De la Symbologie
Désolé de revenir sur la question des symboles et des icônes, mais le sujet ne cesse inlassablement de revenir sur la table. Une vraie crise secoue les tunisiens à commencer par la jeunesse. Ainsi à Jandouba, pour les festivités qui précèdent le Bac sport ( une tradition d'ados boutonneux bien de chez nous) les lycéens ont fait preuve d'une très fertile imagination, en préparant pour l'occasion une gigantesque Banderole de Hitler. A Kairouan, ce fut dans un autre style, tout aussi original. Les lycéens ont choisi de peindre un énorme bourreau Daechiste. ( voir ici )
Tout ça pue le bouton infecté, mais témoigne surtout de la crise profonde et de la totale perte de repère et d'idéaux qui ravage nos jeunes. Le débat en cours sur le système éducatif devrait être une priorité nationale et le pouvoir doit réfléchir sérieusement sur son enseignement de l'Histoire et de la religion.
Mais dans des pays où le pouvoir ne fait que réécrire l'Histoire et instrumentaliser la religion et Allah, il sera toujours difficile même après une Révolution de s'attendre à une refonte totale du système éducatif. Et d'ailleurs, en parlant de révolution, l'Etat commence déjà son entreprise d'effacement progressif de la mémoire de la dite Révolution. Pas à pas, l'un après l'autre, lentement mais sûrement. Observez chers amis comment le bourguibisme revient sur le devant de la scène (avec bientôt ses statues dans les espaces publics) et comment en parallèle un travail de sape s'exerce insidieusement contre les symboles de la révolution, comme le font ci-bien remarquer nos amis du collectif "Vérité et Justice" (une espèce rare de sebkhistes non encore identifiée). Dans leur page ils dénoncent l'abandon des blessés de la Révolution et ils épinglent la "ministre des martyrs" qui se permet d'annoncer des chiffres astronomiques pour "quantifier" le coût de ceux, qui en 2011, ont payé de leur santé ou de leur vie pour s'opposer à la police de Ben Ali.
Loin de moi l'idée de sacraliser les blessés ou les martyres de la révolution, loin de moi non plus l'idée d'effacer Bouguiba de l'histoire du bled, je suis plutôt pour une réhabilitation équilibrée de tous nos symboles nationaux. A cet effet la sebkha organise un concours d'idées sur le réaménagement de la place du 14 Janvier. A cet effet, j'invite mes amis sebkhistes à me communiquer via ma page Facebook leurs esquisses afin de constituer une base de réflexion que l'on soumettra de toute urgence au ministère de l'équipement.
En tant que bouaziziste assumé, je reconnais ma préférence personnelle pour les thèmes révolutionnaires trop souvent négligés.
Ci-joint quelques exemples qui pourront vous inspirer...
- Monument station service
- Sculpture classique à la manière du Bardo
On fera appel à un sculpteur de renom qui saura traduire la rondeur des seins de Faïda sans lesquelles Bouazizi n'aurait jamais prononcé cette phrase historique : «Avec quoi je vais peser maintenant que tu as pris ma balance, avec tes seins !». Phrase qui rappelons-le, suscita la Gifle de l'agente municipale, l'immolation du marchand de légume avec un bidon d'essence (voir monument ci-dessus), puis la révolution, le printemps et l'hiver arabe.
- Monument dédié à l'écologie et à la nature
A la manière de Labib ( ce traître exilé à Paris avec Saida Agrebi) nous pourrons recréer une nouvelle mascotte nationale, neutre idéologiquement, et qui incarnerait la préservation de l'écosystème et du vivre ensemble.
- Monument dédié à un grand homme de la nation
Il n'y a pas que Bourguiba qui a marqué et réécrit l'Histoire !
- Carrefour giratoire
Pourquoi d'ailleurs chercher à symboliser, on peut tout aussi bien imaginer des monuments neutres. Après tout, la place du 14 Janvier n'est qu'un simple carrefour...
Je compte donc sur votre inspiration et sur vos envois ici !
Sur ce bonne journée.