Zabaïed
Si nous nous félicitions le 25 Juillet de l'éviction de Zaballah du pouvoir, c'était entre autres lié au dossier des assassinats politiques de Chokri Belaid et de Mohamed Brahmi. Depuis 2013, l'étouffement de l'enquête concernant ces deux affaires, sous le règne des islamistes, confirmait indirectement leur implication dans ces crimes. On a cru naïvement après le coup de boule de Saïed, que l'Etat allait symboliquement annoncer la réouverture du dossier. L'infatigable mouvement "Manech Msalmin" qui manifeste tous les mercredis depuis 2013 afin d'exiger la divulgation de la vérité sur les assassinats politiques, pouvait espérer que le Président réponde enfin à cette revendication nationale. Quelle fut la surprise des manifestants et des journalistes rassemblés sur l'Avenue, de se faire violement agressés par la Police à coup de matraque et de lacrymogène (voir ici)...
Qui peut croire sérieusement qu'un conservateur qui ne jure que par Allah, qui défend la peine de mort et la suprématie du Coran, puisse être un sincère défenseur des Droits de l'Homme ? Il a déjà prouvé son amour pour ces principes en livrant un réfugié politique algérien au régime corrompu des militaires (voir ici). L'activiste en question, Slimane Bouhafs, indépendantiste Kabyle et blasphémateur du prophète, risque la torture voire l'exécution. Faisons donc notre deuil d'un président défenseur des droits humains et des libertés individuelles. Saïed bascule progressivement en mode Zaba. Je pense ne pas me tromper en officialisant sur ce blog son nouveau sobriquet : Zabaïed.
Mais au-delà de ces questions théoriques, revenons à nos manifestants. Quel message voulait faire passer Zabaïed en réprimant "Manech Msalmin" ? n'est-il pas en train de vouloir confisquer au "peuple" sa rage anti-Ennahdha, cette rage qui, le 25 juillet, a eu raison des locaux du parti islamiste attaqués par la foule en colère. Cette rage grâce à laquelle le "peuple" a fermé les yeux sur son coup d'état ? à quoi joue au juste Zabaïed ? Est-il en train de négocier avec Zaballah sur le dos du "peuple" ?
Rappelons que "le peuple", comme Allah, sont deux entités métaphysiques dont Saïed prétend parler en leur nom.