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DEBATunisie
3 décembre 2007

Une "jeune" s'exprime contre le piratage

Voilà encore un article de La Presse qui suscite la curiosité.
Asma. A signe un texte, au titre « Des aléas de la création » dans la rubrique «paroles de jeunes».

Je m’attendais, de la part d’une jeune, à une critique sur les difficultés que rencontrent nos créateurs tunisiens par rapport au manque de moyens, de soutiens, de diffusion ou peut être simplement de liberté d’expression.
Pourtant ce n’est pas ce que relève notre journaliste : Selon elle, ces derniers ne cessent de décrier «le phénomène de piratage et condamnent un état de fait où la propriété intellectuelle est malmenée, ce qui porte atteinte à leurs créations ».
Mais heureusement dit-elle, notre pays mène une campagne «féroce» contre «les pirates».
(ouf !)

La question de la propriété intellectuelle mérite un vrai débat en soi.Tout en n'étant pas dupe de la lucidité affligeante de notre Presse nationale, je voudrai par ce post pointer du doigt le danger que représente ce type de texte par son art de la diversion:

Rappelons-nous que le sujet du piratage a été mis en débat public il y a quelques jours en France par le rapport Olivennes ( patron de la FNAC)  qui préconise de couper les abonnements des internautes coupables de piratages.
Même si ce rapport est critiquable par sa partialité (n’oublions pas qu’il s’agit d’un parton d’une entreprise dont l'une de ses activités commerciales principales est le téléchargement payant) la question qu'il soulève mérite d’être posée lorsque l’on connaît le volume et la diversité de l’industrie artistique française qui éventuellement dans une logique d’entreprise cherche à contrôler sa production.

Mais dans notre cas à nous, en Tunisie, où les artistes obéissent plus à la loi de la débrouille qu’à celle du marché, je ne vois pas contre quelle menace l’Etat se sent-il obligé de protéger une création qui peine déjà à se faire diffuser.
Je dirai même que nos jeunes créateurs, aujourd’hui, utilisent le net pour se faire connaître et que le seul piratage possible viendrait de nos censeurs officiels qui sabotent leur travail.

Pour résumer, la journaliste lance un sujet pertinent, celui des aléas de la création en Tunisie, ensuite elle oriente le débat vers un faux problème qu'elle tire de l'actualité étrangère, pour terminer par l'éloge du flicage du net, comme si  l'on n'était pas déjà assez surveillé comme-ça.

Notre journaliste en herbe qui rédige ce texte à la Presse, sous couvert d’innocence et de défense de la création, participe sciemment (ou pas) à la répression, à la censure et donc au piratage lui-même.
Si elle était vraiment jeune cette journaliste, je crois qu’elle a raté une occasion de se taire comme tous les autres jeunes de son âge.


source:

http://www.lapresse.tn/index.php?opt=15&categ=28&news=61602

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