Le débat...
L'énorme saga politique qui a commencé l'été est loin d'être terminée, mais ce soir nous assisterons à l'un de ses moments clefs: le débat entre les deux candidats finalistes, Nabil Karoui et Kaïs Saïed.
Notons qu'il s'agit du premier débat du genre dans l'histoire du pays. En 2014 pourtant il en était question si Béji Caïd Essebsi ne s'était pas désisté par crainte de se faire bouffer par son rival Tartour (voir ici). Pour les tunisiens aujourd'hui sera donc soirée pop-corn, pistache, thé ou Celtia et le blog DEBATunisie, créé en 2007 avec la modeste prétention de réhabiliter le débat public en Tunisie, ne peut que se réjouir de cet événement. Certes, nous savons très bien que la confrontation de ce soir ne portera pas sur les idées, mais beaucoup plus sur la psychologie des deux rivaux qui ne parlent visiblement pas la même langue, mais qui surtout, ne sont pas de la même espèce...
N'oubliez pas chers amis, que si l'on se tient aux révélations du lobbyste de Karoui * (voir ici), ce duel présidentiel s'inscrirait dans une logique plus large dans laquelle notre Justice sous pression américano-zaballahiste aurait libéré Karoui en échange de l'alliance de son parti avec les islamistes et ce afin de conforter une majorité parlementaire. Bien sûr nous nageons en plein délire complotiste, mais il n'est pas invraisemblable de penser que Karoui est le candidat idéal de la préservation de l'ordre établi régional selon la vision néo-colonialiste américaine pour qui les barbares que nous sommes, ne peuvent être gouvernés que par des mafieux occidentalisés mixés à des conservateurs allahisés, le tout dans la marmite du néolibéralisme le plus éhonté.
Inutile de revenir ici sur les défenseurs assumés de Karoui, dont une partie le soutient par ignorance, stupidité ou réflexe de classe, et l'autre partie -plus grave-, journalistes et affairistes connaissant pourtant tout cela et qui, contre vents et marrées, défendent ce sombre personnage pour des raisons bassement opportunistes. Ce groupe redessine exactement sous nos yeux, en ce moment-même, l'exacte réplique du schéma de compromission de l'élite qui avait soutenu 23 ans durant, la dictature de Ben Ali.
Pour votre vote de demain, chers amis, vous savez ce qu'il vous reste à faire...
* Le lobbyste Ari Ben Menash révèle la nature de son contrat avec Karoui et explique dans le détail le contenu de leurs discussions pourtant privées, et ce dans une volonté évidente de se vanger de son client qui aurait nié jusqu'à leur rencontre mettant ainsi en doute la crédibilité d'un vieux routard du lobbying. Beaucoup à dire sur cet entretien avec Ben Menash, retenons simplement que cette affaire dans sa complexité, révèle une chose simple : Karoui à Carthage c'est la victoire du trabelsisme.