Doigt d'honneur versus Chléka du déshonneur
Nous sommes à J-10 des élections.
La vague des doigts
C'est la panique à bord du navire Chléka. La moindre petite vague agite l'ensemble du bateau. Une jeune étudiante de 20 ans, Mawadda Jmei, suite à une publication sur Facebook d'un doigt d'honneur adressé au Président, a dû passer une nuit en Prison. Cette affaire a suscité un élan de solidarité sur internet provoquant une inondation de doigts défiant la dictature (effet Streisand). L'arrestation de Mawadda vient à la suite de la garde à vue d'un professeur de français à Djerba, Mouhir Toumi, interpellé lui aussi pour des faits similaires.
Et ce n'est pas tout. Un citoyen du nom de Kais Nsiri est en ce moment en détention au Gorgani. Il est prof de français à l'école préparatoire Elkhadhra à Sbeitla. C'est en raison de ses publications Facebook qu'il est en prison. A ma grande surprise, je m'aperçois que 3 de mes derniers dessins figurent dans son fil d'actualité.
Corruption morale intégrale
On mesure encore plus la panique de la Sainte Chléka par sa précipitation à faire passer la loi visant à annuler tout recours contre les élections du 6 Octobre. La pression que font subir les chlékistes contre les rares élus hésitant à voter ce vendredi 27 Septembre la dite loi *, témoigne d'une anxiété intense au sein de la chlékerie.
Comme si cela ne suffisait pas, le candidat Mondher Zenaïdi, alors qu'il a été exclu de la course aux présidentielles, est sous le coup d'une information judiciaire pour formation d'une alliance terroriste contre la sûreté de l'Etat. Voilà comment la sainte Chléka fait joujou avec la Justice pour se maintenir au Pouvoir et pour se venger de tous ceux qui osent la contester.
Ce qu'on retiendra de ce sinistre épisode, c'est le degré de décomplexion du Pouvoir à assumer sa corruption morale. Kaïs Saïed nous renvoie un monumental doigt de déshonneur.
Les chlékistes
La dictature fasciste de Zabaïed, a atteint des paliers de corruption morale, rendant complices des milliers de citoyens. Je suis personnellement hostile aux listes noires et à toute forme de lynchage même contre ceux qui en font usage sous le règne de la Sainte Chléka. Le chlékisme ayant justement pour doctrine le lynchage, le trainage dans la boue, l'ex-communication et l'appel à la haine.
Je me pose moi-même la question sur la Justice qu'il faudra bien appliquer un jour contre les chlékistes quand tombera le régime. Comment leur épargner le déchainement de haine lorsqu'ils ne seront plus sous la protection de la Sainte Chléka et de la police ?
Puis comment imaginer un avenir commun avec des personnalités publiques qui, sans être impliquées directement dans la dictature, sans avoir commis de délits concrets, ont pu témoigner d'une sorte de complaisance envers le régime ?
Que faire par exemple du cas de Maya Ksouri, cette égérie de la Ben Simpsonnie francophone ? Comment pouvoir supporter de revoir la gueule de ces gens dans les médias quand finira le cauchemar chlékiste ? Attention, je n'appelle pas à la censure des gens en raison de leurs opinons politiques. Je suis simplement contre la normalisation avec ceux qui sous le fascisme ont collaboré.
Ainsi cette dame insuffle le venin chlékiste par une sorte d'appel du pied permanent destiné à Saïed et ses partisans. Dans l'affaire des doigts d'honneur, elle n'a pas hésité à s'attaquer à ceux qui emploient ce symbole. Elle ne s'indignait pas de l'arrestation de l'étudiante Mawadda Jmei, mais du manque de bienséance et d'éthique de ceux qui usent de ce symbole en guise de solidarité. Rappelons que Maya Ksouri se prétend être une intellectuelle de gauche, éprise de valeurs humanistes et universelles.
Et pour que vous mesuriez encore plus la bassesse de cette dame, elle s'attaque en particulier au doigt d'honneur de Ghofran Binous, journaliste tunisienne exilée pour ses positions affichée contre la politique migratoire raciste de l'Etat Tunisien.
Bien sûr, cette bassesse morale prend une dimension stratosphérique quand on rappelle le contexte général d'une Tunisie devenue une prison à ciel ouvert, où toute l'opposition a été anéantie, où les libertés publiques ont disparu et où la police sévit contre tout ce qui bouge.
Vraiment, que faire de Ksouri et de tous ces chlékistes ?
Quand tombera la Sainte Chléka...
Je suis incapable d'imaginer comment le paysage politique pourra se reconstituer après Kaïs Saïed. Je suis certain par contre, que n'importe quel Tunisien sain d'esprit, ferait moins de mal au pays que la sainte Chléka.
Cependant, je rêve d'un monument au cœur de Tunis, rendant hommage à tous les courageux, les héros du quotidien qui de Ben Ali à Saïed défient la dictature...
Que leur doigt d'honneur s'élève contre le déshonneur des chlékas, des chlékeux, des chlékistes, des chlékadors, des chlékatologues, et de la sainte Chléka. Que ce doigt puisse depuis Tunis, lever symboliquement un mouvement mondial contre le chlékisme où qu'il soit !
Soutenez la caricature en temps de dictature
sur ce lien :
* Une manifestation se tient en ce moment devant le parlement malgré tout le bouclage du secteur. Cette manifestation citoyenne vise à dénoncer le bidouillage de la loi électorale à 10 jours du scrutin. En parallèle est diffusée en directe à la télévision nationale, la plénière sous la présidence du Chlékador Bouderbela. La diffusion de cette séance parlementaire exceptionnelle, offre l'occasion de mesurer en direct le degré de corruption morale de ces élus qui semblent en compétition les uns contre les autres pour montrer qui a la plus grosse Chléka. Il s'agit d'un spectacle pitoyable, dans lequel il est à noter que quelques rares élus ont tenté timidement de résister...