En attendant le 20 Mars 2056
J'ai beaucoup ri ce soir sur le dernier post du blog ExTraVaGaNzA.
Son auteur rappelle avec l'humour qu'on lui connaît le "Thiin" des autorités qui rebaptisent l'Avenue de Miami aux Berges du Lac en Avenue Cheikh Zayed le fameux sultan émirati, et ce dit-il, suite au passage du groupe El Maabar lors de la présentation du Mégaprojet " Bled El Ward".
Dans son article le bloggeur explique que cette allégence ostentatoire ( deux grosses plaques portant le nom du cheikh installées du jour au lendemain dans une des plus agréables promenades du Lac ) est ridicule sachant que ce sultan n'investit pas dans le pays pour nos beaux yeux, mais par simple opportunisme.
En effet, rappelle-il, la conjoncture post 11 Septembre rendant plus regardants les occidentaux sur le investisseurs arabes ( lutte contre le terrorisme ) a fait que les "boukachta &co" se retournent vers les petits pays émergeants arabes comme la Tunisie.
Sans vouloir reprendre son article je rebondis sur un des commentaires qu'il a reçu et qui me semble symptomatique de la complaisance naïve de nombre de nos compatriotes. Il dit ceci:
"Oui, nous sommes fiers des investissements de nos fréres arabes, Oui nous préferons le nom de la rue cheikh Zayed que Miami, Oui nous en avons ras le bol des gauchistes, des laiques, des gens qui se veulent occidentalisés. Nos
fréres de ces pays arabes ont réussi à faire naitre d'un désert qui ne
valiat rien des sites comme dubai, qui sans pétrole ni ressources
naturelles est devenue une nouvelle merveille
à ceux qui traitent nos fréres arabes de tétes à ruban, je leur propose de faire avec **** une gashta"
Peut être que ce commentaire ne mérite pas l'attention que je lui accorde, mais je l'ai souvent entendu:
Beaucoup de nos amis tunisiens se sentent fiers de ces "frères" arabes et pensent que ces derniers viennent investir par pur humanisme dans nos terres à l'inverse des occidentaux colonisateurs.
Ces investissements pourtant qu'ils viennent des uns ou des autres n'ont jamais été voulus pour nous pauvres citoyens. ils suivent des logiques qui nous dépassent. Qu'ils viennent de nos "frères arabes", de chinois, ou même des français de la colonisation, ils nous ont mangé et nous mangeront toujours à la même sauce.
Ils nous invitent à faire la main d'oeuvre (ils appellent ça l'employabilité ) et quand les chantiers seront terminés, ils nous inviteront à consommer dans les cafés ( ils appellent ça loisir )
Par contre selon des études non divulguées, le standing des apparts dépasse de loin les capacités des plus fortunés d'entre nous.
Alors je ne vois pas dans cette éventuelle discrimination quelle différence y'aura-t-il entre Le Tunis colonial du protectorat, ou la future Cité du Siècle des émirats.
Peut être attendrons nous la nouvelle indépendance du 20 Mars 2056 pour rebaptiser le grand Boulevard Cheikh Zayed de la Cité du Siècle en Boulevard Ali Erriahi (un artiste pour changer), comme à l'époque on avait renommé en Habib Bourguiba, l'Avenue Jules Ferry.
Ce jour-là peut être, certains tunisiens de la blogosphère se rappelleront avec nostalgie leurs luttes dans les e-maquis...