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DEBATunisie
3 février 2014

CONSTITUTION

Il y en a marre de ces rabat-joies, de ces aigris, de ces éternels insatisfaits qui trouvent toujours quelque chose à dire. Alors que le monde entier applaudit notre nouvelle constitution, ils sont toujours là alignés comme des corbeaux, à croasser leurs pédantes critiques. Mais voilà qu'en prenant ma plume de flamant rose, je me surprends moi-même à croasser, à émettre des doutes, à critiquer, à voir du Zaballah, du flic, du verrouillage..

constitution

Désolé chers amis, mais le caricaturiste qui habite en moi ne sait pas voir les fleurs et les oiseaux qui chantent. Certes, ce texte qui vient d'être livré après trois interminables années bardolesques a le réel mérite, au-delà de son contenu, d'incarner le premier consensus national. Il ressemble à un traité de paix entre plusieurs belligérants. Il est pour la première fois de l'histoire du pays, le fruit d'âpres négociations entre partis et société civile. Sauf que ce traité ne semble pas vouloir résoudre les points litigeux. Il n'élabore aucune synthèse des contradictions de notre société. Il les juxtapose. Il les pose les unes à côté des autres. Ainsi nous en sommes toujours à être un état civil dont l'islam demeure sa religion. Nul besoin d'être constitutionnaliste pour comprendre que ce paradoxe résume à lui seul le péché originel de notre nouvelle constitution.

Une thérapie par les mots

Après la révolution vint l'idée subite de réécrire la constitution. L'objectif exprimé à l'époque était de rédiger un texte qui immunise le pays contre la dictature. Des rêveurs, ou des manipulateurs (selon certains) nous ont vendu l'idée poétique selon laquelle des nouveaux mots gravés sur le marbre constitutionnel nous délivreraient des anciens maux de l'autoritarisme.
Les 3 ans de dissertations, de rédactions et d'écritures, ont tout juste servi à accomplir une énorme thérapie de groupe télévisée. Ce qui n'est pas rien en soi. Mais pour ce qui est des nouveaux mots, le dernier texte porte en lui les mêmes maux que ses précédents... 

Pouvoir et religion

Depuis la constitution de 59, la religion demeure la seule constante. A elle seule se résument tous nos maux politiques, nos lois liberticides et notre soumission aveugle à la figure du père, du patron, du tyran et du prophète. Et ce depuis 14 siècles. Du moins c'est la théorie que défend la pièce de théâtre de Lotfi Achour "Macbeth:Leïla and Ben" qui a le mérite d'aborder sans tabou cette épineuse question de la relation incestueuse entre Islam et dictature.
Le dessin ci-dessous devait servir à l'iconographie de la pièce. Malheureusement, le poids du tabou a eu raison de cette caricature jugée trop choquante...

POUVOIR

Conclusion
La lutte continue donc. Mais une victoire vient d'être accomplie. Félicitons-nous de la Tunisie, qui parmi les cancres arabo-musulmans, vient de faire figure de bonne élève grâce à sa constitution. Et ça c'est une bonne nouvelle qui mérite une tournée de Celtia...

Commentaires
A
3 années perdues sur le front de la croissance, de l'emploi, de la réduction des inégalités et de la bonne gouvernance. Un système éducatif qui produit toujours autant de chômeurs et une justice toujours aussi injuste. Retour en tunisie, le pays où il faudrait sérieusement se mettre à bosser.
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L
QUAND LA TOCTOCOLOGIE S’ENRICHIT DE MANSEROLOGIE<br /> <br /> <br /> <br /> Toc Toc vient d’annoncer le 6 février journée nationale contre la violence politique. La Présidence de la république se fend d’un communiqué officiel pour annoncer cette initiative historique le jour de la commémoration du premier anniversaire de l’assassinat de Chokri Belaid. Le choix de la date s’explique-t-il par le fait que le président lui-même est persona non grata lors de cette commémoration? Ou pour faire oublier la garden party, que certains ont trouvé de mauvais goût, organisée par Toc Toc pour le lendemain en présence des «souverains et présidents» de l’univers pour fêter la meilleure constitution de tous les univers? Dieu seul le sait. <br /> <br /> <br /> <br /> Mais revenons au communiqué de la Présidence de la république. Toc Toc, en président du peuple, y explique au peule qu’il a pris cette décision pour deux raisons. Je vous les livre tels quels. <br /> <br /> 1. D’abord, parce que la violence politique, en plus d’être illégale (je n’invente rien), ne convient pas à l’esprit de la deuxième république. <br /> <br /> 2. Ensuite parce que la violence politique a marqué plusieurs étapes de notre histoire moderne, à commencer par l’assassinat de Farhat Hacher et de ……………Ali Belhouane sous la colonisation française.<br /> <br /> <br /> <br /> Rappelons que Ali Belhouane, leader de la jeunesse tunisienne comme on l’appelait, fut le meneur de la manifestation du 9 avril 1938 dont le mot d’ordre était «Parlement Tunisien». Manifestation réprimée dans le sang par les autorités coloniales et tournant décisif dans l’histoire du mouvement national, célébrée après l’indépendance comme fête des martyrs. Jusqu’à l’avènement de Toc Toc, ses frérots, et leur république du troisième genre. Jusqu’à la répression féroce de milliers de tunisiens et de tunisiennes descendus dans la rue pour célébrer justement cette fête des martyrs le 9 avril 2012. <br /> <br /> <br /> <br /> Rappelons que Ali Belhouane s’est éteint en mai 1958, soit plus de 2 ans après......... l’indépendance. De mort………naturelle. Entre l’indépendance et son décès, il aura été membre de la 1ere Constituante, représentant de la Tunisie dans plusieurs grands messes mondiales, et maire de la capitale. <br /> <br /> <br /> <br /> Rappelons que Adnene Manser, le dircab et porte-parole officiel de Toc Toc, par qui le communiqué passe, est ………. professeur universitaire d’histoire spécialisé justement dans l’histoire du………..mouvement national.<br /> <br /> <br /> <br /> Rappelez-vous, enfin, que vous avez des yeux. Pleurez-donc votre université.<br /> <br /> <br /> <br /> Et tant que vous le faites, laissez-moi communier un instant avec Ali Belhouane. Pour lui demander s’il aurait lancé son cri de ralliement, Parlement Tunisien, s’il avait su qui y siégeraient, et qui ils porteront à la tête de l’Etat???
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A
Ce qui me rassure dans toute cette histoire c'est que le profil du "présumé" assassin de Chokri Belaid a été établi scientifiquement. Et comme nos scientifiques sont à l'image des pilotes Tunisair, les meilleurs...
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F
un intervenant d'une émission de radio faisait justement remarquer qu'attribuer une religion à l'Etat est quelque chose d'étrange dans la mesure où seul un individu peut avoir une foi ou une croyance.<br /> <br /> j'ai trouvé cette remarque pertinente <br /> <br /> En effet tout le monde parle de la religion de l'Etat comme d'une notion immédiate quasi naturelle,mais cette évidence cache une aporie insurmontable, une contradiction logique, dans les termes mêmes.<br /> <br /> l'Etat, quelque soit la manière dont on le définisse,comme entité administrative, ou comme personnalité morale ou comme superstructure,ne peut avoir de religion au sens où une personne physique a des convictions religieuses,c'est une idée absurde.<br /> <br /> et c'est vrai que vu sous cet angle la solution de l'aporie se trouve dans l'incarnation de l'Etat un peu comme Louis XIV proclamant "l'Etat c'est moi",se permettant dans la foulée de révoquer l'Edit de Nantes et d'expulser ses sujets ne suivant pas la religion du prince ,en l'occurrence les protestants.<br /> <br /> cela peut être aussi un Calife proclamant que les chiites et les Ibadites sont des hérétiques et donc des ennemis de la nation ou bien ce Shah fondateur d'une nouvelle dynastie perse décidant de sa conversion au chiisme et forçant ses sujets à le suivre dans sa nouvelle foi.<br /> <br /> il est clair aussi que dans l'Islam "l'incarnation" de l'Etat existe dès les origines dans l'Etat théocratique de Yathrib/Medine entre 622 et 632.<br /> <br /> c'est pourquoi (CQFD) on peut considérer comme tout à fait pertinent le lien que fait Z entre la prétendue "religion de l'Etat" et l'incarnation et la personnalisation du pouvoir qui fait avenir "un patron,un tyran",<br /> <br /> De plus il ne faut pas oublier que l'existence des attributs formels de la démocratie (constitution et parlement en tête ) n'ont jamais empêché une dictature de prospérer malgré ces attributs formels.(dans ce cas le parlement devient croupion et la constitution un chiffon de papier)<br /> <br /> c'est pourquoi "Libre enfin" (je crois bien que c'est lui) avait raison de s'inquiéter de la volte face apparente des juges depuis le départ d'Ennahda car celle ci souligne que la séparation des pouvoirs ne semble pas s'imposer alors qu'elle est une condition absolument nécessaire d'un fonctionnement réel et non formel de la démocratie.<br /> <br /> Quant à l'idée selon laquelle parmi les cancres arabo-musulmans la Tunisie semble émerger elle me fait penser à cette remarque de Amira Yahyaoui dans l'interview qu'elle a accordée à l'organe des kouffars blasphémateurs "Charlie Hebdo" où elle relève que l'enthousiasme manifesté par la presse occidentale pour la nouvelle constitution tunisienne est en fait assez condescendant car il exprime cette idée que "c'est un bon texte pour les arabes" alors qu'Amira Yahyaoui espérait "un bon texte tout court."<br /> <br /> évidemment de ce point de vue les tunisiens devront se contenter pour le moment de ce compromis historique et schizophrénique.
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H
"Mais pour ce qui est des nouveaux mots, le dernier texte porte en lui les mêmes maux que ses précédents... "<br /> <br /> Qu'importe, le jeu des mots de la constitution a été "une énorme thérapie de groupe télévisé".<br /> <br /> C'est magistralement analysé. J'offre ma tournée avec kémia !..
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DEBATunisie
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