La grande muette
D'après le très confidentiel journal "Africa Intelligence" (site payant), il y aurait comme de l'électricité dans l'air entre Saïed et les militaires. En cause, la question de l'eau. Le général Abdelmonem Belati, qui est aussi ministre le l'agriculture, ne supporte plus les théories conspirationnistes du président pour qui les pénuries d'eau seraient causées par des méchants comploteurs cherchant à assoiffer le peuple. Le général qui est un homme très sérieux, connaît ses dossiers et doit trouver pénible de devoir supporter le court-circuitage permanent d'un imbécile au sommet de l'Etat qui égare l'opinion sur une question aussi stratégique et vitale que le stress hydrique. Cette dernière phrase est mon interprétation personnelle de ce que j'imagine être le quotidien de gens raisonnables soumis aux extravagances d'un crétin se prenant pour le messie.
D'après le même journal en ligne, d'autres sujets de conflit affectent les relations entre les généraux et le locataire de Carthage. Parmi ces sujets, "Africa Intelligence" évoque les réserves exprimés par certains officiers concernant la gestion de la campagne présidentielle ou leur inquiétude à propos de la pénurie des médicaments ou encore la gestion chaotique du mégaprojet Bukhatir (ex mégaprojet Tunis Sport City)...
Chers amis, n'oublions pas que ce sont ces mêmes militaires qui ont appuyé le coup d'Etat du 25 Juillet 2021. Mais le désespoir dans lequel nous vivons nous rend très attentifs à la moindre information susceptible de nous renseigner sur les fissures qui menacent le système.
Nous revenons aussi à la case départ, comme à l'époque de Ben Ali, où le manque d'information (à cause de la persécution des journalistes) nous accule à nous accrocher à la moindre lueur d'espoir tout en nous exposant aux rumeurs et aux bruits de couloir dont se fait justement l'écho ce journal en ligne qui ressemble plus à une officine de renseignements français qu'à un véritable organe de presse.
Conclusion
Notons la mystérieuse stabilité du système (du moins en apparence). Personne aujourd'hui n'est capable d'expliquer comment peut tenir l'édifice du Pouvoir dépourvu d'un de ses piliers : la bourgeoisie et les détenteurs des moyens de production. Rappelons juste pour ceux qui ne le savent pas, qu'en Tunisie il y a depuis deux ans, une quasi chasse aux sorcières visant les hommes d'affaires. Comment est-il possible que cela tienne aussi longtemps ?
Certes, Saïed peut encore s'appuyer sur le soutien occidental intéressé par sa minable proposition de jouer les garde-frontières. Saïed peut aussi compter sur le soutien populaire qui demeure un matériau solide mais pas durable. Ce matériau est constitué de la haine et du ressentiment envers les classes bourgeoises qui n'ont jamais payé la facture même après la Révolution. Sauf qu'aucune alternative économique n'est proposée par Saïed. Comment donc expliquer qu'à l'intérieur des structures du Pouvoir, personne ne soit capable de voir le mur vers lequel Kaïs Saïed emporte tout le monde avec lui ?
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