CONSTITUTION
Il y en a marre de ces rabat-joies, de ces aigris, de ces éternels insatisfaits qui trouvent toujours quelque chose à dire. Alors que le monde entier applaudit notre nouvelle constitution, ils sont toujours là alignés comme des corbeaux, à croasser leurs pédantes critiques. Mais voilà qu'en prenant ma plume de flamant rose, je me surprends moi-même à croasser, à émettre des doutes, à critiquer, à voir du Zaballah, du flic, du verrouillage..
Désolé chers amis, mais le caricaturiste qui habite en moi ne sait pas voir les fleurs et les oiseaux qui chantent. Certes, ce texte qui vient d'être livré après trois interminables années bardolesques a le réel mérite, au-delà de son contenu, d'incarner le premier consensus national. Il ressemble à un traité de paix entre plusieurs belligérants. Il est pour la première fois de l'histoire du pays, le fruit d'âpres négociations entre partis et société civile. Sauf que ce traité ne semble pas vouloir résoudre les points litigeux. Il n'élabore aucune synthèse des contradictions de notre société. Il les juxtapose. Il les pose les unes à côté des autres. Ainsi nous en sommes toujours à être un état civil dont l'islam demeure sa religion. Nul besoin d'être constitutionnaliste pour comprendre que ce paradoxe résume à lui seul le péché originel de notre nouvelle constitution.
Une thérapie par les mots
Après la révolution vint l'idée subite de réécrire la constitution. L'objectif exprimé à l'époque était de rédiger un texte qui immunise le pays contre la dictature. Des rêveurs, ou des manipulateurs (selon certains) nous ont vendu l'idée poétique selon laquelle des nouveaux mots gravés sur le marbre constitutionnel nous délivreraient des anciens maux de l'autoritarisme.
Les 3 ans de dissertations, de rédactions et d'écritures, ont tout juste servi à accomplir une énorme thérapie de groupe télévisée. Ce qui n'est pas rien en soi. Mais pour ce qui est des nouveaux mots, le dernier texte porte en lui les mêmes maux que ses précédents...
Pouvoir et religion
Depuis la constitution de 59, la religion demeure la seule constante. A elle seule se résument tous nos maux politiques, nos lois liberticides et notre soumission aveugle à la figure du père, du patron, du tyran et du prophète. Et ce depuis 14 siècles. Du moins c'est la théorie que défend la pièce de théâtre de Lotfi Achour "Macbeth:Leïla and Ben" qui a le mérite d'aborder sans tabou cette épineuse question de la relation incestueuse entre Islam et dictature.
Le dessin ci-dessous devait servir à l'iconographie de la pièce. Malheureusement, le poids du tabou a eu raison de cette caricature jugée trop choquante...
Conclusion
La lutte continue donc. Mais une victoire vient d'être accomplie. Félicitons-nous de la Tunisie, qui parmi les cancres arabo-musulmans, vient de faire figure de bonne élève grâce à sa constitution. Et ça c'est une bonne nouvelle qui mérite une tournée de Celtia...