L'étrange cas du docteur Kaïs et de Mister Saïed !
Dans un monde où les États-Unis sont officiellement devenus une dictature fasciste, et où un génocide est filmé au vu et au su de tous, le cas de la Tunisie passe sous les radars. Qui se soucie encore de ce petit pays insignifiant, qui avait brièvement attiré l’attention du monde en 2011, lorsque son peuple s’était révolté contre son dictateur ?
Aujourd’hui, la Tunisie vit sous le joug d’un nouveau dictateur, aussi abruti que brutal. Je ne m’attarderai pas ici sur l'abjection du régime de Saïed (le "chlékisme"), commenté et caricaturé en long, en large et en travers, sur ce blog comme ailleurs, par des analystes, des témoins, ou de simples citoyens. Tous s’accordent à expliquer, tant bien que mal, les raisons objectives de ce triste retour à la dictature. Mais aucun ne parvient vraiment à rendre compte de ce glissement grotesque, presque absurde, vers une tyrannie à la fois lunaire et sinistre. Pour le caricaturiste que je suis, cette dictature est une douloureuse aubaine.
Kaïs Saïed : robot, humain, psychopathe ou extraterrestre ?
Nul ne saurait répondre de manière scientifique à cette question. Mais pour ma part, je situe la question ailleurs. Que s’est-il passé dans la tête de Kaïs Saïed, avant et après son élection ? Sommes-nous bien certains qu’il s’agit de la même personne ? Qu’est devenu ce professeur de droit constitutionnel, cet homme modeste et inoffensif ? J'ai honte encore de le dire, mais je fais partie de ceux qui ont voté pour ce monsieur en 2019. Face à Nombril Kakaroui, j'ai choisi les yeux fermés Kais Saïed.
Je me suis fié simplement à mon observation, minutieuse mais banale : celle d’une matinée de 2018, au café de l’Africa, à Tunis. Je prenais, comme souvent, un capucin en solitaire. Lui aussi était là, seul, quelques tables plus loin. Il sirotait son café en lisant La Presse — ou peut-être Essabah. Ce monsieur inspirait un calme et une certaine sérénité. Un client le salue et s'engage entre les deux hommes une discussion amicale. J'observais Saïed, et je le trouvais particulièrement humble et sincère à une époque où il commençait pourtant à être célèbre.
Moi qui me targue d’avoir de bonnes intuitions, et qui fais aveuglément confiance à mes instincts de flamant rose, je l’affirme sans hésiter : le Saïed que j’ai croisé à l’Africa n’a rien à voir avec le monstre de Carthage. Vraiment rien à voir ! Deux êtres que tout oppose — sauf peut-être leur amour du capucin.
Mais que s’est-il donc passé ? Quelle diablerie a bien pu métamorphoser cet homme ordinaire en despote de la Chléka ?
En Inchraf, dort la vérité...
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