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DEBATunisie
21 juillet 2014

Du Chaambi à Gaza

Le Jeudi 17 Juillet 2014, une attaque terroriste sur le mont Chaambi, près de la frontière avec l'Algérie, a tué 14 soldats tunisiens.
Ce drame comme ses précédents, suscite les mêmes débats et querelles dans l'opinion. A chaque fois deux théories s'affrontent pour tenter d'expliquer ce phénomène devenu habituel depuis la révolution : 

- La théorie malvo-franco-qatari:
Pour les tenants de cette théorie, l'affaire est simple: les salafistes ne sont que des marionnettes, voire n'existent même pas. Derrière leur prétendue existence se cacherait un complot régional orchestré par les intérêts franco-qataris, œuvrant par l'intermédiaire d'affairistes tunisiens mauves, eux-mêmes de mèche avec une frange de la police et des militaires. Leurs actions viseraient à bloquer le processus démocratique en marche considéré par cette mafia comme une menace pour leurs anciens privilèges, leurs intérêts, leurs contrats  (pétrole, gaz, phosphate...) mais surtout contre l'impunité dont ils jouissaient sous Zaba.    

 - La théorie du péril salafiste:
Cette théorie a le mérite de se fonder sur la pratique: des vidéos, des témoignages, des comportements observés dans l’espace public témoignent suffisamment de la violence des groupes salafistes pour leur imputer la responsabilité des attentats, des assassinats politiques et de toutes les tragédies à venir. Mêmes Les militaires qui ont survécu attestent avoir entendu leurs assaillants crier Allahou Akbar !  Bref l’observation basique des faits plaide pour cette théorie. Ceux qui défendent ce point de vue, inscrivent le terrorisme islamiste en Tunisie dans un schéma régional. Eux aussi pensent que derrière ce plan se cachent des intérêts étrangers. On retrouve à nouveau le Qatar. Mais de manière général ce sont des enturbannés du golfe qui conspirent avec leurs vassaux zaballahistes pour imposer un nouvel ordre idéologique dans la région: le califat.

Le problème de ces théories, toutes aussi plausibles les unes que les autres, c’est leur « invérifiabilité ». La chaîne de commandement, la multiplicité d’acteurs, les transactions d’argents, d’armes, d’homme, sont in-traçables. De fait le choix d’une théorie ou de l’autre ne dépend pas tant des preuves apportées mais plutôt du positionnement idéologique de celui ou de celle qui défend l’une ou l’autre des deux thèses. En disant cela, je ne veux surtout pas dire que n’existe aucune explication sur ce qui se joue au Chaambi, ni qu’aucune investigation n’est utile pour éclairer l’opinion. Je pense plutôt que la complexité de tels conflits, la convergence d’intérêts entre des acteurs de bords supposément opposés, fait qu’aucun récit ne puisse à lui seul raconter le drame. La réalité est peut être beaucoup plus complexe et décevante que le mythe qu’on cherche à lui assigner.

ALLAHOUAKBAR

Par contre il y a un prisme d’analyse structurel, plus large dans son champ d’observation et plus général. Avec ce prisme il n’y ni méchant ni gentil, il n’y ni complot djihadiste, ni complot Rcdiste. Il y a le constat de l’énorme réserve de misère économique et existentielle qu’ont causé des décennies de dictature, d’échec économique, de partage injuste des richesses, bref de « tahmich » (voir ce lien). Rien de nouveau dans ce que je dis là. Tout le monde partage ce diagnostic. A cette différence près que je considère que la doctrine religieuse constitue le principal catalyseur du passage à l’acte et de la violence qui en résulte. Le texte sacré est le supplément de sens suffisant et nécessaire, pour que la réserve de misère existentielle se mue en une armée d’hommes se battant non pas contre les injustices sociales, ni contre la corruption, mais pour rétablir du sens et se relier aux temps immémoriaux de l’époque des prophètes et des Dieux.
Peu importe celui  qui leur fournit les armes, tant qu’ils restent guidés par cet idéal métaphysique qui donne enfin sens à leur vie. Ces jeunes qui ont agi au Chaambi sont en dehors de la temporalité quotidienne, des échéances électorales…Ils rejouent le même scénario de la Bataille de Badr menée par le prophète contre les caravanes mekkoises en plein mois de Ramadan. Leurs financiers et commanditaires, pensent peut-être les utiliser pour retarder les élections et bloquer le processus démocratique en Tunisie. Mais pour eux c’est sous-estimer leur dessein prophétique que de les limiter à ces bas objectifs terrestres.

On ne peut pas les accuser de mal interpréter le texte sacré. Il s’agit juste d’une certaine interprétation que le flou artistique du religieux permet, et qui conjugué à la misère existentielle, génère ce cocktail explosif. L’Islam n’étant pas défini, il est une porte ouverte à toute interprétation, aussi bien violente que pacifique. Si la Tunisie n’entame pas sa sortie définitive du dogme religieux par une constitution qui défend la neutralité religieuse de l’espace public, par une éducation qui exclut tout endoctrinement religieux, la société continuera à enfanter des monstres qui trouveront dans la religion tout ce qu’il faudra pour se faire exploser.

Mais rassurez-vous, ces monstres n'ont rien de tunisiens, répéteront en choeur nos intellectuels et nos politiciens, car l’islam tunisien est modéré ! comme l’alcool, il faut savoir consommer l'Islam avec modération ! Ils reconnaissent implicitement qu’à forte dose, il devient dangereux. Sauf qu’à chaque fois, qu’un fou d’Allah ou qu’un salafiste zigouille au nom du religieux, ils lui nient toute relation avec l’islam et avec la Tunisie. Comme si on niait l’effet de l’alcool sur un ivrogne sous prétexte que l’alcool se consomme avec modération.

DURversusMODERE

Voilà donc l’aporie dans laquelle ne cessent de se dépêtrer nos élites et en premier lieu le président Marzouki. Celui-ci qui enchaine les funérailles de militaires nous ressort la même rengaine sur la prétendue modération de l'islam tunisien. Dans son dernier discours, s’adressant aux terroristes, il leur rappelle menaçant, « la voie religieuse »  que continuera à suivre la Tunisie, voie précise-t-il, « sunnite, malékite, modérée». En gros, nous continuerons à boire notre Celtia nationale et allez vous faire foutre avec votre Whisky !

Alors que la solution aurait été d’interdire purement et simplement la consommation de la religion dans l’espace public voilà qu’en plein mois de ramadan notre président nous incite à l’ivresse religieuse modérée…

Gaza

Ce qui vaut pour l’Islam vaut pour toutes les religions. Toutes furent en leur temps des révolutions spectaculaires. Mais aujourd’hui par leur anachronisme elles deviennent des idéologies dangereuses. Ainsi en est-il du judaïsme. Construit sur l’idée du peuple élu, il porte en ses germes un communautarisme latent dont le sionisme serait une manifestation politique moderne. Évidemment tous les juifs, ne sont pas des sionistes, comme tous les musulmans ne sont pas des islamistes. Mais les uns comme les autres se reconnaissent dans des traditions et dans des textes sacrés qui permettent tout et son contraire.

C’est ce lointain héritage métaphysique, qui est seul responsable de la colonisation des territoires palestiniens. Le bombardement de Gaza en ce moment même est le dernier épisode de la manifestation armée d’un mythe religieux soutenu indirectement par les autorités occidentales. Derrière l’appui tacite de l’occident se cache la repentance envers les Juifs massacrés par l’antisémitisme nazi. Cette repentance est devenue ridicule. Notamment en France où l'on interdit des manifestations antisionistes sous prétexte d'antisémitisme (voir ici). Ce qui revient à interdire l'indignation que suscite les massacres d'Israël sur Gaza. Ce qui revient à donner carte blanche à Israël pour que se poursuive son projet colonialiste à caractère religieux.  Voir le discours de Manuel Valls (Surtout la minute 2:50 de cette vidéo)

BHL

En tant que caricaturiste blasphématoire, toujours tenté de faire sauter les couvercles, je me demande si l’antisémitisme pacifique ne devrait pas être aussi toléré que l’islamophobie ambiante pour pouvoir enfin dénoncer Israël et le sionisme. Ne hurlez pas. Si je dis ça c'est à cause de Charlie Hebdo et de certaines discussions que j'ai pu avoir avec des dessinateurs français qui saluaient mon islamophobie et ce au nom de la liberté d’expression. Toutefois, me disaient-ils, la caricature du musulman est strictement différente de la caricature du Juif. La différence demeure dans l'histoire douleureuse du judaïsme. Mais ce qui sépare fondamentalement le Juif du musulman, expliquait Charb dans un article de Charlie Hebdo, c'est d'abord le caractère ethnique du Juif (J majuscule) très distinct en cela du caractère idéologique du musulman. En gros, l'un appartiendrait à une "race" et l'autre à "une idéologie". L'un nait Juif, l'autre choisit d'être musulman. Pourtant les musulmans comme les juifs disent aussi faire partie d'une "oumma", qui au-delà du religieux, se base sur une ascendance commune -réelle ou non-, une culture commune et un vécu commun. Bref, le musulman comme le juif, prétend appartenir à une race. Alors pourquoi ce qui vaut pour les uns ne vaut-il pas pour les autres ?
J'arrête ici.
Chers amis, aimons nous les uns les autres, que Boukornine bénisse toute l’Humanité. Amen

Commentaires
O
Merci pour cet article fort pertinent, une analyse logique, directe et simple ! C'est bien de dévoiler la pure réalité du monde parfois. Chapeau bas !
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B
Religions,dogme, croyance, doctrine, idéologie, principe... tous ces systèmes liberticides, qui autorisent et appellent -ne serait-ce qu'une fois- au meurtre d'êtres humains, ne méritent pas le respect. Le vivre ensemble trouve ses racines en nous même, il s'évanouit devant les dogmes qui drainent dans leur sillage la haine de l'Autre, la destruction et le meurtre. Ils ont judaïsé, christianisé et islamisé des populations qui ne demandaient rien, non pas par l'amour et le bien-être, mais à la pointe de l'épée, par le glaive et dans le sang. A l'heure où j'écris, expire l'ultimatum aux chrétiens d’Irak: la conversion ou la mort.C'est aussi simple que ça.<br /> <br /> L'autocritique des religions, peu importent les causes et les moyens pour le faire, a permis aux adeptes sectaires et sanguinaires des ''Religions du dieu de la Miséricorde infinie", de mettre de l'eau dans leur vin. C'est une petite avancée et c'est déjà mieux que rien! Malgré tout, on reste prudent car la bête immonde est seulement en sommeil ou presque.
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O
"’interdire purement et simplement la consommation de la religion dans l’espace public" comment cela peut-il empêcher quiconque de rejouer "le même scénario de la Bataille de Badr"?
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L
Les propos interpellent à plus d’un titre d’où la difficulté d’y répondre par un texte structuré. Ça sera donc des bullet points au hasard de la réflexion.<br /> <br /> <br /> <br /> DES THEORIES<br /> <br /> <br /> <br /> Il y’a sans doute du vrai et du faux dans l’une comme dans l’autre, mais le problème n’est pas là. Le problème est que, indépendamment de quelle théorie vous prenez, vous n’êtes pas maitre de votre destin. Ni de votre propre destin dans votre propre pays, ni de celui de votre pays dans le monde.<br /> <br /> <br /> <br /> DES RELIGIONS<br /> <br /> <br /> <br /> Bon, j’avoue que résumer en deux lignes des constructions faites par l’Humanité sur des milliers d’années, relève de l’aventurisme. Mais qu’à cela ne tienne; faisons-en 2 paragraphes.<br /> <br /> <br /> <br /> Non, inutile de vous casser la tête ou de chercher midi à 14h. Il n’y a pas de dogme religieux ou assimilé qui soit, de et par lui-même, favorable aux libertés individuelles et publiques. Islam, judaïsme, scientologie ou autres, d’ailleurs. Pourquoi? Tout simplement parce que ceci suppose que le dogme en question accepte la contradiction. Or un dogme est un dogme justement parce qu’il est Vérité, parce qu’il ne souffre pas la contradiction. La nature première du dogme est de contrôler la vie de l’individu en régissant son intérieur, son extérieur, et la sphère ou il évolue. Quand Ghannouchi fait de la politique, ça n’est pas parce qu’il a une certaine idée du taux de couverture de l’assurance maladie. Quand le chef du Shass en fait en Israël, ça n’est pas parce qu’il a la conviction que la scission entre entités gérant les réseaux et autres se chargeant du transport est le meilleur moyen de gérer les chemins de fer. Quand des moines bouddhistes en font au Sri Lanka, ça n’est pas parce qu’ils privilégient le dessalement de l’eau de mer au recours aux nappes phréatiques. Bref, le dogme n’est pas fait pour gérer les affaires de la Cité, mais pour contrôler la vie des habitants de la Cité. Son rôle d’unique force régulatrice de la société est, donc, inévitablement en opposition totale avec les libertés individuelles et publiques, qui, elles, impliquent, d’un côté, une mosaïque de forces régulatrices puisant leurs légitimités dans d’autres sources et ne s’excluant pas mutuellement, et, de l’autre, des sphères privées échappant largement au contrôle de ces forces.<br /> <br /> <br /> <br /> Par contre, il y’a des dogmes qui ont appris, non pas à devenir plus ou moins perméables à la contradiction, mais à vivre avec. Ne cherchez pas midi à 14h ici non plus; il ne s’agit pas du résultat d’une quelconque autocritique comme pense Bob. Le fait est que quand un dogme arrive à ce stade, il n’y arrive que contraint. Parce qu’il n’a pas d’autre choix. Soit parce qu’il est numériquement ultra-minoritaire dans son environnement immédiat (pensez par exemple aux Baha’i ou aux Jaïn en Inde), soit parce qu’un bouleversement scientifique, économique et culturel est passé par là (cas des religions dominantes en occident). <br /> <br /> <br /> <br /> DE L’ISLAM<br /> <br /> <br /> <br /> Ma conviction profonde est que l’islam est dans la médiane des dogmes. Il peut paraitre plus rigide que d’autres dogmes sur un certain nombre d’aspects, mais aussi plus flexible sur d’autres. Il peut paraitre humaniste sur de nombreux points, et tout le contraire sur d’autres. Bref, il a sa part d’ombre et de lumière, conséquence inévitable, d’une part, de son cheminement historique propre, et, d’autre part, du fait qu’il n’est pas né ex-nihilo mais procède des dogmes qui l’ont précédé. <br /> <br /> <br /> <br /> Contrairement à d’autres dogmes, cependant, il n’a pas eu à souffrir d’un quelconque bouleversement scientifique, économique ou culturel endogène. Tout au contraire, sa lecture doctrinale standard, imposée au 9ème siècle, a résisté à toutes les tentatives de relecture, dont la dernière opérée au cours et en prolongement de la Nahdha. Celle du 19ème siècle et non pas la nôtre. Tout au contraire, il est vécu aujourd’hui par de nombreux musulmans soit comme une explication revalorisante de la victimisation qu’ils ressentent, soit comme un refuge face au choc avec la modernité. Modernité qui n’est pas arrivée sous les meilleures auspices non plus, puisque arrivée dans les valises des colons. <br /> <br /> <br /> <br /> DES ARABES<br /> <br /> <br /> <br /> Ibn Khladoun leur a réservé des tomes, je me contenterai d’une phrase. Je partage entièrement son analyse.<br /> <br /> <br /> <br /> DES ISLAMISTES<br /> <br /> <br /> <br /> Vous êtes jeune issu des classes plus ou moins moyennes, plus ou moins conservatrices. Vous avez eu la chance d’aller à l’école et de recevoir une instruction assez suffisante pour apprendre quelques bribes de l’histoire et vous ouvrir quelques petites fenêtres sur le monde, mais trop insuffisante pour vous apprendre à réfléchir. <br /> <br /> Vous affrontez ensuite la vraie vie. Vous n’observez autour de vous que gabegie, injustice, inégalités, règne des familles, politique urbaine défaillante, misère culturelle, sociale, sexuelle. Bref, l’arrogance du pouvoir couplée à une dose conséquente de tahmich à tous les étages, comme dit Z. <br /> <br /> Vous décidez de jeter un regard par-dessus les petites fenêtres et vous observez un rejet qui s’arrête à peine sur le point de s’annoncer par son vrai nom. Vous observez le calvaire des palestiniens. Vous notez la destruction de l’Irak, la neutralisation de l’Egypte et la finlandisation –dans le sens de l’ère soviétique et non pas du développement humain- du Royaume Hachémite. <br /> <br /> <br /> <br /> Vous revenez aux bribes d’histoire pour remémorer que vous êtes le descendant d’une civilisation brillante qui a illuminé le monde pendant des siècles. D’un empire qui courait de l’Inde jusqu’à l’Atlantique en passant par les portes de Vienne, apportant justice, équité et bonne gouvernance dans tous les recoins. De chefs qui dormaient en guenille à l’ombre d’un arbre, les yeux mi-clos car guettant toute petite mésaventure qui arriverait à leurs sujets. <br /> <br /> Vous zappez le reste, puisque on ne vous l’a jamais appris et vous n’en avez jamais voulu entendre. Vous filtrez l’anéantissement de cultures entières, la subjugation de peuples entiers, les califes s’entretuant pour le pouvoir, les autocraties se succédant par voie d’éliminations mutuelles, les chefs s’appropriant les hommes, leurs femmes et leurs sommes, les enseignements de Dieu en menu au choix pour servir le sultan du moment, le centre se nourrissant des cadavres de provinces et périphéries soumises, les livres empilés dans de gros buchers, les libres penseurs crucifiés, l’esclavagisme, la traite des blanches, et ce qui s’apparenterait de nos jours à la pédophilie. <br /> <br /> <br /> <br /> Vous remémorez des causes du long et pénible déclin qui a suivi. Celles qu’on vous a répétées ad nauseam. Vous n’y trouvez aucune difficulté puisqu’elles se limitent à deux. D’abord ce haineux Occident qui ne cesse de faire la guerre à la bonne Terre d’Islam. Des croisades successives, jusqu’à l’enterrement du califat ottoman, le morcellement en provinces colonisables, et l’implantation du poignard Israël dans le cœur du monde arabe, précisément entre ses deux ailes pour les empêcher à jamais de voler!! D’ailleurs, est-ce une coïncidence qu’ils ont donné à ce cancer d’Israël la forme physique d’un poignard?? Et puis la deuxième. Une tentative d’autocritique comme ce monde arabo-musulman n’en a pas souvenir: une erreur qui viendrait pour une fois de nous-même plutôt que de l’autre. Non, non pas la validité de la source doctrinale, puisque sa mise en question ne viendrait même pas à l’esprit. Pour la simple raison qu’il n’y a pas d’esprit. Non, plutôt notre éloignement de cette source doctrinale qui a fait notre sublime grandeur d’antan.<br /> <br /> <br /> <br /> Vous décidez qu’il est temps d’agir. Vous commencez par formater les cerveaux, avant de vous lancer dans l’agitation contre les régimes impies et vendus, et enchainer par des actions armées. L’objectif que vous vous êtes fixé vous tient tellement à cœur que vous nouer les alliances pour y parvenir. Avec Erdogan, par exemple, mais vous ignoriez sans doute qu’il venait juste avant d’autoriser la dernière série des exercices interarmes conjoints avec Israël. Avec Hamad aussi, mais là encore vous ignoriez s’il a béni vos plans avant ou après avoir offert le gite et le couvert à Tizni. Vous vous incliner pour remercier de leur largesse les riches contributeurs du Golfe, mais vous ignoriez que ce qu’ils vous ont remis est la monnaie reçue lors du règlement de l'installation de la dernière baignoire dans leurs jets privés.<br /> <br /> <br /> <br /> Des rivières de sang plus tard, vous réussissez à libérer un territoire et y fondez les prémisses de l’Etat islamique renaissant qui renouera avec le passé sublime, rendra leur dignité et leur puissance perdues aux musulmans, et permettra à la parole de Dieu de guider les pas de ses créatures. Vous prenez votre première grande décision dans ce sens: vous ordonnez l’excision de toutes les femmes du territoire.<br /> <br /> <br /> <br /> D’ENNAHDHA<br /> <br /> <br /> <br /> Comment appelez-vous un parti duquel on ne peut-pas démissionner? <br /> <br /> Un peu plus au nord, on appelle ça Mafia. Encore un peu plus au nord, la dénomination change pour devenir secte. Chez-nous, on appelle ça un parti qui pratique la démocratie en son sein et mène une expérience unique, celle de concilier Islam et Etat citoyen de droit. <br /> <br /> <br /> <br /> Peut-être que vous n’y croyez pas, mais vous ne comptez pas. L’essentiel est que les américains y croient. Ce qui nous amène au fond du sujet. Vous vous souvenez du jeune islamiste ci-haut? Eh bien, un islamiste tunisien, c’est à peu près la même chose. Seule différence, mais de taille: étant après tout tunisien, il se prend pour le centre du monde, se croit plus intelligent que ses adversaires et les américains, et pense pouvoir les rouler tous dans la farine. Et le plus bizarre, c'est que ça marche.<br /> <br /> <br /> <br /> DE L’OCCIDENT<br /> <br /> <br /> <br /> On dit bien grattez un africain et vous découvrirez un animiste. On devrait dire grattez un occidental et vous découvrirez, à des degrés divers, un raciste ou un antisémite, selon le cas. Parfois conscient, le plus souvent inconscient. Produit d’une histoire plus ou moins lointaine selon les circonstances, mais le plus souvent mal assumée, et de fantasmes qui couvent toujours sous les cendres. C’est dire si l’Occident a vraiment besoin de faire son aggiornamento. Sans attendre. Et là n’est pas tout. L’Occident doit apprendre à partager la richesse avec d’autres qui se font de plus en plus ambitieux. Ses populations trop longtemps habituées à un niveau de vie appréciable doivent acceptez l’idée que la rente n’est pas éternelle, et qu’ils doivent se contenter de moins. Et ça se fera dans la douleur.<br /> <br /> <br /> <br /> Il n’en reste pas moins que c’est ce même Occident qui a réussi à offrir liberté et prospérité à la plus grande partie de sa population. Que c’est son humanisme qui pousse un médecin norvégien à tout laisser et partir soigner des maladies obscures dans des recoins perdus du Sierra Leone, alors que son confrère tunisien fête, dans un hôpital public sensé préserver la vie, l’assassinat de soldats tunisiens au Chaambi. Que c’est sous sa justice que tout justiciable, quelle que soit sa couleur ou sa confession, a le plus de chance de se faire rendre justice.<br /> <br /> <br /> <br /> D’ISRAEL<br /> <br /> <br /> <br /> Fascinant pays. <br /> <br /> Seul pays en guerre dans la région et seule économie et seule –imparfaite- démocratie qui fonctionnent. Et en même-temps, une théocratie en costume-cravate, même si à cause du climat ou du background militaire ou religieux, ou des deux à la fois, la plupart ne portent pas de cravate. <br /> <br /> Un attachement affiché sans pareil à la vie de tout homme……juif, et en même-temps un mépris tout aussi unique pour celles des autres. <br /> <br /> Un amour et un soin sans pareil apportés aux arts, aux lettres, à la science et au savoir, et en même temps la capacité de bombarder un hôpital abritant des enfants au motif qu’il servirait de refuge a des militants. Mais peut-être que je me trompe. Peut-être que l’ordre de bombarder ne serait pas venu s’il s’agissait de vies…..juives.<br /> <br /> <br /> <br /> La conclusion que j’en tire? Personnellement, je ne ressens pas le besoin de mettre des gants pour en parler. Alors, parlons-en clairement: l’Etat d’Israël tel que conçu par le sionisme est un état colonial, ségrégationniste, raciste et coupable de crimes de guerre. Il réduit les palestiniens essentiellement à des prisonniers sur leurs propre terre. Et il transforme des générations de juifs en bourreaux. Je ne me souviens plus du nom du diplomate occidental qui s’est fait attirer les foudres en déclarant que ce putain de mini-pays, qui passerait sans effort dans la poche de sa veste, trouve toujours un moyen de tenir le monde en haleine. Je rajouterai simplement : et en otage.<br /> <br /> <br /> <br /> Jusqu’à quand cette situation peut-elle perdurer? Assez longtemps sans doute, mais en tout cas pas éternellement. Y’a-t-il mille exit potentiels de cette situation? Non, il n’y en a qu’un seul. Les israéliens le savent, les palestiniens le savent, nous le savons tous. A la fin, il serait dans l’intérêt du peuple juif qu’Israël se banalise. Sauf si en se banalisant, Israël ne tienne pas éternellement ensemble.<br /> <br /> <br /> <br /> ET DU PLUS IMPORTANT<br /> <br /> <br /> <br /> Sihem est de retour.<br /> <br /> Depuis quelques temps déjà avec un poème qui m’a bouleversé. J’ai pensé vous en parler en son temps, mais ne voulais pas vous importuner avec mes histoires privés de cœur et de cul (un télescopage que je peine à m’expliquer). Elle a choisi de récidiver, me libérant ainsi de mes scrupules. J’y reviendrai.
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B
Il n'y a pas de religions monothéistes tolérantes. Sauf que l'islam, contrairement aux deux autres, n'a jamais fait son autocritique et se trouve en décalage grandissant à travers les siècles. Pour des raisons principalement sociologiques et géopolitiques, il continuera à l’être encore pendant des siècles. Il ne se passe pas un jour sans qu'on apprenne un événement atroce du fait des musulmans qui passent à l'acte (le passage à l'acte étant la seule différence qui distingue un musulman d'un autre, toutes les autres théories sont faites pour éviter l’autocritique).
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DEBATunisie
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