Première dans le monde arabe: un cheikh femme élu à la tête d'une capitale
La nouvelle a déjà fait le tour du monde. Souad Abderrahim vient d'être élue, ce mardi 3 juillet 2018, à la tête de la ville de Tunis (voir ici). Elle est de fait la nouvelle Cheikh de la Médina. Candidate du parti islamiste de Zaballah, cette pharmacienne de 53 ans peut être fière de son exploit...
Sa victoire divise l'opinion. Certains s'en réjouissent simplement parce qu'elle est femme. D'autres s'en lamentent parce qu'elle est zaballahiste. Rappelons que cette dame a quand-même tenu des propos qui sont restés gravés dans la mémoire collective. C'était en 2011, en plein affaire Persépolis (voir ici). Souad Aberrahim avait alors insulté l'honneur des mères célibataires, les considérant comme des déchêts de la société. Cela préfigurait-il déjà sa politique de nettoyage ?
Soyons sérieux
Nous savons que ce genre de saillie verbale n'est pas le propre des islamistes. Nos pseudos progressistes sont capables de plus belles. Notre président lui-même, digne héritier du bourguibisme, en a sorti des vertes et des pas mûres contre "la Femme". Rappelez-vous de son insulte sexiste contre Mehrezia Laabdi, alors vice-présidente de l'assemblée. C'était en 2014 (voir ici). Promenez-vous sur les murs facebookiens des Ben Simpsons et notez le machisme, l'homophobie et toute la bigoterie ambiante qui contamine notre bourgeoisie dite moderniste. Il n'y a donc pas de quoi se lamenter du zaballahisme de notre pharmacienne, il est à l'image de la majorité de nos concitoyens.
En revanche, je m'étonne beaucoup plus de la bêtise de celles et ceux qui malgré les propos d'Abderrahim, se réjouissent de son élection, simplement parce que c'est une Femme. La première Femme élue à la tête d'une capitale arabe, répétent-ils en choeur. Pour eux ce qui compte, c'est le symbole, l'effet d'annonce, l'image! Encore cette foutue image. Ces gens font-ils exprès d'oublier qu'au nom de l'image et du symbole, on a failli se taper Leila Ben Ali présidente de la république ?
Conclusion
Comme toujours, ce genre de polémique nous égare des vraies questions. Car, en fin de compte, nous ne savons toujours pas en quoi cette zaballahiste qui a réussi dans l'épicerie des médicaments, serait légitime pour décider de l'urbanisme, de l'écologie et de la sociologie d'une cité aussi complexe que Tunis. Quelles visions porte cette dame, sur l'espace public, les espaces verts, le logement, les équipements culturels, le patrimoine, les mégaprojets, les réserves foncières autour de la Sebkha...et les flamants roses?