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DEBATunisie
7 août 2020

Beyrouth, Slip et Charki

Je ne sais plus si de tous les "maux" clés de la semaine, celui de Beyrouth ne devrait pas à lui seul éclipser tous les sujets et nous pousser à fermer nos gueules le temps de respirer un bon coup et de prendre du recul sur ces malheurs qui nous tombent dessus les uns après les autres. Mais même concernant cette tragédie meurtirière, ce mini Hiroshima, il y a encore lieu de polémiquer :

S'il est très tôt pour tirer des conclusions précises sur les raisons exactes de cette catastrophe, plusieurs avis s'accordent à dire que c'est d'abord la nonchalance administrative sur un fond de corruption généralisée qui explique comment les autorités porturaires avaient "oublié" 2750 tonnes de nitrite d'ammonium dans un des entrepôts du port de Beyrouth (voir ici). Scénario très plausible dans un pays où la population proteste depuis un an contre la faillite de son élite politique et économique responsable de cette situation. Scénario qui a toutes les chances de se reproduire chez nous en Tunisie pour les mêmes raisons. Certes le contexte régional conflictuel doit jouer sur la situation catastophique que traverse déjà le Liban depuis longtemps, mais il y aura toujours nos intellos à la sauce arabo-allaho-bidules pour ne voir que la main d'Israël ou celle de la France derrière chacune de nos merdes. Incroyable complexe de colonisés qui les rend aveugles à nos monstres intérieurs et qui aiment récupérer ces tragédies pour conforter leurs théories victimaires. De l'indécence intellectuelle. 

Je passe du coq au slip

L'avènement du fascisme islamiste en Tunisie après la révolution, aurait pu générer une logique de contestation justement anti-fasciste opposant à la bigoterie et au culte du prophète, une dynamique libertaire, sociale et artistiquement transgressive. Or depuis la prétendue opposition sebsiste, nous nous enfonçons progressivement en Tunisie dans une contestation du fascisme allahique par la réhabilitation du fascisme zabatique, incarné par la très charismatique Abir Moussi. Ma modeste expérience de blogueur me permet de constater que le public de cette dame exprime sur la toile une violence inquiétante qui se propage parmi nos élites bourgeoises prétendument progressistes. Le désir d'extermination de "l'autre" qu'exprime la "vague moussique" est symétrique à celui des islamistes. Cette bipolarisation extrême pourrait plonger le pays dans une guerre civile si l'on arrête pas l'escalade.

L'humouriste Lotfi Abdelli paie la facture de cette bipolarisation à cause d'un sketch pas franchement extraordinaire, dans lequel il s'attaque à Abir Moussi (voir ici). Il y évoque les dessous de la politicienne dans un humour qui flirte avec le machisme ordinaire. Mais à voir l'incroyable bronca qu'a suscité cette plaisanterie et les appels au boycott et à la censure qui ont suivi, on se demande si l'odeur de sainteté de la Moussi auprès de certains, ne commence pas à trop sentir. Certes Abdelli est un faux transgressif qui aime caresser la foule dans le sens du poil et qui n'osera jamais moquer la "Chleka" du prophète. Par contre pour avoir déterré le slip de la Moussi et avoir su révéler son pouvoir mystique sur les foules Ben Simpsonniques, je lui tire mon chapeau et lui exprime mon entière solidarité au nom du principe de la liberté d'expression, quelle qu'elle soit, celle qu'on aime ou que l'on n'aime pas. 

slipmoussi

Affaire Emna Charki

La sacralité du slip de la Moussi, n'a pas encore atteint le degré de sainteté du Coran. Mais cela ne saurait tarder. Sous Ben Ali, rappelez-vous, le slip de Leila était le tabou ultime. En attendant, Emna Charki, la blogueuse condamnée pour parodie de Coran, continue à subir des menaces de morts et des appels au viol, aussi bien des allahistes que des Ben Simpsons...
Allah demeure le seul terrain d'entente de tous les fachos.

emnachargui

Commentaires
T
Je suis d'accord avec la majorité de cet article sauf avec la notion de "machisme ordinaire" de Lotfi Abdelli qui n'a rien d'ordinaire. La plupart des tunisiens qui, par leur éducation arabo-muusulmane, sont des machistes mais vulgaires et obscènes. Là, un niveau trop profond de vulgarité et de grossièreté a été atteint avec ce type de soit disant humour. Il n'est pas question de liberté d'expression. Il s'agit de dénoncer la vulgarité dans les propos et l'atteinte aux personnes et non aux idées qu'elles peuvent défendre. Moi, je vomis toute la classe politique actuelle pour son incompétence et son avidité de pouvoir, mais jamais je n'accepte qu'on traîne dans la boue un quelconque politicien ou politicienne de cette manière. Que peut apporter d'un point de vue artistique le fait de parler du slip d'une dame ou même d'un homme? Désolé mais personnellement je ne peux cautionner ce genre de dérive sous le couvert de liberté d'expression ou d'une hypothétique peur du retour de la dictature.
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A
On parle de ce Lotfi-là?<br /> <br /> <br /> <br /> https://youtu.be/_ZGQ88E_LNA
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DEBATunisie
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