Zabaïed s’est rendu hier au siège de l'ISIE (l'Instance dépendante de sa Personne), afin de déposer son dossier de reconduction tacite à son poste de Président de la république (prévue le 6 octobre 2024). Devant les caméras, il tenait à porter lui-même trois lourdes boîtes d'archives remplies de 20 000 parrainages. (Il est techniquement impossible de rassembler 20 000 formulaires dans trois boîtes. Zabaïed en plus d'être mauvais comédien, est un escroc. )

Sorti de l'ISIE, quelques courageux journalistes l'abordent sur le parvis. Ils lui demandent d'intervenir en faveur de leurs camarades en prison. Bien sûr celui-ci se défausse de toute responsabilité en prétendant que la Justice travaille en toute indépendance puis ressort son mantra pour clore tout débat : "Avant de réclamer la liberté d'expression, il faut avoir la liberté de penser". 

Chers amis, il y a beaucoup à dire sur la situation des Droits de l'homme en Tunisie depuis le coup d'Etat du 25 Juillet 2021. La situation n'est pas dramatique seulement pour les journalistes, mais aussi pour la société civile et pour toute la classe politique tunisienne en général. Malgré les efforts que je déploie ici sur ce modeste blog pour énumérer ces atteintes, je crois encore être très loin du compte.

"La liberté d'expression vient après la liberté de penser"

Il est peut-être temps que des gens sérieux se penchent sur cet aphorisme et rappellent pourquoi cette formule en plus de révéler l'ânerie de son auteur, trahit une terrifiante conception de la liberté.  

Pourquoi une ânerie ?
Evidement, tout ce que l'individu exprime, est le produit d'une pensée. Mais cette pensée (en tant que  processus cérébral), quelque soit ce qu'exprime l'individu, demeure inaccessible, à la science comme à la Justice. Qu'insinue donc Zabaïed en évoquant la liberté de penser ? 

C'est ici que se révèle sa conception flippante de la liberté : Zabaïed veut tout simplement reporter la question des libertés en amont, c'est à dire au niveau de la pensée, voire de l'âme. Pour lui, il ne sert donc plus à rien d'examiner les faits et les actes, il faut pouvoir revenir à la source et examiner à la loupe l'intention, l'idée occulte qui se cache derrière.  

A l'aune de cette théorie, on peut mieux comprendre pourquoi la Justice sous le règne de Zabaïed, n'a pas jugé les opposants sur des faits concrets se basant sur des pièces à conviction. D'ailleurs, leur dossier d'accusation n'apportait aucune preuve sur le prétendu complot contre l'Etat dont sont accusés plusieurs chefs de partis. Nada ! Ils ont été jugés et jetés en prison sur leurs supposées pensées maléfiques. La Justice n'a pas attendu qu'ils s'expriment ou qu'ils passent à l'acte. Elle avait déjà toutes les preuves par son "scanner" de la pensée. Avec Saïed la Justice passe à une autre dimension : quelque chose entre "Minority Report" et Tomás de Torquemada.

La bêtise au Pouvoir

Tout ça est bien flippant, mais parce que c'est profondément bête. Notre malheur en Tunisie, c'est que cette bêtise est au pouvoir. Voilà notre drame ! 

La lutte que nous menons en ce moment en Tunisie n'est pas seulement une lutte contre la dictature. C'est aussi une lutte contre l'insulte à l'intelligence qui est la caractéristique du régime de Zabaïed.

Au delà du fait que l'Etat policier utilise et manipule ce sinistre personnage, il demeure le premier responsable de sa propre bêtise et de la situation catastrophique dans laquelle il a plongé le pays. Car la bêtise n'est pas une maladie ni un handicap. C'est une volonté, c'est le désir de la facilité, la paresse de l'esprit, la complaisance avec soi. 

Zabaïed Sait qu'il est bête. Mais puisqu'il s'est retrouvé au Pouvoir par un extraordinaire concours de circonstances, il a établi qu'il ne fallait rien changer à son système de pensée. De la même manière que Zabaïed sait qu'il a une dentition monstrueuse à faire tomber les mouches. Mais puisque cela ne l'a pas empêché d'accéder à Carthage alors au diable le détartrage !  

Kaïs Saïed est un crétin conscient et assumé. Il nous mène vers la faillite en connaissance de cause car il y trouve son compte. Finalement il habite un palais, les gens l'adulent et c'est dans une tasse plaquée or que le contribuable lui offre son café qu'il savoure le matin avec son Marlboro en regardant Boukornine par la somptueuse baie vitrée d'un bureau feutré dessiné par un prix de Rome.

Boukornine vous le rendra !