GE NO SEE DE
Israël lance une nouvelle offensive massive sur Gaza. Se poursuit donc le génocide en live streaming, au vu et au su de tous. Un spectacle à ciel ouvert que seuls les gens de mauvaise foi refusent de voir.
Alors que s'ouvre le 78e festival de Cannes, grande messe de "la société du spectacle", l'invisibilisation de Gaza crève l'écran. On ne retiendra du voile de Binoche*, que le voile général jeté sur le premier génocide du 21e siècle.
Evidemment, certaines personnalités du monde du cinéma commencent à se préparer pour le jour d'après. Car il y a de fortes chances que le vent tourne et que Gaza devienne le prochain Auschwitz. Si de nombreuses stars de cinéma viennent de joindre leurs noms à une tribune alertant sur le génocide de Gaza, elles semblent le faire plus par calcul stratégique que par conviction profonde. Comme Juliette Binoche présidente du jury, qui ne l'avait pas signé dans un premier temps, mais qui a fini par céder sous le poids de la pression (voir ici).
Je dis cela car il n'y a plus d'humanité dans le star-système. Le rapport incestueux qu'entretient le showbiz avec le capitalisme le rend mécaniquement complice des horreurs commises par les plus grands capitalistes. N'oublions pas que le sionisme dont le génocide est l'horizon, demeure une manifestation au proche orient d'un projet colonial motivé par des intérêts capitalistes. L'extermination en cours des palestiniens, rappelle celle qu'ont commis les européens en Amérique, au nom des intérêts économiques d'une race supérieure.
Bien sûr une fois le mal commis, les cinéastes ne manqueront pas de romancer et de documenter le mal. Viendra après la catastrophe le défilé de la repentance. Mais à la différence du passé, le live streaming qui documente aujourd’hui le génocide nous permettra demain de leur renvoyer à la figure le spectacle de leur hypocrisie.
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* La célèbre actrice Juliette Binoche, présidente du jury, portait pour la cérémonie d'ouverture une tenue très sobre marquée par un voile discret évoquant la Vierge Marie. Une sobriété presque coupable, peut-être de n'avoir pas évoqué le génocide, ou de n'avoir pas osé accuser Israël. Binoche s’est contentée de rendre hommage à Fatima Hassouna, photographe palestinienne de 25 ans, tuée par un missile israélien le 16 avril. Hassouna est la protagoniste d’un documentaire poignant réalisé par l’Iranienne Sepideh Farsi. Un documentaire qui pourrait sauver un peu l’honneur de Cannes, si le jury a le courage de le mettre en avant...