Débargentine
J'ai installé une sebkha provisoire en Argentine pour suivre les deux expositions de mes dessins, l'une au Musée d'anthropologie et l'autre à l'Alliance française. Ces deux petits événements "culturels" ont lieu dans la ville de Cordoba, où je suis amicalement accueilli par mes hôtes de l'université nationale de Cordoba (UNC). Entre-temps, je me la coule douce dans la Sierra au pied de la cordillère des Andes.
D'ici, la Tunisie semble bien lointaine et les bajboujeries zaballahiques bien dérisoires. Les luttes qui se jouent dans ce pays de l'Amérique Latine me paraissent plus proches de l'essentiel. On se bat d'abord contre le capitalisme et ses diverses manifestations. En ce moment par exemple, des jeunes sortent par milliers pour dénoncer la réforme des retraites dictée par le FMI (voir ici). Certes, l'ambiance n'est pas à la fête, et les affrontements avec la police furent d'une grande violence. Certes les médias semblent aussi partiales et soumises à l'argent et au pouvoir comme chez nous. Mais bordel comme ça fait du bien de ne pas voir certains ramener Allah et son prophète dans le débat...
Emiratage
Me croyant loin des affaires arabes, depuis ma hacienda boukorniste, je n'ai pu échapper à la dernière scène de ménage tuniso-émiratie. Tout a commencé par la soudaine décision de la compagnie aérienne "Emirates", de bannir les tunisiennes de ses vols. Le 22 Décembre, des dizaines de voyageuses se sont retrouvées bloquées tout un week-end dans des aéroports (voir ici). Il est question, selon les timides explications du secrétaire d'Etat émirati aux affaires étrangères, de simple mesures de sécurité...
Selon les dires de certains, cette histoire cache un différend géopolitique entre les deux états. Il s'agirait d'un avertissement adressé par ces enturbannés au président Essebsi, qu'ils considèrent un peu trop proche de leur ennemi juré : le Qatar. L'interdiction des tunisiennes n'est que simple diversion. Mais notre gouvernement incapable d'expliquer publiquement la raison de cette crise, préfère montrer ses muscles pour sauver l'honneur de la "Femme tunisienne". Mais voilà que tout le monde s'y met, et les politiques et les artistes. Pour nos populations, si ce n'est pas Allah ou son prophète, c'est le corps de la femme qui passionne nos foules et nous égare encore une fois, des vrais débats...
Excusez-moi, mais c'est l'heure de la sieste.