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DEBATunisie
13 février 2022

Zabaïed n'aime pas les riches ?

Zaba avait les moyens de sa dictature. Il avait su profiter d'une conjoncture mondiale favorable aux despotes orientaux qui prétendaient faire barrage au terrorisme. C'était l'alibi de Ben Ali, lui qui a bien su incarner le chien de garde contre les barbus. La Tunisie bénéficiait alors des faveurs de l'occident, qui nous envoyait fric et touristes contribuant ainsi à faire tourner l'économie. On a vécu des années durant dans l'illusion d'un pays qui fonctionne. Certains parlaient même du "miracle tunisien", même si au fond, personne n'était dupe de l'envers du décor. 

Zabaïed, 10 ans après, remet le couvert. Profitant de l'échec d'une classe politique corrompue qui a rendu tout un peuple allergique à l'idée même de démocratie, Zabaïed instaure une nouvelle dictature mais sans les moyens requis. Le soutien qu'il aurait pu attendre de l'occident n'est plus garanti et l'aide du FMI que nenni. La Tunisie a perdu son statut sexy de "l'unique démocratie arabe", et retombe dans l'anonymat. Zabaïed est aux abois, et tente depuis son coup d'état d'amuser la galerie. Il scénarisera la série "la chasse à Zaballah" composée de plusieurs épisodes histoire de gagner du temps. Rebondissements et suspense garantis ! ça dissout, ça gèle, ça assigne à résidence. La proie -Zaballah- est cernée, mais on la laisse en liberté pour maintenir la tension. On profite de l'anniversaire de l'assassinat de Chokri Belaïd pour ressortir les vieux dossiers en y rajoutant encore de nouveaux éléments croustillants. Le public apprend que Zaballah est encore plus méchant. On le savait assassin, gourou, parrain de mafia, voilà qu'on le découvre Big Brother auprès d'Ooridoo. La tension arrive à son paroxysme, Zaballah est carrément assiégé dans son château (voir ici)...mais toujours pas inquiété. Selon ses proches il en a profité pour faire la sieste. 

Zabaïed, cet idiot du village, s'avère finalement être un habile scénariste qui sait faire usage de l'émotion pour tenir les foules en haleine. Sa diversion lui permet en parallèle de faire tomber un à un, les derniers contre-pouvoirs et ce sous les applaudissements d'un public qui a complètement perdu la raison. 

Le dernier bastion tombé fut le Conseil Supérieur de la Magistrature, salué par tous, même par le comité de Chokri Belaïd...

BELAID

Et après ?

Tout cela ne résout pas le problème de Zabaïed à long terme. A moins de signer un contrat avec Netflix pour une deuxième saison de "la chasse à Zaballah", il faudra bien nourrir la foule en popcorn ou gare à la révolution. L'occident boudant la Tunisie, il est urgent de se tourner vers des pays moins regardants...  

Le 10 Février, dans un discours aussi décousu qu'indigeste (comme d'ailleurs tous ses discours) Zabaïed nous sort une perle. Persuadé de son éloquence, il se laisse emporter par ses palabres et trahit le fond de ses pensées. Ainsi nous révèle-t-il son aversion pour les riches, et déclare-il deux fois, refuser de s'assoir à côté de personnes manifestant des signes de richesse. Certes, et pour ne pas décontextualiser ses propos, Zabaïed s'attaquait à la corruption des fonctionnaires et des juges, mais sa confusion entre les riches et les corrompus est trop fréquente pour qu'elle ne passe inaperçue. 

Nos quelques milliardaires (les 40 familles qui tiennent l'économie) ont dû trembler un instant, mais pas trop longtemps, car eux aussi savent que tout cela fait partie du show. D'ailleurs le jour-même, Zabaïed a reçu à Carthage toute une délégation de Wahha(grosses)bites pour négocier une aide et préparer la venue de l'héritier du trône saoudien MBS, un gars qui ne sent, mais vraiment pas du tout, ni le fric ni la corruption...
ASSOIR

Certes, nous sommes peut-être sur le point de nous débarrasser définitivement de Zaballah, mais je crains que ce soit au prix de notre wahha(grosse)bitation profonde... à suivre

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