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DEBATunisie
20 février 2019

La menace qui plane sur l’Hôtel du Lac

Le cabinet Sebkha&Co, opérant en matière d’urbanisme et écosystème (certifié 404 depuis l’ère Zaba), alerte l’opinion sur le danger qui menace un monument de l’architecture moderne, « l’hôtel du lac »(voir ici). Ce bâtiment des années 70 construit par l’architecte italien Rafaele Contigiani est internationalement reconnu pour ses qualités architecturales et sa prouesse constructive. Sa silhouette en triangle inversé marque le panorama de la ville de Tunis et laisse rarement indifférent.
Fermé depuis plus de dix ans, l'hôtel a été acquis par un groupe libyen. Les intentions du promoteur demeurent bien obscures et personne n’est en mesure de savoir si l’acquéreur compte rénover ou détruire le bâtiment. Même si la ville de Tunis assure qu’aucun permis de démolir n’a été délivré, rien dans la loi n’empêcherait sa disparition puisque l'immeuble en question ne bénéficie d’aucune protection d'ordre patrimoniale (type classement, inscription...)
À part quelques architectes, (saluons à cet effet le militantisme intelligent du collectif "winou el patrimoine?") l’opinion n’est pas très sensible à la question du patrimoine (surtout moderne). Il est donc à craindre que dans une Tunisie sinistrée économiquement, où les politiques font l’amour nuit et jour avec les affairistes, que notre hôtel de la Sebkha disparaisse dans le silence et ce en toute légalité.

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 Une affaire 100% sebkhiste !

Un taxiste me conduisant vers la Goulette, m’expliquait un jour que les maçons tunisiens de l’hôtel du lac avaient lu à l’envers les plans de l’architecte italien. Leur erreur d’interprétation, insistait mon taxiste, explique cette étrange forme de triangle inversé. « Travail d’arabe ! », pestait-il.

Pour mon taxiste, le bâtiment n’était pas forcément laid, mais il porte en lui une tare originelle, une sorte de bizarrerie. Certaines personnes sur Facebook témoignent de cette même aversion allant jusqu’à se féliciter de l’éventuelle démolition du bâtiment. À croire que l’hôtel de la Sebkha incarne aux yeux de certains esprits (pas très éclairés) une provocation à ciel ouvert, une sorte de transgression architecturale qu’il faudrait calmer un jour avant qu’elle ne contamine son environnement.

Contre projet 

Il est ennuyeux de reconnaître que beaucoup de nos amis tunisiens, sont plus enclins à défendre le patrimoine des kottabs que l’architecture brutaliste des années 70. Certes leur unique référence architecturale demeure le minaret du quartier ou alors le cube de parpaings nommé Kaaba et l’urbanisme capitallahistiques qui va avec. En disant cela, je ne joue nullement à l’élitiste prétentieux qui veut donner des leçons de bon goût. Je blâme plutôt l’État tunisien qui n’a jamais pris au sérieux les questions liées à l’urbanisme et l’architecture. Quand on sait que "la boule de Zaba" (Cité de la Culture) demeure sa seule référence en la matière, on peut comprendre les raisons de notre misère architecturale.
Mais ne soyons pas défaitistes. Avec un peu de pédagogie et une bonne dose d’utopie on peut réussir à convaincre nos politiques et nos hommes d’affaire. le Cabinet Sebkha&co attend son rendez-vous chez Souad, pour la faire réfléchir sur un projet révolutionnaire qui redonnerait une seconde vie au bâtiment et qui surtout complète l’offre culturelle de la cité de Tunis.

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Nous serons prêts à collaborer avec les Mabrouks et pardonner aux mafieux leurs magouilles s'ils pouvaient pour une fois investir dans un projet d'intérêt général capable d'offrir à tous les artistes tunisiens et internationaux un lieu exceptionnel en plein coeur de Tunis ! 
Avec le concours d'architectes et d'ingénieurs transformons cet hôtel en musée d'art contemporain afin d'ouvrir le bâtiment au public et faire découvrir aux enfants d'autres lieux que les Kottabs !  

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Avec le concours de nos nombreux et talentieux commissaires d'exposition, nous pourrons varier la programmation et exposer un large panel d'artistes contemporains pour satisfaire toutes les sensibilités et les goûts de nos compatriotes...  

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La réussite du projet tiendra au soin particulier accordé à la scénographie, à l'acousitique et à l'éclairage des espaces d'exposition.

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Les architectes, les ingénieurs et les constructeurs devront établir un cahier des charges très précis afin de respecter les éxigences techniques d'aujourd'hui tout en tenant compte de la structure et de la morphologie singulière du bâtiment d'origine.  

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Il faudra également intégrer en amont les questions liées à l'accessibilité et à la sécurité nécessaires pour tout établissement recevant du public.  

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Bref, sans trop s'attarder sur les questions techniques, il est essentiel pour notre cabinet sebkha&co de faire la démonstration à la Souad que l'art et la culture demeurent les derniers véritables remparts contre l'obscurantisme et l'intégrisme religieux.

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Je compte sur vous chers amis, pour défendre avec moi ce projet. L'amour de la Sebkha vaut bien un "Babour" !

لا بوكرنين الاّ بوكرنين ولا سبخة الاّ السّبخة

Commentaires
B
On dit que les goûts et les couleurs ne se discutent pas. Cet ancien hôtel ne m'a jamais impressionné, je ne lui trouve aucun attrait particulier. Si au moins il s'intégrait dans un ensemble, comme la Marina Baie des Anges ou la Grande Motte, on accepterait l'idée, sans plus. Aux yeux d'un architecte, ce bâtiment est peut-être une prouesse technique qui peut être enseigner à l'école d'architecture, le citoyen peut ne pas apprécier l'enveloppe, l'aspect. Autant j'aime les construction modernes ''légères'' aux lignes épurés et nuancés, autant je reste insensible (un euphémisme) à l'architecture des logos d'un Le Corbusier qui est considéré comme un génie du XXe siècle (le bâtiment de Carthage, dessiné par ce ''génie'' du béton qui n'a jamais mis les pieds en Tunisie, est une insulte au bon goût). Par contre, son oeuvre (?) qui n'est pas triste est le modeste cabanon qu'il habitait à Roquebrune-Cap- Martin construit avec le minimum de béton et s'intègre parfaitement au décor. Une architecture fonctionnelle qui reste ''humaine'' et gaie, oui. Une architecture triste et monolithique, qui se veut simplement une démonstration technique pour les spécialistes, me laisse perplexe. Désole, je ne défendrai pas cette pyramide qui a mis son cul face au ciel, un cul qui laisse de marbre les flamants de la Sebkha. C'est mon avis.
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A
Bravo Z. Soutien total au projet Ba(r)bour. Entre les haineux de l'Islam et ceux qui on la haine de l'islam, ton projet attirera la terre entière à Tunis.
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DEBATunisie
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