Le complexe du Tartour
Notre président tunisien Moncef Marzouki dit "Tartour" adore devant les médias occidentaux, vanter la singularité de son mariage politique avec les islamistes s'efforçant à chaque fois de démontrer la totale compatibilité entre Islam et démocratie. Depuis son accession au pouvoir, Marzouki travaille nuit et jour sur cette question philosophique et vient d'achever le premier tome de son oeuvre intitulée "l'invention d'une démocratie" (voir ici). Sauf que notre Toctocqueville national a préféré publier son livre en France preuve que lui- même est conscient que, chez lui en Tunisie, plus personne n'est prêt à avaler ses couleuvres. Chez lui en Tunisie, Marzouki préfère clairement l'affrontement contre ceux qu'il nomme: "les extrémistes laïcs":
C'est dans une émission d'Al Jazira que Tartour a prévenu contre la terrible vengeance qui risque de s'abattre sur ces dangereux laïcs qui préparent dans l'ombre un coup d'état contre les gentils zaballahistes. Marzouki est totalement d'accord avec le journaliste d'Al Jazira que Zaballah est progressiste, avant-gardiste et super démocrate et s'étonne avec son interlocuteur du laxisme de la troïka envers ces dangereux comploteurs de l'ombre (voir l'émission ici)
Mais qui sont donc ces laïcs extrémistes?
Je ne pense pas que Marzouki fasse ici allusion aux ex-mauves sebsistes de Nida. Ces derniers sont des islamistes refoulés, qui honnissent le concept de laïcité autant que Zaballah. Ce sont les défenseurs de l'hypocrite Islam modéré et ce n'est donc pas contre eux que Tartour agite ses menaces.
Marzouki semble faire une synthèse entre les frontistes (Jebha echa3bia) et tous ces emmerdeurs de la société civile, les journalistes, les rappeurs, les artistes, les Aminas et toutes ces folles qui hurlent contre la Badi.
En les jugeant d'extrémistes Marzouki déclare la guerre. Certes chez ces singuliers citoyens, la subversion et la transgression sont systématiquement employés pour répandre certaines opinions. Une sorte de violence symbolique est mise au service de cette lutte contre le conservatisme ambiant et la corruption générale des esprits. L'exemple de la Femen Amina s'inscrit notamment dans ce registre choquant. Le cas des rappeurs qui s'insurgent contre la "flicaille" relève également du même mode opératoire. Et dire que Marzouki le collabo officiel des zigouilleurs de Chokri Belaïd trouve que l'extrémisme se situe encore du côté des laïcs.
Un Tartour sommeille en chacun de nous
Mais attention mes amis, le complexe du Tartour est répandue chez nombre de nos concitoyens dits progressistes ou qui s'affichent comme tels. Ces personnes ne sont pas CPRistes et détestent Marzouki. Mais pourtant, ils s'accordent avec lui pour dénoncer "l'extrémisme laïc" à chaque fois qu'une polémique "laïcarde" vient polluer le débat public. Ce complexe s'est manifesté pour la première fois dans l'affaire Nadia el Fani quand elle a sorti son film "ni Allah ni maitre" en Juin 2011. Ensuite lors de la diffusion de Persépolis sur Nessma en Octobre 2011 (voir ici). Le même phénomène s'est reproduit avec encore plus de force à la suite de l'exposition du printemps des arts en Juin 2012 (voir ici). A chaque fois les bien-pensants du tartourisme refoulé disent défendre la liberté d'expression MAIS considèrent que sur certains sujets il ne faudrait pas donner de l'eau au moulin des extrémistes salafistes et autres barbus.
A force d'attirer les extrémistes barbus, les artistes et autres libres-penseurs deviennent à leur tour des extrémistes. C'est ainsi que s'opère dans le tête du complexé tartourien, un syllogisme entre l'extrémisme symbolique des uns et l'extrémisme sanguinaire des autres. Pire encore. Quand on est atteint du complexe du Tartour, on a accepté que le conservatisme obscure est intrinsèque à notre identité tunisienne, on ne le voit donc plus car il est naturel. Par contre, l'artiste, le caricaturiste, le rappeur, le philosophe, la femen prend toute la place et on ne voit plus que lui sur scène quand éclate une polémique. Il sera accusé de vouloir faire diversion, ou de chercher le buzz à chacune de ses sorties. On rappellera que les nichons d'Amina ne résoudront pas le problème du chômage ou que les chansons des rappeurs ne feront rien contre la justice sociale. Mais la rengaine qui revient constamment dans la bouche d'un complexé du Tartour quand il n'a plus d'argument: "Mich oua9tou!", Ce n'est pas le moment, ce n'est pas le bon timing, c'est encore tôt, le tunisien n'est pas encore prêt, il n'est pas mûr...
Bref un fatalisme mêlé à une haine de soi que manifeste le complexé du Tartour...
Et Entre temps...
Entre temps le zaballahisme prend du terrain doucement mais sûrement. Et comme a dit récemment un éminent twitteur tunisien, le grand cheikh Riadh El Hammi:
"Ils [les zaballahsites, ndlr] osent évoquer leur amour des pratiques les plus obscures, et, malgré les indignations d'une partie de la population, ils emmènent les consciences à la dérive et façonnent la société tunisienne de demain. Lentement, un scandale à la fois, un choc à la fois, l'érosion suit son cours.
Il serait temps de tirer de l'autre côté et d'arrêter de jouer les adultes qui ménagent la susceptibilité du peuple enfant. Jusqu'à quand allez-vous affirmer des principes en demi-teinte ? Vous ne pourrez jamais contrôler tous les esprits et vous serez partis depuis longtemps avant que tous les esprits ne soient prêts. Eux n'attendent pas en tout cas.
Faites vos jeux, rien ne va plus !"
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