La Télévision au moyen âge...
Au commencement de la nouvelle année 2008, les quotidiens nationaux
nous font l’éloge du libre échange, des mégaprojets. ils nous annoncent des
courbes ascendantes et des taux croissants, bref tant de progrès auxquels nous
sommes conviés à participer, entre autres, nous les jeunes.
La Presse d'ailleurs nous informe que l’Etat lance une politique de formation
gratuite dans le bâtiment pour que les jeunes intéressés puissent participer
(article du 10 janvier « un nouveau visage au service de l’employabilité »). Tant mieux, si cela
peut nous éviter une invasion de colonies d’esclaves indiens ou pakistanais.
Reconnaissons au moins que l’Etat veille à notre intégration dans notre marché
local.
Mais si l’on s’interroge sur le sens de cette participation,
nous verrons que le plus souvent elle se résume à l’emploie donc à la subordination plutôt qu’à la création
et à l’entreprise.
Quant à notre repos, il est voué à la consommation plutôt qu’à l’éveil et à l’épanouissement.
Cette consommation, soit dit en passant, sera d’autant plus
encouragée par l’importation de produits européens grâce à la politique de
libre échange.
Miser sur
La moutonisation
Ce phénomène qui n’est pas propre qu'à notre pays, se généralise depuis que la fonction de l’Etat consiste à domestiquer et divertir sa force de travail au détriment de son humanitude: L’humanitude, c’est notre capacité d’homme à donner du sens . l'Etat semble s'être désengagé de cet éveil du sens.
La Religion comme seule substitut de sens
Mais la foi ne doit pas être l’unique expression du sens.
Quand elle s’accapare de sa totalité elle risque en période
de crise de transformer le mouton en bête aussi féroce qu’imbécile qui se
retournera d’abord contre l’Etat.
Si notre Tunisie n’a pas sombré
dans la folie intégriste, c’est simplement que nous avons réussi à nourrir l’ensemble
du troupeau. Mais cela ne suffit pas !
Nous attendons encore l’avènement d’un sens nouveau et attention
à ne pas le confondre avec l’émergence du sens des affaires, du biseness, du
profit chez nos entrepreneurs, ou le sens du vice et du paraître chez nos
consommateurs ou encore moins le sens du ballon de foot.
Dernièrement l’Etat a su nous surprendre en impulsant une
nouvelle chaine de radio
… Qu’est ce qu’il nous a pondu sinon une chaine religieuse...
Je n’évoquerai pas le système éducatif tant il est inutile
de rappeler les valeurs matérialistes qu’il propage sous couvert de sciences et techniques seules
filières qu’il a su valorisées depuis l’enseignement primaire.
Inutile aussi de rappeler la désaffection des sciences
humaines dans nos universités…
La culture
Les auteurs et les intellectuels se font concurrencés par le monopole d'un excellent ouvrage paru il y a 14 siècles dont de nombreux commentateurs continuent à en faire leur fond de commerce.
Et pourtant, tant de talents d'universitaires et d'artistes qui passent inaperçus tandis que le ministère de la culture continue à miser sur le folklore et sur ses vieux dinosaures au lieu d'investir dans la jeunesse.
Plus que nous... les jeunes
Même ouvrier chez Sama Dubaï, et consommateur à Carrefour,
nous pouvons trouver des marges de manœuvres.
Certains ont choisi l’exclusive voie de la foi. Ceux qui ont
les moyens sont partis en Europe ou au Canada.
La majeure partie, toute catégorie confondue, voit d’un bon œil
les initiatives de l’Etat et elle applaudit un peu rapidement l’avènement des
mégaprojets et du libéralisme, pensant qu’il s’agit d’attribut de modernité et
donc l’avènement d’un sens nouveau.
N'avons-nous pas brûlé cette étape où nous devions nous exprimer et définir ensemble notre vision d’avenir.
Une vision sans sens c'est le mur assuré.
Si belles qu’elles soient, ces cités nouvelles qui se
profilent à l’horizon, ne portent pas en elles la marque de notre absence ( ab sens ) ?
Une « méga » illusion d’avenir.
Une sorte de Télé au moyen âge qui nous fera rater la renaissance.