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DEBATunisie
6 janvier 2014

Kofrophobie

Je ne comprends pas pourquoi les premiers à défendre la suppression de "l'islamité" de l'Etat tunisien dans l'article n°1 de la constitution (et ils ont bien raison) sont les premiers à crier au loup et à hurler au scandale dès qu'on les accuse de "kofr"*.
A chaque fois qu'ils se font accuser de la sorte ils rappellent qu'ils sont musulmans, que leur père, leur mère leurs frères et leurs soeurs sont tous musulmans...

Je parle ici du cas de Mongi Rahoui, le député de gauche de l'ANC qui s'est exprimé de la sorte sur mosaïque FM: Voir ici. Peu importe son rapport à la foi musulmane. Peut-être est-il sincèrement croyant. Mais c'est sa réaction qui interpelle: Pourquoi cette agitation et cette précipitation à rappeler sa foi dès que celle-ci est remise en doute. Cette attitude révèle combien l'on a tous intériorisé l'idée du kofr comme étant le mal absolu. Cette "kofrophobie" habituelle chez les conservateurs est d'autant plus inquiétante lorsqu'elle manifeste ses symptômes chez les progressistes.

Le takfir

De la même manière on peut sérieusement s'interroger sur le bien-fondé de la criminalisation du takfir (l'accusation d'apostasie) car cela reviendrait à accepter l'idée que le kofr serait un délit suprême et que nul n'a le droit de diffamer de la sorte son prochain (combien même son prochain serait un kafer). Lire ceci

Si Ellouz m'accusait de kofr, je ne pourrai que saluer sa perspicacité et je ne lui demanderai surtout pas de s'excuser. Bien sûr, je ne suis pas dupe du danger auquel je m'expose si Ellouz devait déclarer publiquement cette vérité. Je sais combien de tels propos peuvent être interprétés comme autant d'appels au meurtre. Mais je ne crois pas que la solution serait de nier mon kofr, ni de rappeler combien je suis musulman en récitant mon arbre généalogique, ma mère, mon père, mes frères et mes sœurs (manière insidieuse que fait Rahoui pour suggérer l'idée que les gènes seraient des agents de transmission de l'islamité). Aller dans ce sens, c'est céder au chantage religieux...Aller dans ce sens, c'est donner raison à l'idée que l'islam fixe le cadre et les limites de notre liberté et valider ainsi l'article n°1 de la constitution. 

article1

Caricature reprise de ce billet datant du 12 Juin 2012

*Le kofr, étymologiquement parlant, signifiait à l'époque du prophète, l'ingratitude envers Dieu. Ce qui au départ était une "manière gentille" de désigner le positionnement philosophique des sceptiques par rapport à l'avènement de la nouvelle foi, s'est transformé rapidement en invective pour désigner le positionnement politique "des traîtres" qui ne se sont pas soumis à l'état "totallahitaire" dirigé à l'époque par un certain Mohamed.

Commentaires
A
J'aime picoler, manger du cochon, j'ai fait le tour du monde et ( grâce à dieu) je n'ai pas choppé de MST. Si dieu existe, peut-être, il me fera rôtir dans les flammes de l'enfer avec tous les arabes fourbes ainsi que . Mais en attendant les cieux, la constitution tunisienne me protégera.
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A
J'ajouterais a cette drôle (ou absurde?) d'habitude de se prétendre plus musulman que musulman des qu'un tunisien ou une tunisienne ose s'emmenciper de l’orthodoxie religieuse, la non moins ridicule l'habitude qui consiste a citer hadit ou verset du coran pour défendre une position libérale. Ce qui donne parfois lieu a des argumentaires alambiqués a mourir de rire !!!<br /> <br /> Bref, tout ceci montre encore une foi que la Tunisie et plus largement le monde arabe a un sérieux problème avec sa religion et surtout avec le concept de laïcité...
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L
Les dernières péripéties de la vie politique démontrent, certes, que, quand on en arrive aux manœuvres tactiques politiciennes, Ennahdha n’a pas d’équivalent. <br /> <br /> <br /> <br /> Elle a survécu à l’onde de choc qui a suivi l’assassinat de Chokri Belaid en l’absorbant par une démission-spectacle du gouvernement Hamadi Jebali et un simulacre de conflit interne au mouvement. Gouvernement, rappelons-le, dont la quasi-totalité, conseillers compris, a été reprise par le gouvernement Laarayedh. Elle a surfé sur la vague de l’assassinat de Brahmi et des mouvements populaires qu’il a occasionnés, en rentrant dans le Débat national et sauvegardant l’essentiel. C’est-à-dire, cette plaie béante qu’on appelle ANC, et le décorum de légitimité en découlant. Elle a réussi, en parallèle, à briser l’unité de l’opposition et étaler sa grande faiblesse, et continue tous les jours que Dieu fait à investir l’administration et l’Etat profond. Par ailleurs, s’agissant de la Constitution, elle a réussi à miner le texte par un référentiel identitaire et religieux, qu’elle espère lui permettra de basculer le pays dans le sens d’un Etat théocratique, et tétanise toute opposition on ressortant, pour un oui ou pour un non, l’ogre islam-arabité. Avant cela, elle aura piégé et le ministre des finances et le pays entier en forçant le passage, à l’heure du loup, du fonds d’indemnisation des victimes de l’ancien régime, qui se trouveront être, par hasard, majoritairement nahdhaouis, majoritairement jetés dans la fosse aux fauves par les mauvais calculs de leurs chefs.<br /> <br /> <br /> <br /> Je dirais qu’il était temps. L’Histoire retiendra que c’est l’aventurisme et les mauvais calculs qui avaient poussé Ghannouchi à l’affrontement avec le régime de Bourguiba, à pactiser ensuite avec Ben Ali et à lancer, enfin, l’escalade contre son régime avec les deux coups d’état ratés. Le résultat, au-delà des milliers de pauvres sympathisants jetés dans la gueule du loup et la couverture donnée à Ben Ali pour gouverner le pays comme une caserne doublée d’une Hacienda, fut une rupture au sein du mouvement même. C’est le premier élément qui pousse à une approche tactique plus manœuvrière aujourd’hui. Le second élément, de loin plus important, est la leçon de ce qui est arrivé en Egypte.<br /> <br /> <br /> <br /> A y regarder de plus près, cependant, il ne s’agit pas que d’habilité tactique et il y’a des constatations qui devraient faire réfléchir.<br /> <br /> <br /> <br /> La première est que ce mouvement ne comprend que les rapports de force ce qui, en soi, n’est pas un signe de force. La deuxième est qu’il confond tactique et duplicité, ce qui fait que personne, même parmi les plus crédules, ne se sent en confiance avec lui. Pour étayer ces deux premiers éléments, prenez l’exemple du ministre de la santé, plus occupé par l’entretien des milices de son parti que par celui des structures sanitaires, qui se pose en arbitre et se dérobe sur l’ANC pour ne pas retirer le projet de loi sur le travail obligatoire des internes et résidents. Prenez, sur le même dossier, son frèrot nahdhaoui porteur du projet de loi au sein de l'ANC, dans la vie pédiatre en libre exercice à Bizerte et non-pas dans un hôpital public de son village natal, Menzel-Bourguiba, qui accuse ses collègues médecins de traitrise pour refus de servir les régions intérieures du pays. Prenez ensuite l’exemple du ras-le-bol qui se propage contre la mal-vie et les redevances introduites par la Loi de finances. Alors que le peuple commence par incendier les bureaux d’Ennahdha exactement là où il avait incendié ceux du RCD, le parti publie un communiqué se levant contre ces mesures fiscales et réclamant leur révision. Est-il besoin de préciser qu’il s’agit de mesures présentées par le gouvernement d’Ennahdha et votées par une ANC qu’elle domine? Prenez, enfin, l’exemple du ministre des finances Ettakattol, partenaire d’Ennahdha depuis bientôt 3 ans. Après avoir essayé de lui faire porter seul la responsabilité de la Loi des finances, une chaine TV nahdaouie l’a carrément accusé, hier, d’être le protecteur de Marouan Mabrouk, gendre de Ben Ali et grosse pointure du business franco-tunisien de l’ère révolue comme de l’ère présente. Ennahdha l’ignorait tout ce temps? Et elle l’aurait découvert juste maintenant quand le même ministre a publiquement dénoncé le mauvais tour qu’Ennahdha lui avait joué à l’ANC en forçant le passage du fonds d’indemnisation? Je ne le sais pas. Ce que je sais par contre, c’est que je préfère dormir à même le sol plutôt que de partager le lit d’Ennahdha. Et même au sol entouré de barbelés, je me ferai cadenasser à double tour.<br /> <br /> <br /> <br /> Troisième constatation, le mouvement n’a plus aucun idéal qui justifie le sacrifice. Vous aurez remarquez que toutes les manœuvres auxquelles il se livre n’ont trait qu’a deux choses: l’argent d’un côté, et un refuge identitaire révélant un grand vide intellectuel et une non moins grande détresse psychologique, de l’autre. <br /> <br /> <br /> <br /> Quatrième constatation, enfin, le mouvement est totalement inconscient. Qu’il le soit du fait qu’il semble ignorer que les plaques tectoniques régionales ont bougé, ça passe. Mais il l’est aussi et surtout de ce qui se passe dans le pays profond. Alors que la colère gronde, que ses bureaux sont visés à chaque mouvement de rue, que les gens ne les voient plus qu’en profiteurs, ils, ou en tout cas leur famille idéologique, organisent cette tragi-comédie grecque a l’ANC, avec pleurs, ndib et tout l’arsenal, à propos de caricatures du prophète distribuées............par leurs soins.<br /> <br /> <br /> <br /> Pour cacher quoi au juste? Que sous ce gouvernement de moines-soldats nous faisons une croissance nulle, que l’intégration de milliers de nahdhaouis dans la fonction publique est le seul élément qui l’empêche de devenir carrément négative, que notre balance commerciale est déficitaire d’un milliard par mois, que notre dette extérieure nous étrangle alors que le dinar dégringole, qu’un tiers de tunisiens n’arrivent plus à s’assurer l’apport calorique minimum, que nos hôpitaux rivalisent en saleté avec ceux du Kivu congolais, que nous avons enregistré le retour de maladies qui ont été éradiquées même dans ce Kivu, que notre éducation nationale est sinistrée, que nous avons reculé d’une vingtaine de rangs dans l’indice de perception de la corruption, et que même nos réserves pour essayer de nous placer pour le Mondial ont été rejetées.<br /> <br /> <br /> <br /> Welcome to the Titallahnic. <br /> <br /> Désolé, vous ne pourrez pas rencontrer le capitaine. Il est chez Toc Toc pour rendre le tablier, comme il sied dans un état démocratique avec des institutions enracinées. Mais n’ayez crainte. D'abord parce que l'iceberg est halal. Et ensuite, parce que vous le reverrez. Voyez-vous, je l’ai invité chez Ala Chebbi à 3andi Ma N9ollek. Je veux savoir comment je me suis retrouvé avec deux de ses gosses dans le ventre, alors que je ne suis sorti avec lui que le temps de prendre un sandwich et que les médecins m’assurent que je suis stérile. Comment je sais qu’il s’agit de ses gosses? Et bien c’est simple. L’échographie montre que l’un est un cherrir gressif, et l’autre attardé mental.
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A
Il faut apprendre à tuer le père.
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V
1) Libre enfin , cher ami j'avais beaucoup de choses à dire sur vos derniers messages mais par manque de temps on laisse cette discussion pour une autre fois.un simple mot: les japonais ne manquent pas de passion pour le savoir et ils ne sont pas protestants encore à ma connaissance...<br /> <br /> 2)Je ne sais s'ils le font exprès ou non mais si on regarde cette scène politique (tunisienne ) comme entomologiste regarde une colonie d'insectes on doit reconnaitre que Ennahda est plus habile tactiquement que les autres partis :Elle place à chaque fois le débat sur des questions religieuses , c'est à dire sur le terrain ou elle pense avoir un capital symbolique important et met les autres dans l'embarras. En effet si on ouvre une discussion sur une discussion sur des programmes économiques ou sur une vision géo-stratégique, on découvrira vite que le roi est nu. Le soucis est que cette habilité tactique n'apporte rien au pays qui , dans une phase de transition, à d'autres priorités et franchement les tunisiens qui prient ( croient) n'ont pas besoin de ennahda et ceux qui ne prient ( croient) non plus.<br /> <br /> <br /> <br /> 3) Ghannouchi parle d'une commission vérité et réconciliation !!!! il attend quoi par la faire le leader maximo ? qu'il passe dans l'opposition ? Il aurait pu faire un billard à trois bandes en créant cette commission: gagner de l'estime d'une partie des tunisiens et ceux de l'extérieur ,laisser une trace dans l'histoire et embarrasser Nida tounes et beaucoup d'affairistes tunisiens qui s'ils n'ont pas du sans sur les mains se sont enrichis sur les dos de leurs compatriotes.<br /> <br /> Bonne année malgré tout. et qu'on garde en tête ce qui est arrivé un 14 janvier : On se croyait pris dans les griffes du dragon et on a découvert face à nous une poule mouillée , c'est souvent la peur, fille de l'ignorance qui paralyse.
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DEBATunisie
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