Nous savons combien l'affaire Amina touche au sacré et à la morale religieuse. Cette courageuse jeune fille de 19 ans, par son action, remet en cause le dogme religieux qui dicte la conduite d'une femme dans l'espace public musulman. D'où le scandale et les cris de vengeance émis par de nombreux tunisiens (des plus conservateurs aux plus progressistes). Amina n'a même pas eu besoin de se dénuder dans la rue, sa photo sur facebook a suffit pour exciter les foules et leur faire cracher leur haine. Cette foule est quasiment assurée d'appliquer sa sentence grâce au soutien évident d'un gouvernement qui a fait de la moralité et de l'islamité un argument électoral. D'où le risque de voir Amina se taper plus de 6 ans de prison! (voir ici)

Pariez avec moi chers amis, que cette même foule abrutie par 23 ans de dictature n'exigera pas le même châtiment envers l'ancien ministre des affaires étrangères. En effet Rafik Bouchlaka est sérieusement soupçonné de détournement de fonds. D’après les fuites de l’enquête menée par le juge d’instruction chargé de l’affaire Sheraton (voir ici), le ministre aurait reçu sur son compte personnel un montant de 1,640 millions de dinars versé par des chinois et destiné à l’organisation d’un soi-disant colloque (voir ici).
Pariez avec moi, que pour cette même foule giratoire, le contrôle du corps de la femme dans l'espace public est plus sacré que le contrôle de l'argent public...  

...Et c'est pour cette raison que nous ne nous en sortirons pas tant que la religion porte au pouvoir des gens aussi incompétents et malhonnêtes que nos anciens dictateurs et tant que l'opinion reste focalisée sur tout ce qui porte atteinte au sacré. Combien de temps n'a t-on pas perdu à cause de religieux qui bloquent le pays pour un film, pour une expo, ou pour des nibards. Quelques fois, il m'arrive d'adopter des positions radicales contre la religion l'accusant d'être la source même de la corruption. L'analyse sociale qui explique cette corruption de l'eprit seulement par des arguments économiques (exclusion du marché du travail, manque d'éducation, pauvreté, misère...) est convaincante en partie, mais semble pour des raisons de "politiquement correct", refuser de se pencher sur le contenu même du texte sacré et d'identifier les dégâts qu'il génère sur notre vivre-ensemble. (cette observation vaut pour toutes les religions). D'où les questions: 
-Est-ce seulement la misère ou la foi qui mène des hommes à menacer de lapidation une jeune fille de 19 ans pour une simple histoire de nichons?
-Est-ce la pauvreté ou la foi qui mène le père de la jeune fille à prier la foule d'épargner son enfant?
-Est-ce la pauvreté ou la foi qui ferme les yeux de cette même foule lorsqu'un islamiste est accusé de piquer l'argent public?
Je ne sais plus.

Conclusion

Ce qui se passe en Turquie en ce moment est peut-être la mise à nu de cet islamisme qui arrive au pouvoir au nom de sa moralité et qui use de cette étiquette halal pour faire du business, défigurer les centres villes, faire du flouss, du blé et de l'oseille en maintenant la foule dans ses pieuses superstitions. Mais voilà la foule quelquefois se réveille...