Quand le sage montre la Lune...
On avait tous deviné que l'élection d'Essebsi à Carthage allait sonner la fin de la récréation révolutionnaire. D'ailleurs à peine s'était-il installé au palais qu'il avait déjà sorti son projet de réconciliation avec le passé. La loi tant décriée dite de "réconciliation nationale" -avec les corrompus- n'a certes pas été votée, mais le climat général demeure très favorable aux caïds, aux mafieux, aux anciens mauves et aux contrebandiers. Tout récemment le saint patron Slim Chiboub, ex beau-fils de Ben Ali, vient d'échapper à la police. Celle-ci aurait désobéi aux ordres de la Justice concernant la confiscation de ses biens mal acquis. Selon une récente déclaration de la juge Leila Abid, la présidence de la république serait derrière ce blocage ( voir ici )
Ce coup de pouce (ou plutôt coup de canne) n'est pas sans nous rappeler les relations privilégiées que semblent entretenir les deux hommes. L'occasion pour nous de signaler qu'un article de Nawaat publié en 2014 évoque le business qui lie l'homme d'affaire Chiboub et les Essebsi... Bref, encore une affaire de famille qui pue la corruption (voir ici)
Panama Papers
Ce climat délétère chers amis s'observe et se diagnostique quotidiennement. Mais nous attendions depuis longtemps ce grand jour où des preuves concrètes viendraient enfin révéler la magouille générale. Puis voilà, le monde entier se réveille un beau matin sur la plus grande fuite du siècle, le Panama papers : 11,5 millions de documents issus du cabinet d'avocats panaméen Mossack Fonseca détaillant des informations sur plus de 214 milles sociétés offshore ainsi que les noms des actionnaires de ces sociétés de part le monde. Le site Inkyfada détient l'exclusivité sur ces fuites en Tunisie. Ce webzine plutôt discret, considéré comme un ovni high-tech dans le paysage médiatique tunisien, est spécialisé dans le journalisme d'investigation. Depuis cette récente affaire du Panama Papers, les projecteurs se sont subitement braqués sur Inkyfada...
Je vous épargne ici la description de la minable réaction de nombre de journalistes et d'analystes. Certes, le webzine a été débordé par les événements et semble avoir techniquement mal géré la situation. Mais plutôt que de profiter de la solidarité de la profession et du soutien de la population, voilà que le journal est accusé de complot. C'est ainsi que le premier nom révélé par Inkyfada (voir ici), Mohsen Marzouk, ancien directeur de campagne d'Essebsi, conforté par l'hostilité générale envers le site, attaque le webzine et porte plainte. Pour ne rien arranger, des hackers ont carrément bloqué l'accès au site pendant quelques jours. Nous sommes ici très loin du scénario Islandais, où le premier ministre démissionne après la révélation de son nom. Il est vrai, à la décharge de Marzouk, qu'à part quelques échanges avec le cabinet panaméen rien ne prouve sa compromission directe dans le business offshore. Cependant, pour un homme public, fondateur du parti au pouvoir, dans un pays ravagé par la corruption et l'évasion fiscale, la simple apparition de son nom dans une telle correspondance est en soi un élément à charge suffisant pour un article.
En Tunisie chers amis, faire de la politique après un demi-siècle de corruption généralisée, c'est s'obliger à faire preuve d'une totale exemplarité. Car descendre dans l'arène politique dans un pays aussi sinistré moralement c'est suspect, c'est comme naître en portant sur soi le péché orginel. C'est comme ça, ou alors que chacun reste chez soi. Pourquoi donc jouer au clown ? Personne n'a obligé les Marzouks & co à faire le cirque, alors qu'il laisse les médias faire leur boulot et qu'il arrête d'emmerder son monde parce qu'un journaliste s'interroge sur les raisons de sa correspondance avec un cabinet international d'évasion fiscale. Pourquoi donc bordel est-il entré en contact avec ce cabinet ? Posons-nous la question !
Bordel de merde !
Afin de calmer les esprits dans cette période tourmentée rien de mieux que la religion ! A cet effet je vous convie personnellement à la chapelle sainte Monique à Carthage où je compte laver l'humanité de ses péchés en m'exposant durant 15 jours. Fidèles et infidèles vous êtes les bienvenus ! (voir ici).
En plus de Tunis, je ferai également une apparition dans le nord de la France, pour une autre exposition qui démarre aussi le 16 et à laquelle vous êtes conviés. C'est dans la ville de Cambrai que des irréductibles gaulois m'invitent pour prêcher la bonne parole jusqu'au 9 Juillet (voir ici).
Amis où que vous soyez, les voix du seigneur sont Panamétrables...
AMENenez-vous donc !