation des MBA: négocier sur la base du texte de votre vis-a-vis revient a batailler pour en changer la ponctuation; proposez donc votre propre texte; ça vous fera plus de travail, mais il en restera toujours plus. Contrairement a ses vis-a-vis, Ennahdha travaille beaucoup. Elle fonctionne avec méthode, application, et discipline quasi-militaire. Pas une voix discordante; pas une main levée en contre-courant. Et la seule fois ou quelques dames d'Ennahdha se sont élevées pour protester bruyamment, elles furent remises a leurs places par Laaridh (façon: Ech mtal3ek mil 7ouch, mete7chmich?). Maintenant, tout cela peut être la résultante des contraintes spécifiques aux longues années de travail clandestin, mais c'est aussi le propre de tout les mouvements fascistes. Je ne cherche pas a vous effrayer, mais je penche pour la 2eme hypothese. <br /> <br /> - Cette histoire des conditions relatives au candidat a la présidence est triste et ridicule. Triste, parce que, comme tu dis, elle revient a créer une catégorie de citoyens de seconde zone (ce qui suppose déja l'existence de citoyens tout court, chose a vérifier). Ridicule parce que, a ce que je sache, ces conditions sont requises d'un président reine d'Angleterre mais non pas du chef du gouvernement qui concentre tout les pouvoirs. Ridicule ensuite parce que présentée devant un perchoir ou trône une vice-présidente nahdhaouie se qualifiant non seulement de bi-nationale, mais de française d'origine tunisienne. Et aprés tout cela, l'indécense d'aller faire la leçon aux démocraties occidentales!!<br /> <br /> Finalement, je dirais que quasiment un an aprés son déclenchement, cette révolution a engendré un tas de déceptions mais a réussi sur un point vital: le mur de la peur est tombé irrémédiablement. Gardons donc espoir; et a ceux, déçus, qui songent a quitter Ettakattol ou le CPR, je dirais au contraire restez et rectifiez le tir de l'intérieur. Et si vous avez déja quitté, prenez exemple sur Oum Zied et revenez.

C'est effectivement à en pleurer...

Au moment où les dernières lumières s'éteignent sous la coupole de l'assemblée, on est tenté de faire un bilan des journées marathon qui ont commencés le mardi 22 novembre 2011. Ce n'est pas une tâche aisée quand on a suivi partiellement les discussions de loin, à travers les retransmissions de la télévision. Voici mes impressions en espérant que chacun les complétera ou les corrigera.<br /> <br /> -Une ligne de démarcation semble se dessiner entre une opposition minoritaire active et une majorité avec un noyau dur islamiste qui a choisit tactiquement d'être discret mais demeure fichtrement efficace et obtient entière satisfaction.<br /> -Les deux partis satellites d'Ennahdha ont une attitude déroutante à cause d'un suivisme inconditionnel des ténors pendant que les bases traînent la patte et se fissurent. Le CPR était particulièrement exemplaire et l'intervention de Mohamed Abbou (jeudi 8 déc.) était déplacée pour ne pas dire odieuse mais c'était une démonstration claire de l'insignifiance de son parti. L'alliance tourne à la capitulation devant le titan. <br /> <br /> Je passe sur la volonté discutable des élus d'Ennahdha d'imposer à l'Assemblée une suspension de séance aux heures de la prière et je viens aux quelques articles de la Constituante qui m'interpellent.<br /> <br /> - L'article fixant les critères auxquels doit répondre un candidat à la présidence de la République, prive les tunisiens bénéficiant de la double nationalité, les tunisiens nés d'un parent étranger ainsi que les tunisiens non-musulmans, de se présenter. Cela fait un paquet de métèques!<br /> C'est l'article le plus répugnant, un article fait sur mesure pour satisfaire les fantasmes du noyau dur d'Ennahdha, un article qui relègue au moins le quart de la population au statut de Dhimmi de l'islam médiéval. Je ne commenterais pas plus cette ignominie, je pense qu'elle le sera largement plus tard.<br /> - L’article 15 autorise le cumul des mandats parlementaire et ministériel. Les ministres pourront même cumuler les salaires des deux fonctions. Dans un pays exsangue et qui a un record de jeunes chômeurs, cet article va dans le sens de l'histoire!<br /> - La durée de la Constituante est limité à un an...et plus si affinité. C'est un CDD reconductible à volonté. Bonjour les arrangements et bonjour les dégâts! <br /> <br /> La suite suivra après lecture complète des autres articles.<br /> <br /> Hier aux alentours de minuit les élus ont voté le dernier paragraphe de la Constituante et, pendant un moment, j'ai cru qu'on fêtait par anticipation le nouvel an. C'était le bonheur, le délire...Hourra, voila la terre ! On se félicitait, on fraternisait on s'embrassait ( les femmes pas touche of course), il ne manquait que les cotillons, les confettis et la bûche au jasmin. <br /> Sacredieu, les nahdhaouis ne sont même pas méchants, embrassons- nous Folville! On dirait même que les élus de l'opposition n'ont qu'un regret : ils fraternisent avec les nahdhaouis avec retard, mais c'est promis on rattrapera le temps perdu. Le capitaine exulte, savoure la volupté du devoir accompli, il essaye de dire quelques mots, mais la voix s'étrangle par l'émotion, il s'arrête puis repart et il devient lyrique. Pour la énième fois il parlera de la voûte sacrée (non ce n'est pas le ciel , mais la coupole qui abrite le parlement), de la démokratya (évoquée pendant trois semaines par les élus jusqu'à l'overdose et je finis par avoir de l'urticaire chaque fois que ce mot est prononcé) , de la révolution al mokaddassa (idem pour l'urticaire). <br /> Ventrebleu, que la victoire est belle et la fête est exquise ! Et aprés ? Demain il fera jour ! Lundi, la Tunisie aura un Président pour inaugurer les chrysanthèmes!

Rien n'est encore confirmé mais derrière ce vacarme il y'à un silence qui semble suggérer une idéologie du totalitaire donc de la dictature. Le plus effrayant c'est que bon nombre de Tunisiens (certainement plus que la moitié) ne comprennent pas encore les notions de la démocratie, du civisme, du laïcisme et du droit syndical. C'est à dire leur compréhension est écartée du vrai sens. J'ai vu des pancartes d'insultes, de propos ou slogans stupides, et de souhaits féeriques. <br /> Cette belle Tunisie gardera-t-elle sa jolie robe rouge!