Le Chemin d'ISIS
L'histoire qui vous est contée ci-dessous est inspirée de faits réels. _Z_ y décrit ses vacances dans un hôtel à Djerba. L'établissement en question, s'appelle ISIS que Boukornine et la sainte Sebkha vous en préservent...
Les signes avant-coureurs de la fin du monde se multiplient de toute part. L’Humanité n’attend plus que l’avènement d’un sauveur, d'un messie, d'un être exceptionnel qui puisse la laver de ses péchés. C'est exactement ce que j'ai entrepris de faire pour vous modestement et en toute humilité, en ce mois d'août durant mes vacances d’été. Je vous relate ici sur mon blog mon chemin initiatique pour la rédemption de l'Humanité. Boukornine m'a dicté de prendre le chemin d'ISIS* :
Ce pèlerinage s'est préparé dans l'urgence, à la dernière minute. Après une bonne quantité de boissons SFBTisées, une révélation m'a été soufflée à l'oreille par le site Bookorning.com**. La voix que j'ai entendue m'ordonna de partir au plus vite sur l'île des lotophages*** pour rendre visite à un temple dédié à ISIS et y accomplir le rite du bain sacré sous un ciel de 4 étoiles et ce pour seulement 40 pièces d'or la nuit! pour _Z_, oiseau migrateur (Zmigri) en mal du pays, l'occasion était trop belle à ne surtout pas rater!
J'ai pris part à une Caravane partie de la Sebkha et conduite par un certain Abdallah. Celui-ci fut le guide spirituel de l'expédition. Son sens de l'orientation et sa connaissance du terrain nous firent découvrir d'incroyables paysages. Mes compagnons de route ne voulaient pas me suivre à ISIS. Ils n'avaient jamais entendu parler du Boukornisme et ne croyaient pas à la Sainte Sebkha. Ils étaient cependant très sensibles à mes prédications...
Nous passâmes par des champs d'Olivier, des oasis et des sebkhas desséchées. Abdallah nous fit traverser des grandes cités antiques et des petits villages routiers aux croyances diverses et variées...
Notre caravane poursuivait son chemin initiatique sous une chaleur de 45 degrés. Plusieurs fois, l'eau nous avait manqué et notre monture avait soif. Abdallah connaissait des oasis alimentées d'innombrables sources secrètes coulant à flot.
La chaleur devenait insupportable et le soleil frappait fort. Abdallah s'assoupissait par moment mais Allah prenait les commandes et guidait notre destinée. Arrivés au bout du continent, nous dûmes attendre des jours et des nuits. Un matin, j'ai prié la sainte Sebkha et la mer s'ouvrit miraculeusement. Boukornine nous avait ouvert la voie...
l'île des lotophages à l'horizon infini, parsemé de palmiers solitaires, s'offrait à nous. Le Lieu était habité d'esprits et de génies bienveillants. Au bout d'une heure de chemin, je commençais à sentir l'aura d'ISIS et me voyais déjà, accomplir le rituel du bain sacré avec une Celtia fraiche à la main.
Abdallah me déposa au pied du temple. J'ai pris congé de mes compagnons en leur souhaitant la protection de la sainte Sebkha.
J'ai marché à petit pas vers la porte monumentale d'ISIS. J'étais très ému. Je voulais vivre intensément chaque instant. J'ai embrassé la terre, humé l'air et adressé à Boukornine une prière.
L'intérieur du temple était somptueux. Les murs en pierre et le sol en marbre. L'air y était naturellement frais. De nombreux pèlerins méditaient en silence. Je me suis religieusement dirigé vers la loge du gardien du temple. Pour me souhaiter la bienvenue, il m'offrit un bracelet et m'attribua un numéro de cellule.
Je me suis alors précipité vers ISIS. Elle était belle et majestueuse. Elle déployait généreusement ses ailes sur la largeur du temple et semblait par ses yeux mystérieux rayonner sur l'ensemble du cosmos. Je ne puis décrire la puissance du sentiment que j'ai éprouvé à sa vue. Je l'ai l'embrassée, touchée, léchée sur toute la surface du mur. Elle était à moi tout seul. À mon grand étonnement, les autres pèlerins se souciaient guère de la déesse.
Après toutes ces fortes émotions, ma faim me commanda de me diriger vers la salle des banquets d'ISIS. Le lieu grouillait de monde, la nourriture y était abondante mais une terrible odeur de friture crasse contaminait l'espace. Les pèlerins couraient dans tous les sens et collectionnaient les plats. Leur frénésie était d'autant plus curieuse que les mets exposés étaient immangeables, infects, puants et dégueulasses. Les quelques esclaves épargnés (le gardien du temple en aurait éliminé la moitié) étaient dépassés et incapables de gérer le banquet. Des montagnes de restes s'accumulaient sur les tables dans l'indifférence générale des esclaves et des pèlerins. De cet horrible cauchemar gastronomique, je n'ai pu trouver de comestible que les quelques tranches de pastèque à la chaire tendre et savoureuse que j'ai dévorées sur place avant de quitter les lieux en toute urgence.
J'ai décidé d'observer le jeûne durant le reste de mon séjour en me nourrissant seulement de pastèque et de Celtia. A cet effet je me suis dirigé vers la source d'eau de la SFBT (que Boukornine la bénisse) pour m'abreuver de bière. La tradition sebkhique fixe à 2 grammes le taux d'alcool minimum nécessaire à l'accomplissement du rite du bain sacré. A ma grande surprise, le gardien de la source me refusa mon breuvage...
Furieux, je me suis contenté de Coca Collah. Mon voisin Vladimir, Sibérien de confession All-inclusive, était autorisé à toutes les boissons. Il m'a expliqué qu'il en avait même en réserve chez lui dans sa cellule. Vladmir parlait un anglais approximatif. Il disait être furieux car il croyait qu'ISIS était un club de vacances. J'ai rigolé intérieurement. Avec mon anglais de Sebkha j'ai tenté de le convertir au boukornisme et de lui présenter la déesse ISIS. Mais il ne voulait rien savoir. J'ai tout juste réussi à le convaincre d'accomplir avec moi le rite du bain sacré.
Vladimir a mal apprécié que le gardien du temple lui confisque sa boisson. Il est sorti du bassin, a fait ses bagages et quitté le temple jurant qu'il ne remettrait plus les pieds en Tunisis. J'aimais bien Vladimir. Même s'il ne croyait pas à ISIS, il aimait la Celtia et cela le rendait plus proche de Boukornine que tous les pèlerins réunis. Coupé dans mon élan mystique par le départ de Vladimir et le brouhallah des pèlerins, j'ai pris le chemin de la mer. Sur la longue route (100 km du temple) Je commençais moi-même à douter. Si ce n'était pas un club de vacances comme l'avait naïvement cru Vladimir, était-ce vraiment un temple d'ISIS ?
Ces nombreuses questions m'ont taraudé l'esprit. J'ai du m'exiler dans ma cellule pour méditer en toute tranquillité et prier Boukornine mais il m'était impossible de me concentrer. En buvant une gorgée d'eau sacrée de Sibérie (que m'a laissé Vladimir avant de partir), j'ai commencé à y voir plus clair. Le temple devait avoir été profané ! Son prétendu gardien n'était qu'un marchand du temple. Un minable marchand du temple qui aurait trahi ISIS !
Arrivé à cette conclusion et ayant terminé la bouteille de Vladimir (Que Boukornine le bénisse !), j'ai décidé de me porter au secours d'ISIS !
Je ne me rappelle plus de grand chose, mais je sais qu'ISIS m'a ouvert grand ses ailes et qu'à deux nous avons lavé les péchés de l'humanité.
* ISIS, reconnue pour être d'abord une déesse égyptienne, a voyagé dans plusieurs traditions religieuses dont le christianisme. On trouve ses traces dans nombre de cultes mystiques telle que la maçonnerie. Les archéologues et autres spécialistes l'ignorent encore, mais ISIS est d'abord une figure majeure du Boukornisme (seule véritable religion universelle). La mythologie égyptienne lui reconnaissait déjà son appartenance à Boukornine comme l'indiquent les deux cornes que porte la déesse sur sa coiffe. Les pharaons, par leur ancienneté, ont restitué plus fidèlement que leurs successeurs l'origine Boukorniste d'ISIS. Ils racontaient déjà qu'ISIS était un oiseau (ils ne précisent pas qu'il s'agissait d'un flamant rose) qui s'unissait à la momie de son époux Osiris, pour concevoir le chétif Horus (_Z_) dans les marais de Chemnis (Sebkha)... Bref, si avec tout ça vous doutez encore !
** Bookorning.com est un site sur la toile qui protège le Bar "Hira" (بار حراء) qui est une taverne secrète à la Sebkha dans laquelle se cache _Z_ pour accueillir la parole divine de Boukornine. A ne pas confondre avec le site Booking.com qui est une énorme arnaque sur le web à dénoncer en toute urgence !
*** L’île des Lotophages est identifiée aujourd'hui avec Djerba, qui se trouve dans le sud de la Tunisie. Les Lotophages, comme l'indique leur nom, sont des « mangeurs de lotos », plante dont la consommation a la propriété de faire oublier à ceux qui en mangent qui ils sont et d'où ils viennent. Cette plante très répandue dans le pays de Boukronine, a été tellement consommée par les habitants de la région qu'ils ont oublié leurs origines boukornistes. Cette amnésie générale a facilité la conversion immédiate des populations locales à l'Allahisme, quand les arabes ont envahi le pays au 7ième siècle après JC.