Ça chauffe dans l'entrecouilles de Boukornine !
"Lorsque la cariatide, ou petit peuple, s'avise de se mêler de ce qui ne la regarde pas, à savoir la gestion des affaires publiques, l'oligarchie dominante répond par un feu roulant visant à écraser toute velléité d'indépendance" *
Mes amis je vous prends à témoin, avant que la "cariatide" ne se réveille, avant que la colère refasse exploser le volcan révolutionnaire et surtout avant que n'éclate le feu de notre oligarchie trébuchante encore timide mais qui déjà s'agite dans tous les sens ne sachant plus que faire devant la catastrophe imminente. Mes amis, je profite de la torpeur de la qayla pour vous faire part de mes inquiétudes et du mauvais pressentiment qui habite la Sebkha.
Nous avons tous observé le tout récent spectacle de la dite Oligarchie. Sous couvert de Gouvernement d'Union Nationale, elle a eu l'honnêteté de reconnaître qu'elle est vraiment unie : Mauves, zabatistes, zaballahistes, syndicalistes, gauchistes et capitalistes sont représentés dans le nouveau cabinet dirigé par le nouveau premier ministre Youssef Chahed. Ce premier de la classe, à peine 41 ans, col blanc et superbe cravate, le gendre idéal, bon élève de l'establishment et de la culture OGM, nous a gratifié d'un poignant discours devant l'assemblée le vendredi 26 août 2016 (voir ici). La majorité des élus (167 /217) ont apporté leur vote de confiance. Les médias ne se sont toujours pas remis de leurs émotions tellement il est beau, tellement il cause bien notre nouveau premier ministre. Puis la Ben Simpsonnie se félicite encore de la pertinence du discours du technocrate qui a osé dire enfin la vérité aux tunisiens !
Mais qu'a dit vraiment notre nouveau premier ministre ?
D'abord, et avant de faire l'exégète d'un discours que certains qualifient déjà d'historique (voir ici), notez mes amis que plus le pouvoir, ou plutôt l'oligarchie, se targue d'unir ses différentes sensibilités, ses différents courants, ses différents partis (...) plus la situation, ou plutôt SA situation, va mal. On se serre les rangs, on oublie ses anciennes querelles, ses jalousies et on s'unit tous en pointant son arme contre la menace de la cariatide qui gronde. Dans les couloirs du palais, on chuchote qu'un vent de colère populaire se prépare. Certains parient sur Octobre, d'autres le prédisent pour Novembre. Quoi qu'il en soit, l'entrecouilles de Boukornine s'échauffe et ça se sent de partout. Alors bien sûr, Youssef Chahed dans ce contexte de tempête imminente, promet de lutter contre la corruption et tout le monde applaudit. La mémoire courte de la Bensimpsonnie oublie que Ben Ali lui-même faisait de la lutte contre la corruption son slogan de campagne. La perspicacité de Chahed lui fait constater que la situation va mal, et encore une fois tout le monde applaudit. Il rappelle que le pays est endetté et qu'une politique d'austérité sera nécessaire. Chahed reconnaît l'échec de l'Etat, mais insiste sur la responsabilité des grévistes, des "sitinneurs" et de manière général le citoyen coupable selon-lui du stationnement sauvage, de la saleté dans les rues et du bordel général. Chahed use de manière plus fine de la rhétorique mauve selon laquelle le tunisien n'est tout simplement pas mûr... ( cette analyse a largement servi d'argument pour justifier la dictature et dédouaner le régime de toute responsabilité)
Que propose-t-il ?
Rien. Il nous présente simplement un diagnostic et des idées vagues de thérapies mais sans nous expliquer vraiment comment il compte opérer. En réalité, le jeune Youssef Chahed n'aurait pas pu faire plus. Simplement, je m'interroge sur l'enthousiasme général qui a suivi son discours. La peur semble gagner l'oligarchie au pouvoir mais aussi la bourgeoisie qui s'accroche comme elle peut à tout ce qui bouge tant que ça porte une cravate et que ça ressemble à un banquier combien même celui-ci appelle à l'austérité.
Conclusion
Je n'ai pas de conclusion pour cet article, cela fait longtemps que je n'ai plus écrit sur ce blog, j'ai perdu l'esprit de synthèse ( si tant est que j'en ai vraiment eu ) J'en suis à sentir les choses plus qu'à les penser, et je trouve rien de bon dans ce qui s'offre à nous sous couvert de Gouvernement d'Union Nationale. Il n'y a pas plus honteux que de chercher des compromis mous entre acteurs politiques et ce après une révolution puis d'accuser le peuple d'incivisme pour justifier ses échecs. En attendant la cariatide se réveille...
* extrait de la conférence d'Henri Guillemin sur la Révolution française ( voir ici )